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L'obscurité s'intensifia autour d'Aria, une ténacité presque palpable s'infiltrant dans l'air comme un poison, s'insinuant dans ses veines. La brume, si familière et pourtant si étrangère à ce moment précis, enveloppait son esprit. Elle entendait la voix, douce et menaçante, dans sa tête, résonnant comme un écho lointain de ses pires cauchemars. La fin commence...
Elle se tourna vers Darius, cherchant dans ses yeux une réponse, un signe, mais son regard restait aussi impénétrable que la nuit qui les entourait. Ses traits étaient durs, son visage implacable, mais quelque chose dans sa posture trahissait une inquiétude, une tension qui n'était pas présente habituellement.
« Darius, » souffla Aria, sa voix tremblante malgré elle. « Qu'est-ce que cela signifie ? Pourquoi cette voix ? Pourquoi maintenant ? »
Darius ne répondit pas tout de suite. Il se contenta de la fixer, ses yeux perçant la brume, comme s'il pouvait y voir quelque chose qu'elle ne pouvait pas. Puis il parla, d'une voix basse, presque imperceptible.
« Les anciennes prophéties disent que le destin des loups se trouve dans la lune. Mais personne ne connaît la vraie signification de cette phrase. Personne sauf ceux qui ont vécu l'épreuve. »
Aria frissonna. Ce n'était pas la première fois qu'il mentionnait ces prophéties, mais cette fois, un sentiment de gravité imprégnait ses mots. Une lourdeur qu'elle ne pouvait ignorer. Elle sentait que quelque chose était sur le point de se briser, mais elle ne savait pas encore quoi.
Le vent souffla plus fort, emportant avec lui des feuilles mortes et des morceaux de brume. Aria se sentit soudainement déconnectée de la réalité, comme si le sol sous ses pieds ne la portait plus. Une secousse légère la fit vaciller, et elle se retrouva à moitié sur les genoux, la tête tournée vers la source du vent.
Un hurlement lointain déchira la nuit. Ce n'était pas un cri de souffrance, mais un cri de guerre. Un cri d'appel.
« Ils arrivent, » murmura Darius, ses yeux maintenant fixés sur l'horizon. « L'ennemi... ceux qui cherchent à briser l'équilibre. »
Le vent s'intensifia, secouant les branches des arbres autour d'eux. Aria se redressa, le cœur battant dans sa poitrine. Elle sentit un froid glacial envahir ses os, une présence qu'elle n'avait jamais rencontrée auparavant, mais qui lui semblait étrangement familière. Un pressentiment.
Elle savait. Elle savait que l'heure de la vérité approchait.
« Aria, » Darius l'appela, son ton grave, mais plein d'urgence. « Il n'est plus question de Kieran. Il n'est plus question de la Lune. Tout ça dépasse tout ce que nous avons pu imaginer. »
Elle le regarda, perplexe, alors qu'il s'avançait d'un pas. Ses yeux brillaient d'une lueur étrange, comme si un secret avait été enfin révélé, un secret qu'il ne pouvait plus cacher.
« Ce n'était pas un hasard. » Il marqua une pause, ses lèvres se scellant, comme s'il pesait ses mots. « Aria, tu n'es pas simplement liée à Kieran par un destin... tu es liée à un pouvoir bien plus ancien. »
Un frisson parcourut son échine. Elle sentait une révélation se préparer, mais ses mots la frappèrent plus fort qu'elle ne l'avait imaginé.
Darius se tourna brusquement vers elle, son visage marqué par une expression d'intensité. « Ils savent. Ils ont toujours su. »
Les bruits dans les arbres cessèrent soudainement. Un silence lourd, écrasant, les enveloppa. Puis, un autre hurlement, plus proche cette fois, fit vibrer l'air. Aria sentit un souffle glacé, une brise qui effleura sa peau comme une caresse funeste. Elle savait que le moment était venu. Tout allait basculer.
Dans la brume, une silhouette apparut. Une silhouette qui ne faisait aucun bruit, mais dont la présence se faisait ressentir avec une telle force qu'elle semblait être l'ombre elle-même. Une silhouette imposante, mais presque invisible, traversant les ombres comme une créature des ténèbres.
Aria ne pouvait plus se détourner. Elle savait qu'elle devait l'affronter. L'énigme de son destin se tenait enfin devant elle. Elle n'était plus une simple spectatrice dans un monde qu'elle ne comprenait pas. Elle était devenue une pièce du jeu. Et à présent, elle était prête à jouer.
La silhouette avança, se dessinant de plus en plus clairement dans la brume épaisse. Aria sentit son cœur s'emballer. Il y avait quelque chose dans l'air, une tension palpable, presque électrique, qui faisait battre ses tempes plus fort à chaque seconde.
La silhouette se stoppa net à une dizaine de mètres d'eux, et l'obscurité sembla se densifier autour de lui, comme si l'ombre elle-même voulait l'engloutir. Aria pouvait maintenant distinguer les contours de l'individu : grand, majestueux même, une présence qui transcendait la simple forme humaine. Il n'était pas là pour tuer, mais pour révéler. Révéler quoi ? Elle n'en savait rien, mais son intuition lui disait qu'il n'était pas là par hasard.
Darius s'était figé à côté d'elle, son regard se durcissant tandis qu'il émettait un grognement sourd. Aria le ressentait dans ses entrailles, cette agression non exprimée, cette incompréhension. Qui était cet être qui s'immisçait dans leur quête ?
La silhouette se pencha légèrement, comme pour observer les deux loups, et son regard perça la brume, s'ancra dans celui de Darius. Puis, lentement, ses lèvres bougèrent, mais aucun son ne sortit. C'était comme si le vent lui-même retenait sa respiration.
Aria se sentit une fois de plus attirée par la silhouette. Une force irrésistible. Elle savait, au fond d'elle, qu'elle devait avancer, braver cette étrange peur qui la paralysait, mais ses jambes ne répondaient pas. C'était comme si la terre, elle-même, refusait de la laisser bouger. Et pourtant, elle entendait son nom. Ce murmure faible, lointain, presque une prière.
« Aria... »
Le mot effleura son esprit comme une caresse, douce mais glacée. Ses yeux s'ouvrirent en grand. Le lien. Elle le sentait, elle le voyait presque, comme une lueur d'or dans l'obscurité, brillante et indestructible.
La silhouette s'avança enfin, chaque pas laissant une trace sur le sol froid. Le vent s'intensifia de nouveau, tourbillonnant autour d'eux, poussant la brume à se replier, comme si l'air lui-même voulait dégager la voie à cette apparition.
« Tu es plus forte que tu ne le crois, » dit une voix, profonde et grave, mais pleine de douceur. Elle était pleine de secrets, cette voix. Pleine de vérité.
Aria sentit ses poils se hérisser. Elle ne le savait pas encore, mais cette rencontre allait changer sa vie à jamais. Elle se tourna vers Darius, cherchant des réponses dans ses yeux, mais il n'avait toujours pas réagi. Il semblait perdu dans ses pensées, ou plus probablement dans une forme de lutte intérieure qu'elle ne comprenait pas encore.
La silhouette s'arrêta à quelques pas d'elle, et un frisson la traversa. Elle n'avait pas de visage. Ou du moins, pas de visage humain. Ses traits étaient flous, indéfinis, comme une masse d'ombres en perpétuelle mouvance, changeant de forme à chaque instant.
Mais dans cette silhouette, elle sentit une grande puissance. Et en elle, une peur primitive.
« Ce que tu cherches, Aria, ce n'est pas la réponse que tu attends, » dit la silhouette, sa voix se faisant plus claire à mesure qu'il parlait. « Tu crois que le lien t'a choisi, mais il t'a conduite ici pour que tu puisses voir la vérité. »
« La vérité ? » murmura Aria, ses lèvres tremblantes, la voix à peine audible.
La silhouette fit un pas de plus. « Oui, la vérité. » Elle s'arrêta, juste devant elle. « La Lune ne t'a pas choisie. Tu n'es pas liée à Kieran comme tu le crois. »
Le sol sous ses pieds sembla se dérober. Ce n'était pas le vent, ce n'était pas l'air qui se compressait. C'était elle. Son corps, son âme, tout son être, vacillait sous la révélation. Un vide se creusa en elle, une sensation de trahison qui fit naître une douleur lancinante dans sa poitrine.
« Kieran... » murmura-t-elle, les mots comme une brûlure. « Mais... c'est impossible. »
La silhouette se redressa, et une lueur étrange éclata dans l'ombre de son visage. « Tout est possible, Aria. Tout est une illusion. Tu croyais que le destin était une route tracée, mais il n'a jamais été aussi simple. Kieran n'est pas ton destin. »
Aria se sentait perdu. Son cœur battait si fort qu'elle croyait qu'il allait éclater. Ses yeux se remplirent de larmes, mais elle ne voulait pas pleurer. Pas devant cet être mystérieux. Pas devant cette vérité cruelle.
« Alors qui suis-je vraiment ? » demanda-t-elle, sa voix brisée. « Si ce lien n'est rien d'autre qu'un mensonge... quel est mon véritable but ? »
La silhouette baissa enfin la tête, et un silence lourd s'installa autour d'eux. Le vent s'était arrêté, laissant place à un calme étrange, presque oppressant.
Puis, d'une voix plus douce, la silhouette répondit : « Tu es plus que cela, Aria. Tu es celle qui changera tout. Mais pour cela, il faut d'abord que tu acceptes la vérité. Que tu acceptes qui tu es vraiment... et ce qui t'attend. »
Aria n'eut pas le temps de répondre. Un cri perça la nuit, un cri lugubre et puissant. Le sol trembla, les arbres se plièrent sous une force invisible. Un autre hurlement, cette fois plus proche. Et cette fois, ce n'était pas un cri de guerre, mais un cri de souffrance.
Aria tourna son regard vers Darius, mais celui-ci était déjà parti, courant à travers la brume, sa silhouette s'effaçant dans l'obscurité.
Elle n'eut pas le temps de le suivre. Elle n'eut pas le temps de comprendre. La silhouette mystérieuse lui lança un dernier regard perçant.
« Le jeu a commencé. »