Dalhia se rendait compte que cet homme incarnait réellement ce qu'on lui avait dit ; un homme dont il était impossible de suspecter l'ombre d'un sourire sur ses lèvres, à la mâchoire toujours serrée et surtout de mauvaise humeur tout le temps. Elle ne s'habituait pas facilement dans des endroits pareils et surtout avec des personnes pareilles.
« Vous admettez que je suis belle M. ? » demanda Dalhia espérant détendre l'atmosphère.
Il posa un regard de glace sur elle, on aurait dit qu'elle était face à l'iceberg. Comment pouvait-on être aussi froid de nature ?
« Si la vérité vous tient tant à cœur, Mlle Torres... » Dit-il en planta un regard moins froid dans le sien.
Elle espérait recevoir un compliment de sa part et elle savait que c'était ce qu'il était sur le point de faire vu ses pupilles.
« J'admets que ce CV est aussi nulle et fade que la selle d'un nouveau, alors si c'est le vôtre, pensez un peu à votre avenir et non pas à la beauté. »
Elle ouvrit la bouche en « O » frappée par la honte. Elle ne s'attendait pas du tout à ça même si la réalité était là. Elle n'avait aucune expérience professionnelle c'était sûr mais elle savait très vite s'adapter.
Elle n'attendait plus que le coup de grâce, qu'il la renvoie comme une moins que rien car il s'était déjà fait une autre image d'elle.
Il Posa ses avant-bras sur le bureau et cambra un peu le dos.
Dalhia eut envie de rentrer en arrière mais si c'était un test, il fallait bien qu'elle le passe avec brio.
« Les hommes vous offriront peut-être la vie que vous méritez selon votre beauté physique mais seule votre beauté intellectuelle fera de vous une dame. »
Ces mots la frappèrent en pleine face, la poussant à se redresser.
Il était certainement temps qu'elle se remette en question et qu'elle se demande ce qu'elle voulait réellement faire de sa vie. Il n'y avait plus lieu qu'elle attende que ce soit lui qui la mette dehors mais il fallait qu'elle parte d'elle-même.
Elle se leva lorsque la porte du bureau s'ouvrit.
Il s'agissait du DRH qui lui avait demandé d'avoir le courage d'affronter M. McCoy.
« Vous m'avez appelé, M. ? »
Dalhia était perdue. Depuis tout ce temps qu'elle était dans ce bureau, elle n'avait pas vu à quel moment cet homme avait touché au téléphone et pourtant il avait fait venir son directeur des ressources humaines.
« J'imagine que cette fille est passée dans votre bureau avant d'arriver ici alors je me demande pourquoi vous l'avez conduit à mon bureau avec un CV aussi minable. »
« Pardonnez-moi cette erreur M. mais j'ai constaté que c'est une fille très motivée qui saura s'adapter très rapidement et elle a aussi besoin de ce travail. »
Dominic enfouit ses mains dans Les poches de son pantalon, bomba le torse et souleva la tête dans le but de regarder son DRH de haut.
« Si les McCoy avaient décidé depuis des décennies de faire dans la charité, pensez-vous que ce patrimoine existerait encore ? Non parce que les personnes inexpérimentées comme cette fille auraient fait couler l'entreprise. »
« Elle n'a juste pas eu la chance de faire des études comme vous et moi. »
« Parce qu'elle a le plus misé sur sa beauté physique mais cette discussion est clause et Miss Torres, vous ferez mieux de partir maintenant. »
Dalhia se leva et prit son sac. Il avait peut-être raison, elle n'avait à foutre là parce qu'elle étudiait la dance et non pas la gestion des entreprises. Elle remercia le DRH d'un regard et partit vers la porte.
« Un seul test déterminera réellement votre capacité à vous adapter, Miss Torres. »
Elle se retourna et regarda l'homme qui venait de le dire. Elle ne pensait plus qu'elle avait encore besoin de ça. Elle ne voulait pas passer ce test stupide qui n'allait très certainement servir à rien.
« C'est une chance qui ne se refuse pas. »
Pour une fois il avait raison. Elle allait donc passer ce fichu test et elle espérait qu'il ne la prendrait pas.
« J'allais aussi vous annoncer que M. Moreno est déjà là. »
Dominic prépara donc les documents dont il aurait besoin et dépassa son DRH. Lorsqu'il passa près de Dalhia, il la regarda intensément, ce qui faillit rendre cette dernière folle.
« Suivez-le ! » lui dit la seule personne qui semblait être gentille avec elle lorsque le patron sortit.
Elle courut derrière Dominic et ils entrèrent dans une grande salle de réunion. Les deux hommes se saluèrent et lorsque leur invité du jour lui baisa la main, Dominic grogna comme un animal de forêt.
Dalhia se rendit compte qu'elle venait déjà de foirer le test mais ce n'était en rien de sa faute si elle s'était retrouvée face à un charmeur de femme.
« Pour le projet que vous m'avez proposé M. McCoy, je demande cinquante pour cent. »
Dalhia ne savait pas du tout de quoi ils parlaient tous les deux mais l'expression du visage de Dominic en disait long sur sa mauvaise humeur qui ne le quittait jamais fallait le préciser.
« Je n'ai pas de temps à perdre, M. Moreno. C'est soit vous acceptez soixante et quarante soit vous laissez tomber l'affaire. Les entreprises McCoy ne mendient pas les associés. »
Dalhia était dépassée. Etait-ce de cette façon qu'on négociait une affaire ? Avec autant d'égo et d'arrogance ? Il fallait peut-être que cet homme retourne apprendre les bonnes manières.
« Je sais que vous trouverez une autre personne aussi efficace que moi pour mener à bien ce projet mais vous savez aussi que ma touche personnelle est ce qui fera l'objet de tout. »
Dominic hocha nonchalamment la tête faisant mine de réfléchir.
Dalhia ne voulait plus en aucun cas croire une seule fois qu'il allait réfléchir et sortir quelque chose de beau de sa bouche parce qu'il était doué pour tirer avec de vraies balles.
« On verra bien ce que mon assistante en pense ? » Dit Dominic en la regardant.
Prise de court, Dalhia ouvrit la bouche plusieurs fois mais rien n'y sortait. Que voulait-il qu'il dise ? Elle ne savait même pas de quoi il parlait.
« L'entreprise a un terrain au bord de la mer et dont nous sollicitons l'entreprise de Moreno pour s'occuper du projet. Bien sûr que nous ne paierons que le stricte nécessaire et l'entreprise sera payé à la vente des maisons. Pour ma part, je propose un pourcentage de quarante pour cent à M. Moreno mais il demande cinquante en sachant que d'autres entreprises sauteront sur l'occasion sans réfléchir. Qu'est-ce que vous en pensez Mlle Torres ? »
« Je suis sûre que si M. Moreno est votre premier choix, c'est pour une raison particulière et cette raison évidente ne peut être gâchée. »
« Que proposez-vous donc ? »
« Quarante-cinq et cinquante-cinq, je pense que c'est ce qui est mieux pour tout le monde. »
Dominic regarda M. Moreno et un petit détail le frappa. Il était si petit mais le mettait tout de même hors de lui. Il fallait qu'il mette fin à cette réunion.
« Je suis d'accord avec ce qu'elle a proposé et vous M. Moreno ? »
« Moi aussi, » dit-il avec enthousiasme.
Ils signèrent donc l'accord et se séparèrent.
Dalhia ne savait pas si elle allait rentrer chez elle ou avoir le courage de demander à cet homme ce qui lui restait à faire.
« Je dois vous parler, Mlle Torres. »
Un semblant d'espoir, elle l'avait ressentie.
Elle le suivit et une fois dans son bureau, il l'invita à s'asseoir. Il se débarrassa de sa cravate avant de s'asseoir lui aussi.
« Pour la raison de mon premier choix en ce qui concerne Moreno, c'est un homme qui ne fait pas le faux et je fais confiance à son matériel de construction mais ce ne sont pas les raisons suffisantes. Si vous n'étiez pas là, il n'aurait jamais accepté quarante-cinq pour cent. »
Venait-il pour une première fois de l'apprécier ? Dalhia laissa un fin sourire se dessiner sur ses lèvres.
« Ne jubilez pas, Miss Torres. Ce ne sont pas vos arguments qui l'ont convaincu mais votre jupe droite qui laissait espérer ce qui pouvait se cacher en-dessous. »
Dalhia baissa encore les yeux pour regarder son vêtement. Qu'avait-il de mal ? Pourquoi lui avait-il demandé de le rejoindre à cette réunion s'il avait vu son vêtement bien plus tôt ?
« Je sais profiter de ce que la vie m'offre. J'aurais demandé à une de mes employées de rejoindre la réunion mais vous étiez là et mieux habillée pour le contexte. »
Elle ne savait pas ce qu'il insinuait mais cet homme était-il aussi sérieux comme les gens le disaient parce que sinon, il ne serait pas en train de parler d'elle ainsi.
« Je vais vous donner quelques notions de base en ce qui concerne le monde des affaires. Vous devez toujours être cette énigme que le monde cherche tant à résoudre, ne soyez pas toujours mystérieuse et pour cela, apprenez à les mettre sur des fausses pistes. Apprenez à en savoir un plus sur la personnalité de chaque personne comme M. Moreno par exemple, il perd tous ses sens lorsqu'il est face à une belle femme accroire qu'il a raté sa jeunesse. Tous ceux qui ouvriront la bouche une centaine de fois pour vous dire qu'ils veulent votre bien ne voudront que votre mal alors, faites confiances aux personnes qui sont sévères avec vous. La considération peut se prouver de plusieurs façons et le sourire est la forme la plus fausse de la considération. Ne croyez pas en ce que les lèvres prononcent mais en ce qui se lit dans les yeux. »
Il se leva par la suite et fouilla dans ses affaires où il fit sortir des papiers qu'il lui tendit.
« Votre contrat de travail. Vous avez une semaine pour vous décider. »
Elle récupéra le contrat et incertaine qu'elle allait travailler pour lui. Ses exigences lui faisaient tellement peur.