Le lendemain, dans le hall du manoir des Dustel..
Cela fait plusieurs minutes que la famille Dustel est prête à partir, le beau carrosse est prêt, le cocher attend la petite famille devant le manoir patiemment, le soleil se couche lentement en cette fin de journée. Une belle nuit s'annonce pour la noble famille Dustel.
Isabelle est aussi nerveuse que son époux en attendant sa fille aînée en bas de l'escalier, dans le grand hall du manoir. Edouard soupir silencieusement puis regarde sa montre à gousset dans sa main droite, Anastasie regarde ses parents avec un petit sourire, confuse du retard de sa grande sœur.
Finalement, les pas d'Astrid résonnent en haut de l'escalier, elle qui est accompagnée de Maria sa domestique. Elle descend les marches avec élégance en tenant sa magnifique robe. Une robe aux manches longues, évasée et étincelante d'un rouge vif, la couleur préférée d'Astrid, avec un magnifique décolleté dû à son corset. Elle est bien maquillée avec un beau rouge à lèvre aussi rouge que sa somptueuse robe de bal, bien coiffée grâce à Maria qui a prit soin de faire de la demoiselle la plus belle du bal de ce soir. Elle porte son masque rouge qui cache une fine partie de son visage, ses yeux.
Edouard est abasourdi par la beauté de sa fille, tout comme Isabelle qui semble un peu plus nerveuse que son époux. Anastasie a le regard qui pétille d'admiration envers sa grande sœur, époustouflée par la beauté de celle-ci.
Isabelle: Mais enfin Astrid, as-tu perdu la raison ? Cette tenue est beaucoup trop vulgaire.
Astrid: En tant que joyau d'Ostrana, je dois être la plus belle femme de ce bal mère. Vous ne pensez pas ?
Isabelle: Oui, mais c'est beaucoup trop vulgaire pour ton jeune âge.
Astrid: C'est une fête qui s'annonce être mémorable, j'ai si hâte d'y être. Pas vous ? Nous devrions partir maintenant.
Edouard: Tu es resplendissante, Astrid.
Astrid: Merci père.
Anastasie: Plus tard, je veux être aussi belle que toi grande sœur !
Astrid: Tu l'es déjà, petite sœur. Maintenant allons-y.
Edouard: Oui, nous sommes en retard.
La petite famille quitte le manoir pour venir s'installer dans le beau carrosse. Bien sûr, Isabelle regarde la tenue de sa fille aînée d'un mauvais œil, trouvant qu'elle est bien trop vulgaire.
Mais bon, ils sont déjà assez en retard. Alors le carrosse quitte le domaine des Dustel.
Deux heures plus tard, à Ustiogar..
Ustiogar, c'est le comté du comte Nikolaï Vlasova. C'est ici que se déroule ce beau bal costumé, plus précisément dans le château de Yielden, le château du comte Vlasova.
La famille Dustel se rapproche du château, qui est visible à des kilomètres de la petite fenêtre d'Astrid, entouré de falaises au delà des grandes plaines. Astrid regarde le beau château illuminé avec un petit sourire, tout comme Anastasie qui questionne ses parents.
Anastasie: Pensez-vous que la famille Hunston sera présente à ce bal costumé ?
Edouard: C'est fort possible. Tous les nobles sont invités au bal du comte Vlasova.
Anastasie: J'aimerais bien. Je n'ai pas vu James Hunston depuis le bal de sa majesté le roi, il y a un an.
Isabelle: Tu sembles proche de ce jeune homme, Anastasie.
Anastasie: Oui, je l'apprécie énormément. Est-ce mal ?
Isabelle: Non, bien sûr que non. Mais sois prudente tout de même.
Anastasie: Pourquoi donc, mère ?
Edouard: Oublie ce que viens de dire ta mère, amuse-toi ce soir. C'est tout ce qui compte.
Anastasie: Bien, si vous le dites. Et toi Astrid, tu pourras peut-être revoir ton amie Ingrid.
Astrid: Oui, je l'espère. Les Hunston sont admirables et très sympathiques, j'aimerais discuter avec eux lors de ce bal costumé.
Isabelle: N'oubliez pas d'être polies, n'oubliez pas les bonnes manières. C'est très important.
Astrid: Oui.
Anastasie: Oui mère.
Edouard et Isabelle s'échangent un regard nerveux, tous les deux inquiets par cette fête. Astrid perçoit l'inquiétude de ses parents mais demeure silencieuse, tout en étant confuse.
Les minutes s'écoulent progressivement, le carrosse s'arrête devant le grand château du comte Vlasova. Les portes du château sont ouvertes, la famille Dustel peut se joindre à la belle fête.
Quelques minutes plus tard..
Dans la salle de bal, tous les nobles discutent, boivent et dansent dans divers costumes, tous sont masqués sans la moindre exception. La famille Dustel ne passe pas inaperçu, surtout Astrid et sa tenue écarlate charmante et étincelante.
Les regards se posent sur elle un instant, dans un profond silence. Ce qui gêne la famille Dustel, particulièrement l'aînée, qui ne pensait pas être au centre de l'attention de tous dans sa belle tenue.
Astrid: D'accord, là.. C'est vraiment gênant.
Heureusement, la voix de Nikolaï retentit et brise ce silence pesant. Tous reprennent diverses discussions en regardant de temps à autre Astrid avec admiration, particulièrement les hommes.
Nikolaï: Bienvenue, noble famille Dustel ! Servez-vous, le buffet est de ce côté. C'est un honneur pour moi de vous voir à ma fête.
Edouard: L'honneur est pour nous, comte Vlasova.
Nikolaï: Je vous en prie, appelez-moi Nikolaï.
Isabelle: Votre château est resplendissant, Nikolaï. Comme vos terres.
Nikolaï: En une année, il y a eu du changement à Ustiogar. Merci pour vos compliments, vicomtesse Dustel.
Le regard de Nikolaï se pose sur les deux sœurs, il salut honorablement Anastasie avant d'embrasser la main d'Astrid avec élégance. Charmé par la beauté de l'aînée.
Nikolaï: Vous attirez tous les regards, mademoiselle Dustel. Ce qui ne me surprend pas. Votre beauté n'est pas qu'une simple rumeur d'Ostrana, mais un fait.
Astrid: Je vous remercie pour votre compliment, Nikolaï. Vous n'avez pas changer en une année, vous êtes toujours aussi.. Charmant.
Nikolaï: Avec vous ? Sans la moindre hésitation. Profitez de ce bal, si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis à votre disposition.
Il croise le regard d'ambre d'Astrid, charmeur en plaçant son masque.
Nikolaï: Je dis bien, quoi que ce soit.
Astrid: Oui, j'ai cru comprendre.
Edouard: Merci beaucoup, Nikolaï.
Nikolaï retourne auprès de ses invités, avec son élégance quotidienne. Astrid relâche un soupir de soulagement, sous les regards interloqués de ses parents.
Edouard: Vous semblez proches, tous les deux.
Astrid: Pourtant je ne sais absolument rien du comte Vlasova. Sauf qu'il a aidé le comte Straud à gagner la guerre et qu'il a une sacré réputation auprès des filles.
Isabelle: Il semble très charmant.
Anastasie: Il est charmant, mais pas autant que James Hunston.
Edouard: Bien, profitez de la fête mes chères filles. Ne vous éloignez pas du château.
Anastasie: Oui. Amusez-vous bien.
Dit la petite fille de 13 ans en s'éloignant rapidement de sa famille, souriante et toute joyeuse, dans sa belle petite robe rose. Astrid regarde ses parents avec bienveillance.
Astrid: Je veille sur Anastasie, ne vous inquiétez pas pour elle.
Isabelle: Merci Astrid, nous comptons sur toi.
Edouard: Tu es l'aînée, tu es la plus responsable entre vous deux. Surveille ta sœur mais amuse-toi également.
Astrid: J'y compte bien, père.
Astrid suit sa petite sœur parmi la foule, ennuyée en voyant qu'elle est déjà aussi loin devant elle. Elle presse le pas mais finit par perdre de vue Anastasie, Astrid se dépêche, mais une personne marche sur sa robe, ce qui fait trébucher la jolie blonde en avant dans un cri de surprise.
Heureusement pour elle, un bras entoure sa taille et l'empêche de se retrouver sur le sol. Elle est remise sur pied par cette personne, nerveuse. Elle regarde à peine cet homme, un grand blond vêtu de noir, préoccupée par sa petite sœur.
Astrid: Merci. Anastasie !
Elle reprend son chemin, sous le regard perplexe de l'inconnu.
Un peu plus tard..
Essoufflée, Astrid se place à côté de sa petite sœur qui regarde les nobles avec déception.
Astrid: Tu dois rester près de moi, Anastasie ! Ne me fais plus jamais courir de la sorte ! Qu'y-a-t-il encore ?
Anastasie: Je ne trouve pas les Hunston..
Astrid: Ils sont peut-être en retard ?
Anastasie: Non, ils ne seront probablement pas là ce soir..
La petite fille baisse légèrement sa tête, tandis qu'Astrid pose sa main sur l'épaule de celle-ci en guise de réconfort.
Astrid: J'aurais aimé voir Ingrid aussi, mais..
?: Mesdemoiselles Astrid et Anastasie Dustel, quel plaisir de vous revoir.
Les deux filles redressent la tête et découvrent un jeune homme vêtu d'une élégante tenue de bal rose, portant un masque de cette même couleur, qu'il retire pour dévoilé son identité aux jeunes filles.
Aussitôt, Anastasie retrouve un grand sourire et se jette presque dans les bras du garçon, ravie.
Astrid: James Hunston ?
Anastasie: Oui, c'est bien lui ! Ravie de vous revoir, James. Vous m'avez terriblement manqué.
James: Vous aussi, Anastasie. J'adore votre robe, vous êtes magnifique.
Anastasie: J'adore votre costume, vous êtes resplendissant James.
?: Astrid Dustel ? C'est bien vous ?
Astrid tourne le regard et croise celui d'une jeune fille, un regard bleu foncé qu'elle reconnaît difficilement. La demoiselle retire son masque, cette fois-ci Astrid n'a plus aucun doute sur l'identité de celle-ci. Il s'agit d'Ingrid Hunston, la petite sœur de James.
Souriante, elle enlace tendrement Ingrid avec joie. Heureuse de la revoir après un an.
Ingrid: Je suis ravie de vous revoir, mademoiselle Dustel.
Astrid: Moi aussi, Ingrid. Les lettres étaient superbes, mais le temps fut si long. Je pensais ne jamais vous revoir.
Ingrid: Il ne faut jamais dire "jamais". Mais je vous comprend. Alors, accepteriez-vous de boire un verre de vin en ma compagnie ?
Astrid: Avec plaisir. Sans que mes parents me voient, ils sont assez réticents concernant l'alcool.
Ingrid: C'est compréhensible, les miens aussi. Nous serons discrètes.
Complices, les deux filles ricanent tandis que James s'adresse à Astrid, en tenant Anastasie dans ses bras.
James: Me permettez-vous de rester avec votre sœur, cette nuit ?
Astrid: Bien sûr, James. Prenez soin d'elle.
James: Merci mademoiselle Dustel. Venez donc, j'ai une faim de loup. Pas vous ?
Anastasie: Oh si, je suis affamée !
Anastasie part en direction du buffet avec James, tandis qu'Astrid part de son côté avec Ingrid.
Une heure plus tard..
Durant cette petite heure, les deux filles ont énormément discutées de cette année loin l'une de l'autre. Les deux amies se sont peu à peu rapprochées, elles rient en buvant leur troisième verre de vin, plutôt ivres, assisent sur un beau fauteuil dans un coin de la grande pièce.
Ingrid et Astrid n'ont pas l'habitude de boire de l'alcool, ça tourne légèrement dans leur tête.
Ingrid: Sinon, pourquoi êtes-vous aussi belle en cette merveilleuse nuit ?
Astrid: Pour mon propre plaisir, mais aussi pour m'amuser un peu avec la jolie Roesia Chevrotet. Cette garce m'a contrarié.
Ingrid: Je vois, je comprends. Je hais cette fille, depuis toujours.
Astrid: La fille parfaite de la famille Chevrotet. Elle n'est pas si parfaite, c'est une véritable peste. Sa petite fierté m'insupporte, je vais lui faire comprendre que je suis bien plus importante qu'elle aux yeux d'Ostrana.
Ingrid: Vous l'êtes, croyez-moi. D'ailleurs, vous avez en ce moment même un admirateur, il me semble.
Ingrid regarde un jeune homme, grand et blond vêtu de noir, près du buffet. Il ne quitte pas du regard Astrid en buvant un verre de vin, très solitaire.
Astrid le regarde donc, confuse.
Astrid: Vous pensez ? J'ai l'impression de connaître cet homme.
Ingrid: Le bal costumé n'arrange pas la situation. Mais je crois savoir qui se cache derrière ce masque.
Astrid: De qui s'agit-il selon vous ?
Ingrid: Si solitaire et macabre. C'est sans aucun doute le comte Straud.
Astrid: Vraiment ? Comment faites-vous pour être aussi perspicace ?
Ingrid: Je l'ignore, mais ce n'est qu'une supposition mademoiselle Dustel. Peut-être qu'il ne s'agit pas du comte Straud, mais d'un autre noble.
Astrid: Il y a tellement de nobles à Ostrana.
Ingrid: Je suis d'accord avec vous.
Durant un long moment, dans un silence troublant, Astrid ne quitte pas du regard de ce mystérieux noble solitaire, tout comme celui-ci. Cette situation rend nerveuse Ingrid, son regard bascule entre l'inconnu et Astrid.
Ingrid: Mademoiselle Dustel ? Tout va bien ?
Astrid: Je dois en avoir le cœur net. Je dois découvrir qui se cache derrière ce masque.
Ingrid: Il s'agit d'un bal costumé, mademoiselle. C'est la tradition, nous devons garder ce masque.
Astrid: Je vais retirer son masque.
Ingrid: Vous me faites peur, mademoiselle.
Dit-elle avec un rire nerveux, en voyant qu'Astrid est déterminée et ne compte absolument pas renoncée.
Pendant ce temps..
Edouard est bien solitaire en cette nuit festive, à l'écart des autres nobles. Il boit un verre silencieusement, en regardant chaque noble avec nervosité, mais surtout ses deux filles et son épouse. Isabelle discute avec d'autres femmes, souriante, en regardant de temps en temps son époux avec un petit sourire compatissant.
C'est alors qu'une ombre se dresse aux côtés du vicomte Dustel, ce qui le rend bien plus nerveux. Il ne regarde pas cette personne et boit une gorgée de son verre.
?: Pensez à notre petite discussion, vicomte Dustel.
Edouard: J'y pense, marquis Chevrotet. Chaque jour, depuis maintenant un an.
Vincent: Maintenant vous connaissez les conséquences de ce prêt. Tâchez de me rembourser au plus vite, d'ici la fin de la semaine.
Edouard: Je suis navré mais je ne pourrais pas, je..
Vincent: Une année s'est écoulée, vous aviez le temps de me rendre cet argent. Je n'ai plus de patience avec vous, et votre misérable famille.
Edouard: Tâchez de me comprendre, j'ai d'autres problèmes à régler sur Sheorisia. Je ne peux pas vous remboursez maintenant, comme je vous l'ai expliqué hier.
Vincent: Alors dans ce cas, vous serez tous les quatre pendus d'ici la fin de la semaine.
Dit-il avec un sourire mauvais sur son rictus, en buvant son verre de vin paisiblement.
Edouard se sent impuissant à cet instant, il regrette ce moment depuis toujours. Voir sa propre famille anéantie, tout ça à cause d'une dette.. D'un service. Alors dans le désespoir, il se tourne pour faire face à Vincent, qui reste de profil à lui en gardant son air strict.
Edouard: Je vous en prie, marquis Chevrotet. Il y a forcément une autre solution.
Vincent: Non, aucune. Je veux être remboursé ce dimanche.
Edouard: Nous pouvons encore y réfléchir, Vincent ! Il y a un autre moyen, j'en suis persuadé..
Tout en réfléchissant, Vincent regarde les deux filles d'Edouard ainsi qu'Isabelle Dustel. Un sourire narquois se forme sur son rictus, il croise enfin le regard d'Edouard pour lui proposé un autre marché.
Vincent: Qu'est-ce qu'il y a de plus précieux dans ce monde, hors mes richesses ? Le joyau d'Ostrana.
Edouard: Où souhaitez-vous en venir, exactement ?
Vincent: Votre fille aînée, contre cette dette. Voici le prix à payer, si vous souhaitez ne pas vous retrouvez avec une corde autour du cou.
Edouard: Ma fille ?
Edouard regarde Astrid, qui rit de bon cœur avec Ingrid sur ce beau fauteuil.
Edouard: Que feriez-vous de ma fille ?
Vincent: Elle deviendra une simple maîtresse, je dois reconnaître que sa beauté me fait perdre la raison.
Edouard: Que dites-vous ? Elle.. Elle pourrait être votre fille.
Vincent: L'âge n'a aucune importance, lorsque je regarde votre fille, je vois une femme. Non une enfant. Mais Astrid n'est pas suffisante, ma chère fille aurait besoin d'une domestique, Anastasie sera parfaite pour prendre soin de Roesia. Votre femme pourrait servir également, mes soldats ont besoin de compagnie.
Edouard: Comment osez-vous.. ?
Furieux par les paroles de Vincent, Edouard se montre menaçant envers le marquis Chevrotet. Mais ce dernier rit d'amusement de son attitude, se tournant pour faire face au vicomte en restant docile et sûr de lui.
Vincent: Ne faites pas cette tête, Edouard. Nous avons signer un contrat, il y a un an de cela. Un contrat est un contrat. En échange de mes richesses, votre femme et vos filles suffiront comme remboursement. Mais également vos terres. Si vous refusez de coopérez avec moi, alors dans ce cas.. Vous allez tous mourir.
Souriant, Vincent s'éloigne d'Edouard qui reste silencieux.. Dans son propre désespoir.
Vincent: Vous avez jusqu'à la fin de la semaine pour y réfléchir. Je vais venir avec mes soldats ce dimanche, pour décider du sort de votre famille. En attendant, passez une agréable soirée, elle sera peut-être votre dernière en tant que noble d'Ostrana.
Désemparé, Edouard détourne le regard du marquis et boit une gorgée de son verre de vin rapidement. Il croise le regard interrogateur et inquiet de son épouse, puis regarde ses deux filles avec chagrin.
Le choix est difficile pour le vicomte. Comment choisir entre la vie de ses filles et de son épouse, ou bien la mort de la famille Dustel ?
C'est un choix impossible à faire pour Edouard Dustel. Il regarde tous ces nobles, en cherchant du regard une solution pour fuir le destin tragique de sa famille. Une lueur d'espoir vient à lui, lorsqu'il aperçoit au loin, près du buffet, le comte Alaric Straud qui retire son masque pour essuyer son front de sa manche avec lassitude.
Doucement, il décide de s'approcher du comte Straud en parcourant la foule, bien plus nerveux qu'il ne l'était, en connaissant l'horrible réputation du solitaire comte Straud.
Quelques minutes plus tard..
Souriant, Edouard cache sa peine et ses inquiétudes en se rapprochant d'Alaric. Ce dernier remet son masque noir en relâchant un soupir d'ennui, à l'écart des autres. Il est d'ailleurs agacé lorsqu'il voit Edouard venir à lui progressivement.
Alaric se tourne pour être face au vicomte, qui se tient à ses côtés avec joie.
Edouard: Comte Straud, comme je suis ravi de vous voir ici, en cette merveilleuse nuit !
Alaric: De même.. Enfin, je crois.
Edouard: Oui, enfin.. Passez-vous une bonne soirée ?
Alaric: Oui, plus ou moins.
Edouard: Parfait ! J'ai entendu des choses sur vous, je suis très étonné. En une seule année, votre richesse dépasse celle du marquis Chevrotet. Comment est-ce possible ?
Alaric: J'ai travailler pour entretenir mes terres, ce qui a était bénéfique au fil des mois.
Edouard: Comme c'est remarquable, je suis stupéfait comte Straud. Je dois reconnaître que je vous admire énormément.
Alaric: Bon, que voulez-vous vicomte Dustel ?
Nerveux, Edouard fait part de ses problèmes au comte Straud, dans le désespoir.
Edouard: Il y a un an, j'ai conclu un pacte avec le diable en personne. Il semblait compréhensif et patient, mais ce n'était qu'une simple ruse pour me piéger. Il réclame son argent depuis des mois, il se montre de plus en plus menaçant envers moi et ma propre famille. Si je ne le rembourse pas d'ici dimanche, alors mes filles, ma femme et moi-même serons exécutés.
Alaric: Je suis désolé de l'apprendre.
Edouard: L'autre moyen de le rembourser serait de lui céder mes terres, ainsi que ma fille aînée comme maîtresse, ma deuxième fille comme domestique et mon épouse comme.. J'ignore comment décrire ceci. C'est impensable pour moi. Alors je vous en prie, aidez-moi à rembourser cette dette pour que ma famille n'en souffre pas. Aidez un homme dans le désespoir, comme moi.. Par pitié.
Alaric: Je regrette, mais je refuse d'être mêlé à vos petites querelles de nobles. Bonne soirée.
Alaric s'apprête à s'éloigné du vicomte, agacé. Mais celui-ci le retient par le bras, désespéré.
Ce geste rend nerveux Alaric, qui menace du regard Edouard. Le vicomte regarde sa femme et ses filles un court instant. Chagriné, il pose le regard sur sa fille aînée avant de supplier Alaric du regard..
Edouard: Je vous en supplie, nous pouvons passer un marché. Une partie de vos richesses pour rembourser cette dette, contre une chose précieuse à mes yeux, que vous souhaitez obtenir.
Un silence s'abat sur les deux hommes.
Un quart d'heure plus tard..
Astrid mange une bonne assiette de diverses gourmandises en compagnie de son amie, joyeuse et ivre.
Astrid: Cessons ce vouvoiement ridicule, j'en ai assez d'être une fille bien élevée.
Ingrid: Oui, moi aussi. Au diable ces belles paroles et cette noblesse.
Astrid: Nous sommes libres d'être qui nous souhaitons être en cette belle nuit.
Ingrid: Je suis entièrement d'accord avec toi, Astrid.
?: Voyez-vous ça, les deux nobles insignifiantes Ingrid Hunston et Astrid Dustel ensemble. Pourquoi suis-je étonnée ?
Roesia sourit sournoisement en regardant les deux jeunes filles, avec ses jeunes amis nobles de hauts rangs. La jolie rousse regarde de haut en bas Astrid, moqueuse.
Astrid: Même avec ce masque elle m'agace cette peste.
Roesia: Cette tenue te correspond parfaitement, Astrid.
Astrid: J'allais dire la même chose de toi, Roesia. Une noble qui pense être une princesse, mais qui n'en sera jamais une. Comme c'est dommage.
Roesia: Quant à toi, une fille des tavernes, voilà à quoi tu ressembles mais aussi ce que tu es réellement.
Astrid: Je suis flattée par ton compliment. Sincèrement.
Ingrid: Roesia, éloigne-toi de nous avec tes vipères.
Roesia: Vous deux, restez à votre basse place dans la monarchie d'Ostrana. Vous devez me respecter.
Astrid: Te respecter ? Plus jamais, ma chère Roesia.
Astrid se lève du fauteuil, sous le regard inquiet d'Ingrid. Elle s'approche doucement de Roesia, très menaçante. Ce geste surprend les amis de Roesia, tout comme la jolie rousse qui recule d'un pas.
Astrid: J'ignore pourquoi tu me provoque de cette façon depuis que nous nous sommes rencontrer, mais tes petites manières je commence à en avoir assez. Alors prends garde à ce que tu fais, mais aussi à ce que tu dis. Je ne suis pas l'une de tes domestiques.
Roesia: Tu oses menacer la fille unique du marquis Chevrotet ? Tu viens de commettre une très grosse erreur, Astrid.
Astrid: Et ce n'est que le commencement, Roesia.
Ingrid: Astrid, calme toi s'il-te-plaît. Tout le monde nous regarde.
Nerveuse, Ingrid croise le regard des autres nobles. Tous sont interloqués par le comportement menaçant d'Astrid envers la fille unique du marquis Chevrotet.
D'ailleurs, Vincent s'approche des demoiselles, se plaçant aux côtés de sa fille avec un sourire.
Vincent: Eh bien, y-a-t-il un problème ma chère fille ?
Roesia: Astrid vient de me menacée, pourtant.. Je n'ai absolument rien fait de mal, père. Je suis contrariée.
Vincent: Vraiment ? Dans ce cas, présentez vos excuses à ma fille, Astrid Dustel.
Astrid: En quel honneur devrais-je m'excuser envers votre peste de fille ?!
Ce comportement surprend les invités. C'est bien la première fois qu'une personne ose tenir tête au marquis Chevrotet de cette façon. Vincent est énormément respecter parmi les nobles d'Ostrana, il a beaucoup de pouvoir.
Les parents d'Astrid se rapprochent de leur fille aînée, nerveux. Anastasie est confuse et ne comprend pas ce qui se passe, auprès de James. Nikolaï et Alaric observent cette dispute silencieusement, Nikolaï semble nerveux contrairement à Alaric qui est intrigué par le comportement de la belle blonde.
Vincent: Comment osez-vous insulter de la sorte ma fille, mais en plus de cela me répondre ?
Astrid: Oh pardonnez-moi pour mon honnêteté cher marquis, je n'ai aucun compte à rendre à votre fille et encore moins à votre famille ! C'est elle qui doit des excuses, à moi, ainsi qu'à mon amie !
Vincent: Je vous ordonne de vous excusez, immédiatement !
Astrid: Jamais !
La main du marquis se lève, il s'apprête à frapper Astrid sous les regards inquiets des nobles. Mais Edouard se place devant sa fille, avec son épouse, inquiets en baissant le regard face à Vincent.
Il s'agenouille, le suppliant de pardonner l'attitude de sa fille aînée, avec son épouse.
Edouard: Pardonnez ma fille, je vous en prie ! Elle.. Elle n'a pas les idées claires ! Elle ne pense pas ce qu'elle dit, votre fille est merveilleuse tout comme votre famille..
Isabelle: Oui, de grâce.. Pardonnez-la. Cela ne se reproduira plus..
En relâchant un soupir d'agacement, Vincent baisse sa main et part de son côté, en compagnie de sa fille.
Vincent: Apprenez à votre fille à se taire face à un homme. Qu'elle reste à sa place. Viens Roesia.
Roesia: Oui, père.
Roesia regarde avec un sourire sournois Astrid, discrètement. Ce qui enrage celle-ci, qui part de son côté loin de la foule.
Edouard: Astrid, reviens ici tout de suite !
Isabelle: Astrid !
Mais la jeune fille n'écoute pas ses parents, elle sort de la salle de bal pour s'éloignée un peu des regards oppressants.
Un quart d'heure plus tard..
La fête reprend depuis cette dispute, Astrid reste seule sur un grand balcon, elle respire l'air frais du soir et regarde l'horizon avec déception.
Derrière elle, la silhouette d'un homme se rapproche de la jeune fille et passe la porte du balcon. Son visage est éclairé par la lumière de la pleine lune, il est tout de même méconnaissable à cause du masque qu'il porte sur son visage, un masque bleu clair et blanc pailleté.
Il s'accoude à ce balcon auprès d'Astrid, souriant en regardant la pleine lune.
?: Eh bien, vous avez le don de ne pas passer inaperçu mademoiselle Dustel. Quel tempérament de feu, je suis impressionné.
Astrid: Ne le soyez pas. C'était grotesque venant de l'aînée du vicomte Dustel. J'aurais dû me taire.
?: Peut-être, oui. Mais voyez le bon côté des choses, vous avez animé la fête. Tous parlent de vous en ce moment-même, et de votre résistance face au marquis Chevrotet.
Astrid: Justement, c'est honteux. Je viens de déshonoré ma famille.
?: Déshonoré ? C'est courageux ce que vous avez fait. Pour être honnête avec vous, je n'apprécie pas cette famille. Ils sont au dessus de tous, à Ostrana. Ils sont proches du roi Andreas, et donc, très puissants. C'est ce qui fait qu'ils se comportent d'une façon grotesque avec tous les nobles de notre pays.
Astrid: Oui, sur ça je suis parfaitement d'accord avec vous. Voilà pourquoi j'aurais dû me taire, comme les autres. Mes parents auront probablement des ennuis, à cause de moi. Tout ça car je n'ai pas su tenir ma langue.
?: N'ayez crainte, ce n'est qu'un petit accident. Ne pensez plus à cela, profitez du bal c'est plus important.
Reconnaissante par le soutient de cet inconnu, Astrid tourne le regard pour croisé le sien, un regard azur hypnotisant. Elle sourit puis se redresse, confiante mais étourdie par les effets secondaires de l'alcool qu'elle a ingérée durant cette soirée.
D'ailleurs, elle ne reconnaît pas l'homme qui se cache derrière ce masque bleu clair. Elle se concentre, perplexe mais ivre.
Astrid: J'ignore qui vous êtes, mais merci beaucoup pour votre réconfort. Vous avez raison, je vais profiter de ce bal et ne plus me préoccuper de cette maudite famille. C'est curieux, votre voix.. J'ai l'impression de la connaître.
?: Vous avez beaucoup bu, au point de ne pas me reconnaître ? C'est assez drôle, pour être honnête.
Aussi troublant que cela puisse paraître, Astrid se sent en sécurité avec ce mystérieux jeune homme. Elle sourit à cet inconnu, étrangement charmée par la bienveillance de celui-ci et son beau regard azur.
Sous le charme, elle se rapproche de celui-ci bien trop près, comme pour découvrir qui se cache sous ce masque bleu clair. Ceci fait rire bêtement le jeune homme, qui rapproche son visage de celui d'Astrid. Doucement, il vient déposé un doux baiser sur les lèvres de la demoiselle, qui est étonnée par ce geste soudain bien trop intime.
Mais l'alcool fait perdre la raison à la belle blonde au regard d'ambre, qui se laisse aller, dans les bras du mystérieux inconnu.
Au même moment, dans la salle de bal..
Anastasie discute avec James de la dispute qui a eu lieu entre les Chevrotet et sa sœur aînée, encore troublée. Une ombre se dresse devant elle, il s'agit de son père qui salut James et ordonne à sa fille de le suivre.
Edouard: Nous devons partir.
Anastasie: Déjà père ? Mais, pourquoi ?
Edouard: Ne discute pas. Allons-nous en.
Anastasie: Bien. Laissez moi dire aurevoir à James.
Edouard: Oui, bien sûr. Sais-tu où est ta sœur ?
Anastasie: Non, je ne l'ai pas vu depuis cette dispute.
Edouard: Je vais partir à sa recherche, elle doit être dans le château. Quelque part. Je dois aller voir le comte Vlasova, pour lui présenter mes excuses avant de partir et le remercier de nous avoir invités.
Curieusement, Edouard cherche du regard le comte Vlasova, qu'il n'aperçoit pas. Il soupir et se rapproche de son épouse.
Edouard: Mais où est-il passé ?
Anastasie se lève du fauteuil, déçue.
Anastasie: J'aurais aimé rester plus longtemps en votre compagnie.
James: Nous nous reverrons, n'ayez crainte.
Anastasie: J'attendrais vos lettres.
James: Et moi, je vous attendrez.
Souriant tristement, James enlace avec tendresse Anastasie pour lui dire aurevoir. Chagrinée, la petite fille sourit à James avant de rejoindre ses parents d'une démarche lente.
Elle croise sur son chemin Ingrid, qui l'interpelle aussitôt.
Ingrid: Anastasie, savez-vous où est votre sœur ?
Anastasie: Non, je l'ignore. Mais nous allons partir.
Ingrid: Si tôt ? Avec ce qu'il s'est passé, je peux comprendre.. Dans ce cas, si je ne vois pas votre sœur avant votre départ, dites lui qu'elle recevra une lettre de ma part dans quelques jours. Aurevoir Anastasie, je vous souhaite un bon retour chez vous.
Anastasie: Merci beaucoup Ingrid, vous aussi. Je lui transmettrais ceci, avec plaisir. Aurevoir.
Anastasie retourne auprès de sa mère, pendant qu'Edouard cherche Astrid du regard ainsi que le comte Vlasova.
Quelques minutes plus tard, sur le balcon..
Dans un silence plaisant, cette étreinte est longue mais satisfaisante pour la demoiselle. Ce baiser dure depuis un long moment, sous le ciel étoilé et cette majestueuse pleine lune.
Mais tout à coup, Astrid revient à elle-même puis s'écarte brusquement de cet inconnu, troublée par son propre comportement. Les joues cramoisies, elle détourne le regard de l'homme et part de son côté en pressant le pas, bouleversée.
Astrid: Je.. Je suis vraiment désolé, je.. Aurevoir.
?: Attendez, où allez-vous mademoiselle Dustel ?
Astrid: Je dois partir !
Elle court loin de l'homme, la respiration haletante par ses propres angoisses. Pourquoi être tombée si facilement dans les bras de cet inconnu ? Cela ne lui ressemble pas, elle en a même honte à cet instant et compte fuir le plus loin possible du mystérieux jeune homme.
Au fil du temps, Astrid se retrouve près de la grande salle de bal et regarde l'escalier qu'elle vient de descendre en courant avec nervosité. C'est alors que sa propre mère s'approche d'elle, agacée en étant avec sa petite sœur.
Isabelle: Enfin Astrid, où étais-tu ? Ton père te cherche partout depuis plusieurs minutes.
Astrid: Je.. J'étais.. Je prenais l'air..
Isabelle: Cesse de bafouiller.
Edouard retourne auprès de sa famille, il soupir lorsqu'il croise le regard d'Astrid.
Edouard: Ce que tu as fais était inconscient Astrid ! Sais-tu qui est le marquis Chevrotet ? C'est un homme très important pour sa majesté le roi ! Il peut nous anéantir en un simple claquement de doigts !
Astrid: Mais père, je..
Edouard: Assez ! Nous discuterons de ton comportement hostile dès demain. Tu m'as énormément déçu, Astrid.
Astrid: Pardonnez-moi.. Père.
Isabelle: Rentrons maintenant, nous n'avons plus rien à faire ici.
Edouard: Je présenterais mes hommages au comte Vlasova une autre fois. Partons, à présent.
Rapidement, la famille Dustel quitte le château du comte Vlasova. La route est longue et silencieuse pour les membres de la petite famille.. La nuit semble interminable pour tous.
Le lendemain..
Astrid discute avec sa petite sœur dans sa chambre, elle qui semble chagrinée par quelque chose. L'aînée questionne donc Anastasie sur ses tourments, perplexe.
Astrid: Que t'arrive-t-il Anastasie ? Je n'ai pas vu ton sourire de la journée, ça ne te ressemble pas d'être aussi silencieuse.
Anastasie: Je pense à James Hunston, j'aurais aimé rester plus longtemps avec lui cette nuit.
Astrid: Tu sembles assez proche de James Hunston. Tu l'apprécies ?
Anastasie: Oui, énormément. J'espère que le destin va nous réunir.
Astrid: J'y crois, alors crois en votre avenir. Ne renonce pas à tes rêves, petite sœur, quoi qu'il arrive.
Anastasie: Tu en es sûre ?
Astrid: Oui, il faut toujours croire en ses rêves.
Anastasie: Et toi, quel est ton rêve Astrid ?
Astrid: Le mien n'a pas changé. Je souhaite découvrir le monde, partir à l'aventure.. Loin de la noblesse.
Anastasie: C'est un beau rêve je trouve, même si tu seras loin de moi. Je veux que tu sois heureuse, grande sœur.
Astrid: Merci Anastasie.
Des frappements retentissent à la porte de la chambre d'Astrid, Maria, sa domestique, entre après l'accord de la jeune blonde.
Nerveusement, Maria s'adresse aux jeunes filles. Elle semble tourmentée par quelque chose.
Maria: Mesdemoiselles Dustel, vos parents souhaitent discuter avec vous dans le grand salon. C'est important.
Astrid: Merci Maria.
La domestique quitte la chambre d'Astrid, tout comme les deux jeunes filles qui s'aventurent dans le grand salon.
Quelques minutes plus tard..
Lorsque les deux filles entrent dans le salon, Isabelle est assise sur un fauteuil près de la fenêtre. Elle regarde la pluie qui s'abat sur les fenêtres du manoir, tristement. Edouard se tient debout devant la fenêtre, face à ses filles. Il a l'air nerveux, mais cache cette nervosité derrière un regard strict.
Edouard: Asseyez-vous.
Confuses, les deux sœurs s'échangent un regard, avant de s'assoir sur un fauteuil l'une à côté de l'autre. Silencieuses en regardant leur père.
Astrid regarde sa mère avec confusion, en voyant qu'elle baisse le regard et qu'elle relâche un soupir de déception. Mais Edouard attire l'attention de sa fille en s'exprimant dans ce grand salon, brisant ainsi le troublant silence.
Edouard: Ton attitude était grotesque Astrid, lord du bal coqtumé du comte Vlasova. J'ai était très déçu de toi.
Astrid: Oui, je suis sincèrement désolé père. Cela ne se reproduira plus.
Edouard: J'espère bien. De toute évidence, cela ne nous concerne plus ta mère et moi.
Astrid: Que voulez-vous dire ?
Edouard: Il est grand temps pour toi de prendre tes responsabilités, d'être digne de notre famille et d'accomplir ton devoir.
Astrid: Bien, qu'entendez-vous par là exactement ? Que dois-je faire ?
Edouard échange un regard nerveux avec Isabelle, lui-même déçu de ses prochaines paroles. Il relâche un profond soupir, avant d'être plus clair envers sa fille aînée.
Edouard: Dans trois jours, tu seras mariée au comte Straud.
Astrid: Comment ? Que dites-vous ?!
Abasourdie, Astrid attend plus d'explications venant de son père, le regard écarquillé d'inquiétude. Anastasie regarde sa grande sœur avec chagrin et étonnement, autant nerveuse que cette dernière.
Edouard: Ne fais pas cette tête, Astrid. Tu es préparée à ce jour depuis ta naissance, tu savais très bien qu'il allait arrivé tôt ou tard. La décision est prise, alors prépare-toi et deviens une femme responsable d'ici trois jours. Ne me déçois pas encore une fois.
Astrid: Comment pouvez-vous.. ?! C'est injuste ! Puis pourquoi lui ?! Pourquoi avez-vous choisi cette brute comme époux pour votre fille ?
Edouard: Tu penses peut-être que j'ai eu le choix ?!
Astrid est troublée par l'inquiétude de son père, et sa propre question. Mais elle est toujours aussi furieuse contre lui et se lève brusquement du fauteuil.
Astrid: Je refuse, ce jour n'arrivera jamais !
Edouard: Si tu refuses, alors nous allons tous mourir d'ici la fin de la semaine ! C'est ce que tu veux ?!
Astrid: Non mais.. Enfin, je ne comprends pas. Tout allait très bien, alors.. Pourquoi ? Mère ?
Isabelle ne regarde pas sa fille, puis ne lui répond pas. Déçue.
Edouard soupir d'agacement et se calme peu à peu, essayant d'apporter des explications à sa fille aînée. Il s'assoit sur un fauteuil, sous les regards de ses filles.
Edouard: Notre famille est endettée depuis un an, je dois une énorme fortune au marquis Chevrotet. C'est pour cela qu'il venait souvent nous voir, dans notre manoir. Hélas, je n'ai pas le moindre sou pour le remboursé.. Alors le comte Straud va m'aider. Pour cela, il te veut en échange d'une fine partie de sa fortune.
Astrid: Trouvez une autre solution je vous en prie.. ! Le comte Alaric Straud est une brute sanguinaire, comme le disent les rumeurs ! Vous savez autant que moi que je ne vais pas survivre là-bas, avec lui..
Anastasie: Père, il y a sûrement un autre moyen.. ?
Edouard: Il n'y en a aucun. Sauf la mort ou le désespoir. Enfin Astrid, ne sois pas si égoïste.. Ce n'est qu'un mariage.
Astrid: Avec le pire monstre de notre pays..
Déçue de la décision de son père, Astrid sort du grand salon rapidement en versant quelques larmes, suivit par Maria sa domestique.
Edouard ne dit rien de plus, il soupir et quitte le salon à son tour. Alors Anastasie se lève de son fauteuil puis se rapproche de sa mère, qui n'a pas dit un seul mot depuis le début de cette terrible conversation.
Anastasie: Mère, pourquoi ?
Isabelle: Je n'ai pas mon mot à dire, Anastasie. Ton père fait la loi dans ce manoir. Ce jour allait bien arrivé.. C'est comme ça. Ta sœur doit se mariée avec Alaric Straud, pour sauver sa famille ainsi que l'honneur de son père.
Anastasie: Mais elle sera malheureuse, elle ne pourra pas vivre son rêve.
Isabelle: Le destin passe avant les rêves, Anastasie. Maintenant monte dans ta chambre, la discussion est close.
Isabelle se lève de son fauteuil, puis quitte le salon silencieusement sous le regard chagriné de sa fille.
Durant la nuit..
Astrid s'est échappée de son manoir pour retrouver ses deux amies à la taverne du village, à Camiers. Les deux paysannes sont abasourdies de cette surprenante et inquiétante nouvelle. Astrid regarde son verre encore plein avec tristesse, en écoutant les paroles de ses deux amies qui sont assez inquiétantes.
Rachel: Alaric Straud ? Ce n'est pas un simple noble cet homme, mais le survivant de la guerre, celui qui a sauvé Ostrana de la tyrannie avec son bras droit Nikolaï Vlasova. Les rumeurs disent que sous son apparence angélique, se cache le diable en personne.
Susan: Rachel, tu devrais plutôt dire autre chose du comte Straud. Il ne doit pas être si méchant.
Rachel: N'en sois pas certaine ! Alaric Straud est un véritable tyran, selon les rumeurs. Surtout avec les femmes, qu'il considère d'ailleurs comme de vulgaires objets.
Susan: Comme tous les hommes, hélas..
Astrid: Non, pas ce mystérieux jeune homme du bal costumé. Ce masque bleu, je ne suis pas prête de l'oublier. Lui, il apprécie les femmes.
Rachel: Ce qui n'est pas le cas du comte Straud, le tyran sanguinaire. Il est craint par tous, dans notre pays, depuis la fin de la guerre.
Susan: Cesse d'effrayer notre amie, c'est indigne de toi.
Rachel: Oh, pardonnez moi mademoiselle Dustel. Je ne veux surtout pas vous effrayez avec ces vulgaires rumeurs.
Astrid: Ne t'excuse pas Rachel, ce n'est rien.
Rachel: Après tout, pourquoi ne pas fuir avant ce mariage ?
Susan: Je ne pense pas que ça soit une bonne idée, les Dustel pourraient avoir des problèmes.
Rachel: Mais Astrid sera malheureuse avec cette brute, c'est le seul moyen pour elle de survivre, ou plutôt.. De vivre.
Pendant que les deux amies d'Astrid discutent de cette situation pénible, Astrid réfléchis silencieusement à un plan en regardant son verre, concentrée.
L'idée de la fuite semble être parfaite pour la demoiselle, elle redresse la tête et finit son verre, déterminée. Ses deux amies la regarde, confuses.
Astrid: Tu as raison. Si je veux vivre, alors je dois m'enfuir.
Susan: Est-ce une bonne idée, selon vous ?
Astrid: Oui, c'est la seule solution. Je refuse de me soumettre au règlement de la noblesse, j'ai le droit d'être libre. Je dois retrouver ma liberté.. Alors je dois m'enfuir, loin d'Ostrana s'il le faut. Je dois vivre mes rêves.
Cette idée, Astrid l'a en tête toute la nuit. Le lendemain, elle reste silencieuse dans son manoir, loin de ses proches en préparant son propre plan. Lorsque la nuit tombe, Astrid doit fuir son domaine pour éviter ce mariage à tout prix.
Car demain.. Il sera trop tard.
Dans la chambre d'Astrid, en pleine nuit..
Astrid se place sous ses couvertures en entendant des bruits de pas venir jusqu'à la porte de sa chambre, elle tourne le dos à la porte et entend des frappements à celle-ci. En relâchant un soupir, Astrid autorise la personne d'entrer dans sa chambre.
C'est Isabelle qui entre, déçue en posant son chandelier sur la commode, puis en s'asseyant à côté de sa fille aînée. Elle passe ses doigts dans la belle chevelure ambré d'Astrid, avec un triste sourire.
Isabelle: Je suis si fière d'avoir une fille comme toi, si jolie et courageuse. J'espère que tu seras.. Heureuse, avec le comte Straud.
Astrid regarde sa mère avec agacement, contrariée par ses paroles. Mais elle voit énormément de peine et d'inquiétude dans le regard de sa mère, ce qui finit par l'adoucir.
Isabelle n'a jamais montrer ses sentiments, pourtant, elle voit une larme coulée le long de sa joue. Sa mère redoutée ce jour depuis la naissance de sa fille aînée.
Isabelle: Je n'ai jamais voulu ça, si j'avais le pouvoir de changer ton destin, je le ferais sans la moindre hésitation. Mais dans ce manoir, je n'ai aucun droit Astrid. Ton père fait la loi. Il n'a pas eu le choix, alors ne lui en veut pas.. S'il-te-plaît.
Déçue, Astrid détourne le regard d'Isabelle en restant silencieuse. Ce silence brise le cœur d'Isabelle, qui regarde sa fille en relâchant un soupir de chagrin.
Isabelle: Je comprends que tu sois en colère, alors.. Je vais te laisser dormir. Demain est un grand jour. Tu dois te reposer pour ton mariage. Passe une bonne nuit, Astrid..
Avec délicatesse, elle embrasse le front de sa fille avant de se levée du lit, puis de quitter la chambre d'Astrid. La jeune blonde relâche un soupir de déception, puis se lève de son lit, elle se regarde un court instant dans le miroir et attrape sa sacoche en cuir.
Astrid ouvre les portes du balcon, puis s'apprête à descendre avec prudence l'échelle de lierre.
?: Astrid ?
Nerveuse par le son de cette voix, Astrid regarde par dessus son épaule sa petite sœur, qui est au centre de la chambre de celle-ci, confuse en regardant son aînée.
La jeune blonde s'approche d'Anastasie, inquiète.
Astrid: Chut, ne dis rien. S'il-te-plaît Anastasie.
Anastasie: Où vas-tu ? Tu vas voir Rachel et Susan ?
Astrid: Oui, voilà.. D'ailleurs, comment tu le sais ?
Anastasie: Ce n'est pas la première fois que je te vois partir discrètement la nuit, de la fenêtre de ma chambre.
Astrid: Oh, eh bien.. Tu m'as démasqué.
Astrid ricane nerveusement, sous le regard perplexe de sa petite sœur.
La demoiselle enlace tendrement Anastasie, chagrinée en sachant qu'elle ne la reverra sans doute jamais..
Astrid: Tu dois garder le secret, d'accord ? Puis, prends soin de toi Anastasie.. Sois heureuse. Ne renonce jamais.
Anastasie: Oui, Astrid. Tu m'étouffes..
Astrid: Excuse-moi. Je dois y aller maintenant.
Doucement, Astrid s'accroche au lierre sous le regard de sa petite sœur, qui sourit à son aînée.
Astrid: Aurevoir.. Petite sœur.
Anastasie: Sois prudente et amuse-toi bien. Je garde le secret, je te le promet.
Astrid: Merci beaucoup.
Difficilement à cause de ses propres remords, Astrid descend l'échelle de lierre en douceur et avec prudence, avant de rejoindre en courant discrètement l'écurie.
Anastasie regarde sa grande sœur, du haut du balcon, avec un petit sourire.
Un peu plus tard..
Astrid entre dans l'écurie rapidement, nerveuse en regardant autour d'elle. Elle s'approche de Lizzie qui est dans son box, elle caresse sa jument puis la fait sortir du box. Elle selle le destrier comme il faut, puis place ses mains sur la selle afin de monter sur Lizzie.
?: Mademoiselle Dustel, que faites-vous ici ?
Nerveuse, Astrid regarde Louis, l'homme des écuries. Elle ne répond pas et laisse une petite larme coulée le long de sa joue.
Louis comprend la situation ainsi que la jeune fille, il sait pertinemment qu'elle compte s'enfuir. Il connaît le destin tragique de la demoiselle, et soupir de déception en entrant dans un box pour s'occuper des soins d'un cheval.
Louis: Vous comptez vous enfuir, je comprends votre situation. Je ne dirais rien à vos parents, peu importe les conséquences de mon silence.
Astrid: Louis.. ?
Louis: Mais pensez à une chose importante, aux conséquences de votre fuite. Vous ignorez sans doute la vérité, mais le marquis Chevrotet va venir ce dimanche pour récupérer l'argent que votre père doit lui remboursé. Si votre père n'a rien à lui rendre ce dimanche, alors votre sœur sera emmenée ainsi que votre mère, pour servir la famille Chevrotet.
Confuse, Astrid regarde Louis.
Louis: Anastasie deviendra la domestique de Roesia Chevrotet. Votre mère deviendra une femme de compagnie des soldats du marquis. Vos terres seront anéanties par le marquis. Quant à votre père, il n'aura plus rien et finira s'en doute par mourir de faim, de froid.. Ou de chagrin.
Déçue, Astrid regarde la selle et hésite à partir loin du manoir et de son destin. Elle veut être libre, elle veut vivre ses rêves.. Mais est-ce réellement la meilleure décision avec de telles conséquences ?
Finalement, Louis sort du box et quitte l'écurie. Il s'arrête devant celle-ci et regarde Astrid avec un triste sourire.
Louis: Mais bon, je n'ai rien à vous dire mademoiselle Dustel, et je ne vous jugerez jamais soyez en sûre. Je ne suis qu'un homme des écuries, rien d'autre. Le destin de votre famille et de Sheorisia est entre vos mains. Faites le bon choix, vous aurez des remords dans les deux cas..
Louis s'éloigne de l'écurie sans rien dire de plus.
Nerveuse, Astrid verse quelques larmes en posant son pied sur l'étrier. Mais elle réfléchis et se tient docile, les mains sur la selle. Sheorisia, ses parents et sa petite sœur.. La décision lui revient. Le destin de tous est entre ses mains.
Elle hésite un long moment, dans ses propres sanglots.. Seule dans cette écurie.
Le choix lui revient, et elle pense choisir le bon. Elle relâche un soupir de déception et retire ses mains de la selle pour sécher ses larmes, guidant ainsi Lizzie dans son box avec chagrin.
Astrid caresse sa jument tendrement, la regardant avec tristesse.
Astrid: Oh Lizzie, nous pourrions partir loin d'ici, loin de ce pays.. Loin de mon destin. Rien que toutes les deux. Mais je refuse d'être responsable de cette tragédie qui menace Sheorisia ainsi que ma famille.
Alors Astrid quitte l'écurie pour rejoindre le manoir, déterminée en ayant prit ce qui semble être la bonne décision.
Elle va devoir renoncée à sa liberté et son propre bonheur.. Pour la survie des siens. En épousant le comte Alaric Straud, le tyran sanguinaire d'Ostrana.
Tel est son destin..
{...}