Je sais déjà que mon mari prendrait mal une telle nouvelle ; jamais, il ne cautionnera cette relation. Honorat est un homme très strict qui a toujours détesté le mélange des classes. Mais si je suis moi-même convaincue, je saurais le convaincre. J'attends d'abord d'écouter Mario. S'il a fait ce choix, c'est qu'il a de bonnes raisons. S'il est heureux, c'est l'essentiel. Pour moi, l'amour n'a ni couleur, ni race, ni classe, ni âge. CLAIRE Après les conseils qu'Adjokè m'a donnés, j'ai décidé d'ignorer les insultes intempestives de ma patronne. De toute façon, comme Adjokè l'a dit, l'insulte est l'arme du faible. Que ma patronne continue à déverser ses colères sur moi ! C'est elle qui sera fatiguée. Elle ne sait pas que rabaisser son semblable, c'est afficher soi-même sa petitesse. Désormais, je choisis de m'adonner à mon travail à cœur joie car comme le disait l'autre, il faut être enthousiaste de son métier pour y exceller. Pour cette raison, je vais oser lui faire une proposition. Si elle agrée, ce serait tant mieux ; mais si elle m'insulte encore, ce n'est pas grave ; pour ma part, j'ai décidé que la pluie de ses injures n'atteindra plus le parapluie de mon indifférence. Tant que le jeton tombe à la fin du mois, mon problème est réglé. Moi : Madame, j'aimerais vous faire une proposition ; Au lieu de me répondre, elle redresse la tête en fronçant les sourcils pour signifier qu'elle m'écoute. Moi : Je me dis que je pourrais me réveiller tôt chaque jour pour cuisiner le repas de midi et le mettre dans une glacière pour le patron ; ça lui évitera de se déplacer dans un restaurant pour chercher à manger à midi ; il fera ainsi économie de temps et d'argent ; Vanessa : tiens, tiens ; enfin, tu as une excellente idée ! C'est maintenant que tu me montres que tu as un cerveau. Voilà ce que j'attends de toi ; prendre des initiatives pour améliorer notre quotidien ; je suis sûr que Monsieur serait heureux ; mais en même temps, tu devras te lever très tôt pour t'assurer que le repas soit prêt ; es-tu certaine que tu pourras sans faillir ? Moi : je me réveillais à six heures pour lui faire son petit déjeuner ; je vais commencer à me lever à cinq heures ; Vanessa : très bien ; vas-y ; d'ailleurs, tu m'en mettras aussi dans une glacière ; ça m'évitera de commander à manger au restaurant quand j'ai faim ; et je ferai plus d'économies. Moi : bien Madame. J'ai eu cette idée depuis qu'Adjokè m'a dit que c'est ce que sa patronne faisait pour son mari. Je ne m'attendais pas à une telle réaction de la part de ma patronne ; je craignais qu'elle ne refuse mais heureusement elle a accepté ; c'est tant mieux qu'elle apprécie ma suggestion. Comme j'ai reçu l'aval de Madame, le lendemain, j'ai cuisiné le déjeuner assez tôt ; j'ai fait du riz blanc accompagné de poisson frit. Comme d'habitude, lorsque mon patron est prêt à se rendre au travail, je lui prends sa petite mallette que je dépose dans sa voiture. Cette fois-ci, j'y ai aussi déposé la glacière dans un petit sac. Moi : Monsieur, il y a un petit sac dans la voiture ; elle contient une glacière dans laquelle se trouve votre déjeuner ; Charly (surpris) : mais ça c'est une surprise ! A quelle heure t'es-tu réveillée pour avoir déjà cuisiné le déjeuner ? Moi : l'heure importe peu ; c'est mon travail Monsieur ; Charly : Madame le sait ? Moi : oui, bien sûr ; Charly : merci Claire ; bonne journée. Je suis heureuse parce que j'ai senti que mon patron a été content. Beau est le travail fait avec attention et gaieté. MIREINE Très déçue par la réaction de ma belle-mère, je décide de passer au magasin de ma voisine Vanessa, histoire de parler d'autres choses afin de m'apaiser avant de rentrer. Vanessa et moi ne sommes pas de grandes amies ; nous nous limitons aux relations de bon voisinage mais elle vient souvent me proposer les articles qu'elle vend dans son magasin ; par curiosité, j'y suis allée deux fois. Elle a une grande boutique. On y trouve un peu de tout ce qui concerne la femme. Sa clientèle est assez dense. Au sein du magasin, elle dispose d'un bureau, équipé d'une autre chambre comportant un lit et des toilettes. Le magasin est bien achalandé : des sacs, chaussures, parfums et tissus de marque, des bijoux en or, des produits cosmétiques raffinés, des mèches brésiliennes et tout pour le maquillage de la femme ; en tout cas, Vanessa peut se compter parmi les plus grandes commerçantes de la ville. Il faut dire également que je l'ai aidé à trouver une domestique par Adjokè, il y a environ quatre mois. Dès que je franchis le seuil de son magasin, Vanessa m'accueille avec empressement. Vanessa : Hey Mireine ! Contente de te voir ! Prends place ma chère. Tu devrais être au boulot à cette heure-ci ! Mireine : il me reste encore une semaine de congés ; Vanessa : tu en as donc pris suffisamment cette fois-ci ; mais tu as l'air agressif ; Moi : je suis énervée au plus haut degré ; Vanessa (fronçant les sourcils) : que se passe-t-il ? Moi : c'est ma domestique ; Vanessa : mais tu as toujours été contente d'elle ! Qu'a-t-elle pu bien te faire pour te mettre dans un tel état ? Moi : tu connais mon beau-frère Mario ? Le petit-frère de mon mari ! Vanessa (réfléchissant) : ah oui, celui qui est venu du Canada ; je l'ai vu une fois chez toi ; tu me l'as présenté ; très beau, ce mec ; Moi : voilà ; tu sais que ma domestique a le culot de sortir avec lui ? Vanessa : quoi ! Tu ne devrais pas le permettre ; quand-même ! C'est un manque de respect envers ta personne ; Moi : merci ma chère ; toi au moins, tu me comprends ; mon mari et ma belle-mère n'ont pas voulu me comprendre ; Vanessa : ça veut dire qu'ils étaient informés ; Moi : non ; ils ne l'étaient pas ; mais leur réaction m'étonne ; ils trouvent que je dois respecter le choix de Mario ; comment peut-il prendre celle-là ? Tu te rends compte ? Partager la même belle-famille avec une domestique ! Ce qui m'énerve encore plus est que je préparais le terrain pour mon amie Amsa ; tu la connais, je suppose ; Vanessa : bien sûr ; la dernière fois, lorsque j'étais chez toi pour te montrer les parfums, elle était là ; n'est-ce pas celle qui est claire, mince et grande de taille ? Moi : oui, c'est elle ; Vanessa (soupirant) : que vas-tu faire maintenant ? Moi : tout faire pour les séparer ; mais je ne sais pas comment ; Vanessa : où se trouve ta domestique actuellement ? Moi : je l'ai chassé depuis hier ; Vanessa : mais je comprends ton beau-frère ; il faut avouer que ta domestique est très jolie et bien dessinée ; tu as même la chance que ton mari ne s'y est pas intéressé ! Moi : Qu'à Dieu ne plaise ! Tu imagines mon mari s'intéresser à une domestique ? Même si elle est comparable à Miss monde, jamais il ne fera ça ! Vanessa (riant) : et pourquoi donc soutient-il son frère ? S'il l'approuve, c'est qu'il peut le faire aussi ! Moi : il est de nature respectueux du choix des autres, c'est tout ; Vanessa : quoi qu'il en soit, il faut être vigilante avec les domestiques ! Moi, je n'aime pas les travaux ménagers, c'est pourquoi j'en prends ; mais, je veille au grain ; par exemple, la fois dernière, j'ai retiré tous les habits sexy des affaires de Claire ; je lui ai aussi interdit de se tresser et de se maquiller ; Mireine : penses-tu que cela empêchera quelque chose si ton mari le veut vraiment ? Moi, je pense que c'est ton comportement qui fera que ton mari s'accrochera à toi ; en passant, tu dis que tu n'aimes pas les travaux domestiques ; je comprends mais veille à ne pas tout lui laisser ; la cuisine, fais-le au maximum ; elle apprête les ingrédients et tu fais le mélange ; ne lui laisse pas ta cuisine et ta chambre surtout ; Vanessa : pourquoi ? Mireine : la chambre conjugale est sacrée ; il faut bien la ranger et la nettoyer ; c'est la seule espace que tu partages avec ton mari ; c'est là que vous réglez vos problèmes ; c'est là que vous vous manifestez votre amour dans l'intimité ; non seulement, tu dois en prendre soin, mais tu dois limiter l'accès ; moi, il n'y a que mes enfants qui rentrent dans notre chambre conjugale ; Vanessa : ma chère, laisse ; la bonne est payée pour travailler ; elle fera tout, y compris arranger notre chambre ; mais j'ai l'œil sur elle ; au moindre soupçon de vouloir séduire mon mari, je la renvoie ; c'est pourquoi je n'ai pas gardé longtemps les autres bonnes ! Lorsque je sens qu'elles ont des intentions, je les vire sans préavis ; pour l'instant, Claire semble sage mais je reste vigilante ; Mireine : ah ! Ma chère, tu fais comme tu veux ; moi, je préfère suivre les conseils d'une personne qui a duré dans son mariage ; Vanessa : et qui est cette personne dont tu suis les conseils ? Mireine : ma belle-mère ; elle me parle beaucoup ; son mariage est réussi et je préfère suivre son exemple ; Vanessa : tu as la chance, toi ! Moi, ma belle-mère ne veut même pas me voir en peinture ; Mireine : pourquoi ? Vanessa : elle dit que je n'ai pas donné un enfant à son fils ; comme si je savais fabriquer des enfants ! Mireine : oh ! Le manque d'enfant dans un couple africain pose toujours problème ; ce n'est pas facile ; comment tu gères cette situation ? Vanessa : est-ce que je la gère ? Juste quatre ans de mariage et on me fatigue déjà pour une histoire d'enfant ; suis-je Dieu ? C'est lui qui donne un enfant ; moi, je ne fais même pas cas des sentiments de la belle-famille ; ça fait leur problème ; Mireine : en tout cas, ne néglige pas ; si tu as un problème, suis un traitement ; si c'est ton mari, il faut y veiller aussi ; Vanessa : je n'ai aucun problème ; lui, non plus ; Mireine : donc l'enfant viendra ; pas de soucis ; mon problème actuel, c'est comment faire pour arrêter la relation entre Mario et Adjokè ? C'est toute ma préoccupation en ce moment ; Vanessa : je vais te donner une idée pour les séparer ; Moi : dis-moi ; Vanessa : les vendeuses qui m'aident aiment trop les commérages ; je ne veux pas qu'elles m'entendent ; approche que je te chuchote mon plan aux oreilles. Lorsque Vanessa a fini de me chuchoter son idée, j'émets un large sourire car j'étais aux anges. Adjokè ne perd rien pour attendre. CHARLY Ce matin, Claire m'a fait la surprise de me cuisiner le repas à prendre à midi ; j'aurais toujours aimé procéder ainsi mais je suis réaliste ; je sais bien que jamais, ma femme ne consentira à se réveiller tôt pour me faire ce plaisir ; je n'avais pas non plus voulu obliger cette jeune fille à se lever très tôt parce qu'elle est à notre service ; je doute également que ce soit ma femme qui lui ait donné les instructions ; lady nady; je n'ai pas voulu le demander directement à la bonne mais j'ai quand même eu ma réponse de façon diplomatique ; lorsque je lui ai demandé si Madame le savait, je m'attendais à ce qu'elle me dise que c'est elle qui lui a donné l'ordre. A travers sa réponse, j'ai compris que c'était une idée de Claire. Mais bon, ce n'est pas bien grave ; l'essentiel, c'est mon déjeuner. Je n'aurai plus donc à me déplacer à midi pour me rendre à la cantine de la banque. De plus, je vais manger sain car c'est fait maison et cette jeune fille est très propre. On dirait que Dieu a répondu à mes prières sans que je ne les ait formulés. C'est super ! J'étais sur la porte de mon bureau quand je me suis rendu compte que j'ai oublié ma clé. Zut ! J'ai appelé Vanessa pour qu'elle me les apporte en se rendant au magasin mais son téléphone ne passait pas. J'ai appelé aussi le gardien mais hélas, c'est pareil ; Claire ne dispose pas de téléphone. N'ayant pas d'autre choix, je décide de retourner à la maison chercher la clé. En voulant descendre, je croise un collègue dans l'ascenseur. Lui : bonjour D.A (Directeur Adjoint) ; j'allais vers vous ; Moi : je suis en train de sortir ; je retourne chez moi ; j'ai oublié ma clé ; Lui : je vous suis alors jusqu'au rez-de-chaussée ; j'ai un problème à vous poser. Banalement, mon collègue me prend une trentaine de minute avant de me libérer ; olympe dan; sur la voie, les embouteillages aidant, je mets du temps à rejoindre mon domicile ; finalement, j'arrive aux environs de onze heures. A mon arrivée, grande a été ma surprise de trouver la porte de notre chambre ouverte. A cette heure généralement, Vanessa est déjà partie. Je suis certaine qu'elle a eu du mal à se lever après la chaude nuit d'amour que nous avons passée. Si tel est le cas, elle a raison parce que moi-même, j'ai dû faire un effort pour me réveiller à temps. Cette nuit, nous nous sommes roulés comme jamais. Vanessa était déchaînée, telle une furie. En tout cas, si c'est pour tenir le lit, elle est forte. Je me souviens de ses mains baladeuses s'aventurant vers des endroits sensuels de mon corps. Je souris à cette pensée. Elle aurait eu certaines qualités de plus qu'elle serait une femme totalement accomplie. Croyant que ma femme était encore là, je me dirige tout naturellement vers ma chambre et je tombe sur un spectacle inattendu. La télévision de notre chambre était en marche ; une musique bouillante passait ; Claire, vêtue d'un ensemble caleçon et soutien-gorge fleuri, dansait au rythme effréné de cette musique ; le bruit était si fort qu'elle n'a pas remarqué mon entrée puisqu'elle dansait face à la télévision. A Suivre....