Chapitre 4 Chapitre 4

ADJOKE

Moi : Madame, j'ai décidé de partir ;

Mireine (étonnée) : pourquoi ?

Moi : il le faut ; vous comprendrez plus tard ;

Mireine : mais Adjokè, tu es ici depuis trois ans ; les enfants t'aiment bien et tu m'as promis faire cinq ans au moins ;

Moi : oui madame, vous avez raison ; mais l'homme proposant et Dieu disposant, mon plan a changé ; ne vous inquiétez pas ; je vous ai déjà trouvé une jeune fille bien, travailleuse et respectueuse ; c'est ma cousine ; je vais séjourner avec elle durant un mois pour lui montrer comment bien faire le travail ; j'en profiterai aussi pour conditionner les enfants à mon départ prochain ; de plus, je viendrai souvent vous rendre visite ;

Mireine (haussant les épaules) : je ne suis pas contente mais je comprends aussi que tu as besoin de t'assumer ; que vas-tu faire en quittant ici ?

Adjokè : je compte entamer un petit commerce ; Mireine : d'accord ; je te comprends ; et puis je suppose que tu penses aussi à te marier ;

Moi (souriante) : il y a aussi un peu de cela Madame ;

Mireine : ne choisis pas n'importe qui surtout ; sois vigilante car les hommes sont devenus très dangereux ;

Moi : merci madame pour le conseil mais je crois que mon fiancé est un homme bien ;

Mireine : qu'est-ce qu'il fait dans la vie ? Maçon, peintre, menuisier, gardien ou quoi d'autre ? La réaction de Madame Mireine me frustre mais je garde mon calme ; pour elle, je ne peux que me mettre avec des hommes de ce genre parce que je suis une boniche ! Comme si ces métiers ne valent pas considération! olympe dan. De toute façon, pour moi, c'est l'amour qui compte ; peu importe que mon homme soit d'une basse ou haute classe. Je ne sais pas pourquoi certaines personnes se sentent si supérieures aux autres et aiment diminuer leurs prochains à cause du peu d'argent qu'elles ont. Je réponds quand-même à sa question.

Moi (souriant) : Madame, vous saurez tout cela lorsqu'il se présentera à vous ;

Mireine : tu comptes donc nous le présenter ? Moi : oui, tout à fait ;

Mireine (faisant la moue) : bien ; ça ne me gêne pas de te faire l'honneur de le recevoir ici ; quand est-ce que la jeune fille que tu as trouvée viendra ?

Moi : c'est à vous de décider ; elle est déjà prête ;

Mireine : d'accord ; dans le weekend alors ; mais j'espère qu'elle a une bonne moralité ;

Moi : si elle déconne, vous me dites et je la change ;

Mireine : bien ; je prie juste qu'elle soit comme toi ; polie et rompue à la tâche ;

Moi : ne vous inquiétez pas Madame. Lorsque je rejoins la cuisine pour continuer mes travaux, je deviens soucieuse ; je me demande comment ma patronne réagira quand elle saura que ce fiancé n'est personne d'autre que son beau-frère préféré. En effet, entre Mario et ma patronne, c'est la lune de miel ; l'entente est parfaite au point où elle fait tout pour pousser Amsa son amie encore célibataire dans les bras de Mario. Mais il n'en veut pas. CLAIRE L'épisode du grattage remonte à bien des semaines et la vie a repris son cours habituel. Madame Vanessa qui se rend chaque jour à sa boutique, Monsieur Charly également qui ne rentre plus à midi. Quant à moi, je continue de tenir leur maison et de leur faire à manger.

Ce jour en particulier, après le départ de Madame, je n'ai pas rangé leur chambre comme d'habitude car j'avais des tas de choses à faire dans la journée. C'est vers dix-huit heures qu'ayant eu un peu de répit, je commence à ranger la chambre. Je change le drap et les taies d'oreillers ; ma patronne me demandait de les changer tous les jours ; j'avoue que Madame Vanessa a bon goût dans le choix de sa literie ; les draps qu'elle achète sont en coton et multicolores ; j'aime bien. djifa blessings. Parfois, en voulant ôter les draps, je remarque de petites tâches blanchâtres et je comprends que ça a chauffé dans la nuit. Aujourd'hui, j'ai choisi parer leur matelas d'un drap blanc. Je m'attelais à cette tâche quand Monsieur Charly rentre. Comme d'habitude, je laisse mon rangement et vais à sa rencontre pour l'accueillir. Il répond à ma salutation puis rentre dans la chambre pour se changer. Au même instant, je l'entends m'appeler d'une voix forte.

Charly : Claire ;

Moi : oui Monsieur ;

Charly : viens par ici.

Le ton était plutôt sévère et je commence à m'inquiéter ; qu'ai-je encore fait ? Lorsque je me présente devant lui, il enclenche :

Charly : pourquoi la chambre est ouverte et dans cet état ?

Moi : excusez-moi Monsieur ; je n'ai pas eu le temps de ranger le matin ; j'étais en train de le faire quand vous êtes rentré ;

Charly (étonné) : je ne comprends pas ; c'est toi qui ranges notre chambre ?

Moi (embarrassée) : oui ;

Charly : donc c'est toi qui changes les draps et qui nettoie cette chambre ?

Moi (tremblante) : oui ;

Charly : très bien ; tu peux partir ;

Moi : dès que vous allez finir de vous changer, je reviendrai continuer ;

Charly (ton ferme) : je ne veux plus te voir ici ; est-ce clair ?

Moi : oui Monsieur. Je me sens mal à l'aise après cette discussion ; apparemment, mon patron n'apprécie pas que je prenne soin de leur chambre ; j'imagine qu'il en parlera à son épouse ; d'ailleurs, c'est tant mieux car cela me fera une corvée de moins.

VANESSA

Charly m'exaspère ; voilà qu'il me reproche le fait que la domestique nettoie notre chambre et change les draps.

Moi : je trouve que tu en fais un peu trop ; elle est ici pour travailler ; je ne vois pas en quoi cela te gêne qu'elle s'occupe de notre chambre ;

Charly : c'est notre chambre conjugale, notre intimité ; c'est toi qui devrais t'en occuper ;

Moi : ce n'est pas si grave qu'elle s'en occupe ; après tout, on la paie pour travailler ;

Charly : tu lui laisses même la clé ; je ne l'ai jamais su ; comment peux-tu introduire une étrangère dans notre intimité ? Sais-tu ce qu'on appelle une chambre conjugale ? C'est là où nous nous retrouvons en toute tranquillité, loin de tout regard ; le lit conjugal est sacré ; mais toi, tu autorises une étrangère à changer nos draps que je tâche parfois de ma semence ! Es-tu normale ? Quelle est cette forme de négligence ?

Moi : tu sais quoi, Charly, tu me gonfles ! J'ai eu une dure journée ; s'il te plaît, colle moi la paix;

Charly : tu n'aimes rien faire ; même changer tes draps et nettoyer ta chambre conjugale te sont difficiles ; je ne veux plus voir ça ; et si tu ne m'obéis pas, je te donnerai une leçon que tu n'es pas près d'oublier. Tu exagères à la fin ! Et si tu m'y obliges, je serai dur avec toi. Le lendemain, dès qu'il sort de la maison, je m'en prends à Claire.

Moi : pourquoi n'as-tu pas rangé la chambre le matin comme d'habitude ?

Claire : je voulais finir de faire toutes les tâches que vous m'avez confiées ; j'ai donc laissé de côté le nettoyage ; j'étais en train de le faire quand Monsieur est rentré ;

Moi : désormais, tu le fais juste après que je sois partie ; ok ?

Claire : oui Madame ;

Moi : on ne sait jamais, Monsieur pourrait te poser la question ; j'espère que si tu veux rester ici, tu sais ce qu'il faut répondre !

Claire : oui Madame. Même si Charly n'est pas d'accord, Claire va continuer à ranger notre chambre et à changer nos draps ; si c'était si facile, il n'avait qu'à le faire lui-même au lieu de rouspéter. Pour avoir la paix, je lui ferai croire que c'est désormais moi qui vais ranger la chambre. Et puis, c'est tout.

CLAIRE

J'ai compris à travers les propos de Madame Vanessa que Monsieur Charly l'a sonné, et, d'ailleurs, je trouve que mon patron a raison ; à mon humble avis, elle ne doit pas me faciliter l'accès à leur chambre ; c'est elle qui se doit de l'arranger et de changer leurs draps ; aussitôt qu'elle soit partie, je reçois la visite d'Adjokè.

Moi : dis-moi, comment tu fais pour savoir que ma patronne est partie avant de venir ?

Adjokè : je demande au gardien ;

Moi (moqueuse) : après, c'est pour dire qu'il te regarde un genre ;

Adjokè : alors, quoi de neuf ?

Moi (dépitée) : rien n'a changé ; Madame continue de me maltraiter ;

Adjokè (plaisantant) : peut-être que tu étais sa coépouse dans une vie antérieure !

Moi (riant) : c'est possible car on dirait que dès qu'elle me voit, elle est hors d'elle ;

Adjokè : tant que ton salaire ne rate pas, ignore ses états d'âme ;

Moi : hier, je changeais leurs draps quand Monsieur est rentré ; il l'a mal pris et interdit de pénétrer leur chambre ; il a sonné Madame ;

Adjokè (levant les mains au ciel) : merci à Dieu ; ça te fait une tâche de moins ;

Moi : tu blagues ! Elle m'a demandé de continuer mais de faire en sorte que Monsieur Charly ne le sache pas ;

Adjokè : c'est incroyable ! Quelle paresseuse !

Moi : en tout cas, Dieu est grand ; à cette allure, je ferai au plus encore deux mois ici ; commence déjà par me chercher un autre travail ;

Adjokè : malheureusement, tu ne peux pas quitter ici pour la maison voisine ; ce serait malséant ;

Moi : de quoi parles-tu ?

Adjokè : de mon remplacement ; mais j'ai déjà trouvé une autre ;

Moi (étonnée) : tu t'en vas ?

Adjokè : oui ; avec mon fiancé, on a décidé que je parte ; il va me donner de l'argent pour commencer un petit commerce ;

Moi : c'est sérieux entre vous alors ;

Adjokè : il dit qu'il veut se poser avec moi ; il va me présenter à sa famille ;

Moi : quelle chance !

Adjokè : ah ! C'est Dieu qui est grand !

Moi : mais dis-moi, entre nous, tu l'aimes ou tu es avec lui pour son argent ?

Adjokè (souriant) : je l'aime ; c'est vrai ; je suis amoureuse de lui ; mais, le côté argent ne me déplaît pas non plus ; mais si aujourd'hui, j'apprends qu'il est devenu pauvre, je resterai quand-même avec lui ;

Moi : dans ce cas, je te souhaite le meilleur. Pourvu qu'il ne te déçoive pas et surtout que sa famille t'accepte !

Adjokè : prie donc pour moi dans ce sens ; quand je serai mariée, tu seras ma domestique et moi je ne te maltraiterai pas ;

Moi (riant) : tu es folle ! Moi être ta domestique ! Pour qui te prends-tu ? Vilaine. Nous rions toutes les deux de bon cœur. Avec Adjokè, l'entente est parfaite.

Adjokè : je suis inquiète Claire ; je ne sais pas comment ma patronne va réagir ; surtout qu'elle réservait Mario pour sa meilleure amie !

Moi : ce qui est sûr, ça ne va pas lui plaire ; mais elle va s'y conformer ; tu as vraiment de la chance ; si moi aussi, je pouvais trouver un homme beau, riche et attentionné !

Adjokè : tu peux en trouver ; demande surtout à Dieu de t'envoyer ton âme sœur ; et quand il sera là, pauvre ou riche, tu l'acceptes ;

Moi : tu as raison ; quand on est avec l'homme de sa vie, on est toujours heureuse ; s'il te plaît, Adjokè, je suis sérieuse quand je te dis de me trouver ailleurs pour travailler ; je supporte de moins en moins ma patronne ;

Adjokè : tu as besoin d'argent et ici, tu es bien payée ; essaie de te contenir jusqu'à atteindre ton objectif ; tu sais, tu ne trouveras pas plusieurs personnes qui seront prêtes à te payer ce salaire ! Dans la vie, rien n'est facile ; il faut souvent faire l'âne pour avoir le foin ;

Moi : si c'est ainsi, alors, je continuerai à me venger pour apaiser mes nerfs ;

Adjokè : comment ça ?

Moi (riant) : il y a quelques semaines, j'ai mis une plante à démangeaison dans son eau de bain ; il fallait la voir se gratter !

Adjokè : ah ! Claire ! Ce n'est pas gentil ! Moi : elle l'a bien cherché ; elle a trié mes habits puis m'a insulté ;

Adjokè : je sais que c'est difficile mais sois tolérante ; ne la laisse pas te transformer en une sorcière alors que tu es une personne formidable. Vous ne resterez pas ensemble pour toujours ; un jour tout cela va cesser ; mais je t'en prie, ma chérie, évite la sorcellerie. Les deux amies éclatent de rire puis poursuivent leurs discussions en abordant d'autres sujets liés à la vie dans leur village.

CHRIS

Après ce qui m'est arrivé, il me serait difficile de faire confiance à nouveau à une femme ; j'en change maintenant à ma guise ; je les change comme des chaussures ; je les rencontre, les drague, les saute, leur donne quelques billets de banque puis je passe à la suivante ; voilà ma vie depuis trois mois. Je n'ai plus jamais revu Murielle et Marcos. Etrangement, Nicette, la fiancée de Marcos continue de me passer des coups de fils, histoire de me saluer ; je me demande à quoi elle joue ; si elle veut toujours rester avec Marcos après sa bévue, libre à elle. Heureusement, jusque-là, elle ne s'est pas mêlée de l'affaire et n'a jamais cherché à en discuter avec moi.

Comme il est de coutume maintenant depuis quelques temps, je passe ma soirée du samedi en boîte de nuit ; avant de m'y rendre, je passe au restaurant dîner avec la femme de service ; eh oui ! Je les appelle femmes de service car à chaque samedi, correspond une femme nouvelle. J'étais alors en train de dîner avec la jeune fille que j'ai choisie pour ce samedi quand j'entends Nicette me saluer.

Nicette : salut Chris ;

Moi (relevant la tête) : Nicette ! Que fais-tu par ici ?

Nicette : je suis là avec mon frère et ma sœur ; ça nous arrive de sortir par moment ;

Moi : c'est bien ; la famille, rien de tel ;

Nicette : je suis de ton avis ; je pourrais te parler une seconde s'il te plaît ?

Moi : volontiers mais laisse-moi terminer mon plat et je te fais signe. Nicette rejoint son frère et sa sœur ; je me demandais de quoi voulait-elle me parler quand je suis interrompu dans mes réflexions par la femme de service :

Elle : elle ne se gêne pas celle-là ! Non seulement elle ne me salue pas mais elle voulait te faire lever alors que tu mangeais encore !

Moi : non, mais, de quoi tu te mêles ?

Elle (étonnée par ma réaction) : mais, pourquoi t'emportes-tu ? N'est-ce pas logique ce que j'ai dit ?

Moi : je n'aime pas les femmes qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas ;

Elle : mais !

Moi : pas de mais qui tienne ; penses-tu être meilleure qu'elle ? Contente-toi de ce dîner et point barre ; le reste ne te regarde pas. C'est ainsi que je suis devenu très méchant envers les femmes ; je les considère comme des choses sans aucune valeur. Mais malgré mon attitude, elles me suivent parce que j'ai de l'argent à leur donner. L'argent est malheureusement le dieu de certaines personnes sur cette terre. Dès que je finis de manger, je fais signe à Nicette et nous allons dehors.

Moi : oui, tu voulais me parler ; je t'écoute ;

Nicette : au fait Chris, qui est celle-là avec qui tu dînes ?

Moi : cela ne te regarde pas Nicette ; dis-moi plutôt ce que tu as à me dire ;

Nicette : je me sens mal à l'aise depuis un moment ; je ne te vois plus du tout avec Marcos ; je sais qu'il y a un problème mais il ne veut rien me dire ; alors, j'ai longtemps hésité mais finalement, j'ai préféré me rapprocher de toi pour en parler ; je ne veux pas savoir ce qui vous met en froid ; vous êtes les meilleurs amis du monde ; je suis venue vous trouver ainsi ; alors, s'il te plaît, quel que soit le problème, mettez de l'eau dans votre vin ; vous n'êtes pas des amis mais des frères ;

Moi : comme tu l'as dit, Nice, tu ne sais pas de quoi il s'agit ; quand tu le sauras, tu peux toujours décider toi de mettre de l'eau dans ton vin ; mais moi, je te dis formellement et très sérieusement que j'ai fini avec Marcos ; de grâce, ne me parle plus jamais de lui ;

Nicette (confuse) : mais au fond, de quoi s'agit-il ?

Moi : as-tu encore appelé Murielle ces temps-ci ? Nicette : appeler Murielle ! Tu sais bien que ta femme ne me supporte pas ; elle me tolère juste parce que je suis avec ton meilleur ami ; Moi : c'est normal qu'elle ne te supporte pas vu que vous êtes des rivales ;

Nicette : comment cela ? Chris : Murielle, mon ex-femme, parce que j'ai déjà divorcé ; donc, je disais que Murielle et Marcos couchent ensemble ! Je les ai surpris en flagrant délit !

Nicette (secouant la tête) : Non Chris, ne me dis pas ça ! C'est impossible !

Moi : et tu connais la meilleure ? Le bébé que je croyais être le mien est en fait leur bébé à eux deux. Nicette apparemment ne supporta pas mes révélations car sur le champ, elle s'évanouit. J'essaie de la secouer autant que je peux :

Moi : Nicette ; Nicette ; Nice ! Nice ! Nino ! Mais elle ne me répond pas ; lady nady; je crie à l'aide et des gens sortant du restaurant s'approchent de nous ; je cours prévenir son frère et sa sœur, encore à l'intérieur du restaurant.

            
            

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