Chapitre 6 Chapitre 6

ADJOKE Madame Mireine vient de me sortir de chez elle ; je savais qu'elle n'apprécierait pas mon idylle avec son beau-frère mais je ne m'attendais pas à pareille animosité. Malgré mes tentatives pour lui parler, elle resta inflexible. Comme elle le voulait, le jour-même, je sors de la maison avec la nouvelle domestique. Dès que je suis hors de la maison, j'appelle Mario pour lui faire part de la situation. Il me demande de lui préciser où je me trouvais ; quelques minutes plus tard, il vient me rejoindre ; en pleurs, je m'effondre dans ses bras.

Moi : j'ai toujours pris Madame Mireine en affection ; je suis déçue ; même si elle n'est pas d'accord, ce n'est pas ainsi qu'elle doit procéder ; elle a oublié que j'ai toujours été une bonne servante ! Pendant trois ans, je l'ai servi avec dévouement. Elle m'a mise dehors avec ma cousine que je vais aller où ? Elle sait bien que ma famille est au Nord et qu'à cette heure de la journée, il est impossible de m'y rendre ; Mario : ne t'inquiète pas ; demain, tu vas reconduire ta cousine au village ; tu y resteras le temps que je te prenne un logement ici ; Moi : merci chéri, ta famille va-t-elle un jour m'accepter ? Mario : calme-toi ; rentrez dans la voiture. Mario nous conduit, ma cousine et moi dans un hôtel, nous prend une chambre chacune et paie. Il entre dans la mienne avec moi. Je m'assois sur le lit et il en fait de même en m'entourant de ses bras. Mario : ma puce, pendant ton séjour au village, je vais parler à mes parents ; mais prépare-toi ; ce sera rude car mon père également pourrait ne pas apprécier ; il a toujours préféré pour nous des femmes de la même classe sociale, telles que Mireine et Murielle ; je présume qu'il attend la même chose de moi ; Moi : je sens la souffrance dans l'air ; Mario : c'est possible mais promets-moi de tenir bon ; tu restes calme quoi qu'il se passe ; ne parle mal à personne ; même si on t'insulte, garde silence ; Moi : je ne sais pas si j'en aurai la force ; j'ai failli répondre à Madame Mireine tout à l'heure quand elle me traitait de tous les noms ; Mario : ma chérie, tu dois être sereine ; dans une tempête d'insultes, ne te laisse pas gagner par la colère : elle t'enlève une partie de ta force, et te livre, désarmée à ton ennemi ; comme ma mère le dit souvent, la vie, ce n'est pas un jeu de hasard mais un jeu d'esprit où les plus patients et les plus intelligents l'emportent toujours sur les plus belliqueux et les plus passionnés ; alors, garde toujours ton sang-froid quoi qu'il arrive ! Promets-le moi ; Moi : je te le promets ; Mario : tu sais ma chérie, les histoires sages sont toujours combattues ; je suis suffisamment prêt ; je suis avec toi dans cette bataille ; fais-moi confiance ; il n'y a rien qui puisse me détourner de toi, à part toi-même ; Moi : j'ai quand-même peur ; je commence à beaucoup d'aimer et je ne sais pas si je vais supporter de m'engager avec toi et que tu rétractes par la suite ; Mario : ai-je l'air d'un faible ou d'un lâche ? Je sais défendre ce que je veux ; la vie, c'est un combat et seuls les lâches démissionnent ; j'ai dit que c'est toi que je veux ; comme je te le disais tantôt, rien, absolument rien ne pourra m'y empêcher, excepté Dieu et toi-même ; Moi : je te fais confiance pour la suite Mario ; j'espère que tu ne me décevras pas ; Mario : je t'ai fait entrer dans ma vie Adjokè et crois-moi, je ne compte pas t'en sortir. Les propos de Mario me rassurent. Je me blottis dans ses bras. olympe dan. Plus qu'une preuve d'affection, cette étreinte créait une fusion entre nos deux êtres en instaurant un climat de confiance. Le lendemain, je retourne au village avec la jeune domestique en attendant que Mario me fasse signe. Je n'ai même pas eu le temps de prévenir Claire, tellement tout est allé vite ; elle n'a pas de téléphone pour que je l'appelle. Tant pis ! Lorsque je serai de retour en ville, d'ici un mois, j'irai la voir pour lui expliquer. Une fois au village, je fais part à ma mère de la situation. Maman : ma fille, je t'ai bien écouté ; il ne faut pas que tu commences une lutte qui te dépasse ; si ces gens ne veulent pas t'accepter, retire-toi ; Dieu t'enverra celui qui t'est destiné ; Moi : non maman, ce serait trop facile ; Mario m'aime et c'est réciproque ; c'est ce qui compte ; nous allons nous battre pour imposer notre amour à tout le monde ; Maman : crois-moi, parfois l'amour seul ne suffit pas ; les paroles de menace proférées par ta patronne ne sont pas en l'air ; tu es en train de contrecarrer ses plans ; elle va réagir ; et de quelle manière, Dieu seul sait ; je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose ; ni que tu souffres par la suite ; Moi : ne t'inquiète pas maman ; il ne m'arrivera rien du tout. Elle va crier, rouspéter et s'agiter pour rien ; Mario ne me lâchera pas ; Maman : tu fais si tant confiance à ton homme ? Es-tu certaine qu'il résistera aux pressions familiales ? Moi : au contraire, c'est lui qui a peur que moi je flanche ; Maman : en tout cas, ma fille, fais vraiment attention ; l'amour que tu vois comme ça, la manière dont c'est doux, c'est comme ça que ça fait pleurer ; au début, l'amour est sucré mais il peut s'avérer très amer par la suite ; alors, fais attention ma fille ; Moi : je le ferai maman ; et papa ? Maman : il est au champ ; Moi : à son âge, il devrait se reposer ; Maman : il faut bien qu'on mange ; Moi : mais pourtant, je vous envoie de l'argent ; même si ce n'est pas grand-chose ; Maman : ma fille, voilà ton père qui arrive. Dès que je vois mon père, je cours le serrer dans mes bras ; il a tellement travaillé qu'il paraît plus vieux que son âge ; j'aime énormément mes parents ; ils sont pauvres ; ils n'ont rien ; c'est pour cela que j'ai décidé d'arrêter l'école pour aller travailler en ville afin de les soulager ; ils ont beau m'en dissuader, je suis quand-même partie ; nous sommes trois enfants ; j'ai un frère et une sœur. Moi : papa adoré ; Papa : ma fille chérie ; c'est une joie de te revoir ; ça fait des mois que tu ne cherches plus à nous voir ; tu envoies seulement l'argent ! Comme si l'argent remplace ta chaleur ! Moi : je suis trop occupée en ville, papa ; Papa : hum ! Au point d'oublier tes parents ? Moi : mais non, papa d'amour ; jamais, je ne vous oublierai. Le soir de mon arrivée, mon père ordonne qu'un coq soit tué en mon honneur. Le lendemain, de nouveau, je fais part de la situation que je traverse à mon père. Tout comme ma mère, il est devenu soucieux. Papa : ma fille, attention ; il ne te sert à rien de forcer ce qui n'est pas à toi ; tu risques de t'attirer des ennuis, voire un malheur ; Moi : arrêtez d'être pessimiste, maman et toi ; ne craignez rien ; Papa : je veux voir cet homme ; je veux lui parler ; qu'il vienne ici ; je saurai s'il est sincère ou pas ; Moi : je lui transmettrai ton désir papa. Après notre discussion, comme au bon vieux temps, je prends ma houe et me rend au champ avec mon père pour l'aider ; j'ai un mois à passer ici ; je voudrais en profiter autant que possible. MURIELLE Je sais, ce sera un scandale ! Mais je vais le faire ! Marcos comprendra ainsi qu'on ne joue pas avec tout le monde ! A cause de lui, Chris m'a divorcé ; mes parents me boudent ; mes frères me repoussent, comme quoi, je leur ai fait honte ; mes amies m'ont délaissé. Jusqu'à présent, ses parents n'ont même pas cherché à me rencontrer ni à voir l'enfant. A cause de Marcos, j'ai perdu Chris et une belle-mère adorable comme Clémence. Reine a raison : je ne peux pas me laisser faire. Je vais foutre la merde dans ce mariage. djifa blessings. Et puis cette Nicette m'étonne de vouloir épouser Marcos malgré tout. A cause de quoi ? L'argent ? En tout cas, Marcos ne va pas s'en tirer à si bon compte. Je vais le marquer à vie ; il racontera mon histoire à ses petits-enfants si Dieu lui donne longue vie ! Un vrai salaud ! Parce qu'il est le fils du chef du Parlement, il se croit tout permis ; moi-même, avant sa mort, mon père a été Ministre ! Je ne suis pas n'importe qui pour que l'on puisse me traiter de la sorte ! Soudain, je sens que l'on me secoue ; c'est ma mère. Elle : mais Murielle, à quoi penses-tu au point où je rentre dans la chambre et tu ne me vois pas ? Moi : à rien maman ; Elle : tu ferais mieux de ne plus penser à ta bêtise ; ce qui est fait est fait ; mais sache que tu ne dois plus reprendre car c'est très grave ; Moi : tu me l'as déjà dit mille et une fois maman ; mais, trouves-tu normal que Marcos ne me prenne pas en mariage ? Elle : pour que tu le trompes avec un autre de ses amis ? Moi : maman ! Elle : mais c'est ça la réalité ; Marcos ne peut pas te prendre car jamais il n'aura confiance en toi ; n'espère rien de lui ; tourne cette page ; s'il s'occupe de l'enfant, tant mieux ; s'il ne s'en occupe, pas, tu le feras ; Dieu merci, tu as un boulot ; en plus, les biens de ton défunt père sont toujours à ta disposition ; essaie de te reconstruire autrement ; Moi : me reconstruire comment maman ? L'histoire s'est répandue comme une traînée de poudre dans la ville ; je suis désignée du doigt à chaque fois que je sors ; comment espères-tu qu'un autre homme veuille m'épouser dans ces conditions ? Elle : quand je te demande de te reconstruire, je ne pense pas au mariage ; ce n'est pas une fin en soi ! Si tu trouves un jour un homme qui t'aime, c'est bon ; si tu n'en trouves pas, la vie continue ; et crois-moi, tu en trouveras ; ton père avait un nom dans ce pays ; Moi : j'ai la rage au cœur maman ; Marcos m'a entraîné dans la boue et m'y laisse ; à part Reine, toutes mes amies se sont détournées de moi ; Elle : pourtant tu sais bien que c'est dans le malheur que l'on reconnaît ses vrais amis ; ça ne devrait pas t'étonner ! Même ta Reine aussi, je ne lui fais pas confiance ; elle ne fait que te révolter ; est-ce vraiment une bonne amie ou elle vient juste voir comment tu vas mal ? En tout cas, mon cœur de mère ne la sent pas ; Moi : tu exagères maman ; tu es trop négative et méfiante ; Elle : ok, le temps met tout en lumière ; il se peut que je me trompe ; mais tu es mal placée pour me juger dans ma méfiance ; ce que toi et Marcos avez fait, prouve bien que j'ai raison de me méfier des gens ; aucune confiance en qui que ce soit, même pas en toi ; Moi (sanglotant) : maman, donc toi aussi tu me détestes ? Si c'est ainsi, autant me pendre ! Elle : ne pleure pas ; si je te détestais, jamais, je ne vais t'accueillir dans cette maison ; mais étant ta mère, je me dois de te dire la vérité ; allez, ne pleure plus. Heureusement que j'ai encore ma mère à mes côtés ! Autrement, je ne saurai comment traverser ces durs moments ; un enfant sans mère, c'est comme un nid sans chaleur ; quoi qu'il arrive, une mère est toujours une montagne de compréhension ; elle gronde mais pardonne. MIREINE Deux jours après qu'Adjokè soit partie, je me rends chez ma belle-mère afin de la prévenir de ce qui se passe, quand bien-même, Hospice me l'a interdit. Comme d'habitude, elle m'accueille avec joie ; cette dame a toujours été gentille avec moi ; encore plus depuis la mort de ma mère, il y a cinq ans. Moi : bonjour Maman ; Clémence : comment va ma belle-fille adorée ? Moi (souriant) : je vais très bien maman ; et toi-même ? Clémence : tout va bien ; comment vont mes petits-fils ? Moi : ça va ; ils vont tous bien ; comment va mon beau-père ? Clémence : il a voyagé ; je pensais que tu le savais ; Moi : non, je n'ai rien appris ; Clémence : il est à Dakar pour deux semaines ; Moi : il faut alors lui demander de me rapporter les jolies perles sénégalaises afin que je puisse séduire Hospice en les portant ; Clémence (riant) : hum ! Ton beau-père ! Compte pas sur lui mais je transmettrai ton message ; Moi (riant) : en tout cas, tentons au moins, maman ; qui ne risque rien n'a rien ; Clémence : je lui dirai ; alors, tu as décidé de me rendre visite aujourd'hui ? Moi : oui ; je faisais le programme depuis un moment ; mais un évènement majeur a fait que je me suis décidée ; Clémence : parle-moi ; Moi : maman, tu te rends compte ? Mario sort avec ma domestique ; Clémence (surprise) : tu es sérieuse ? Moi : il veut même l'épouser ; Clémence : quoi ! Moi : comme je te dis-là ! Clémence : ça alors ! Mais il ne m'a rien dit ! Moi : il te le dira ; mais maman, ma domestique ne peut pas épouser mon beau-frère ! C'est impensable ; cette fille n'en veut qu'à son argent ; elle ne l'aime pas ; et puis, comment peut-il épouser une fille de cette classe sociale ? Une personne que moi j'ai commandé ! Je ne peux pas la laisser se retrouver au même pied d'égalité que moi ; Clémence : calme-toi ma chérie ; Moi : en tout cas, je compte sur toi maman pour l'en dissuader parce qu'il n'en est pas question ; Clémence : malheureusement, je vais te décevoir ma belle ; même si je n'apprécie pas une telle relation, je respecterai ce choix si tant est que Mario y tient ! Moi (surprise) : quoi ! Vous allez laisser cette boniche, sans éducation, analphabète et de basse catégorie infiltrer notre si prestigieuse famille ? Clémence : il y a des années, jamais je n'aurais laissé faire ; mais à présent, j'ai une autre vision de la vie ; il ne m'appartient pas de choisir une femme pour mon fils ; je peux l'aider à choisir ; je peux lui dire que je n'agrée pas son choix et lui expliquer pourquoi ; c'est tout ce que je peux faire ; il n'est plus un bébé ; il sait réfléchir ; et crois-moi, si je suis contre le choix de mon fils, ce serait pour des raisons autres que cette histoire de classe sociale ; pour moi, c'est la valeur morale de l'être humain qui est la plus importante ; je préfère que mon fils épouse une pauvre sage plutôt qu'une riche délinquante ; voilà ; Moi : maman, je suis déçue ; je comptais trouver en toi une alliée pour empêcher leur union ! Clémence : il y a longtemps que je ne m'associe plus pour détruire mais pour construire ; il y a des années, je te jure que toi ma belle-fille, tu ne pouvais même pas oser m'approcher, encore moins me parler de cette façon ; j'étais imbue de ma personne, hautaine et insensible ; mais j'ai été à l'école de la vie ; j'ai vécu des choses ; j'ai reçu des leçons après de dures épreuves ; j'ai appris et j'ai compris; Mireine, ne te mêle pas de leur histoire ; suis mon conseil ; Moi : maman, je ne peux pas te comprendre encore moins suivre tes conseils ; je refuse qu'une telle personne entre dans notre famille. Et j'y veillerai ; Maman : je comprends que tu sois choquée parce qu'Adjokè est ta domestique ; mais que pourras-tu faire ? Attention ! Mario n'est pas ton fils ; il n'est pas ton mari non plus ; tu es mal placée pour te prononcer sur son choix ; si son choix ne te plaît pas, tu es obligée de t'y conformer ; autrement, tu détruiras votre relation paisible ; Moi : je pense que j'ai eu tort de venir ici ; je dois partir ; au revoir maman et bonne journée. Ma belle-mère sourit et ne me retient pas. J'allais tourner le poignet de la porte du salon et l'ouvrir afin de m'en aller quand elle me lance : - Mireine, ne te laisse pas dévorer par le feu de la colère et de la haine car quand le vent de la colère souffle, la sainteté d'esprit prend congé et le diable prend le contrôle. Puis, bonjour les dégâts....

            
            

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