LIAM
- Est-ce que je peux te poser une question ?
Mon cœur s'emballait un peu en entendant sa phrase si doucement prononcée.
- Oui ?
- Quand vous m'avez trouvé, vendredi, comment j'étais ?
- Comment tu étais ?
- Oui, je crois que j'ai perdu connaissance pendant l'agression, et j'aimerais savoir si c'était juste les effets de la drogue ou non...
Elle tremblait légèrement et je voyais ses yeux s'humidifier. J'espère qu'elle n'allait pas pleurer, parce que je détestais la voir comme ça.
- Tu étais allongé dans l'herbe, inconsciente.
Elle hochait la tête, regardant toujours dans le vide. Une larme coulait le long de sa joue, et je resserrais ma prise sur sa main.
- Si tu savais comme j'ai eu peur et comme je m'en veux.
Elle levait ses yeux tristes sur moi.
- Tu n'as rien fais, tu n'as pas à t'en vouloir, je te l'ai déjà dit. J'aimerais juste savoir pourquoi ils m'ont fait ça à moi. Et pourquoi...
Elle s'arrêtait là.
- Et pourquoi ?
- Pourquoi il m'a drogué ?
- Il ?
- Qui c'était, Mia ? Dis-le-moi.
- Non. Je ne peux pas.
- La police l'a retrouvé ?
- Ils attendent que je me renseigne sur son nom de famille. Nous n'avons que son prénom. Je ne connais rien d'autre.
Donc, elle ne le connaît pas vraiment.
- Je le connais ?
J'essayais de ne pas montrer que ma colère pourrait surgir au moment où j'entendrais son nom.
- Oui. Elle me disait, doucement.
Je fronçais les sourcils.
- C'est qui ?
- Liam, s'il te plaît.
- Si je le connais, je pourrais te dire son nom.
Elle me fixait, et mordait sa lèvre. Mon cœur battait à cent à l'heure, et je voulais une réponse.
- Si je te le dis, tu vas péter un câble.
- En même temps, comment tu veux que je reste calme ? Et toi, comment tu fais ?
Je détournais les yeux en voyant qu'elle l'avait mal pris.
- Désolé.
- Ce n'est pas grave.
- Comment tu comptes obtenir son nom ?
- La police doit revenir vers moi.
Je fronçais les sourcils. Si seulement elle me le disait.
- Liam, je voulais aussi te voir, pour savoir...
Elle mordait encore sa lèvre. Qu'est-ce qu'elle allait encore me dire ?
- Nous deux on en est où ?
Mon cœur se serrait.
- Quoi ? Pourquoi tu me demandes ça ?
- Avec ce qui s'est passé tu ne veux peut-être pas...
- Quoi ?
Je prenais son visage entre mes mains et plantais mon regard dans ses yeux bleus.
- Je ne veux rien que ça change entre nous. Je t'aime, Mia, d'accord ?
Elle faisait un faible sourire qu'elle semblait vouloir retenir. Je n'attendais pas pour l'embrasser et me jetais sur sa bouche. Elle décroisait ses jambes et m'attirait contre elle. Elle voulait être rassurée.
- Moi aussi, je t'aime. Elle me disait, quand je me détachais d'elle. J'ai juste peur que je finisse par te dégoûter à cause de ce qui s'est passé.
- Quoi ? Mais comment tu peux penser ça ? Tu ne me dégoûteras jamais. Jamais.
Elle ne semblait pas encore rassurée. Je ne pouvais que la comprendre, moi aussi je me dégoûtais pour ce que j'avais fait.
- Aller, viens-là.
Je la prenais dans mes bras et la serrais contre ma poitrine. Je passais une main dans ses cheveux et lui caressait l'épaule.
Rester ainsi pendant quelques minutes nous faisait du bien. Et c'est seulement quand son portable vibrait qu'elle me quittait.
Elle décrochait.
- Oui ?
Elle levait les yeux sur moi.
- D'accord... oui... je serais là... au revoir, merci.
Je fronçais les sourcils en la voyant raccrocher. Elle semblait tendue.
- Le procès aura lieu dans trois semaines, ou peut-être plus. S'ils ne retrouvent pas les deux autres agresseurs, il y aura seulement les deux autres.
Elle mordait sa lèvre.
- Ça sera là très vite. Tu as rencontré ton avocat ?
- Oui. Je lui ai tout raconté. Enfin, tout ce dont je me souviens. C'est un ami à mon père, il est très gentil.
- Tant mieux.
Silence.
- Tu te sens prête à retourner au lycée ? Dis-je finalement.
Ma question lui faisait visiblement peur.
- Je ne sais pas. J'essaie de ne pas y penser. Je pense que tout le monde est au courant. Il doit y avoir des rumeurs. Mais ce n'est pas en me cachant que ça m'aidera.
- Oui, je suis d'accord. Et on sera tous là, de toute façon. Et je ne te lâcherais pas d'une semelle.
Elle retenait un sourire, et passait une main dans ses cheveux foncés.
- J'avoue que j'ai quand même un peu peur d'y retourner. J'ai l'impression que ça fais très longtemps que je n'ai pas mis les pieds au lycée, mais je ne veux pas que ma vie change à cause de ça.
- Tu as eu des nouvelles d'Aria ?
- Oui, on s'est appelé. Et elle m'envoie des snaps à longueur de journée. Je crois qu'elle s'inquiète pour moi.
- Et Julia ?
- On s'est appelé aussi. C'est mon père qui lui a dit.
- D'accord. Tu sais quand ton père et Karen rentre ?
- Je ne sais pas du tout, pourquoi ?
- Pour savoir à quelle heure tu veux que je parte, tu veux peut-être être tranquille ?
- Non, moi, je veux que tu restes.
Je souriais, rassuré de savoir qu'elle voulait encore de moi.
- Tu veux qu'on se regarde un film ?
Elle hochait doucement la télé et se levait pour aller prendre la télécommande sur son bureau. Ça me faisait rire de la voir habillée de cette façon. Elle était belle, qu'elle soit démaquillée, habillée simplement et même dans cet état de fatigue.
- Qu'est-ce qu'on regarde ?
Elle revenait sur le lit et allumait Netflix.
- Comme tu veux.
- Oh, tu sais très bien que je ne sais jamais prendre de décision, il faut que tu m'aides.
Je regardais la télé où les films défilaient un à un.
- Tu te rappelle le premier jour où je t'ai emmené chez moi ?
- Oui, après le bal ?
- Non, pardon, je vais reformuler. Tu te rappelles, le premier après-midi où on est allé chez moi ? On voulait regarder un film, avant que Josh nous surprenne.
Elle souriait avant de dire :
- Tu veux qu'on regarde Zombieland ?
Je lui souriais simplement et elle le cherchait dans la liste.
Quand le film commençait, je m'allongeais sur le lit et la prenais dans mes bras. Sa tête était sur mon torse et je lui caressais l'épaule. Je la sentais très fatiguée, et même, très différente de d'habitude.
- Je me demande comment on peut aimer un film aussi con. Elle me disait, amusée, au bout d'un moment.
C'est vrai que ce film ne rendait personne plus intelligent, mais au moins, il était assez con pour nous faire rire.
- C'est ça qui est bien.
Elle s'asseyait d'un cou à côté de moi et faisait un chignon au-dessus de sa tête. Elle me regardait en souriant et j'étais content de la voir aussi sereine.
Son expression changeait soudainement quand elle se penchait au-dessus de moi.
- Qu'est-ce que tu as fait ?
Elle prenait ma main droite violacée et la regardait, surprise.
- C'est rien, j'ai fait un peu trop de boxe, tout à l'heure.
- Alors pourquoi l'autre main n'a rien ? Tu as mis qu'un gant ou quoi ?
Je me retenais de sourire. Décidément, on ne pouvait rien lui cacher.
- J'étais énervé, du cou j'ai frappé dans ma porte.
- Énervé ? Par rapport à quoi ?
- Je suis toujours énervé, en ce moment, ne t'inquiète pas.
- C'est à cause de moi ?
- Quoi ? Non. Ce n'est pas à cause de toi. Ne dis pas n'importe quoi.
Je prenais sa main pour tenter de la rassurer et la regardais droit dans les yeux.
- Alors, c'est à cause de quoi ?
- De tout. Depuis ton agression, j'ai envie de taper sur tout ce qui bouge.
Elle semblait contente de ma réponse.
- Ne fais pas ça à cause de moi, alors.
- Ce n'est pas de ma faute. Je ne peux pas m'empêcher d'être énervé pour tout ce qui t'es arrivé.
- Il ne faut pas. Merci de t'inquiéter pour moi, mais je ne veux pas que ça touche tous mes proches.
- Mais moi je veux faire partie de tout ça. Tu ne peux pas affronter tout ça toute seule.
Elle ne répondait rien et fixait mon ventre.
- Merci, Liam.
Si elle savait la vérité...
- Pour quoi ?
- Pour tout ce que tu fais pour moi.
Je ne répondais pas et la prenais dans mes bras. Le film ne m'intéressait plus du tout et je la serrais fort contre mon torse. Je dois bien en profiter, bientôt, je lui dirais la vérité et elle ne voudra plus de moi.
J'étais un égoïste.