LIAM
– Tu en as mis du temps, à venir me chercher.
– Ne commence pas, Liam. J'ai un travail, je ne peux pas le quitter comme ça, à chaque fois pour des conneries.
Je sortais par la grille de l'extérieur et soupirais discrètement.
– Je croyais que tu avais finis de te comporter comme un voyou. Et non, je suis encore obligé de venir te chercher en prison, tu trouves ça normal ?
– Arrête, je n'y suis pour rien. Tu n'as pas eu Josh ?
– Je ne suis pas rentré à la maison depuis plusieurs jours. Je n'ai pas eu le temps de parler à Josh.
– Il n'a pas essayé de t'appeler ?
Il ne répondait pas et continuait à marcher devant moi. Comme d'habitude, son travail passait avant nous.
– Tu peux me dire pourquoi je suis obligé de venir te chercher ici, cette fois ? Tu t'es battu, apparemment ?
– Mia est à l'hôpital.
– Pourquoi ?
– Elle s'est fait agresser, à la soirée d'un mec du lycée, jeudi soir.
– Elle s'est fait agresser ?
On entrait sur le parking. La tension était palpable.
– Des mecs lui sont tombés dessus.
Il soupirait, avant de s'arrêter et de me faire face.
– Qu'est ce que tu as à voir avec ça, encore ?
– Putain, ce n'est pas ça le problème. Il faut que j'aille la voir.
– Liam, je ne vous ai pas envoyé en France pour rien. Maintenant que vous êtes revenus, je ne veux pas de nouveaux scandales.
Il reprenait sa marche et j'apercevais la voiture sur le parking.
– Arrête de revenir sans arrêt sur le passé. J'ai défoncé la gueule de ce mec parce qu'un de ces potes a abusé de Mia.
Il s'arrêtait net et me dévisageait.
– Quoi ?
– Oui, putain. Quatre mecs se sont mis sur elle, tu voulais que je fasse quoi ? J'ai chopé le premier que j'ai pu retenir et je lui ai défoncé la gueule. Et je ne regrette pas, je le referais maintenant, si je pouvais.
– Liam, on ne résout pas tout par la violence. Je croyais que tu avais calmé tes crises de nerfs.
– Rien à voir, putain, tu entends ce que je dis ?
Je m'arrêtais devant la voiture, le sang bouillonnant dans mes veines.
– Mia s'est fait tabasser et violer !
Là encore, il s'arrêtait, la main sur la poignée de la voiture.
– Comment elle va ?
– Parce que ça t'intéresse ?
– Je ne connais pas vraiment ta copine, Liam. Mais, une chose est sûre, un mec n'a pas le droit de toucher à une fille. Mais dis-moi les yeux dans les yeux que tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé ?
Je baissais les yeux, incapable de voir la déception dans ses yeux une nouvelle fois. Je m'en voulais déjà assez pour ce qui s'était passé, et je n'en avais pas dormi depuis deux jours.
– C'est bien ce qui me semblait. Dans quel merdier tu t'es encore fourré ?
– C'est bon, papa, ramène moi à la maison et retourne travailler, c'est plus important que moi, après tout.
Je montais dans la voiture et claquais la portière.
Le silence régnait dans la voiture, pendant les vingt minutes de trajet jusqu'à la maison. J'avais hâte de retrouver Mia, mais j'appréhendais le moment où j'allais lui dire que tout était de ma faute.
***
– Qu'est-ce que tu fais ?
J'arrivais dans notre salle de sport et je voyais Josh, torse nul, transpirant sur tout le corps, en train de frapper et de frapper le sac de frappe avec ses gants de boxe.
– Putain, papa est enfin allé te chercher !
Il enlevait directement ses gants et sortait des tapis. Je ne suis pas venu dans cette salle depuis mon retour de France et elle ne m'avait pas manqué.
– Tu as pu voir Mia ?
– J'ai réussi à la voir vendredi soir, mais pas longtemps. Elle ne se rappelle pas de leurs visages.
– Merde. Dis-je en serrant le poing.
– Au moins, on pourra gagner du temps. Quand elle sera que ce n'est pas dû au hasard et qu'on est responsable de ça, elle ne voudra jamais nous pardonner.
Je serrais les dents et des frissons m'inondaient le corps. M'imaginer un jour loin de Mia me terrifiait, et ce qui me faisait encore plus mal, c'est de l'imaginer souffrir à cause de moi.
– Je veux retrouver ces fils de putes.
– Tu crois que je ne veux pas la même chose ? On n'aurait jamais dû laisser traîner cette histoire. Maintenant, ils s'en prennent aux autres, aux gens vulnérables. Putain, ils s'en sont pris à une fille, bordel, à Mia. Comment ils ont osé faire ça ?
Je recommençais à trembler. Je levais les yeux vers le sac de frappe avec une folle envie de le rouer de coups.
– Qu'est-ce que papa a dit ?
– Tu veux qu'il me dise quoi ? Comme d'habitude, il m'a reproché de lui avoir fait perdre son temps et d'attirer encore les problèmes.
– L'essentiel, c'est que ce mec ne soit pas mort. Si maintenant on a même plus le droit de défendre les gens qui se font agresser !
– Et comment elle va, sérieusement ?
– Mia ? Je ne serais même pas comment te l'expliquer. Elle semblait... vide d'émotion et complètement dépassé. Elle a été droguée et je ne sais pas si elle se souvient vraiment de tout ce qui s'est passé.
Je me sentais comme elle, vide et la culpabilité me rongeait de l'intérieur.
– Il faut que je la voie.
– Non, il ne faut pas que tu y ailles maintenant. Son père va te tomber dessus, c'est sûr. De toute façon, elle rentre chez elle ce soir.
– Ce soir ? Donc, ses blessures physiques ne sont pas si graves ?
– Non, je ne crois pas.
– Mais, elle saignait avant que les flics m'embarquent.
– Je crois qu'elle a reçu un coup de couteau, mais rien de grave. Ce sera plus psychologiquement que ce sera dur.
Je n'osais même pas imaginer comment
Après quelques secondes de silence, il ajoutait :
– Comment tu comptes lui dire ?
– Que ce qui lui est arrivé est de ma faute ?
– Non, ce n'est pas de ta faute. On aurait pu empêcher les choses, mais ce n'est pas nous qui avons programmé ça, dis-toi bien ça.
– Oui, mais ça fait des jours qu'ils nous harcèlent et je n'ai pas imaginé la possibilité qu'ils s'en prennent à elle.
– Parce qu'un mec sein d'esprit ne se décharge pas sur une fille. Ils nous ont pris pour des cons, pendant toute la soirée.
– On a un autre problème. Wayne. Dis-je en me rappelant l'instant où il est arrivé dehors.
– Putain, merde.
Wayne allait nous poser des questions, c'était certain. Il devait déjà s'en poser beaucoup, d'ailleurs. Espérons qu'il ne dise rien à personne et on avait deux semaines pour gagner du temps. Quand les cours reprendront, Mia serait au courant de tout, c'était certain.
– Il faut qu'on lui parle.
– Pour l'instant, je pense que Mia va vouloir rester seule un moment, sans voir personne, alors on a encore un peu de temps.
Et moi, dans cette histoire, je ne savais même plus où était ma place. Mia devait être complètement détruite à l'heure qu'il est, et je ne sais pas si elle voudrait encore de moi, même si elle n'est pas encore au courant de toute l'histoire.
– Promets-moi que tu ne lui diras rien.
Il levait les yeux vers moi et passait une main dans ses cheveux humides.
– C'est à moi de tout lui dire.
– Oui, mais, fait gaffe que l'enquête ne soit pas trop avancé d'ici là. Ils pourraient vite faire le rapprochement, même si on a plus de casiers. Mais s'ils venaient à parler de Kyle, on est mort.
Le pire, c'est qu'il avait raison.