Chapitre 8 CHAPITRE 8

LIAM

BOOM. BOOM.

Je frappais ce maudit sac de box, encore et encore, sentant de la sueur dégouliner sur mes joues. Je n'en pouvais plus, mais j'avais besoin de frapper quelque chose, alors autant que ce soit ce sac que je n'avais pas frappé depuis bien trop longtemps.

Depuis l'agression, j'arrivais à m'énerver pour rien, et j'étais sans arrêt en manque de quelque chose.

Mon téléphone sonnait, et je ne perdais pas de temps pour enlever mes gants et me jeter dessus. Mia.

JE VAIS BIEN, NE T'INQUIÈTE PAS.

J'étais bien loin de te croire, Mia

Je prenais la serviette posé sur une chaise et m'essuyais le visage, ainsi que mes mains moites.

JE PENSE QUE TU VEUX JUSTE ME RASSURER. TU VEUX QU'ON S'APPELLE ?

Je sortais de la salle et filais dans ma chambre. La douche m'appelait à l'ordre.

Après quelques minutes, elle me répondait enfin :

NE T'INQUIÈTE PAS.

Je soufflais avant d'appuyer sur le téléphone vert. J'en ai marre d'attendre. Elle répondait à la cinquième sonnerie.

– Oui ?

– Comment tu vas ?

– Liam, tout le monde me demande ça à longueur de journée, je vais bien.

Je levais les yeux au ciel.

– Bon, je vais te croire, alors. L'enquête avance ?

Je l'entendais souffler à l'autre bout du téléphone, et j'avais un petit pincement au cœur.

– Tu ne veux toujours pas me dire le nom de celui qui...

– Non, je t'en prie, arrête-toi là.

– Désolé. Mais j'aimerais savoir. Je ne vais rien faire de stupide. Et si je sais son nom, je pourrai peut-être me renseigner de mon côté. On connaît beaucoup de monde, ici.

– On ?

– Josh et moi.

– C'est vraiment pour ça que tu veux savoir son nom ?

– Bien sûr.

Silence.

– J'ai découvert que ce qui m'est arrivé n'était pas un accident.

Cette fois, mon cœur était prêt à exploser. Comment ils pouvaient déjà savoir ? Wayne !

– Qu'est-ce que tu veux dire ?

– Lors de mon interrogatoire, certaines scènes me sont revenues en mémoire. Quelqu'un m'a drogué volontairement, et ce n'était pas mes agresseurs.

Je la sentais au bord des larmes, et moi, mon stress grimpait en flèche. Qui a pu lui faire ça ? Est-ce qu'elle le savait ?

– Qui ? Dis-je, un peu trop sèchement.

– Liam, je ne peux pas te le dire.

– Alors tu sais qui c'est ?

Silence.

– Mia, dis-le moi.

– L'homme qui m'a agressé s'appelle Rodrigo Flores.

Bordel. Mon cœur manquait un battement, et je m'asseyais sur mon lit en essayant de retenir ma crise de nerf. Mes mains et mes genoux commençaient à trembler, et je voulais buter ce connard. Rodrigo, je vais te tuer.

– Liam, promets-moi que tu ne feras rien de stupide ?

– Je ne ferais rien de stupide. Dis-je, les dents serrées.

– Promets-le moi. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose à cause de moi.

Je fermais les yeux, retenant de frapper sur n'importe quoi. Si elle savait que c'était à cause de moi, tout ça...

– Je ne ferais rien de stupide, Mia. Et qui t'a drogué ?

– Tu le seras plus tard.

Et elle raccrochait.

Je jetais mon téléphone sur mon lit et me levais pour donner un coup de poing sur ma porte. Le bruit résonnait dans toute ma chambre, et je ne ressentais aucune douleur.

Bordel, il faut que je me calme !

– Liam ?

Josh entrait quelques instants plus tard dans ma chambre.

– Qu'est-ce que tu veux ?

– Qu'est-ce qui se passe ?

– Mia m'a dit le nom de celui qui l'avait agressé.

Son regard se durcissait, et je le voyais serrer le poing.

– C'est qui ?

– Rodrigo Flores.

– C'est lui qui a fait ça ?

– Je vais le tuer. Dis-je en serrant les poings si forts, que je sentais mes ongles rentrer dans ma peau.

– Ah oui, et comment ? On ne sait même pas où ils se cachent tous.

– Il faut que je les trouve. J'en ai marre de rester enfermer et de ne pas savoir quoi faire. Ils se baladent tranquille dans la nature, pendant que Mia passe son temps à pleurer et à se renfermer. Et moi, je vais finir par devenir dingue.

– Il faut surtout qu'on parle à Wayne. On n'a eu aucune nouvelle de lui depuis cette soirée. Et il est assez proche d'Aria, il pourrait lui dire n'importe quand. Ou alors, tu vas tout de suite chez elle et tu lui dis la vérité.

Je le fixais, sans savoir quoi lui répondre. Je n'arriverais jamais à lui dire la vérité, pas maintenant en tout cas.

– Josh, c'est trop tôt.

– Tu préfère attendre que l'enquête avance ? On a peut-être maintenant un casier vierge, mais pas Kyle. Mia va forcément faire le rapprochement, c'est une fille intelligente.

Je serrais les dents. Il avait raison.

– D'accord, j'attends quelques jours et je lui dirais. Mais, il y a autre chose. Quelqu'un l'a drogué à la soirée, et elle sait qui c'est. Elle n'a rien voulu me dire, donc je pense que c'est quelqu'un qu'on connaît.

– Qui ça pourrait être ?

– Je n'en sais rien. Mais ça veut dire que la personne aurait des contacts avec Rodrigo. Il faut qu'on le trouve.

– Qui d'autre pourrait être au courant ?

– Quand on est parti dehors, pendant la soirée, Mia est restée avec Wayne, Aria et Jessie. Peut-être qu'ils ont vu quelque chose.

– Ils étaient tous défoncés. Comment ils pourraient se souvenir de quelque chose ?

Je ne crois pas qu'ils étaient tous bourrés, en particulier Wayne.

– Wayne ne l'était pas beaucoup.

– Oui, c'est à lui qu'on devrait parler en premier.

– Tu as raison.

Josh prenait son téléphone, il composait le numéro de Wayne et le portait à son oreille. Après plusieurs sonneries, il tombait sur sa messagerie.

– Putain, il ne répond pas. Ce n'est pas dans ses habitudes. Il faut qu'on aille le voir.

– Maintenant ?

– Oui, le plus tôt sera le mieux.

– Tu sais seulement où il habite ?

– Merde, non.

Je soupirais.

– Je vais lui laisser un message, pour qu'il me rappelle.

Il sortait de ma chambre et je me rendais compte seulement maintenant que je m'étais calmé. Enfin, juste un tout petit peu.

TU FAIS QUOI ?

Le message de Mia ne m'étonnait guère. Elle voulait s'assurer que je ne sois pas en train de courir dans les rues de Los Angeles pour choper ce connard. Et ça me faisait plaisir de recevoir un message de sa part.

RIEN ET TOI ?

RIEN.

Je souriais en l'imaginant dans la même position sur son lit.

Si elle savait comme j'aimerais revenir en arrière pour effacer cette foutue soirée.

TU VEUX VENIR ME VOIR ? JE SUIS COINCÉ CHEZ-MOI.

Je souriais un peu plus. Elle voulait vraiment me voir ?

PAS DE PARENTS A L'HORIZON ?

NON. JUSTE TOI, MOI ET... JACK.

Je rigolais avant de lui répondre :

JE SERAIS LÀ DANS 10 MINUTES.

Je sortais des vêtements propres, que j'enfilais tout de suite. Je n'avais pas remarqué que j'étais resté en caleçon après ma douche.

JE SUIS DEVANT.

La porte s'ouvrait dans la foulée, et je découvrais une Mia pâle, fatigué et en jogging. Mais peu importait, elle était toujours belle, quoi qu'elle fasse.

Elle me souriait faiblement, et je ne pus m'empêcher de la prendre immédiatement dans mes bras. Elle semblait tellement fragile que ça me faisait mal de la voir comme ça devant moi.

– Tu me manques. Dis-je doucement dans son oreille.

Elle me serrait un peu plus fort et je me rappelais que la dernière fois que je l'avais vue, elle avait pleuré devant moi pendant de longues minutes.

– Il n'y a que Jack. Il est dans sa chambre. Entre.

– Et ton frère ?

– Il est partit se renseigner pour les clubs de boxe. Je pense qu'il rentrera tard. Mon père et Karen sont au travail. Ils ont beaucoup d'heures à rattraper.

– Ton frère va rester ici ?

– Oui. Je crois.

– Il va s'inscrire au lycée ?

– Oui, normalement.

Elle s'arrêtait dans la cuisine et je m'imaginais déjà devant lui. Quand la sœur se fait agresser, c'est toujours à son copain qu'on s'en prend en premier. Même s'il n'est pas au courant de toute l'histoire. Mais hors de question de reparler de son agression. Si seulement je pouvais juste avoir le nom de la personne qui l'avait drogué...

– Tu veux boire quelque chose ?

Je reprenais mes esprits et lui répondais non avec ma tête.

– D'accord. On monte ?

Je la suivais dans les escaliers, et c'est Jack que je voyais sortir d'une pièce.

– Liam ?

– Salut.

Je lui serrais la main avec un grand sourire. Il semblait aussi content de me voir.

– Je suis content que tu sois là, Mia a besoin de voir les gens qu'elle aime.

Je souriais et regardais Mia qui détournait les yeux, gênée.

– A plus tard, Jack. Elle disait en partant dans sa chambre.

Je la suivais sans attendre.

– A chaque fois que je rentre dans ta chambre, elle est toujours aussi bien rangée.

– Je suis quelqu'un d'assez organisé. Elle me disait, avec un petit sourire.

– Qu'est ce que tu fais de tes journées ?

Elle se tournait vers moi, et posait ses fesses sur son lit. Son T-shirt, un peu décolleté laissait apparaître ses seins et je m'obligeais à la fixer dans les yeux. Liam, pas de pensées sexuelles en ce moment !

– Dormir, regarder la télé, dormir.

– Et tu manges quand ? Dis-je, en m'approchant de son lit.

– Quand j'ai faim.

– Autrement dis ?

Je m'asseyais à côté d'elle et la regardais. Elle détournait les yeux et je la voyais rougir légèrement.

– Le soir, mon père m'oblige à manger.

– Attend, tu ne manges que le soir ?

Elle fixait le sol, et je comprenais qu'elle ne mangeait pas beaucoup. C'est vrai qu'elle avait maigrit.

– Tu n'as pas faim ? Ou, tu ne veux simplement pas manger ?

– Je n'en sais rien. Je n'ai jamais très faim, et ça me dégoûte de manger.

Je me sentais mal à l'aise. Est-ce qu'elle voulait vraiment qu'on reparle de l'agression ? Elle devait déjà en entendre assez pour que je me remette à poser des questions.

– Il faut que tu manges, Mia. C'est important de garder la santé.

– Je sais.

Je prenais sa main qui traînait sur son genou et l'enlaçais.

– Est-ce que tu veux qu'on sorte pour se changer les idées, on pourrait s'arrêter manger un goûter quelque part ?

– Un goûter, comme les enfants ? Elle me demandait, avec un léger sourire.

– Oui, comme les enfants.

– Je ne vais pas pouvoir sortir. Mon père veut que je lui dise si je sors, et il voudra savoir avec qui je suis, je ne peux pas.

– Oui, je comprends...

C'est vrai que j'aurais dû le rencontrer la semaine dernière. Maintenant, je n'avais aucune chance d'avoir la moindre chance avec lui, c'est sûr.