Chapitre 8 CHAPITRE 8

Il fit une pause, ses doigts tapotant nerveusement sur la table.

-Je t'aime toujours. Et même si tout est compliqué, je... Je veux réparer ce que j'ai brisé. Je veux réparer ce que nous avons brisé.

Clara garda ses yeux rivés sur lui, bien que la chaleur de ses mots, de cette vérité enfin avouée, faisait trembler son cœur. Elle l'avait aimé, plus qu'elle ne l'avait avoué, mais elle n'était pas prête à s'abandonner de nouveau. Pas après tout ce qui s'était passé.

-Adrian... j'ai traversé des épreuves terribles, et je ne peux pas revenir en arrière, répondit-elle, sa voix serrée. Ce que nous avons eu... ça appartient au passé. J'ai un fils maintenant, et c'est tout ce qui compte. C'est la seule chose qui m'importe.

Adrian la scrutait, une douleur évidente dans ses yeux.

-Mais Lucas, Clara... il est mon fils, n'est-ce pas ? C'est toi qui me l'as caché. Tu m'as laissé dans l'ignorance, et... je ne comprends pas pourquoi tu as pris cette décision. Pourquoi me priver de lui ? Pourquoi me cacher la vérité ?

Clara sentit la colère bouillonner en elle. Comment pouvait-il demander cela alors qu'il l'avait rejetée, abandonnée dans l'ombre de sa propre vie ? Mais au fond d'elle, elle savait qu'Adrian, bien qu'ayant ses défauts, n'était pas un monstre. Il l'avait fait souffrir, mais il ne méritait pas d'être pris pour un coupable sans comprendre.

-J'avais peur, Adrian. J'avais peur de te perdre définitivement. Mais je ne pouvais pas te l'imposer. Pas après tout ce qui s'était passé entre nous. Et surtout pas avec une femme comme Sophia dans les parages.

Le nom de Sophia semblait faire se tendre l'atmosphère autour d'eux. Clara vit Adrian grimacer légèrement.

-Je n'ai jamais voulu que Sophia prenne cette place dans ma vie, dit-il, ses poings se serrant sous la table. Mais tu sais comment elle est, Clara. Elle a tout fait pour nous séparer. Elle a joué avec nous deux comme des pions sur un échiquier, et je... je l'ai laissée.

Clara baissa les yeux. Les souvenirs de leur relation, de leurs premiers moments ensemble, des rêves qu'ils s'étaient construits, revinrent brusquement dans son esprit. Mais ces rêves étaient brisés maintenant, disparus comme la brume au matin. Elle ne pouvait pas se permettre de rêver à nouveau.

-Et si je te disais que je suis prêt à tout pour reconstruire ce qui a été détruit ? continua Adrian, son regard brûlant de détermination. Si tu me laisses une chance, Clara... je ferai tout pour regagner ta confiance. Pour réparer le lien avec Lucas. Je ne partirai pas cette fois. Je ne partirai plus jamais.

Clara se leva brusquement, incapable de rester là à l'écouter. Ses mains tremblaient, son cœur battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait éclater. Elle s'éloigna de la table, se dirigeant vers la fenêtre.

-Tu n'as pas idée de ce que tu me demandes, Adrian. Si tu savais à quel point j'ai souffert. Si tu savais à quel point... j'ai souffert seule, pendant toutes ces années. Et Lucas... Lucas a grandi sans toi. J'ai fait tout ce que je pouvais pour protéger mon fils. Mais toi, tu étais là... et tu m'as laissée. Tu m'as abandonnée. Alors maintenant, tu penses vraiment pouvoir revenir comme si de rien n'était ?

Le silence s'installer dans la pièce. Les mots de Clara flottaient dans l'air, lourds, durs. Adrian resta là, pétrifié par ses accusations, incapable de trouver une réponse immédiate. Mais il savait que ce n'était pas la fin. Il ne voulait pas que ce soit la fin.

-Clara, murmura-t-il en se levant doucement. Je comprends ta douleur. Mais je veux que tu me laisses une chance. Ne ferme pas la porte sans même essayer. Je ne suis pas cet homme que tu penses que je suis. Je peux... je peux changer. Nous pouvons changer.

Clara se tourna lentement, ses yeux cherchant les siens. Elle le voyait là, vulnérable, sincère. Et pour une fraction de seconde, elle se souvint de ce qu'ils avaient été ensemble. Elle se souvint de la chaleur de sa peau contre la sienne, de leurs rires, de leurs rêves communs. Mais ces souvenirs étaient comme des éclats de verre brisé, trop tranchants pour être touchés sans douleur.

-Et si je dis oui ? demanda-t-elle finalement, d'une voix tremblante. Et si je t'accorde cette chance, Adrian ? Quelle garantie ai-je que tu ne me briseras pas à nouveau ?

Il s'approcha lentement d'elle, son visage grave.

-Il n'y a aucune garantie. Mais je te promets que je ferai tout pour te prouver que je suis prêt à changer, Clara. Que nous sommes prêts à changer.

Il s'arrêta juste devant elle, leur souffle se mêlant.

-Alors... laisse-moi nous reconstruire. Laisse-moi t'aimer à nouveau. Pour nous. Pour Lucas.

Clara ferma les yeux, sentant le poids de sa décision. Elle savait que ce choix allait changer sa vie, à tout jamais. Mais avait-elle le droit de refuser une chance à la vérité, à l'amour, et à la possibilité d'une réconciliation ? La question résonnait dans son esprit.

Enfin, elle ouvrit les yeux et murmura, presque à voix basse :

-D'accord. Mais je te préviens, Adrian. Si tu fais une erreur... ce sera la dernière.

Il lui sourit, un sourire à la fois soulagé et profondément émouvant.

-Je te le promets, Clara. Je ne ferai pas d'erreur.

Le matin était froid, presque glacé, mais cela n'empêchait pas Adrian de se rendre dans le vieux manoir qu'il avait acheté il y a des années, un lieu qui était censé être un sanctuaire de paix après ses épreuves. Mais aujourd'hui, la tranquillité de ses murs semblait artificielle. Chaque objet, chaque détail lui rappelait la même chose : Clara. Il n'arrivait pas à sortir d'elle de son esprit, surtout après leur dernière rencontre. Chaque parole, chaque geste qu'il avait observé chez elle se heurtait maintenant à une vérité qu'il n'arrivait pas encore à accepter.

Il avait décidé de fouiller dans ses affaires personnelles, non par curiosité malsaine, mais parce qu'il sentait qu'une pièce du puzzle lui échappait toujours. Il s'était mis à fouiller dans les tiroirs de son bureau, comme une obsession naissante. Parmi les papiers en désordre, il tomba sur une vieille photographie. Le coin était légèrement abîmé, comme si elle avait été recouverte d'un voile de poussière pendant des années. Mais ce qui frappait immédiatement était l'image d'un petit garçon aux yeux étonnamment similaires aux siens. Une étrange sensation de vertige s'empara de lui lorsqu'il reconnut les traits familiers de Lucas. Ce garçon, celui qu'il avait vu brièvement lors de sa rencontre avec Clara, semblait être... son fils.

Le cœur d'Adrian battait la chamade. Il scruta la photographie, remarquant que Lucas n'était qu'un bébé sur cette photo, et si l'on se fiait à son âge, cela signifiait que la date correspondait à la période où Clara avait disparu. L'élément manquant qu'il n'avait jamais pu comprendre. Et maintenant, ce garçon, cet enfant, portait son propre reflet. Tout s'éclairait, mais d'une manière qui ne faisait qu'ajouter plus de mystère.

Il se leva d'un coup, une chaleur étrangère montant en lui. Ses doigts tremblaient légèrement. C'était elle, Clara. Elle l'avait caché pendant tout ce temps. Tout ce qu'il croyait savoir se trouvait désormais remis en question. Il n'avait pas voulu y croire, mais il ne pouvait plus ignorer l'évidence. Lucas était son fils.

Ce sentiment de trahison monta en lui comme une vague dévastatrice. Pourquoi Clara avait-elle agi ainsi ? Pourquoi lui cacher la vérité pendant toutes ces années ? Chaque geste de Clara, chaque mot prononcé prenait un sens nouveau, une signification qu'il n'avait pas anticipée. Il ne pouvait pas rester là, dans l'incertitude. Il devait la voir. Il devait l'affronter.