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La porte d'entrée sonna brusquement, brisant le silence oppressant de la pièce. Clara se redressa, son cœur s'accélérant. Elle savait qui c'était avant même de regarder par le judas. Sophia. Elle inspira profondément et se dirigea vers la porte. Quand elle l'ouvrit, Sophia se tenait là, dans une élégance glaciale, ses yeux perçant comme des épines.
-Clara, murmura Sophia en entrant sans attendre la permission, je savais que je te trouverais ici.
Clara n'eût pas le temps de répondre que Sophia avait déjà pris place sur le canapé, s'installant comme si elle y était chez elle. Clara ferma la porte derrière elle, se sentant envahie par cette présence toxique.
-Qu'est-ce que tu veux, Sophia ? demanda Clara, tentant de garder son calme malgré la tension qui serrait son thorax.
Sophia sourit, mais ce n'était pas un sourire amical. C'était un sourire cruel, presque satisfait.
-Oh, ce n'est pas ce que je veux, Clara, c'est ce que toi, tu veux, précisa-t-elle. Tu veux éviter la guerre, non ?
Clara plissa les yeux, se préparant à ce qui allait suivre. Sophia n'était pas venue ici pour une discussion amicale. Elle avait toujours une raison cachée, un pouvoir qu'elle comptait utiliser à son avantage.
-Tu menaces de me dénoncer à Adrian, n'est-ce pas ? répliqua Clara en serrant les poings.
Sophia haussait les épaules, l'air faussement indifférente.
-Je ne menace pas, je parle simplement de la vérité. Et la vérité, Clara, c'est que Lucas est son fils. Tu sais que je pourrais très bien révéler ce secret à Adrian. Il serait dévasté d'apprendre que tu lui as caché la vérité pendant tout ce temps. Tu penses vraiment qu'il te pardonnera ? demanda Sophia, sa voix se faisant plus perçante.
Le cœur de Clara se serra sous la pression. Elle savait que Sophia pouvait vraiment faire ça, et elle n'était pas prête à affronter la colère d'Adrian, ni à perdre la fragile paix qu'elle avait construite. Mais cette paix était déjà minée, et la menace de Sophia venait l'achever.
-Si tu révèles ce secret, tu détruis tout ce que j'ai construit. Tout, souffla Clara, son visage pâle de peur. Adrian... il me détestera, et il détestera Lucas.
Sophia se leva, marchant lentement vers Clara, comme une lionne prête à bondir.
-Exactement. C'est exactement ce que je veux. Je veux que tout s'effondre autour de toi. Parce que tu mérites de payer pour ce que tu as fait. Tu m'as volé Adrian, et maintenant, tu me voles la paix. Mais ne t'inquiète pas, Clara, je vais t'offrir une chance de sauver ce que tu as encore. Une chance de sauver Lucas et toi.
Clara fronça les sourcils, l'esprit battant à toute vitesse. Elle se redressa.
-Et quelle est cette chance ? demanda-t-elle, consciente qu'elle marchait sur un fil tendu.
Sophia la regarda, son regard malicieux brillant de satisfaction.
-Ce que je veux, c'est très simple : une promesse. Je veux que tu t'éloignes définitivement d'Adrian. Tu me laisses le champ libre pour le récupérer, et je te laisse garder ton secret. Mais si tu refuses... si tu penses pouvoir jouer à ce jeu, je ferai en sorte que tout ce que tu as construit s'effondre sous tes pieds. Et tu verras à quel point la vérité peut être destructrice, Clara.
Clara sentit un frisson glacé parcourir son échine. Sophia voulait la pousser à faire un choix impossible : abandonner Adrian pour sauver son fils. Mais Clara avait trop de fierté pour se soumettre à de telles menaces. Elle avait toujours agi seule, pour Lucas, pour elle-même, et elle n'allait pas laisser Sophia manipuler sa vie une fois de plus.
Elle s'approcha de Sophia, son regard plein de défi.
-Tu penses vraiment que je vais te laisser faire ça, Sophia ? Tu as perdu la tête. Je ne partirai pas. Je vais me battre pour Adrian et pour Lucas, tout comme je me suis battue pour tout le reste. Tu ne me détruiras pas. Et je ne m'éloignerai pas d'Adrian.
Sophia rit doucement, mais son rire n'était pas celui de la victoire. C'était un rire froid, presque dénué de toute chaleur.
-Tu es si naïve, Clara. Très bien, tu as choisi ton camp. Mais sache que je ne laisserai pas Adrian t'ignorer éternellement. La vérité éclatera tôt ou tard, et ce jour-là, tu regretteras de ne pas avoir écouté mes conseils.
Sophia se tourna vers la porte, mais avant de partir, elle s'arrêta et se tourna à nouveau vers Clara.
-Ah, et une dernière chose : si tu penses qu'Adrian t'aime vraiment, tu te trompes. Il m'aime toujours, Clara, et il le saura bientôt. Crois-moi.
Clara resta immobile, son cœur battant la chamade. Sophia avait semé la graine du doute en elle, mais elle refusait de la laisser prendre racine. Elle regarda Sophia partir, les bras croisés, la tête pleine de tourments. Mais avant de pouvoir réfléchir plus longtemps, elle entendit un bruit à la porte d'entrée. Des pas, lourds et rapides. Une porte qui s'ouvrait brutalement.
Adrian.
Il était là, et Clara savait que la confrontation ne serait plus évitable. Il avait entendu. Il savait.
Clara tourna la tête, se retrouvant face à lui. Adrian se tenait dans l'encadrement de la porte, son regard dur, ses poings serrés. Il avait tout vu. Tout entendu.
-Clara, expliqua-moi, dit-il d'une voix glaciale.
La pluie battait contre les fenêtres du restaurant chic où Clara avait accepté de retrouver Adrian. C'était un endroit raffiné, presque trop élégant pour un tête-à-tête chargé de secrets et de non-dits. L'éclairage tamisé des chandelles dansait sur les murs, créant des ombres qui semblaient se mouvoir en fonction de l'ambiance entre les deux anciens amants. Les serveurs se déplaçaient silencieusement autour d'eux, mais Clara n'y prêtait guère attention. Son regard, sombre et distant, restait fixé sur Adrian.
Elle n'aurait jamais cru se retrouver là, assise en face de lui, dans ce cadre parfait. Adrian. L'homme qu'elle avait aimé plus que tout, l'homme qu'elle avait fui, et surtout, l'homme qui risquait de détruire la vie qu'elle avait construite, si la vérité venait à éclater. Mais elle savait aussi qu'elle n'avait pas d'autre choix. Ses pensées se mélangeaient dans sa tête, une mer calme à l'apparence fragile, mais sur laquelle les vagues menaçaient de déborder à tout instant.
Adrian la regardait intensément. Ses yeux, d'habitude si froids et contrôlés, étaient emplis de ce mélange habituel de désir et de douleur. Depuis qu'elle était revenue en ville, il n'avait cessé de la chercher, de la confronter. Mais ce soir, il semblait plus calme. Peut-être était-ce l'atmosphère, peut-être la tension palpable entre eux. Ou peut-être était-ce la reconnaissance du fait qu'il savait, en fin de compte, qu'il ne pouvait pas fuir cette vérité.
-Clara, souffla-t-il en rompre le silence. Je suis heureux que tu sois venue.
Elle haussait un sourcil, incertaine de ce qu'elle ressentait face à cette déclaration.
-Pourquoi m'as-tu demandé de venir ? demanda-t-elle, une pointe de défi dans sa voix. Est-ce que tu es prêt à me dire ce que tu sais ? Ou est-ce juste un autre jeu pour toi ?
Adrian se pencha en avant, son regard s'assombrissant légèrement.
-Ce n'est pas un jeu, Clara. C'est la vérité. J'ai toujours su, au fond de moi, que quelque chose clochait, mais je n'ai jamais voulu l'admettre. Pas avant maintenant. Pas avant que je ne sois face à toi.