Capítulo 5 ~Chapitre 4~

~Froy~

Je regarde Hortense monter dans sa chambre avec une assiette à la main. Puis je reporte mon regard sur Holmes. Il sourit comme si la situation l'amusait.

- Elle a du caractère votre fille, lui dis-je en riant.

- En vérité, cela m'étonne d'elle. Elle n'est pas comme ça habituellement, me dit-t'il songeur.

- Comment ça ? Comment est-t'elle d'habitude ? Demandais-je curieux, toujours avec le sourire aux lèvres.

Il réfléchit quelques secondes.

- Elle est plutôt du genre...calme, à ne pas se faire remarquer. C'est que tu dois lui plaire, dit-t'il.

Moi ? Lui plaire ? C'est vraiment drôle à entendre. C'est d'ailleurs pour cela que je me plis de rire sur le canapé.

- Quoi ? Pourquoi tu rigoles ? Me demande Holmes.

- Ben, c'est juste que votre fille est vraiment très jolie, mais je ne pense pas lui plaire du tout.

- Et alors ? Tu es déçu ? Me dit Holmes avec un sourire malicieux.

- Oh non! Au contraire. Ce n'est pas vraiment mon genre de fille. Et puis c'est encore une gamine, dis-je simplement.

Il a l'air déçu. Mais enfin pourquoi ? Il veut vraiment que je sorte avec sa fille ? Mais quel parent sensé voudrait que je sorte avec son enfant ? Il est complètement dingue... ! Mais ça me fais rire. Il me fais rire.

Je m'apprêtais à me lever quand il posa sa main sur mon bras. Je le fixe d'un air incrédule avant de retirer mon bras d'un mouvement rapide et sec. Il me regarde étonné de ma réaction. C'est juste que je n'aime pas le contact humain.

- Je voulais te remercier Froy, me dit-t'il.

Mais me remercier de quoi ? De ne pas vouloir sortir avec sa fille ?

- Te remercier pour avoir réussi à convaincre ma fille de rester à la maison, continu-t'il.

- Ah euh... Bah y'a pas de quoi, dis-je gêné.

Je me lève et décide d'aller prendre une douche. Je monte les escaliers et m'arrête devant la chambre d'Hortense qui est juste à côté de la mienne. J'observe sa porte pendant quelques minutes sans vraiment savoir pourquoi. Puis je me ressaisis et me dirige vers ma chambre. J'attrape un jogging puis sort pour aller dans la salle de bain. Je me déshabille et va sous la douche. Je sens l'eau brûlante glisser sur ma peau. En prison, il n'y avait que de l'eau froide. Même l'hiver. Autant vous dire qu'on crevait de froid là-bas.

Je pense à tout un tas de trucs. Mes pensées se bousculent dans ma tête. J'essaie de m'imaginer ce que c'est d'avoir une vie normal. D'aller en cours, d'avoir un travail, d'avoir une famille... En faite j'essaie de m'imaginer tout ce que je n'ai pas eu et tout ce que je n'aurai peut-être jamais. Je me demande ce que va être ma vie à présent. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire pour m'occuper la journée ? Est-ce que j'aurai le droit de sortir ? De me promener dans les rues sans que les gens ne me jugent ? D'aller au restaurant ? D'aller dans des parcs d'attractions ? D'aller à la piscine ou aller voir un match de foot ? Plus je réfléchis, plus je me dis que je ne veux plus de ma vie d'avant. Je veux avoir une meilleure vie et faire toutes ces choses dont je n'ai jamais eu le droit avant. Peut-être même que je pourrai aller à la fac ou même passer mon bac.

Soudain, quelqu'un toque à la porte. J'étais tellement perdu dans mes pensées que je n'ai pas vu le temps passer. Depuis combien de temps je suis là dedans ? A en juger par l'état de mes doigts, cela doit bien faire une heure. La peau de mes doigts est toute fripée. Comme si j'avais des doigts de grand-père. Je coupe l'eau et sort.

- Froy ? Tu t'es noyé ? Me demande Holmes derrière la porte.

Je ris.

- Non, j'ai juste pas vu le temps passer, lui répondis-je.

Je me sèche et enfile mon jogging. Je sors et trouve Holmes adossé au mur à côté de la porte.

- Tout va bien ? Me demande-t'il.

Je hoche la tête et vais dans ma chambre. Je m'assois sur le lit. J'attend quelques minutes ne savant pas quoi faire. Et si je faisais un tour dehors ? Je me lève et m'habille. Je met un jean noir avec un t-shirt blanc. J'enfile une veste en jean noir et des converses de la même couleur. Puis je sors de la chambre et prenant mon téléphone posé sur mon lit. Je trouve Holmes toujours à la même place. Il n'a pas bougé.

- Est-ce que je peux sortir ? Lui demandais-je.

- Où est-ce que tu veux aller ? Me demande-t'il en se redressant.

- Je sais pas. Je veux juste faire un tour.

- Ok, tu veux que je t'accompagne ? Me demande-t'il.

Je fais non de la tête et descends les escaliers. Je trouve Mme Ryles dans le salon en train de lire un livre. Je l'ignore et sort. Je décide de ne pas prendre ma moto. J'ai envie de marcher un peu.

Cela fait une vingtaine de minutes que je marche dans les rues de la ville. J'arrive devant un petit parc. Il n'y a pas énormément de monde. Cela me conviens très bien. Je m'installe sur un petit banc en bois. En face de moi, il y a une aire de jeux pour les enfants. Il y a deux ou trois bambins qui y jouent. A vrai dire je ne fais pas vraiment attention. Je suis encore perdu dans mes pensées. Je secoue la tête pour essayer de les faire partir mais c'est peine perdu. Je décide donc de me concentrer sur les enfants qui s'amusent dans cette aire de jeux.

Je sens que quelqu'un m'observe et c'est très désagréable comme sentiment bien que je m'y sois habitué au fil du temps. Je cherche qui peut me regarder et je remarque que ce sont deux femmes, sans doutes les mères des enfants qui jouent en face de moi. Elles me fixent avec beaucoup d'insistance et chuchotent entre elles. Ce qu'elles peuvent se dire n'est pas bien compliqué à deviner. Elles parlent de moi, c'est une évidence. Puis elles se lèvent et appellent leurs enfants. Elles quittent le parc en vitesse et en me jetant des coups d'œils pour vérifier que je ne les suivent pas. Je soupire et me lève. Les gens réagissent toujours comme ça en me voyant. Mais maintenant je n'y prête plus vraiment attention. C'est devenu comme une habitude pour moi.

Je me dirige vers le petit lac qui est à quelques pas de là. Je m'assois, le dos contre un arbre. Je regarde l'eau qui fait de petites vaguelettes avec le vent. Je repense à Hortense sans vraiment savoir pourquoi. Cette fille m'intrigue beaucoup. Je repense aux règles qu'elle a instauré. La dernière me fait rire mais je me pose beaucoup de questions. Pourquoi refuse-t'elle qu'il se passe quelque chose entre elle et moi ? Toutes les filles en rêverai ! Mais pas elle. En vérité, elle avait tort d'avoir voulu que je respecte cette règle. Vous vous doutez bien que je ne vais pas faire ce qu'elle veut que je fasse. Ce serai bien trop ennuyant de lui obéir et ce n'est pas dans mes habitudes. Certes, j'avais signé ce « contrat » mais pour moi ce n'était qu'un bout de papier sans valeur. J'ai envie de m'amuser un peu avec elle. Cela ne veut pas dire que je vais la mettre dans mon lit. Non, ce ne sont pas mes intentions. Pour tout vous dire, je n'ai jamais eu de relation sexuelle avec une fille. Voilà encore une chose dont je n'ai pas eu le droit. Mais cela ne m'a jamais dérangé. Comme je vous l'ai déjà dis, je n'aime pas le contact humain. Je trouve ça... écœurant.

- Salut !

Je sursaute. Je ne m'attendais pas à ce que quelqu'un vienne me parler.

- Pardon, je t'ai fais peur ? Me demande cet inconnu.

Je relève la tête pour voir de qui il s'agissait. C'est une jeune fille blonde avec de jolies yeux bleu. Elle doit avoir 16 à 17 ans, pas plus.

- Non, lui dis-je d'un ton sec.

Je n'ai pas envie de parler à des inconnues. Je tourne mon regard vers le lac. Mais elle reste debout à côté de moi. Qu'est-ce qu'elle me veut ?

- Je peux m'asseoir ? Me demande-t'elle.

Pardon ? Est-t'elle suicidaire ? Pourquoi elle n'a pas peur de moi? Peut-être qu'elle ne m'a pas reconnu. De toute façon ce n'est pas prudent de parler à des inconnus. Elle devrait faire attention.

- Non.

Elle me regarde étonné de ma réponse. Je comprend pas vraiment pourquoi. Elle devait s'y attendre non ? Mais apparemment, quoique je dise, elle s'en moque. Elle s'assoit à côté de moi et tend ses jambes devant elle. Elle place ses mains sur le sol, derrière son dos et s'appuie dessus, le dos bien droit. Elle tourne la tête vers le lac et ne dit plus rien.

- Qu'est-ce que tu me veux ? Lui demandais-je en soupirant.

Elle tourne de nouveau le tête vers moi et la penche sur le côté. Elle semble étonné que je lui ai adressé la parole. Puis elle sourit fièrement.

- Je veux me faire de nouveaux amis ! Me dit-t'elle toute joyeuse.

- Je ne suis pas le genre d'amis que tu voudrais avoir, lui dis-je.

- Dis-moi Froy, pourquoi tu penses ça ?

Alors, elle sait qui je suis. Et pourtant cela ne la dérange pas. Mais dans qu'elle ville de dingue je suis tombé ? Je commence à me dire que les seules personnes à peu près normales que j'ai croisé aujourd'hui sont ces deux mamans. Je tourne la tête vers elle ne comprenant pas vraiment le sens de sa question. Même si la réponse est évidente, je sais que sa question cache un sous-entendu, mais je n'arrive pas à deviner lequel.

- Je m'appelle Hollande Velly ! Et toi tu es Froy McCarter! Continue-t'elle sur un ton enthousiaste.

- Pourquoi tu veux qu'on soit amis ? Lui demandais-je.

Elle semble réfléchir quelques instants. D'après moi, elle ne connaît pas la réponse à ma question.

- Parce-que... Tu m'as l'air d'être un gentil garçon ! S'exclame-t'elle.

Je ris. Elle doit bien être la seule à penser ça. Mais pourquoi pas. C'est vrai que je n'ai pas beaucoup d'amis qui ont un casier judiciaire vide. Bon, d'accord, j'en ai aucun.

- Bon, pourquoi pas, lui dis-je en essayant d'adopter le ton le plus amical possible.

- Super !

Elle semble si joyeuse que ça me fais sourire aussi. Je regarde son jolie petit visage et me rend compte que je ne sais pas comment faire pour que l'on deviennent amis. Je n'ai jamais réussi à être « gentil » avec quelqu'un. Et je n'ai jamais réussi à me faire de vrai amis.

- Je te préviens, c'est tout nouveau pour moi. Je veux dire, j'ai jamais vraiment eu de vrai amis, lui dis-je.

- C'est pas grave ! Je vais t'apprendre, tu verras que ça te plaira et après tu voudras avoir pleins d'amis ! Me dit-t'elle joyeusement.

Je ne pense pas, mais si ça lui fait plaisir de penser cela, qu'elle le pense.

- Tout d'abord, il faut que l'on fasse un peu connaissance !

Je souris fasse à son enthousiasme.

- Je commence ! Je m'appelle Hollande Velly, j'ai 16 ans et bientôt 17. J'étudie au lycée d'Anton Hills. Et je suis en deuxième année. Je n'aime pas les maths, l'anglais, la svt, la physique-chimie, l'espagnol, le français... En faite je n'aime pas les cours. D'ailleurs, je devrais être en cours à l'heure qu'il est mais j'ai pas envie d'y aller, me dis-t'elle.

Anton Hills, c'est le lycée d'Hortense. Peut-être qu'elle la connaît. Mais je décide de ne pas lui en parler. Si ça se trouve, elle sont amies et Hollande va lui dire que nous nous sommes parler et peut-être lui dire que nous sommes devenus amis. Et j'ai vraiment envie de rester en vie. Hortense serai capable de me décapiter si elle apprenait ça.

- A toi ! Me dit Hollande.

- Hum... Alors... Je sais pas vraiment quoi dire, dis-je gêné.

- Tu n'as qu'à te présenter comme je l'ai fais, me propose-t'elle.

- Ok, je m'appelle Froy McCarter, j'ai 19 ans. J'ai fais 1 an de prison en isolement. Et j'ai été libérer et mis sous surveillance principalement à cause de la surpopulation dans les prisons mais je suis sûr à cent pour cent qu'il y a une autre raison. Je ne suis jamais aller à l'école, lui dis-je d'un ton neutre.

Elle me regarde pendant plusieurs minutes sans rien dire. Mal à l'aise je tourne ma tête pour regarder le lac. Il y a moins de vent que tout à l'heure, et donc la surface de l'eau est lisse.

- Tu ne sais pas lire ni écrire ? Me demande Hollande étonné.

Je ris. Est-ce qu'elle me prend pour un débile ? Est-ce qu'elle pense que j'ai le QI d'une mouche ? Peut-être, et franchement c'est à mourir de rire.

- Mais non, bien sûr que je sais lire et écrire. C'est ma cousine qui m'a appris, puisqu'elle allait à l'école, lui dis-je en rigolant.

Elle se met à rire aussi. Je pense qu'elle doit se sentir bête.

- Désolée, dit-t'elle.

- C'est rien.

- Dis-moi Froy, je me suis toujours demander si tous ce qu'ils disaient aux infos sur toi étaient vrai, c'est le cas ? Me demande-t'elle.

Les gens racontent des absurdités sur moi, la plupart du temps. Par exemple, les médias ont répandu la rumeur que j'avais violé plusieurs jeunes filles, or c'est totalement faux puisque comme je vous l'ai dis, je n'ai jamais eu de relations sexuelles. Mais ça, ils ne le savent pas.

- Eh bien... Ils disent beaucoup de bêtises sur moi. Je n'ai jamais violé qui que ce soit. Je n'ai jamais torturé qui que ce soit. Mais oui, j'ai déjà tué beaucoup de gens mais pas autant qu'ils en disent. Et oui j'ai aussi fais du trafic de drogue. Et à la mort de mon « père » je suis devenu le chef de son gang. Je pense que c'est pour cela que les gens me mettent sur le dos toutes ces horreurs et qu'ils allongent la liste de mes crimes. Mais si tu veux un conseil, n'écoute pas tous ce qu'ils disent sur moi. Surtout que la plupart du temps ce ne sont que des conneries, lui expliquais-je en essayant de rester calme, car cela m'énerve quand les gens croient tout ce qu'on leur dit sans se poser de questions.

Elle hoche la tête. Elle semble très intéressée par ce que je lui raconte. Je vous avoue que ça me fais plaisir de parler à quelqu'un qui s'intéresse un minimum à moi. Au moment où elle s'apprêtait à me répondre, mon téléphone sonne. Je le sors de la poche de ma veste et regarde le message que je viens de recevoir.

Holmes : Tu pourrais rentrer s'il te plaît ? Je peux venir te chercher si tu veux, où est-ce que tu es ?

Je regarde l'heure qu'il est. Il est 15h06. Cela fait une bonne heure que je suis dehors.

Moi : Non c'est bon je vais rentrer.

Je me tourne vers Hollande qui me regarde intriguée.

- Je suis désolé je vais devoir rentrer, lui dis-je.

- C'est rien, tu peux me passer ton téléphone ? Me demande-t'elle.

Je le lui tend. Elle le prend et commence à taper quelque chose dessus. Quand je le récupère, je remarque qu'elle m'a donné son numéro. Je ne peux m'empêcher de sourire. C'est la première fois qu'une fille me donne son numéro.

- Tu n'aura qu'à m'envoyer un message et si tu veux on pourra se revoir, je te montrerai pleins de trucs sur notre ville ! Me dit-t'elle joyeusement.

Je hoche la tête et quitte le parc. Je suis heureux à ce moment là. Et bon sang ce que ça fait du bien ! Cette fille est si gentille ! Et elle ne semble pas être effrayée à l'idée de me parler.

            
            

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