~Froy~
*Deux semaines plus tard*
Il est 10h00 quand je me réveille. Je me lève, prends un jean noir ainsi qu'un t-shirt de la même couleur. Mes vans et une veste militaire. Je me dirige vers la salle de bain pour prendre une douche. On est samedi et avec Hollande on a décidé, enfin elle a décidé, d'aller m'acheter quelques vêtements. Puisque depuis ma sortie de prison, je n'ai pas vraiment eu le temps de me racheter des affaires. Sachant que là-bas, je m'habillais toujours pareil vu que je ne sortais jamais.
Je descends dans le salon, il n'y a personne. Ils sont tous à l'hôpital. Hortense ne s'est toujours pas réveillé et les médecins s'inquiètent. D'après ce que m'a dit Holmes, ce serait dû au choc psychologique, son cerveau se serait mis en mode off par peur de revivre ce qui s'est passé. Elle a dû être vraiment traumatisée, mais ce n'est pas mon problème. J'ai autre chose à faire que d'aller à l'hôpital tous les jours pour la voir allongée dans un lit et ne rien faire. Et puis c'est pas comme si on m'avais autorisée à la voir. Célia, la mère d'Hortense m'a interdit d'y aller, et c'est pas plus mal comme ça. Je n'aime pas l'hôpital, ça pue l'antiseptique.
D'ailleurs, Kira n'a toujours pas raconté ce qui est réellement arrivé à Hortense, elle va voir un psy depuis une semaine maintenant. Quant à Hollande, elle passe beaucoup de temps avec moi et ne va plus du tout en cours. D'après elle, c'est son moyen de penser à autre chose. Cela ne me dérange pas plus que ça. Bizarrement, j'aime passer du temps avec elle, c'est quelqu'un de très gentil.
Dans la cuisine, j'attrape un bol et y verse des céréales. Comme je n'aime pas le lait, je met un yaourt à la place et j'y rajoute des carrés de chocolats. J'ai vu ça sur internet et ça avait l'air bon. Je m'installe devant la télé et cherche une émission à regarder. Il n'y a rien de passionnant. Alors, je met du télé-achat et regarde tous ces objets inutiles qu'ils essayent de vendre. Je trouve ça drôle. Certains objets sont ridicules et d'autres ingénieux. Et est-ce qu'il y a vraiment des gens qui achètent ça ?
- Salut c'est moi ! Cris-une voix que je reconnais immédiatement.
Je me tourne vers la porte d'entrée et vois Hollande, les mains sur les hanches me regardant avec son air de « qu'est-ce que tu fou encore sur ce canapé à regarder des émissions franchement pas intéressantes ?! »
Je ris.
- Pourquoi tu ris ? Me demande-t'elle interloquée.
- C'est ta tête qui me fais rire, lui dis-je.
Elle secoue la tête désespérée et vient me déposer un petit bisous sur le front. Elle sait que je n'aime pas ça, c'est d'ailleurs pour ça qu'elle le fait. J'essuie mon front avec le dos de ma main et elle se met à rire.
- Bon allez, bouge toi on a du shopping à faire ! Dit-elle d'un ton joyeux.
- Mais j'ai pas fini de manger... !
Elle m'arrache le bol des mains et le pose sur la table basse.
- Tant pis, je t'achèterai un truc à manger au centre commercial si tu veux.
Je me lève et la suis à l'extérieur. Je monte sur ma moto et elle fait de même. Elle attache son casque et enroule ses bras autour de ma taille. Je démarre en direction du centre commercial. Environ un quart d'heure plus tard, je me gare sur le parking. Une fois à l'intérieur du bâtiment, Hollande se dirige vers la petite boulangerie qui se trouve à l'entrée et achète un croissant. Elle me le tend et me dit :
- Tiens manges.
- Merci, dis-je en croquant dans la pâtisserie.
- Allez viens, j'ai pleins de boutiques à te montrer! Dit-elle enthousiaste.
Je la suis sans rien dire. Elle m'emmène dans tout un tas de boutiques de vêtements et de chaussures différentes. Elle a l'air vraiment décidé à me refaire toute ma garde de robe. Elle me choisit plusieurs vêtements dans chaque boutique et m'en fait essayer quelque uns. Elle a de bons goûts puisque tout ce qu'on achète me plaît. Elle semble connaître parfaitement bien mes goûts vestimentaires. Il y a quelques jours, j'ai eu accès à mon compte bancaire qu'ils ont bloqué pendant que j'étais en prison. Il y a un bon paquet d'argent sur ce compte. La majorité est à mon père, après sa mort j'ai hérité de tout son argent. Même si mes achats sont surveillés, je n'ai pas de restrictions. C'est sans doute pour cela qu'Hollande achète tout un tas de trucs.
Il est midi et demi quand on se dirige vers un petit bar à sushis pour aller manger. Nous avons une dizaine de sacs contenant des pantalons, des t-shirts, des sweets, des chemises, des chaussures et pleins d'autres trucs sans intérêt. Hollande a absolument tenu à se qu'on achète des chemises, or je n'en vois pas vraiment l'utilité. C'est vraiment le genre de vêtement que je ne met absolument jamais.
Nous sommes assis à une petite table et le serveur vient de nous servir nos plats. Hollande fait une tête bizarre.
- Qu'est-ce que tu as ? Je lui demande.
- Rien, soupire-t'elle.
Elle semble triste. Est-ce qu'elle pense à Hortense ?
- Je suis sûr qu'elle va bien, tentais-je de la rassurer.
- Ça fait deux semaines et elle ne s'est toujours pas réveillé...
- Il lui faut un peu de temps, c'est normal, lui dis-je doucement.
- Désolée, mais moi je ne trouve pas ça normal !
Elle n'a pas tort. Mais les médecins ont dit que c'était à cause du choc qu'elle a reçu à la tête et du choc psychologique. Ce qu'elle a dû vivre à dû être vraiment traumatisant.
- Excuse-moi, dis-je.
- C'est pas de ta faute, dit-elle.
- Tu diras ça à la mère d'Hortense, elle me déteste.
Depuis deux semaines, Célia me mène la vie dure. La plupart du temps j'ignore ses insultes et ses remarques. Mais parfois c'est compliqué. Comme pour les repas du soir, d'ailleurs je n'y viens plus, l'ambiance est tendu et pesante. Je reste dans ma chambre toute la journée, je sors avec Hollande ou alors on reste tous les deux dans ma chambre et on attend que le temps passe.
- Elle ne te déteste pas, me répond Hollande. Elle cherche juste un coupable.
- Sauf que ce n'est pas moi le coupable...
- Je sais, dit-elle d'un ton las. Est-ce que tu as pu aller la voir ?
- Qui ? Hortense ? Demandais-je interloqué.
Pourquoi est-ce que j'irai la voir ? On est pas amis et je ne la connais pas vraiment. Et franchement, qu'est-ce que j'irai faire dans un hôpital ?
- Oui, me répond Hollande.
- Non, j'ai interdiction d'aller là-bas.
Elle semble réfléchir pendant quelques minutes. A quoi pense-t'elle ? Mais vu sa tête, elle doit réfléchir à un plan pour que je puisse voir Hortense.
- J'ai un plan pour que tu puisses aller voir Hortense, me dit-elle d'un ton déterminé.
J'en étais sûr... !
- Qui t'as dit que je voulais aller la voir ? Je lui demande.
- Roh... Fais pas ton rabats joie, je sais que tu meure d'envie d'aller la voir.
Non pas vraiment. Mais si ça lui fait plaisir de penser ça alors tant mieux pour elle. Parfois, j'ai l'impression qu'elle vit dans un autre monde. Un monde où tout est beau et rose. Le monde des bisounours quoi. Et peut-être que dans sa tête, je ne suis pas un meurtrier. Mais c'est pas le cas. J'en suis un et rien ne pourra changer ça. Parfois, j'ai envie de changer et puis quand je me rend compte que ça reviendrait à me changer complètement, je me dis que je suis bien comme je suis.
J'ai réfléchis à un plan pour partir d'ici. C'est simple. Je fais croire à Holmes que j'ai changé, que je suis devenu une personne normale. Et alors, à ce moment-là, il me libère. Et moi, je rentre à la Villa. Je sais pas combien de temps ça va me prendre mais c'est la meilleure solution pour sortir de là. Holmes me fait confiance et me redonne une deuxième chance. Mais ça sert à rien une deuxième chance quand toute ta vie est déjà foutu.
Hollande me regarde en attendant ma réponse.
- J'aimerai éviter de me faire assassiner par sa mère, dis-je.
- Mais non t'inquiète, je gère. T'as qu'à aller lui acheter un cadeau, me propose-t'elle.
- A qui ? Célia ou Hortense ? Ris-je.
- Hortense abruti ! Me dit-t'elle en me donnant une petite tape sur le front. D'ailleurs tu n'aura qu'à aller la voir demain, ça te vas ?
Je hoche la tête, désespérer et me lève. Je sais qu'elle n'abandonnera pas. Et puis j'aurai juste à déposer le « cadeau » que je vais lui acheter et le tour est joué. Je me balade pendant plusieurs minutes à la recherche d'un cadeau que je pourrais faire à Hortense. Hollande m'a envoyé un message en me disant qu'elle rentrait chez elle et qu'elle déposerait les vêtements que l'on vient d'acheter chez Holmes.
Je fais plusieurs boutiques avant d'en trouver une qui pourrait correspondre aux cadeaux que l'on offre aux gens qui sont à l'hôpital. Je me balade dans les rayons et regarde les différents objets qu'ils vendent. J'arrive dans un rayon où les étalages sont remplis de peluches toutes différentes les unes des autres. Elles ont toutes des couleurs différentes et des tailles différentes. Il y en a avec un message comme « Je t'aime » ou « Merci ». Comme je ne connais pas les goûts d'Hortense, je décide de prendre la peluche la plus moche de l'étalage. Me demander pas pourquoi. Après quelques minutes de recherche, je trouve une peluche affreuse. Je me demande même comment ils peuvent vendre cette horreur. Elle est plutôt petite et elle tient dans ma main. C'est un lapin noir avec une crête de cheveux multicolore. Elle coûte 5 euros. Je trouve ça super cher pour ce que c'est. Enfin bon, c'est pour la bonne cause. Faire plaisir à Hollande.
Je vais à la caisse pour payer cette horrible peluche. La vendeuse me regarde bizarrement mais je l'ignore.
- C'est un cadeau, dis-je. Est-ce que vous pouvez me l'emballer ?
Elle hoche la tête et me fais un joli petit paquet cadeau.
**
Je suis dans ma chambre et je range les vêtements qu'on a acheter ce matin avec Hollande. Il est 16h00. Une fois le dernier t-shirt rangé, je m'allonge sur mon lit et ferme les yeux quelques instants. Quelqu'un toque à ma porte.
- Oui ? Dis-je.
Holmes entre dans ma chambre et s'assoit sur mon lit. Il me regarde, l'air soulagé.
- Hortense s'est réveillé il y a quelques heures, me dit-t'il.
Tant mieux. Mais à sa tête, je vois qu'il y a un problème.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Je lui demande.
- Elle refuse de parler. Elle ne veux pas nous dire ce qu'il s'est passé ce jour-là.
- C'est normal, ça dû être traumatisant pour elle. C'est pour ça qu'elle ne veut pas en parler, expliquais-je.
- Tu ne comprends pas. Elle ne parle pas du tout. Rien, pas un mot !
Je ne réponds rien. Qu'est-ce que je pourrais lui répondre ? Alors je fais comme si cela m'étais égal. Car c'est le cas.
- Tu t'en fou pas vrai ? Je sais même pas pourquoi je suis venu te dire ça, dit-il en sortant de la chambre.
Je soupire et sors mon téléphone de ma poche pour envoyer un message à Hollande.
« Salut, Holmes m'a dit qu'Hortense s'est réveillé. Elle va bien ? Tu as pu aller la voir ? »
Non, c'est pas parce que j'envoie un message à Hollande par rapport à Hortense que je m'inquiète pour elle. Je tourne la tête vers le paquet cadeau posé sur ma table de chevet. Ce n'est peut-être pas une si bonne idée que ça d'aller la voir finalement. Si elle ne veut pas parler à ses parents, elle ne me parlera sûrement pas à moi. Et comme elle ne m'aime vraiment pas, elle ne voudra sûrement pas me voir. La dernière fois que je lui ai parlé c'était pour instaurer ces stupides règles. Mon téléphone vibre et je regarde le message d'Hollande.
« Oui, je viens juste d'aller lui rendre visite. Elle ne parle pas. Les médecins disent que c'est dû au choc psychologique. Mais rassure toi, j'ai tout organisé pour que tu puisses aller la voir ! »
Je soupire encore une fois et éteins mon téléphone. Je me lève et descends les escaliers pour aller chercher quelque chose à manger. Célia est dans le salon. Elle regarde une émission télé. Holmes a dû partir à l'hôpital avec Lincoln. Je vais dans la cuisine et ouvre le frigo. Il n'y plus rien à manger. Génial... J'ouvre un des placards et sors un paquet de biscuits pour l'emporter dans ma chambre.
- Tu pourras faire les courses? Me demande Célia.
Non mais elle m'a pris pour sa bonniche ou quoi ? Je l'ignore du mieux que je peux. Mais elle se met devant moi et me lance un regard noir.
- Je te parle !
Je la pousse et monte les escaliers. Elle en mérite vraiment pas que je m'énerve. Et si par malheur cela arriverait, elle le regretterai sûrement. Je m'enferme dans ma chambre. Assis sur mon lit, je mange mes biscuits. Une fois le paquet vide, je m'allonge et m'endors rapidement.