~Hortense~
Je sors du lycée épuisée et en colère. J'en ai marre qu'on m'ignore et qu'on me traite comme une moins que rien. Je fais quelques pas avant que quelqu'un m'interpelle.
- Eh Hortense !
Je ne reconnais pas cette voix. Je ne dis rien et continue de marcher. Je préfère l'ignorer. C'est sûrement quelqu'un du lycée, vu qu'il sait comment je m'appelle. Ce la doit être une de ces personnes qui me maltraite sans arrêt. Mais je n'ai qu'une envie, celle de rentrer chez moi. Je sens que qu'il m'attrape le bras. Pitié non ! Je me retourne et lui donne un coup de point dans la mâchoire. C'est un vieux réflexe. A vrai dire je l'ai fais sans m'en rendre vraiment compte mais j'étais en colère et je n'avais aucune envie de parler à cet inconnu. Il ne me lâche toujours pas. J'essaie de voir son visage pour savoir à qui j'ai à faire. Sa tête est tournée sur le côté et je ne peux pas le voir. Sa main tient sa joue.
- Eh bah, il avait raison ton père. Tu sais te défendre. Ah... Tu m'as fais super mal franchement t'es pas cool, dit l'inconnu en tournant sa tête vers moi.
Il rit. Franchement je ne vois pas ce qu'il y a de drôle. Et comment est-ce qu'il connaît mon père ? Est-ce que c'est un de ses collègues de travail ? Et si c'était le cas, pourquoi est-ce qu'il voudrait me parler ? Je l'observe un peu plus pour savoir si je le connaît. C'est un homme plutôt grand avec beaucoup de tatouages. Je peux voir son visage mais je me rend compte qu'il ne m'est pas familier.
- Laissez-moi tranquille ! Je ne vous connais pas... !
J'avais peur. Peur de ce qu'il pouvait me faire. Bizarrement, il n'y avait personne devant le lycée ce midi. Il y avait toujours quelqu'un d'habitude. De toute façon même s'il y aurait eu ne serait-ce qu'une personne, elle ne serait pas venu m'aider. Tous le monde me déteste ici.
Il me regarde dans les yeux. Ces yeux verts... Je les ai déjà vu. C'est bon je sais qui c'est. Il passe à la télé tous les jours. Les médias ne cesse de parler de lui. Surtout depuis qu'ils ont appris qu'il allait être libéré et mis sous surveillance. Froy McCarter. Mais qu'est-ce qu'il fait là ?! Pourquoi mon père ne m'a pas prévenu qu'il était arrivé ?! Moi qui voulais l'éviter, pour l'instant c'est raté...
- C'est bon ? Tu me reconnais ? Dit-il en rigolant.
- Qu'est-ce que tu fait là ? Demandais-je sèchement.
- Ton père m'a demander de venir te chercher. Il va commencer à faire froid, allez viens, dit-il en m'entraînant vers sa moto.
- On est en été et on est en début d'après midi, dis-je en essayant de rester immobile.
- Et....Bah oui. Mais bon, c'est pas bien grave. Tu viens ? Me demande-t'il comme si tout était normal.
- J'ai pas besoin de toi pour rentrer chez moi, dis-je fermement.
Je ne monterai jamais sur sa moto. Qui sait ce qu'il peut me faire et où il peut m'emmener. Je ne lui fais pas confiance. Comme la plupart des gens me direz vous. Sauf que la plupart des gens ont peur de lui et moi non. Je ne saurais vous dire pourquoi.
- Bah si. Ton père m'a demandé de te ramener donc tu va poser tes jolies petites fesses sur cette moto, dit-il en m'attrapant le bras pour me tirer vers sa moto.
Non mais pour qui il se prend celui-là ?!
- Non et lâche moi tu me fais mal, dis-je en essayant de me détacher de lui.
- Pardon, dit-il en me lâchant le bras.
Ce qu'il est con quand même. Je me met à courir aussi vite que possible. Mais il se met à courir lui aussi. Il me rattrape en un rien de temps, il m'attrape et me met en sac à patate sur son épaule. Il me pose sur sa moto et me tient fermement les bras.
- Ne me prend pas pour un con s'il te plaît, dit-il en faisant semblant d'être triste.
- Et toi ne crois pas m'avoir vaincu aussi facilement, dis-je avant de lui donner un coup de genoux dans son ventre de toutes mes forces.
Cette fois si, il me lâche et recule en jurant. Je me met à courir le plus vite possible.
***
J'arrive devant chez moi essoufflée. J'entre dans la maison. Mon père est assis devant la télé.
- Salut papa ! Dis-je en essayant de paraître normal alors que je sens toute l'adrénaline retombé ce qui me donne un mal de tête monumental.
- Salut ma chérie, dit-il en se levant.
Il s'approche de moi et regarde la porte. Qu'est-ce qu'il cherche ? Est-ce qu'il s'attend à voir ce criminel arriver derrière cette porte comme si de rien était, comme si tout était normal ?
- Où est Froy ? Me demande mon père.
- Tient, en parlant de ça. J'aimerai que tu me prévienne avant de demander à un criminel de venir me chercher, dis-je en montant dans ma chambre.
Mon père me suit et ferme la porte derrière moi. Il prend un air sévère. Ça sent pas bon ça... !
- Oui ? Dis-je d'un air innocent.
- Que s'est-il passé ? demande-t'il.
- Il s'est passé qu'il a essayé de me kidnappé !
- Où est Froy ?! Qu'est-ce qui lui ai arrivé ?! Il devait juste te ramener à la maison ! Dit-il en haussant le ton.
- J'en sais rien papa ! Et je n'ai pas besoin qu'on vienne me chercher ! Je peux rentrer toute seule j'ai plus cinq ans !
- Il voulait juste rendre service, dit-il d'un ton plus calme.
- Sérieux ? Un criminel qui veut rendre service ? Tu te moquerai pas de moi par hasard ?!
Non mais je rêve ! Ce criminel veut rendre service à quelqu'un ! Non mais dans quel monde on vit ?!
- Je suis chargé de sa surveillance Hortense donc dis moi où il se trouve !
Est-ce qu'il a oublié qu'il pouvait le localiser grâce à son bracelet électronique ?
- Mais papa ! Pourquoi tu envois un criminel venir me chercher après les cours?!
- Pour qu'il aide les gens ! Pour qu'il se rattrape, pour qu'il recommence à vivre !
- Il a tué des gens papa ! Et ça tu semble l'oublier !
Mon père est en train de perdre la tête ! Il fait sérieusement confiance à ce criminel ?!
- Je veux juste lui donner une seconde chance... Tu ne sais pas tout ce qu'il a vécu, dit-il d'un ton plus calme.
Non c'est vrai, mais à vrai dire je m'en moque un peu. Quoiqu'il a pu vivre, ce n'ai pas mon problème et mon père n'a pas le droit d'utiliser son passé comme excuse. Certes, il a peut-être vécu des choses difficiles, mais cela ne lui donne pas le droit de détruire autant de famille, autant de vie.
- Tu crois vraiment qu'il mérite une seconde chance ?! Mais t'as perdu la tête ou quoi ?!
- Tout le monde en mérite une, me dit mon père comme si c'était d'une logique implacable.
Peut-être mais sûrement pas lui. Pourquoi a-t'il fallu que ça tombe sur nous ? Il y a des milliers de familles sur Terre et il a fallu que ce soit nous qui devons jouer les nounous pour ce criminel !
- Non pas tous ! Pas les meurtriers ! Il n'a même pas de regrets ! Dis-je vraiment énervé.
- Tu ne le connais pas ! Tu ne sais rien de lui ! Me hurle mon père.
Il était vraiment énervé. Mais moi aussi. Il n'a pas l'air de comprendre ce que je ressens. Il ne se met pas à ma place. Je n'ai jamais voulu qu'un criminel vive chez moi !
- Et toi non plus! Ça fait quoi, deux heures qu'il est ici ? C'est hors de question que je vive avec un putain de tueur chez moi ! Hurlais-je moi aussi.
Je sors un sac de mon armoire et y met quelques vêtements au hasard. C'est décidé, je vais aller vivre chez Kira. Au début, quand elle me l'avais proposé, je n'en voyais pas l'utilité. Mais vu comment les choses se présentent mal, je me dis que finalement ce n'est pas une mauvaise idée.
- Qu'est-ce que tu fais ? Me demande mon père d'un air paniqué.
- Je survis, dis-je d'un ton ferme.
Et pour survivre je dois aller habiter chez Kira. Du moins jusqu'à ce que ce meurtrier parte de chez moi.
- Tu prend tout ça trop à cœur Hortense...
- Il a tué des gens ! Hurlais-je si fort que toute la Terre aurait pu m'entendre.
Mon père recula de quelques centimètres étonné que je puisse me mettre dans un état pareil qui pour lui n'ne valait pas la peine.
- Il est juste perdu ! C'est encore un gamin ! Met toi à sa place Hortense !
Me mettre à sa place ?! Mais il a tué tous ces gens ! Détruit toute ces familles ! Et je sens qu'il est en train de faire de même pour la notre... Mais est-ce qu'il le fait lui ? Est-ce qu'il se met à ma place ? Non, je ne crois pas. Alors pourquoi moi je devrai le faire ?
- Je peux pas ! Moi je n'aurai jamais tué tous ces gens... Dis-je au bord des larmes.
Je met mon sac sur mon dos. Je ne veux pas rester une minute de plus dans cette maison !
- Tu vas aller où ? demande-t'il.
- Je vais aller chez Kira. Elle au moins n'a pas de criminel qui habite chez elle. Et ses parents, eux comprennent ce que je ressens. Pas comme maman et toi, dis-je d'un ton que j'essayais être le plus blessant possible.
Je sors de ma chambre, descends les escaliers et sort. Devinez qui je trouve adosser à sa moto ? Notre cher criminel. Oui, je sais qu'il a un nom et un prénom mais rien que le faîtes de l'entendre me donne envie de vomir. Je passe devant lui en l'ignorant.
- Tu penses vraiment ça de moi ? Me demande-t'il.
- Quoi ?
- Je t'ai entendu. Toi et ton père.
- Je vois pas de quoi tu parles, dis-je en tentant de l'ignorer.
Il dirige son regarde vers la fenêtre de ma chambre. Je suis son regard et remarque qu'elle est ouverte. Depuis quand est-ce qu'il nous écoute ? Sûrement depuis le début.
- Mêle toi de ce qui te regarde, dis-je d'un ton ferme.
Je me retourne et m'apprête à continuer mon chemin.
- Pourquoi tu penses ça de moi? Demande-t'il.
Est-ce que ça l'intéresse vraiment ? Ou il me demande juste par curiosité ? Je sens la colère monter. Je n'ai aucune envie de lui parler mais pourtant je me sens obliger de me justifier.
- Tu me pose vraiment la question ?! Tu as tué des gens Froy ! Voilà pourquoi !
- Donc tu me fuis ? Pourquoi ? Tu as peur que je te tue ? Me demande-t'il d'un ton calme.
Il s'approche de moi. Je me retourne pour voir son visage. Il est trop prêt, beaucoup trop prêt. J'essaie de reculer mais j'y arrive pas. C'est comme si mon corps était paralysé. Il plonge ses yeux dans les miens et ma colère redescend d'un coup. Je me sens ridicule à côté de lui. Il fait au moins deux têtes de plus que moi. A côté de lui je suis minuscule. Ses yeux verts me regardent attentivement.
- Tu les trouvent comment ? Me demande-t'il.
- De quoi ? Demandais-je complètement hypnotisée par ses yeux.
- Mes yeux.
Pourquoi est-ce qu'il change de sujet ? Il se rapproche un peu plus de moi. Et à présent je peux sentir son souffle sur mon visage. Il est trop prêt. Et moi je n'arrive plus a bouger. C'est à peine si j'arrive à respirer. Je me trouve pathétique à être hypnotisée par ce criminel. Je ferme les yeux en me disant que je pourrais être protégée de l'effet qu'il me fais.
- Regarde les bien, et dis-moi ce que tu vois, chuchote-t'il de sorte à ce que je sois la seule à l'entendre.
- Je vois que tes yeux sont verts.
Il rigole et se recule un peu. Je soupire de soulagement et je reprend vite mes esprits.
- Où comptes-tu aller ? Me demande-t'il.
En quoi ça l'intéresse ?
- Ça ne te regarde pas, dis-je fermement en essayant de paraître tout à fait normal.
La vérité, c'est qu'il me perturbait. Sa façon de parler, de me regarder et d'agir étaient perturbant.
- Je pense pas que ton père veuille que tu partes juste à cause de moi.
- Je fais ce que je veux et qui te dis que c'est à cause de toi ? Tu n'es pas le centre du monde tu sais ?, dis-je d'un ton ferme.
- Tu as raison, mais je vous ai entendu parler. Est-ce que tu as peur que je te fasse du mal ? Que je te tue ?
- Non, lui dis-je.
Bizarrement c'était vrai. Mais ça ne veut pas dire que je me sens en sécurité avec lui. Au contraire. En faite, j'ai juste peur qu'il m'attire des ennuis. Je veux garder une vie simple sans trop de problèmes. Et puis qu'est-ce qui nous dit que ses ennemis ne vont pas venir pour se venger ? Ou même le contraire. Ne va-t'il pas essayer de se venger de ses ennemis pour l'avoir jeter en prison ?
- Pourquoi tu me mens ? Me demande-t'il toujours aussi calme.
- Je ne mens pas. Je n'ai pas peur de toi ! Dis-je en haussant la voix.
- Alors pourquoi tu veux partir ?
- Parce-que je ne veux pas vivre avec un tueur ! Hurlais-je.
C'était la vérité. Pourquoi ne voulait-t'il pas me croire ?
- Si tu veux on instaure des règles. Et c'est toi qui aura le droit de les choisir. Ça te vas ?
Mais à quoi est-ce qu'il joue ? Il veut instaurer des règles ? Pour quoi faire ? Il va les briser dès qu'il en aura l'occasion. Et puis il me semble que mon père en a déjà instaurer. Mais, en y réfléchissant bien, ce sera peut-être l'occasion de le faire chier et aussi de voir si je peux avoir confiance en lui.
- Ok, dis-je avec un sourire malicieux.
- Très bien, je t'écoute.
- Viens, dis-je en lui indiquant de me suivre dans le salon.
Nous rentrons à l'intérieur de la maison sous les yeux étonnés de mon père. Je pose mon sac sur le canapé et je me dirige vers la cuisine. J'attrape une feuille et un crayon puis revins dans le salon. Je m'assois sur le canapé et fais signe au criminel de faire de même. Il s'assoit et me regarde attentivement. Mon père quand à lui, s'assoit dans le fauteuil et nous observe intrigué.
- Première règle, tu as interdiction totale de rentrer dans ma chambre, dis-je et écrivant sur le papier.
Il hoche la tête et jette une coup d'œil à mon père. Je continue, toujours en écrivant sur le papier.
- Deuxième règle, tu ne doit plus m'emmener ni me ramener du lycée. Troisième règle, si j'invite mes amies à la maison, tu aura interdiction de leur parler, tu devras les ignorer.
Il me regarde écrire sur la feuille et ne prononce aucun mot.
- Quatrième règle, tu ne devras pas intervenir dans les discutions familiales ni te mêler des problèmes familiaux . Et enfin cinquième et dernière règle, tu aura interdiction d'essayer de me draguer ou de me mettre dans ton lit. C'est clair? Demandais-je en ayant fini d'écrire le dernier mot.
Il rit et hoche la tête. Je lui tend la feuille pour qu'il la signe, puis je la signe à mon tour. C'est un peu comme une sorte de contrat.
- J'ai juste une question par rapport à l'une des règles, me demande-t'il.
- Trop tard tu as signé, dis-je en me levant.
Il se lève à son tour.
- Mais pour la cinquième règle, si c'est toi qui essaie de me draguer ?
- La question ne se pose pas.
- Pourquoi ? Demande-t'il innocemment.
- Parce-que ça n'arrivera pas, dis-je fermement.
Il sourit et se rassoit. Je regarde l'heure sur mon téléphone. Mince, il est déjà 13h. Je me dirige vers la cuisine et attrape les restes du repas d'hier soir, puis monte dans ma chambre pour manger au calme.