Jerry me rattache aussitôt les mains et les pieds avec des liens de serrages en plastiques, puis il me bâillonne à nouveau, se relevant une fois sa tâche finie en s'essuyant les mains sur son pantalon. Incapable de me redresser comme ça, je me recroqueville pour échapper au regard de prédateurs affamés des hommes autour de moi. Je suis terrifiée, sachant malheureusement trop bien comment cela pourrait finir.
Le temps s'écoule lentement, tandis qu'un fourmillement remonte de mes membres attachés. Je me déhanche un peu pour essayer de faire passer la sensation désagréable juste avant que je ne sente un des sous fifres se rapprocher, s'agenouillant en face de moi. D'un geste doux, il repousse une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, pourtant je tremble de peur face à son regard qui reflète la luxure de son âme.
_ T'était vraiment magnifique quand tu dansais ! Dit-il. En fait tu es juste un vrai canon...
_Arrête ça, Connor ! Ordonne Jerry, croisant les bras sur son torse en s'asseyant sur un bureau non loin. Elle est déjà réservée !
_C'est gâcher de laisser ça à un suceur de sang ! Reprend l'autre en faisant la moue.
Le bras droit de mon beau père soupire, en reprenant comme s'il parlait à un attardé.
_T'avais qu'à payer !
_Tu rigoles ! S'exclame l'outre outré. Tu as vu à quel prix sont montée les enchères ? Entre le vampire et les loup garous... Je n'avais aucune chance !
Pendant que je l'écoute parler, je réalise que je n'ai pas imaginé la vibration sur la scène. Mon loup était probablement là mais... Pourquoi ?
Je me pose toujours des questions quand je sens ses doigts se glisser entre ma peau et la lanière de mon soutien gorge. J'essaie aussitôt d'échapper à son contact, terrifiée en jetant un regard suppliant à Jerry qui prend grand soin de regarder ailleurs.
_N'abîmes pas la marchandise, se contente-t-il de dire a son acolyte.
Serrant les dents, refusant de me faire toucher tout en sachant que personne ne viendra à mon secours, je me tortille jusqu'à ce que, agacé, Connor me bloque au sol, tirant violemment sur le tissus de mon sous vêtements. Adieu la douceur, maintenant qu'il a plus ou moins le consentement de son supérieur, il laisse place à ses plus bas instincts me mettant presque nue en un seul geste.
Cette fois-ci, je donne des coups de pieds et des coups d'épaules, la peur me donnant des ailes, m'aide même à lui envoyer un coup de genoux dans les parties. Plus vexé qu'autre chose par mon coup qui manquait de puissance à cause de ma position, il lève la main dans l'intention de me gifler quand soudain la porte vole en éclats.
Un éclair de fourrure sombre percute Connor qui s'envole à l'autre bout de la pièce. Quelques secondes plus tard, mon loup me surplombe toute dents dehors, prêt à déchiqueter tout ceux qui m'approche comme la première fois qu'il m'a sauvée. Le grognement rauque qu'il émet fait trembler les murs, paralysant du même coup les humains dans la pièce.
Les hommes de mains de mon beau père, d'abord tétanisés, finissent par reprendre leur sens, ils sortent alors leur armes prêt à le tuer. Cependant ce dernier n'est pas venu seul, d'autres loup pénètrent dans la pièce en hurlant, les envoyant s'étaler au sol au passage avec leurs griffes et leurs crocs. Des coups de feu retentissent en représailles, mais je ne vois déjà plus la scène puisque le bringé c'est couché sur moi pour me protéger, je n'entends plus que des cris et des grognements enragés.
La pièce n'est toutefois pas assez grande pour une bataille de cette envergure. Aplatie sur le sol, je vois des morceaux de faux plafond et de placo-platre s'effondrer en répandant une poussière épouvantable, alors que je crains que l'immeuble ne nous tombe sur la tête.
Je reste un moment tapi sur le sol en essayant d'évaluer la situation, puis profitant que le loup au dessus de moi se mette à claquer des mâchoires sur un homme qui passait par là, je rampe afin de lui échapper, me relevant ensuite sur mes genoux. Je n'ai qu'une idée en tête, et c'est la fuite. Je n'aurai pas de meilleur occasion, que cette bataille terrifiante.
Tout en jetant des regards nerveux autour de moi, en constatant que les hommes de mon beau père sont entrain de perdre, je tire sur mes liens, espérant m'en libérer pour pouvoir marcher. Toutefois à part me les rentrer dans la peau, je n'obtiens aucun résultat. Je pleure à moitié de frustration car la porte de sortie n'est qu'a quelques mètres alors que je n'arrive même pas à me mettre debout à cause de mes entraves.
Je me creuse toujours la cervelle à la recherche d'une idée lumineuse pour me sortir de là quand deux grosses mains me saisissent. Je panique aussitôt en relevant la tête d'un coup, rencontrant soudain le regard bleu acier de mon loup sous sa forme humaine. J'ai le cœur qui loupe plusieurs battements pendant que mon cerveau s'engourdit, il ne fait pourtant que trancher mes liens avec un couteau trouver par terre, sans me lâcher des yeux.
Je suis libre, mais je n'arrive pas à détourner le regard de son visage qui arbore une petite barbe totalement maîtriser au reflet noir et or, qui lui donne un air sexy. J'ai curieusement envie d'enfouir mon nez dedans.
Me forçant à tourner la tête, je me hisse tant bien que mal sur mes jambes, coupant ainsi le contact visuel avec lui, alors qu'autour de moi les loups ont définitivement pris le dessus. Si je ne vois aucun corps mutilé, d'un côté comme de l'autre, je constate que tout les hommes de mon beau père ont jetés leurs pistolets, se regroupant dos à dos en levant les mains pour ne pas se faire tuer. Seuls Jerry continue de pointer son arme sur les garous alors qu'il est acculé dans un coin.
Il fini toutefois par poser son 9 millimètres au sol devant les six gueules remplis de dents acérés face à lui.
Les jambes vacillantes, je récupère maladroitement mon sac qui avait été balancé là quelques heures plus tôt afin de prendre et d'enfiler rapidement un pantalon ainsi qu'un Sweat shirt a capuche mis à l'intérieur des années avant. Pendant tout ce temps, je sens dans mon dos la présence du lycanthrope que je n'ose plus regarder. Afin d'échapper complètement à son regard envoûtant, je rabats la capuche sur ma tête, tout en serrant mon bagage contre moi, comme si c'était un bouclier. Je prends ensuite une grande inspiration avant de me diriger vers la porte, le cœur battant la chamade, espérant contre toute attente qu'on me laisse filer de là sans m'arrêter.
À quelques centimètres de la liberté, je sens la grosse main de mon loup sur mon bras, qui me tire vers lui avec douceur. Avant même d'avoir esquissé le moindre geste, je me retrouve plaquée contre son torse nu, alors qu'il grogne en observant les hommes regroupé de mon beau père.
Il a enfilé un pantalon avant de m'attraper, ce dont je lui suis grée, car c'était gênant de le voir nu, toutefois il aurait put rester dans le plus simple appareil autant qu'il le voulait s'il avait bien voulu me laisser partir.
Le fait qu'ils soient tous ici à une ventes aux enchères d'êtres humains me prouvent à quel point ils sont dangereux, et j'en ai assez de servir de punching-ball à tout le monde. Sans compter que je ne supporterais pas de revoir mon loup me rejeter pour retourner auprès des siens, comme il l'a fait plus tôt dans l'après midi. Je devrais donc fuir d'ici, courir au plus vite avant de perdre ma santé mentale.
Je ne veux plus rien à voir à faire avec les non-humains, ni même avec les humains d'ailleurs.
Décidée a agir enfin correctement, je me tourne pour quitter cet endroit de fou, cependant, j'esquisse à peine un pas qu'il me soulève sans prévenir. Je me retrouve prisonnière de ses bras en une seconde pendant qu'il me porte comme une princesse. D'un pas serein, me tenant comme si je ne pesais rien, il passe la porte par laquelle j'essayais en vain de m'enfuir depuis un moment.
D'un côté c'était ce que je voulais, mais de l'autre je sais que je devrais tout faire pour quitter son étreinte. Le problème c'est que j'ai l'impression d'avoir manger du coton: mon cerveau pédale dans la semoule. J'ai envie de partir en courant, pourtant je ne me débats pas alors que je ne sais pas ce que cet homme me veut. C'est comme si ma volonté c'était émoussée au contact de sa chaleur.
Malgré le monde qui s'agite autour de nous, je reste calme, me laissant emporter, coincée dans ma bulle avec lui, le reste du monde n'étant plus qu'un détail. À la sortie de l'immeuble, nous montons à l'arrière d'un 4x4 noir sans que je ne réagisse le moins du monde.
J'entends les sièges en cuirs craquer d'une oreille distraite quand il s'installe dessus, tandis qu'il me garde sur ses genoux malgré l'assise confortable. Chris prend place ensuite à côté de nous sur la banquette arrière et Loyd sur le siège du passager avant. Le chauffeur démarre peu de temps après, à son signal, comme si tout était normal.
Si je suis soulagée de quitter cet endroit, je commence à m'angoisser rapidement de celui où nous allons. Toutefois avant que je ne pose la moindre question, l'homme qui me tient met une main sur ma taille, glissant sa tête dans mon cou. Je sais que je devrais le repousser... Pourtant je me sens si bien que je ne bouge pas...
La partie de mon cerveau qui n'est pas encore totalement anesthésiée m'alerte sur le fait que cela n'a rien de normal car je n'ai jamais laissé personne me toucher de cette façon sans réagir. Ce n'est pas la première fois que l'ont me bat ou m'humilie, je ne devrais pas être dans cet état léthargique, je devrais être pleine de colère où d'adrénaline. Les pièces du puzzle commençant à s'imbriquer lentement, je me demande si ce n'est pas dû à la présence du garou. Je ne connais rien sur la troisième race... Est ce qu'il chasse avec des phéromones comme les vampires ? Serais-je passée sous son contrôle sans le savoir ?
Je me rends compte soudain que pendant ma réflexion, Chris c'était mis à parler.
_... Loin de moi l'idée de mettre vos choix en doute Ryley. Je sais que vous avez toujours aimé collectionner les compagnes humaines... Mais une strip-teaseuse ? Aussi douée soit-elle, je crains que votre mère ne fasse une crise cardiaque !
Le loup grogne, et moi je me tends. La peur commence à envahir mon corps alors que je réalise que l'on parle probablement de moi, et pas d'une manière qui me plaît.
_ C'est pire que ça ! S'écrit Loyd avec une moue dégoûtée. C'est une pute à vampires !
Le grognement du loup garou sous moi vient de prendre une octave tandis qu'il me plaque le dos contre la vitre pour m'éloigner de son acolyte. Je me redresse d'une main en me servant de l'accoudoir, l'autre tenant fermement mon sac contre moi, comme s'il pouvait me servir de bouclier contre les monstres de ce véhicule.
Si j'avais encore des doutes quant à leur but, je sais maintenant ce qu'ils pensent de moi, ce qui veut dire qu'ils vont probablement me traiter comme Carlos avant eux. Je bloque aussitôt tout les souvenirs effrayant qui me remontent en mémoire afin de mon concentrer uniquement sur ma survie.
_Bon... Je ne sais pas pourquoi vous m'avez aidée, toutefois si je vous en remercie, vous pouvez arrêter la voiture et me laisser partir je vais me débrouiller ! Dis-je d'une voix aussi calme que possible, essayant de dissimuler ma peur et ma colère. Il me semble que je n'ai absolument rien à faire avec vous!
Chris me regarde un peu gêné en frappant l'appuie tête pour faire taire son compagnon, alors que ce dernier ouvrait la bouche avec un air méprisant.
_ A vrai dire... Commence-t-il en lui faisant les gros yeux pour le faire taire. Nous aurions une proposition à vous faire... Je sais que vous aviez un contrat avec un vampire qui vous a grassement payé ... Nous aimerions juste que vous restiez avec Ryley peut-être un mois... Ou juste 3 semaines...
Je me décompose en comprenant ce qu'il sous entend ainsi que ce qu'il pense que je fait pour gagner de l'argent. Je tente de garder une voix égale en répondant à leur proposition indécente.
_Écoutez moi bien, parce que je ne vais pas le répéter ! Je ne me suis jamais vendue à personne et je ne le ferais jamais !
_Hé bien, Tu danse comme une vraie professionnelle pour une fille qui ne veut pas se vendre ! Lance Loyd avec acidité. Il n'y avait pas un homme dans la salle qui n'avait pas le pantalon en feu !
Chris donne un si grand coup de pied dans le siège passager, afin de le faire taire que la tête du blond percute le tableau de bord, alors que les grognements du garou sur lequel je suis assise font maintenant trembler la voiture. J'attrape la poignée de la portière sans me retourner, déclenchant doucement l'ouverture. Je bloque ensuite la porte d'une main, étonnée qu'elle ne m'ait pas résistée. Je m'attendais à ce qu'elle soit fermée à clef, à priori, ils ont sous estimés mon envie de fuir.
Pour le moment on roule trop vite, il faut que j'attende le bon moment, le mieux c'est de parler pour les occuper. Personne ne doit se rendre compte que je prépare une fuite désespérée.
_ Nous sommes bien conscient de la gêne occasionnée...Reprend Chris, comme s'il organisait une fête des voisins un peu bruyante. Nous sommes prêt à payer ce que vous voudrez !
Il ajoute ensuite en montrant l'homme sous moi qui malgré ses grognements semble essayer d'articuler quelque chose:
_Comme vous le voyez notre Alpha éprouve des difficultés à cause de l'imprégnation. Il ne peut communiquer correctement avec vous pour le moment, aussi nous nous chargerons des négociations. Votre prix sera le nôtre... Enfin essayez d'être raisonnable tout de même...
_ La réponse est Non ! Dis-je catégorique, horrifiée que la creature que j'avais recueillis chez moi puisse pensés que je pourrais vouloir me louer comme une marchandise pendant trois semaines. Laissez moi partir, ou vous allez le regretter !
_Et tu compte faire quoi l'humaine ? Demande Loyd avec une pointe d'ironie, un petit sourire amusé vissé sur son visage. Tu oublies que nous sommes des loups, si nous le voulons, nous n'aurons aucun mal à te forcer !
Les menaces tombent enfin, tout comme celle de mon beau père qui m'ont enchaînée des années. Je lui lance un regard de pur dégoût alors même que je le vois vérifier que sa ceinture est bien attachée s'éloignant du dossier en jetant un œil inquiet à Chris qui le menace avec son poing.
_ J'ai plus de ressources que ce que vous pensez ! Lui dis-je d'une voix glacial, sûr de moi sans lâcher ma portière.
Je ne me laisserai plus piéger dans la souffrance, quoi qu'il arrive !
En réponse, il grogne d'un air méprisant.
_Tu crois que tu peux utiliser notre Alpha ? Que tu le contrôle comme un chien bien dressé ? Me demande-t-il le visage crispé, plein de haine. Alors c'était ça ton plan te faire bouffer les fesses par un vampire pendant qu'un loup garou monte la garde ! On n'est pas des chiens, pauvre tâche...
_JE NE SUIS PAS UN OBJET NI UNE PUTE ! Hurlai-je de colère.
Chris tente de frapper son collègue pour le faire taire mais cette fois ci, ce dernier esquive pendant que je bous littéralement d'une colère mal contenue. Le loup sous moi grogne tellement fort que j'ai l'impression que la voiture va se disloquer. Je m'accroche à la portière, ma dernière lueur d'espoir, en enfilant discrètement les anses de mon sac à dos par devant.