Chapitre 7 Épisode 7 : la goûte de trop.

Épisode 7 : La goûte de trop.

**** Miracle Ayodélé BOLADJI ****

On est à deux semaines de l'examen aujourd'hui. Depuis trois jours, je ne me sens pas bien. Tous les soirs, j'ai froid. J'ai les maux de tête et une forte fièvre. J'en ai parlé à ma grand-mère, mais, comme toujours, elle s'en fout. Je prie Dieu pour que je guérisse avant le jour-j. Je tiens à passer cet examen. Actuellement, je suis en classe pourtant je tremble.

Ivana : Mira et si tu rentrais ?

Moi : non. Cette partie du cours est très importante. Je dois suivre les explications du professeur.

Ivana : Tu as la fièvre et tu trembles.

Moi : On est à quelques minutes de la fin. Je vais attendre la fin avant de rentrer.

Elle ne dit plus rien et sort de la classe avec la permission du professeur. Quelques minutes plus tard, elle revient avec notre surveillant général. Ce dernier, demande au professeur de me laisser rentrer à la maison cause de mon état de santé. Ivana vient m'aider avec mes affaires et le surveillant me porte carrément, car je ne tenais plus sur mes jambes. Une fois hors de la salle, il m'installe dans la voiture de maman Ivana qui nous attendait. Elle a appelé sa mère quand elle était sortie informer le surveillant. Cette famille est définitivement mon ange gardien.

Ivana : arrête de pleurer. Depuis quand tu es devenue une madeleine ? Dit-elle taquine quand je commence à pleurer, émue par leur gentillesse à mon égard.

Moi : merci.

Ivana : je t'en prie. Je te rejoins tout à l'heure d'accord ?

Je fais un oui de la tête et elle me sert contre elle avant de fermer la portière. Cette fille est vraiment une bénédiction dans ma vie. Le chauffeur démarre et m'amène à l'hôpital, où, je suis prise en charge. Je prends trois piqûres et l'infirmière me prescrit une ordonnance qu'elle remet à maman Ivana qui nous a rejoint à l'hôpital entre temps.

Sur le chemin du retour pour la maison, on passe par la pharmacie pour prendre les produits qui m'ont été prescrits. Arrivé devant notre maison, je descends et Ivana m'accompagne. Nous saluons ma grand-mère qui nous répond du bout des lèvres. Je rentre dans mon dortoir et m'allonge.

Ivana : je vais aller me changer à la maison et profiter pour t'apporter à manger.

Moi : je n'ai pas faim.

Ivana : tu dois manger pour pouvoir prendre tes produits. D'accord ?

Je fais un oui de la tête et elle m'aide à me couvrir avant de s'en aller. Quelques minutes après le départ d'Ivana, ma grand-mère vient ouvrir la porte sur moi en me parlant depuis le seuil.

Mémé : madame ? Je fais la sourde oreille en faisant semblant de dormir. Je n'ai vraiment pas la force de supporter ses injures ce soir. Tu fais semblant de dormir n'est-ce pas ? Elle me questionne à nouveau, espérant que je lui réponde. Je fais toujours celle qui dort. Ta copine vient de m'informer que tu es malade au point où sa mère t'a transporté d'urgence de l'école à l'hôpital. Donc tes malaises dont tu te plaignais depuis quelques jours sont sérieux ? Fais semblant autant comme tu veux. Mais, si c'est que tu es enceinte, sache que tu dégages de ma maison. Tu iras rejoindre ta mère. Je ne peux tolérer un autre bâtard dans ma maison. Pas question.

Je ne réagis pas. Elle reste là un instant et me lance un long tchrummmm avant de partir.

Je dormais déjà quand Ivana est venue me réveiller. Elle m'aide à prendre l'eau sous la douche pour que je prenne mon bain. Après avoir pris ma douche, je me sens un peu revigoré. Je mange ce qu'elle m'a apporté avant de prendre les médicaments. Elle me tient compagnie pendant un moment avant de prendre congé de moi. Je tournais sur la natte en cherchant le sommeil quand on ouvre la porte avec fracas. Je sursaute et relève la tête vivement. Ce qui me déclenche les maux de tête sur le champ.

Maman Isabella : Miracle que veux-tu nous montrer dans cette maison ?

Moi : comme quoi ? Je la questionne en serrant les dents de douleur. Tellement ma tête cogne fort. On dirait qu'elle va tomber.

Maman Isabella : parce que tout le monde te félicite dans la ville pour ta soi-disant intelligence tu as commencé à pousser des ailes ? Ma petite, redescend sur terre. Tu veux berner qui en jouant à la malade ? Tu as peut-être oublié qu'il est l'heure pour toi de venir m'aider ? Relève-toi vite et rejoins-moi dehors. Les glacières ne vont pas se transporter toutes seules au bord de la voie. Les clients m'attendent déjà là-bas. Relève-toi vite et que ça saute.

Moi : maman, sincèrement je ne pourrais pas vous accompagner ce soir. Je ne me sens pas du tout bien. J'ai les maux de tête, je me sens faible et j'ai le vertige. Il me faut du repos. Au moins pour ce soir. Demain, je vais vous accompagner.

Elle écarquille les yeux et éclate de rire en tapant dans ses mains.

Maman Isabella : donc si on doit citer ceux qui ont besoin de repos, tu en ferais partie ?

Moi : je ne me sens vraiment pas bien.

Maman Isabella : tu fais quoi à qui, dans cette maison pour avoir droit au repos ? D'ailleurs, depuis quand tu as l'audace de me répondre quand je te parle ?

Je ne lui réponds pas et me recouche tranquillement. Elle fonce sur moi et me relève d'un coup, puis lève la main pour me donner une gifle. J'attrape sa main. Elle envoie un coup avec sa seconde main, je la cale à temps. Je ne sais même pas d'où m'est venue cette rage et ce courage dont je fais preuve actuellement. C'est la première fois que je me rebelle contre l'injustice qu'ils me font subir jour après jour depuis quatre bonnes années que je vis avec eux. Je refuse que cela continue. Je refuse qu'on me batte encore une fois dans mon état pour trois fois rien. Comme elle n'arrive pas à me donner des coups, contre toute attente, elle se jette au sol et commence à crier.

Maman Isabella : venez me sauver oh ! Carlos ? Isabella ? Mira veut me tuer oh ! Hurle-t-elle à gorge déployée.

Je la regarde dépassé par cette mise en scène. Elle est sérieuse ?

**** Prisca BOLADJI ****

Je suis assise sur mon lit, en train d'arranger mes affaires, quand j'entends ma mère appelée à l'aide. Je vois Carlos et Isabella sortir de leur chambre et se diriger vers le magasin où Mira loge. Je pressens le pire et sors en trombe pour les devancer dans le magasin. Je vois ma mère assise à même le sol en train de gémir de douleur. Carlos et Isabella se dirigent vers Mira sûrement pour la battre sans rien demandé.

Moi : aujourd'hui vous n'allez pas la toucher. Trop c'est trop. Dis-je en me mettant entre eux et Mira. Vous aviez demandé ce qui s'est passé entre elles avant de vouloir en découdre avec Miracle ?

Carlos : si toi tu ne veux pas te retrouver à l'hôpital ce soir, quitte devant moi.

Isabella : tu vois ta mère assise à même le sol, en train de se tordre de douleur à cause de cette chose et tu oses te mettre entre elle et nous ? Je ne vais pas me répéter, quitte devant moi.

Moi : il va falloir me passer sur le corps. Elle est souffrante. Vous ne voyez pas comment elle tremble de partout ?

Isabella : si tu ne quittes pas tout de suite, je vais oublier que tu es ma sœur et vous mélanger toutes les deux.

Mémé : qu'est-ce qui se passe ici ? C'est quoi tout ce bruit ?

Questionne-t-elle en s'arrêtant au seuil du magasin.

Ma mère : c'est ta petite-fille qui veut me tuer oh ! Dit-elle en recommençant à gémir de plus belle. Je suis venue lui demander gentiment de m'accompagner au bord de la voie comme elle le fait tous les soirs. C'est tout. Mais cette brute s'est jetée sur moi comme un forcené. Si mes enfants n'étaient pas venues m'extirper de ses mains, je ne sais pas ce qui allait rester de moi.

Moi : maman pourquoi tu mens ?

La gifle que mon frère ma donnée m'a fait tomber sur Mira. On se retrouve toutes les deux au sol. Le temps qu'on se lève, elle bondit hors du magasin en bousculant notre grand-mère au passage. À peine, elle fait quelques pas qu'Isabella la rattrape en l'empoignant par les cheveux. Elle hurle de douleur en se débattant. Je veux aller à son secours, mais ma mère attrape mes bras et les tournent dans mon dos. Carlos rejoint Isabella et commence par lui donner des coups de poing. Je pleure et appelle à l'aide. À l'allure où vont les choses, si quelqu'un ne vient pas au secours de Mira, elle ne va pas survivre à tous ces coups de poing.

Je me débats pour me libérer de l'emprise de ma mère quand j'entends Isabella pousser un cri strident en tenant son bras d'où le sang gicle. Je vois Mira cracher du sang par terre. Je conclus qu'elle l'a sauvagement mordu. C'est bien fait. Le crie d'Isabella a stoppé Carlos dans sa salle besogne. Il la lâche et va au secours de sa sœur. Mira est comme possédée et déchaînée. Elle a commencé par leur balancer tout ce qui lui tombait sous la main. La première brique qu'elle leur a lancé à atterrir sur la tête de Carlos. Ce qui l'a fait tomber sur les fesses. Elle ramasse une autre brique qu'elle balance sur Carlos et Isabella. Ils l'esquivent et elle atterrit sur le pied de notre mère. Elle commence à hurler de douleur. Je profite du moment pour quitter sous son emprise et commence à crier à gorge déployée pour alerter du monde. Je vois la deuxième femme de notre père venir vers nous avec ses deux filles et ce n'est certainement pas pour sauver Mira. Alors, mieux vaux appeler à l'aide. Car je ne pourrai les affronter toute seule. Carlos et Isabella se lèvent et se dirigent dangereusement vers Mira. Cette dernière commence à marcher à reculons en cherche des yeux, de quoi se défendre. Elle voit un pilon au loin, cours le prendre et prête à en découdre avec eux. Au même moment, je vois Ivana et sa famille venir de loin. Mira balance le pilon de gauche à droite pour les empêcher de s'approcher davantage d'elle.

Isabella : fait tes dernières prières, c'est ta fin aujourd'hui Miracle Ayodélé BOLADJI.

Carlos : un avorton comme toi a osé poser ses sales pattes sur ma famille. C'est aujourd'hui on va creuser ta tombe.

Mira : nous allons tous mourir dans ce cas.

Je vois maman Valentine passer par derrière elle avec un gourdin. Le temps que je la prévienne, le coup est parti. Je hurle et cela fait précipiter Ivana et les siens dans la concession. Mira s'écroule au sol en tombant face contre terre. Je cours vers elle de même qu'Ivana. Nous commençons par la secouer en appelant son prénom.

Maman Ivana : ne la secouer plus ça peut aggraver son état. S'adressant à son chauffeur. Abou ?

Abou : oui madame ?

Maman Ivana : appelle les ambulanciers et vite.

Au même moment, on voit du sang coulé de la nuque de Miracle et se répandre sur le sol.

Maman Ivana : mon Dieu !

Je tombe sur mes fesses et pleure à m'en casser la corde vocale. Ivana fonce sur Isabella et se jette sur elle comme une furie.

Ivana : tu l'as tué espèce de sorcière. Tu n'es qu'un monstre et une putain de salope. Vipère, sale chienne ! Dit-elle en donnant des coups à Isabella.

Carlos attrape Ivana et la jette au sol en libérant sa sœur. La mère d'Ivana donne une gifle résonnante à Carlos. La gifle l'a fait tanguer.

Carlos : mais qu'est-ce qui vous prend ? Qui vous a fait appel pour que vous débarquiez chez nous interférer dans nos querelles de famille ?

Maman Ivana : c'est ça tu appelles une querelle de famille ? Elle le questionne en désignant Miracle qui gît au sol, baigné dans son propre sang.

Carlos : oui. C'est une histoire de famille et vous n'en faites pas partie. Donc, je vous demande de libérer les lieux.

Maman Ivana : tant que ce qui se passe dans cette concession concerne Miracle, sachez tous que vous me verrez toujours dans les parages.

Maman Valentine : ça fait ton problème.

Maman Ivana : vous n'êtes même pas humain. Faire ça ; en pointant du doigt Mira ; à votre propre sœur, votre sang. Même les animaux sauvages ont le sens de l'humanisme que vous tous ici réunis. Ose toucher ou même effleurer mon enfant encore une fois, et je vous montre à tous sans exception ce qu'on appelle la sauvagerie.

Maman Valentine : toi ; pointant maman Ivana du doigt. Dégage immédiatement de cette cour. Sinon, c'est toi et Ivana que l'ambulance que ton chauffeur à appeler va transporter à l'hôpital.

Au même moment, on entend la sirène de l'ambulance s'approcher. Les voisins ont rempli la maison et nous traite de tous les noms.

Teddy : osez effleurer ma mère et j'oublie que vous êtes une femme mieux encore une mère.

Maman Ivana : tu penses peut-être que je suis Miracle sur qui tu te défoules à volonté ? S'adressant à maman Valentine. Essai et tu verras. Approche que je t'éduque femme sans cœur.

L'ambulance rentre dans la maison et deux hommes descendent de la voiture. Ils se précipitent vers Mira. Le troisième nous demande ce qui lui est arrivé. Maman Ivana fait un résumé bref des faits. Il prend note et se retourne vers ceux qui sont partis vers Miracle. Ceux-ci l'avaient déjà mis sur le brancard et l'installe à l'arrière du véhicule. Maman Ivana monte et je la suis.

Ma mère : Prisca ou vas-tu ? Descend vite de là.

Moi : je ne peux pas.

Ma mère : je te demande de descendre de cette foutue ambulance.

Moi : vous pouvez fermer la porte. J'ordonne à l'ambulancier.

Ma mère : ne me tente pas. Sinon je vais te renier.

Moi : renie-moi si cela te chante.

Elle continue de vociférer. Je l'ignore et l'ambulance démarre.

Les deux ambulanciers s'activent sur Miracle sans qu'elle ne donne aucun signe de vie. Je prie de toutes mes forces pour qu'elle s'en sorte.

Ça fait deux bonnes heures qu'on patiente dans la salle d'attente. Nous n'avons encore aucune nouvelle de Miracle. Maman Ivana tourne sur elle-même comme un animal en cage. Son mari qui nous a rejoint essaie de la calmer.

Maman Ivana : je te jure que si quelque chose arrive à Miracle, je vais les enfermer tous. Même s'il faut que je me salisse les mains.

Dit-elle en s'adressant à son mari.

Papa Ivana : rien ne va lui arriver. Calme-toi et vient t'asseoir.

Il n'a pas fini sa phrase avant que la porte de la salle d'urgence où est admise Mira s'ouvre avec fracas et deux infirmières sortent en courant. Elles rentrent dans une salle et ressortent avec certains de leurs collègues. Ils commencent à faire des vas et viens les pas presser. Ce qui nous fait paniquer.

Maman Ivana : madame tout se passe bien ? Ma fille va bien ? Y a t-il des complications ? Que se passe-t-il ? Pourquoi il y a tout ce va-et-vient ? Questionne-t-elle en s'approchant d'une des infirmières.

L'infirmière : calmez-vous madame. Nous ne pouvons rien vous dire pour le moment. Mais, sachez que nous faisons tout notre possible pour la sauver. Allez-vous asseoir. Le docteur qui s'occupe d'elle viendra vous voir quand il va finir de lui administrer les soins.

Elle retourne s'asseoir prêt de son mari l'air plus abattu et plus inquiet. Les va-et-vient que font les agents de santé ne présagent rien de bon apparemment. Je n'ai jamais prié de toute ma vie. Mais, depuis que je suis rentré dans cette ambulance avec ma sœur tout à l'heure, je ne fais qu'implorer Dieu, pour qu'il lui vienne en aide. Savoir que c'est ma mère qui est à l'origine de son état me fait encore plus mal. On patiente encore pendant une quarantaine de minutes avant que le docteur ne vienne vers nous.

Docteur : vous êtes les parents de Miracle ? S'adresse-t-il à maman Ivana.

Maman Ivana : oui docteur. Comment est-ce qu'elle va ?

Docteur : avec un air plus sérieux et abattu. Madame, nous sommes désolés. Nous n'avons pas pu...

Moi : quoi ? J'ai commencé à sentir le vertige en même temps. Non, non, pas ça. Pas ça. Pas elle.

Maman Ivana : vous n'avez pas pu faire quoi ? Questionne-t-elle en pleurant à chaude larme. Ne finissez surtout pas cette phrase. Sinon, je vous tue sur le champ. Vous m'entendez ? Je vais vous tuer.

Papa Ivana : docteur que voulez-vous dire concrètement ? Vous n'aviez pas pu la sauver ? C'est bien ça ? Questionne-t-il en serrant sa femme dans ses bras pour qu'elle ne tombe pas où ne fasse une bêtise.

Le docteur reste silencieux face à la question de Papa Ivana et nous fixe.

Moi : oh ! Nonnnnn ! Je me sens partir quand j'entends quelqu'un appeler mon nom, puis trou noir.

            
            

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