*** Miracle Ayodélé BOLADJI***
Tante Élise : si tu finis de mettre les couverts, va me chauffer de l'eau.
Moi : d'accord.
Tante Élise : d'accord ta camarade, ou bien ?
Moi : tête baissée. D'accord tante.
Je vais mettre l'eau au feu avant de revenir terminé ce que je faisais.
Tante Élise : Ayodélé ! Elle m'appelle par mon prénom indigène.
Moi : Oui Tante.
Tante Élise : Amène-moi l'eau chaude.
Moi : d'accord Tante. Je vous l'amène dans une tasse ?
Le regard qu'elle m'a lancé m'a fait disparaître de son champ de vision. Je pars renverser l'eau chaude dans une cuvette que je lui apporte avec de l'eau froide dans un autre bol. Au cas où elle voudra diluer l'eau chaude. Elle me demande de poser la cuvette par terre. Ce que je fais. Elle met un doigt dans l'eau chaude et me regarde.
Moi : Il y a de l'eau fraîche ici pour....
Je n'ai pas fini ma phrase avant qu'elle ne renverse le contenu de la cuvette d'eau chaude sur moi. Le cri strident que j'ai poussé a fait rappliquer mon oncle et les autres habitants de la maison.
Tante Élise : la prochaine fois, vérifie la température de l'eau avant de me l'apporter. Sinon, c'est ta tête même que je vais directement plonger dans la casserole au feu.
Je n'arrive même pas à parler, tellement mon corps me brûle, je ne fais que me tordre de douleur et hurler.
Tante Élise : tu vas arrêter d'hurler oui ? Dit-elle avant de se lever et de se jeter sur mon poignet.
Moi : aï !
Tante Élise : sort d'ici avant que je ne fasse quelque chose que je vais regretter.
Tonton Abel : arrête Élise. Criant plus fort. Je t'ai dit de la laisser. Tu as vu l'état dans lequel tu l'as mise ? Je peux savoir ce qui t'a pris de lui renverser de l'eau chaude sur le corps ?
Tante Élise : s'il te plait ne t'en mêle pas. Tu ne sais pas ce qu'elle a fait.
Tonton Abel : elle a fait quoi qui mérite que tu verses de l'eau chaude sur elle ? Questionne mon oncle en haussant le ton. C'est quoi cette cruauté Élise ? Et toi tu es assise là et tu ne dis rien ? Il questionne leur benjamine qui est assise pénarde et observe la scène en silence.
Tante Sandrine : tu veux que je dise quoi ? Ne me mêle pas à cette histoire. Je ne suis pas un enfant, alors, baisse d'un ton quand tu me parles.
Il les regarde à tour de rôle avant de me tirer vers la sortie. Il m'amène à l'hôpital où on m'administre des soins en couvrant les parties de mon corps que l'eau chaude a touchée d'une pommade. Je ne fais que pleurer. Tellement tout mon corps me brûle. Déjà que j'avais des plaies sur le corps, la douche d'eau chaude n'arrange rien. Surtout ma poitrine et mes bras.
Docteur : calme-toi ma fille. La douleur va s'estomper d'ici là.
Est-ce que j'ai la force de lui répondre ? J'ai juste fermé les yeux en essayant d'oublier ma douleur.
Docteur : il va falloir la ménager. Elle a été gravement atteinte.
L'eau chaude a failli lui coûter la vie. Elle avait déjà des plaies un peu partout sur le corps. Imaginez sa douleur après que l'eau chaude soit versée sur elle. Elle a besoin de repos. De beaucoup de repos. Physiquement elle est très faible et pâle. Il faut aussi qu'elle soit bien nourrie.
Docteur : oui mais attendez qu'elle se retrouve un peu. Que les brûlures s'estompent un tant soit peu.
Nous avons attendu 3 heures de temps environ avant de retourner à la maison. Mes larmes coulent toutes seules. C'est quoi cette vie dans laquelle je suis ? Être traité ainsi dans la maison de mon père ?
Je prie Dieu, mais, la situation s'empire de jour en jour. Je suis prête à encaisser toutes les injures. Mais supporter ce genre d'acte meurtrier, je n'en suis pas capable. Je suis prête à tout sauf mourir même si on me dit que mon seul péché c'est d'être née.
Celle qui me maltraite le plus est la jumelle de mon père, tante
Élise. C'est elle qui m'a donné mon bain à l'eau chaude tout à l'heure. Après elle, leur benjamine Sandrine et mon Oncle Abel.
C'est ce dernier qui paie ma scolarité.
Je suis issue d'une famille paternelle riche. Mais je vis comme une miséreuse parmi elle. La jumelle de mon père est une ambassadrice qui est entre deux avions. Ma seconde tante est DRH au ministère des finances. Mon Oncle travaille à l'étranger. Il est aussi entre deux avions. Mes tantes viennent au village une ou deux fois par mois mais mon oncle lui vient deux fois dans l'année.
Du haut de mes 15 ans, c'est moi qui fais la cuisine pour tout ce beau monde. Et rassurez-vous, j'assure grave en cuisine. Je suis un vrai cordon bleu. Dès mon jeune âge, ma mère m'a appris à cuisiner. Et je la remercie beaucoup pour ça. Sinon, je n'ose pas imaginer ce que j'allais endurer dans cette maison.
J'éteint le gaz quand j'ai attendu le bruit du moteur de leur voiture dans la cour. Je sors rapidement de la cuisine et vais les saluer puis je suis allée décharger ce qu'ils ont ramené de la ville. Quoi ! Vous croyez qu'ils allaient me laisser me reposer comme l'a recommandé le docteur ? Eh bien non. Ce matin, comme toutes les fois, j'étais déjà debout. Malgré mes blessures et ma douleur, j'ai fait mes tâches ménagères et tout ce qui va avec. Je finis de mettre les couverts pour le dîner et vais les appeler. Debout comme un garde du corps, j'obéis au moindre clignement d'œil de leurs
part. j'attends qu'ils finissent de manger avant de débarrasser la table et de leur servir le thé. À chaque fois qu'ils viennent c'est comme ça. Quand ils sont à table, je m'assois dans un coin de la pièce ou je reste debout pour satisfaire leur moindre désire.
C'est quand ils finissent de manger que ma grand-mère me donne la permission d'aller manger les restes de leurs nourritures. Au début, j'en pleurais. Mais maintenant, je me contente juste de remplir mon ventre. Les rares fois où je mange du poisson ou de la viande c'est les jours de fête.
Après avoir tout fermé, je rentre dans ma chaudière me coucher. Je mets genoux à terre et prie encore une fois Dieu. Espérant qu'il exauce mes prières cette fois. Avec l'arrivée de mes tantes, je n'ai pas pu faire les prières que maman Ivana m'avait conseillé. Ce soir, je vais les faires espérant que je ne fasse plus de cauchemars.
**** Abel BOLADJI ****
**** Dans le salon des BOLADJI ****
J'ai attendu qu'on finisse de dîner et que Miracle aille au lit pour avoir une conversation sérieuse avec mes sœurs et ma mère. On devrait avoir cette conversation il y a un moment. Mais là, je crois que c'est le moment. Vue la scène horrible dont j'ai été témoin hier nuit.
Moi : est-ce que je peux avoir votre attention ? Elles déposent leurs téléphones et me fixent. Bien. Je vais aller droit au but. Mira est un enfant et elle a droit de commettre des erreurs comme tout enfant de son âge. Vous avez le droit de la punir. Mais pas de cette façon. Vous êtes des femmes et vous avez aussi des enfants de son âge et même moins. Seriez-vous contentes qu'on traite votre enfant de la sorte ? Depuis plus d'un an, j'entends beaucoup de chose depuis Johannesburg comme quoi, vous la traitez comme une esclave. Je me suis toujours dit que c'était des ragots. Mais ce qui s'est passé hier soir, devant moi, confirme ce que les gens disent. Maman, ton attitude face à la situation d'hier m'a vraiment choqué. Comment peux-tu rester imperturbable devant un tel acte de barbarie venant de ta fille envers ta petite fille ?
Ma mère : ce n'est pas ce que tu crois. Je suis désolée.
Moi : ce n'est pas ce que je crois ? Maman ? Tu veux me dire que j'ai mal vu ? Que ta fille assise-là ne lui a pas renversé l'eau chaude sur le corps et que tu es restée assise imperturbable comme ta fille Sandrine ?
Élise : est-ce que tu sais ce qu'elle a fait ?
Moi : elle a fait quoi qui mérite ce traitement ? Ta propre fille ? Élise tu me fais peur. Tu es sortie du même ventre, le même jour que son père. Normalement c'est toi qui devrais la protéger de tous ce que ces belles-mères la font subir dans cette maison. Vous n'avez donc pas de conscience ?
Sandrine : conscience dis-tu ? Sourire jaune. Dit celui qui a contribué au meurtre de son père. Épargne-moi ton discours sur la conscience. Moi, je tombe de sommeil et je vous fausse compagnie. Dit-elle en se levant.
Moi : je ne l'ai pas tué. VOUS AVEZ TUÉ NOTRE FRERE et vous m'aviez mis devant le fait accompli.
Sandrine : c'est ce que tu te répètes toutes ces années pour soulager ta conscience ? Pff. Dit-elle en prenant la direction de sa chambre.
Moi : Sandrine tu es l'être le plus ingrat que la terre ai portée.
Sandrine : revenant sur ses pas ; si tu m'as retenu pour m'insulter, alors je te déconseille vivement de ne plus placer un mot de travers. Parce que je ne suis pas d'humeur ce soir. Alors là vraiment pas.
Moi : ferme-là. Si toi tu n'as pas honte moi j'ai honte à ta place. Dis-moi, grâce à qui tu as trouvé ce boulot qui te donne tous ces airs aujourd'hui ? Tout ce que nous sommes devenu aujourd'hui, ou ce que nous avons, nous le devons à notre défunt frère. Paix à son âme. Au lieu de prendre soin de ses enfants qu'il a laissé pour expier un tant soit peu vos péchés, vous décidez d'aggraver vos cas.
Sandrine : et après ?
Moi : je la regarde abasourdie. Pardon ?
Sandrine : Tchrummm !
Moi : donc si c'était moi que la mort a fauchée, c'est ainsi que vous allez traiter mes enfants et ma femme ?
Élise : soit heureux que ce n'est pas toi qui est à l'au-delà.
Moi : sachez que vous allez payer pour tout ceci. Dis-je en les fixant. Je paie déjà pour mes erreurs. Ne me dites pas après que je ne vous ai pas prévenu.
Je me lève et disparais dans ma chambre. Je suis couché, mais, je n'arrive pas à fermer l'œil comme chaque nuit depuis 4 ans que mon frère a quitté ce monde. Dès que je m'endors, je ne fais que faire des cauchemars. Je vois mon frère me demander des comptes. Je ne sais pas si un jour, j'aurai le courage de dire à haute voix mon implication dans la mort de mon frère et comment j'ai défloré sa fille Miracle.
Moi : pardonne-moi mon frère. Dis-je à haute voix.