**** Miracle Ayodélé BOLADJI ****
Je me suis réveillée ce matin avec une joie inexplicable. Après la prière que j'ai faite hier nuit, j'ai passé la nuit la plus agitée de toute ma vie. À peine j'ai fermé les yeux que j'ai commencé une bagarre sans merci avec des inconnus. Pour la première fois, j'ai enfin compris que ce sont des Hommes qui se transformaient en ces différents animaux qui me pourchassaient dans mon sommeil. Le premier était le serpent. Quand il est apparu je lui ai fait face sans aucune peur, je ne sais d'ailleurs pas d'où m'est venu ce courage. J'ai commencé à prier avec ferveur en le pointant du doigt et quelques instants après, il s'est transformé en un homme et m'a attaqué. C'est comme ça que la bagarre a commencée jusqu'à ce que je me réveille en sueur. Les rêves se sont répétés quatre fois cette nuit. Soit c'est un homme, soit une femme. Dieu merci j'ai eu le dessus toutes les fois.
Je suis sûre que la prière que j'ai commencée hier en est pour quelque chose. Je me sens si légère et en joie ce matin. J'ai même l'impression que mes blessures ne me font plus mal. Si je savais que prier avec foi pouvait me faire autant de bien, j'allais commencer la prière depuis fort longtemps.
Pour la première fois dans cette maison, je me réveille avec le sourire aux lèvres en chantant une chanson : most high de Flavour, un artiste nigérian pour louer et adoré mon Dieu. À partir d'aujourd'hui je ne lâche plus la prière. Promesse de Mira.
Mémé : c'est ma cuisine qui est devenue ton studio ?
Je sursaute.
Moi : bonjour mémé.
Mémé : que je t'entende encore chanter et je plonge ta tête dans l'eau bouillante là.
Je continue mon travail en chantant dans mon cœur. Il en faut plus pour changer mon humeur comme elle en a l'habitude.
Avant-hier, c'est l'eau chaude sa fille m'a versée au visage, ce matin, c'est elle qui veut plonger ma tête dans l'eau bouillante au feu. C'est à croire qu'elles veulent me passer à la casserole. En tout cas, ce n'est pas moi qui vais leur donner cette occasion.
Après avoir fini mes tâches quotidiennes, je suis allée voir ma grand-mère pour avoir l'autorisation d'aller à l'église.
Mémé : si tu parts à l'église, c'est ma mère qui viendra aider tes tantes et ton oncle à faire leurs sacs ? Ou bien tu as oublié qu'ils repartent aujourd'hui ?
– Non.
- D'ailleurs, d'où t'est venue cette envie stupide d'aller à l'église ? Disparaît de ma vue enfant de malheur.
Je suis tranquillement retournée me déshabiller en attendant que ses enfants m'appellent pour que je les aide à faire leurs sacs. Ce qui n'a pas tardé. Trois heures plus tard, ils prennent départ. Pour la première fois, mon Oncle m'a remis mon argent de poche en main propre en m'interdisant de le remettre à qui que ce soit. Même à sa mère. Mais à peine ils sont partis que cette dernière m'arrache les 50.000f des mains. De toutes les façons je suis habituée à ne pas prendre l'argent du petit déjeuner.
Le soir, maman Ivana a envoyé leur servante m'appeler. Je retrouve toute la famille au salon.
Moi : Bonsoir.
Eux : bonsoir.
Maman Ivana : Bonsoir ma fille. Comment, oh ! Bon sang Mira ?
C'est quoi ces brûlures ?
Moi : ce n'est rien de grave maman.
Ivana : tu es sérieuse là ? Raconte-moi ce qui s'est passé si non je ne te parle plus.
Je souris à sa menace et lui narre l'histoire pour qu'elle ne mette pas sa menace à exécution. Même si je sais qu'elle ne le fera pas.
Maman Ivana : est-ce que ces gens sont des humains ? Se reprenant. Excuse-moi ma fille. Ce sont tes parents. Comment te sens-tu ?
Moi : je vais bien.
Ivana : ils ne t'ont pas raté hein ces vampires. Dit-elle en me dévisageant.
Papa Ivana : Ivana !
Ivana : quoi ? Le mot vampire est peu pour les qualifier. Ce sont des diables en Prada.
Sa mère m'invite à la suivre dans le deuxième salon et sans m'y attendre elle me prend dans ses bras et commence à me caresser les cheveux.
Maman Ivana : je suis désolée pour tout ma fille. Tu es une vraie combattante. Subir tout ça juste pour vouloir assurer l'avenir de ta mère. Elle doit être fière de t'avoir comme fille. Moi aussi je suis fière de toi ma fille chérie. Ma princesse adorée. Je t'aime chérie.
Dit-elle en me faisant des petits bisous au front et dans les cheveux.
Son geste m'a fait fondre sur le coup. Ça m'a fait tellement plaisir d'entendre ces mots doux et réconfortants que je me suis mise à pleurer.
Maman Ivana : pleure ma fille. Ça va te soulager. Je suis là pour toi.
On dirait ma propre mère. Comment une personne qui n'est pas de ma famille peut-elle me donner autant d'amour alors que les miens me traitent comme une male propre ?
Je ne saurais décrire avec des mots exacts comment je me sens et ce que je ressens en étant dans les bras de ma deuxième maman à l'instant précis. C'est juste apaisant. Toujours dans ses bras, peu à peu je me suis calmée. Elle m'entraîne dans un fauteuil où nous nous asseyons et elle m'essuie les larmes qui roulent sur mes joues. Elle me demande comment j'ai passé la nuit après avoir fait les prières qu'elle m'a recommandé. Je lui raconte en détail comment je me suis bagarrée avec plusieurs personnes dans mon sommeil.
Maman Ivana : c'est très bien que tu as pris le dessus sur tous les combats dans ton rêve. Dieu est avec toi ma fille. Accroche-toi à la prière et tu verras comment Dieu va combattre pour toi et faire des miracles dans ta vie.
Moi : c'est compris maman. Merci pour tout. Tout ça a été possible grâce à vous. Merci infiniment.
Maman Ivana : tu n'as pas à me remercier chérie. Tu es ma fille.
Si je t'ai fait venir ici, ce n'est pas pour parler uniquement de tes cauchemars. As-tu appelé ta mère comme je te l'ai conseillée ?
Moi : non. Je réponds en baissant la tête.
Maman Ivana : Je comprends que tu ne veux pas donner de souci à ta mère. Et franchement, j'admire pour cela. Mais, je te conseille de l'informer. Elle à le droit de savoir, de connaître la vérité sur ce que tu vis au quotidien. Si tu ne lui dis rien et que le pire arrivait ?
Que Dieu nous en préserve. Mais regarde ce qu'ils t'ont fait. Mira ?
Moi : oui maman.
Maman Ivana : tu n'es pas en sécurité dans cette maison et je ne pourrai pas faire grande chose pour t'aider. Parce que, c'est une histoire de famille. Ta demi-sœur Prisca est passée me voir hier.
Moi : Prisca ?
Maman Ivana : Oui. Elle m'a informée que sa mère veut t'empoisonner.
Moi : pardon ?
Maman Ivana : oui. Tu m'as bien entendu. Raison pour laquelle tu dois mettre ta mère au courant de la misère qu'ils te font vivre dans cette maison.
Moi : hum ! Dis-je en me rendant compte jusqu'où elles sont prêtes à aller pour me nuire.
Maman Ivana : mais malheureusement, elle ne sait pas par quel moyen, elles vont passer à l'acte. Il va falloir être plus prudente dans tout ce que tu fais, tout ce que tu touches ou mange dans la maison à partir d'aujourd'hui.
Moi : d'accord maman.
Maman Ivana : je ne sais vraiment pas ce qui se passe dans ta famille. Je ne sais pas pourquoi ils s'acharnent autant sur toi. Je ne veux pas trop m'en mêler au risque de mettre ta famille à dos.
Moi : je comprends.
Maman Ivana : si tu veux, nous allons appeler ta mère ensemble. Je suis une mère et je sais de quoi je parle donc ne discute pas.
J'acquiesce et lui communique le numéro de ma mère. Elle le compose et lance l'appelle. Quand ça commence à sonner, elle me remet l'appareil. Après les civilités avec ma mère, je lui raconte tout, et dans les moindres détails.
Ma mère : j'ai toujours soupçonné que tu n'es pas bien traité dans cette famille de malheur. Je t'ai posé la question à plusieurs reprises. Mais tu m'as menti.
Moi : je suis désolée maman.
Ma mère : je savais que mon cœur de mère ne pouvait pas me tromper. Mon intuition est trop en alerte te concernant. Je ne fais que prier pour toi. Dit-elle à l'autre bout du fil.
Moi : merci pour tes prières maman.
Ma mère : la dernière fois, j'ai fait un rêve sur toi. Un rêve qui me tourmente depuis. Je l'entends pleurer. Tu n'as pas confiance en moi ? C'est pourquoi tu m'as caché la vérité ? Hum ma raison de vivre ?
Moi : non maman. Dis-je la gorge nouée. Ce n'est pas ça. J'ai confiance en toi.
Ma mère : chérie, je suis ta mère. Si tu ne me parles pas de tes problèmes, à qui vas-tu en parlé ? Ou bien tu as honte de moi par ce que je suis devenue pauvre ?
Moi : non maman. Ce n'est pas ça. Je ne peux jamais avoir honte de toi.
Ma mère : même si je n'ai pas d'argent à t'envoyer, au moins, je vais te donner des conseils. Ou venir te chercher si la situation s'empire. Et là, c'est déjà pire. Il faut que je vienne te chercher chérie. Je ne vais pas les laisser t'ôter la vie comme ils ont tué ton père. Tiens bon ma fille. Je vais venir te chercher.
Moi : d'accord maman.
Ma mère : et tes blessures ?
Moi : ça ne me fait plus trop mal. Ça se cicatrise.
Ma mère : d'accord. Donc c'est Élise qui t'a fait ça ? C'est elle qui a versée l'eau chaude sur toi ?
Moi : oui maman.
Je l'entends étouffer un sanglot.
Ma mère : je suis désolée pour tout. Sache que je t'aime ma fille. Je t'aime tellement. Je te promets de venir te chercher bientôt, très bientôt. D'ici là tient le coup d'accord ?
Moi : d'accord maman.
Ma mère : chérie ?
Moi : oui maman.
Ma mère : je suis vraiment désolée pour mon absence ces quatre dernières années. J'étais malade et je ne me retrouvais pas.
Moi : je sais maman. Tu vas mieux maintenant ?
Ma mère : oui. Je vais beaucoup mieux, et plus rien ne m'arrivera par la grâce de Dieu.
Moi : amen !
Ma mère : continue de prier comme la maman de ton amie te l'a conseillé. D'accord ?
Moi : d'accord maman.
Ma mère : arrête de pleurer. Tout va rentrer dans l'ordre. Je te le promets.
Moi : d'accord.
Ma mère : peux-tu me passer la maman de ton amie ?
Moi : Oui.
Je remets le téléphone à maman Ivana et elle va s'enfermer dans la cuisine pour converser avec ma mère. Je sens quelqu'un me tapoter l'épaule. Je relève la tête et tombe sur le regard compatissant d'Ivana. Je me jette dans ses bras et pleure tout mon saoul.
Ivana : ça va aller. Dit-elle en me caressant le dos.
Moi : Ma mère ne m'a pas abandonné. C'est à cause de sa maladie qu'elle n'est jamais venu me voir. Si elle était bien portante et qu'elle pouvait me récupérer, elle allait déjà le faire. Je ne serai pas ici livrée à moi-même.
Ivana : ça va aller ma chérie.
Moi : ma mère n'est pas née d'une famille riche. Mais elle s'est battue pour pouvoir assurer notre avenir. Ma mère n'a que le BAC, mais avec ça, elle a réussi à devenir une infirmière d'état et une grande commerçante. On ne vivait pas dans le luxe absolu mais on ne se plaignait pas. Tout a commencé le jour où sa maladie a commencé.
Ivana : je voudrai que tu me racontes comment sa maladie a commencé. Ça va aussi te soulager de parler de tout ça à quelqu'un. Aller raconte-moi tout. Qu'est-ce qui s'est passée ?
Elle s'assoit face à moi et prend mes deux mains dans les siennes.
Moi : d'accord.
Ivana : Arrête de pleurer et parle-moi. Raconte-moi tout.
Je m'adosse au fauteuil, la tête rejetée en arrière, les yeux fermés, je me remémore les événements de ce maudit lundi où tout a commencé. Cela nécessite un flash-back.
**** Flash-back ****
Tout allait bien, jusqu'à cet après-midi fatidique où tout a commencé. Cet après-midi-là, mon père n'était pas venu me chercher à l'école comme à son habitude. Après une demi-heure environ d'attente, j'ai décidé de rentrer à pied. L'école n'était pas aussi loin de la maison. Arrivée devant notre portail, j'ai remarqué le regard insistant des voisins sur moi. Certains me regardaient avec un air triste et d'autres avec pitié ou avec compassion.
Quand je suis rentrée dans la maison, il y avait du monde devant notre porte. À la vue de cette foule, je suis prise de panique. J'ai couru vers la porte d'entrée en appelant le nom de mes parents. À mon approche, les gens m'ont cédé le passage. Arrivée au salon, le spectacle qui s'offrait à moi était choquant pour une petite fille de mon âge. Deux hommes étaient en train de ligoter ma mère. Le troisième essayait de l'immobiliser. Tout le visage de ma mère était enflé et le sang coulait de sa bouche. Mon père était à quelques pas d'elle en sueur, les yeux tous rouges. À la vue de cet horrible spectacle, j'ai foncé droit sur les deux hommes qui ligotaient ma mère. À peine j'arrive à leur niveau que mon père m'encercle de ces bras m'empêchant de m'approcher d'eux. C'est à chaudes larmes que j'ai commencé à poser toutes sortes de questions à mon père.
Moi : elle a quoi ma maman ? Pourquoi l'attachent-ils ? Qui l'a frappé ? Où est ma sœur ? Qu'est-ce qui se passe Papa ?
Je questionne en pleure. Pour toute réponse, mon père me serre plus fort contre lui en me demandant de me calmer. Il m'entraine dans la chambre.
Mon père : ta sœur est en sécurité. Elle est chez la voisine. La femme du professeur.
Moi : Elle à quoi maman ? Pourquoi tu laisses ces gens lui faire du mal ?
Mon père : Ils ne lui font pas du mal. Ils l'empêchent de se faire du mal ma chérie.
Moi : comment ça ? Elle va se faire du mal ?
Lui : je t'expliquerais plus tard. Pour le moment, je dois amener maman se faire soigner. En attendant, va chercher ta sœur et prend soin d'elle. Tu es la grande sœur et tu es une grande fille maintenant. Alors, je te confie la maison. Je vais revenir le soir d'accord ?
J'acquiesce et il me sert longuement dans ses bras avant de s'en aller avec ma mère et les trois hommes qui la ligotaient à mon arrivée.
**** fin du flash-back ****