Chapitre 8 Le retour

Un an.

Une année entière loin de ma ville natale, loin de mes meilleurs amis et de mon ex-compagnon. Cependant, je ne regrette rien puisque l'entraînement que j'ai reçu pour devenir plus puissante et plus forte. En parlant de ne pas regretter cette expérience, mes frères avaient enfin trouvé leurs compagnes.

Cela faisait quelques mois que nous vivions avec les Anciens et nous avions été informés qu'il y avait une partie du château qui abritait des loups-garous abandonnés, qui avaient perdu leur famille ou qui n'avaient pas de meute et qui avaient refusé d'errer dans la nature. J'en avais beaucoup entendu parler et j'avais vraiment envie de faire du bénévolat, comme je le faisais chez moi. Cela me donnait le sentiment d'avoir un but en aidant les moins fortunés. Il a fallu un peu de temps pour convaincre mes frères, car ils ne partageaient pas la même passion que moi pour aider les moins fortunés, mais très vite, ils ont accepté de me suivre. Nous venions d'entrer dans cette aile du château quand tous les trois se sont arrêtés et ont repéré respectivement leur compagne.

Ils se sont immédiatement précipités à l'intérieur, suivant les différentes odeurs qui les avaient menés à leurs compagnes. Je suis restée sur le côté, en train de regarder mes frères à la fois avec de la joie et une légère jalousie de ne pas avoir cet amour. C'était un moment magnifique, car je n'avais jamais vu autant d'amour dans une pièce en si peu de temps.

En plus de trouver leurs compagnes, nous avons découvert que deux de leurs compagnes avaient des frères et sœurs. La compagne de Liam, Emilie, ou Emie comme je l'appelais, avait trois jeunes frères triplés. Bernard était le plus âgé, donc le plus mature. Charles était le deuxième plus âgé, il était assez colérique mais quand on avait besoin de lui, il était toujours là pour nous. Et enfin, le plus jeune, et certainement le plus ennuyeux des frères, c'était Jospin. Lorsque l'on était triste, il réussirait toujours à mettre un sourire sur notre visage. Il y avait aussi trois choses qu'il faisait souvent valoir et dont il ne pourrait jamais se passer : la nourriture, sa famille et enfin de se moquer de Charles dès qu'il en avait l'occasion.

Ensuite, il y avait la compagne de Claude. Elle avait une sœur cadette, Mireille, mais tout le monde l'appelait Mimi. Depuis le jour où nous nous sommes tous rencontrés, nous sommes devenus inséparables. Avec eux, toutes les journées dures et épuisantes de l'entraînement semblent être une promenade dans le parc. Ils connaissent la vérité sur moi et m'avaient acceptée à bras ouverts, en me disant qu'ils me protégeraient.

Même si j'étais absent si longtemps, j'ai quand même réussi à rester en contact avec Dominique et Chloé. Pendant mon séjour au château, ils me tenaient au courant de tout ce qui se passait chez moi. Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est d'entendre à quel point Georges avait changé après mon départ. Apparemment, il était devenu profondément déprimé et était resté à la maison pendant quelques semaines. Je savais qu'il méritait la douleur qu'il traversait, mais cela n'a pas empêché mon cœur de se serrer de douleur pour lui, ne voulant pas qu'il ait à traverser cela. Dominique a continué à expliquer qu'après quelques mois, Georges était complètement différent de ce qu'il était auparavant. Il ne sortait plus faire la fête tout le temps. Il avait décidé de s'affirmer et d'être l'Alpha que sa meute méritait. Ce qui a choqué tout le monde, c'est quand Georges a convoqué une réunion de meute, annonçant finalement que j'étais bien sa compagne.

Jamais dans mes rêves les plus fous, je n'aurais imaginé que Georges de la Combe me déclarerait comme sa compagne. Je ne pensais pas qu'il regretterait de m'avoir rejetée, et pourtant nous voici dans cette situation. Bien sûr, je n'avais pas encore accepté le fait qu'il l'ait fait. J'étais toujours profondément blessée, mais il semblait que la colère que je gardais s'estompait lentement avec tout le bien qu'il faisait dans le monde maintenant. Je sais que c'est ringard, mais vous ne pouvez rien y faire.

Ce qui m'a mise en colère, c'est que juste après qu'il a annoncé que j'étais sa compagne, il a cru que j'étais morte. Que je m'étais suicidée. Dominique a expliqué qu'à chaque fois qu'il voulait parler, Georges pouvait à peine sortir les mots qu'il était déjà en train de pleurer. Où diable a-t-il eu la nouvelle que j'étais morte ?! Dominique et Chloé ont essayé de lui demander où il avait entendu cela, mais Georges ignorait toujours la question et se repliait en fuyant, la douleur rayonnant dans ses yeux. Ils ont tous deux essayé de dire à Georges à plusieurs reprises que j'étais en vie, mais il n'a jamais voulu les croire, disant qu'ils lui donnaient juste de faux espoirs. Après cela, ils n'ont jamais eu une autre chance de lui parler. Il se consacrait toujours à ses devoirs de meute et à l'école. Eh bien, il allait le croire bien assez tôt quand je devais revenir.

J'ai secoué la tête pour me débarrasser de mes pensées, et j'ai continué mon chemin vers la chambre de Louis, pour savoir à quelle heure nous partirions. Je n'ai pas pris la peine de frapper, et je suis juste entrée. Grosse erreur. J'ai crié au scandale, fermant les yeux hermétiquement tout en essayant de débarrasser de ma mémoire la scène à laquelle je venais d'assister.

« Mes pauvres yeux de vierge! Mettez vos foutus vêtements! », leur ai-je crié dessus en me tournant vers eux, les yeux toujours bien fermés.

« Eh bien, peut-être que si tu avais eu la décence de frapper, tu n'aurais pas eu à voir ça », s'est moqué Louis alors que je les entendais bouger dans la pièce derrière moi. Je me suis moqué mais je n'ai pas répondu avant de l'entendre dire que je pouvais me retourner.

« Alors, qu'est-ce que tu veux, petite fouineuse? », m'a-t-il taquinée en s'asseyant sur le lit à côté de sa compagne. J'ai grogné à ce surnom.

« Ne m'appelle pas comme ça! »

« D'accord, alors qu'en est-il de Votre Altesse? », m'a-t-il taquinée une fois de plus. A cette nouvelle moquerie, je lui ai lancé une de mes chaussures.

« C'est pire, et tu le sais! » Il savait à quel point je détestais les formalités ; ça me dérangeait beaucoup quand quelqu'un m'appelait comme ça. Je ne savais pas pourquoi, c'était juste comme ça.

« Peu importe. » Je suis restée dehors me rappelant pourquoi j'étais allée le voir. « A quelle heure partons-nous aujourd'hui? », ai-je demandé en levant un sourcil dans sa direction pendant que sa compagne commençait à emballer leurs affaires. L'école commençait le lendemain, donc nous devions tous être de retour avant. Même mes frères voulaient y aller, principalement pour garder un œil sur leur compagne. Si j'étais eux, j'aurais dit non. Qui diable voudrait passer une année de plus au bahut juste pour une compagne? En tout cas, pas moi.

« On part à sept heures ce soir. Maintenant, dégage », a-t-il dit en me jetant un coup d'œil. J'ai levé les mains en signe de capitulation, sachant exactement ce qui allait se passer. Je n'avais pas besoin d'être là et d'être témoin de cela une fois de plus, alors j'ai rapidement couru et me suis dirigée vers la salle d'entraînement.

C'était mon dernier jour d'entraînement avec les Anciens. La Déesse de la Lune actuelle leur avait conféré des pouvoirs différents afin qu'ils puissent former la prochaine Déesse de la Lune, c'est-à-dire moi. Ils n'étaient apparemment pas les premiers loups-garous à parcourir la terre, mais ils ont vécu pendant plus de 1000 ans. Ils commenceront finalement à vieillir une fois de plus quand je nommerai les dix nouveaux loups-garous comme Anciens. Je savais que c'était une grande décision à prendre, mais comme ils l'ont expliqué, lorsque le moment sera venu, je saurai qui méritera le titre.

Lorsque l'entraînement a commencé, ils m'ont poussée au-delà de mes limites, me disant toujours que je devais être prête à faire les choix les plus difficiles à partir de maintenant. Essayer de maîtriser dix pouvoirs était difficile ; ils le savaient parfaitement. Ils m'ont expliqué que chaque Déesse de la Lune avait un onzième pouvoir. Personne ne savait ce que c'était, mais il viendrait à moi au moment où j'en aurais le plus besoin. Mes pouvoirs variaient dans de nombreux domaines : l'eau, la terre, l'air, le feu, la téléportation, la lévitation, l'hypnose, la métamorphose, la télépathie et enfin la guérison.

Au fil de l'année, j'ai remarqué que chaque fois que j'étais sous ma forme de loup et que j'utilisais mes pouvoirs, les tourbillons bleus éparpillés sur mon corps commençaient à briller, donnant l'impression que j'était entourée par des flammes bleues. J'ai beaucoup discuté avec Diane, surtout lorsque je me sentais rattrapée par la tristesse et l'anxiété. Elle m'apaisait en me disant que je n'étais pas seule dans tout cela. Je l'avais, elle, mes amis et ma famille.

Finalement, le moment est venu où nous étions sur le point de partir. J'ai fait mes adieux aux Anciens, en les remerciant pour tout ce qu'ils nous avaient appris, à moi et à mes frères, tout au long de l'année. Nous avions traversé beaucoup de choses ensemble au cours de cette année, ce qui nous a rendus de plus en plus proches les uns des autres chaque jour qui passait. Puis, nous sommes partis.

Tout au long du voyage, je suis restée silencieuse. Je ne pensais qu'à Georges de la Combe. J'étais partagée entre la décision de lui donner une autre chance ou d'essayer d'aller vers l'avant et de trouver quelqu'un d'autre à aimer. D'un côté, il m'avait fait tellement de mal que j'avais vraiment l'impression de mourir, mais d'un autre côté, j'étais prise de pitié en entendant qu'il avait compris son erreur. Il avait changé, même avec l'idée que j'étais morte. Il n'avait pas changé parce qu'il croyait que je reviendrais et le verrais différemment, il avait changé même en sachant que je ne reviendrais jamais.

J'ai donc pris la décision de lui donner une autre chance, mais nous pourrions peut-être commencer par être amis. Je ne voulais pas me précipiter et finir par lui donner tout ce que j'avais, ce qui aurait entraîné un nouveau rejet. Je savais que mes amis et ma famille ne seront pas trop enthousiastes à l'idée, mais c'est mon choix.