Chapitre 4 Le regret

Du point de vue de Georges de la Combe

En me réveillant ce matin, mon loup était très excité. Il n'arrêtait pas de courir partout, de sourire et de se trémousser. C'était étrange pour lui, cependant. Il n'était pas le genre de loup à être « joyeux ». Il était toujours calme et posé, ne s'intéressant pas vraiment à ma vie, sauf quand il s'agissait de problèmes de meute. Intrigué, je lui ai demandé à plusieurs reprises pourquoi il était soudainement d'une telle humeur, mais il m'a simplement ignoré et a continué à sauter partout. J'ai finalement abandonné en haussant les épaules.

J'ai attrapé mon sac d'école, le traînant par-dessus mon épaule avant de descendre les escaliers. « La faim fait sortir le loup du bois », dit-on. Dès que je suis descendu, je me suis précipité dans la cuisine. En entrant dans la cuisine, j'ai vu mon père assis à la table de la cuisine, lisant quelques dossiers tout en buvant du café. Quant à ma mère, elle buvait son café, appuyée contre le comptoir de la cuisine. Elle a souri en me voyant.

« Bonjour, mon cœur. » J'ai aussi souri, et je me suis assis pour me préparer des céréales.

« Bonjour les gars », ai-je dit avant de commencer à manger mes céréales.

« Fils... », a dit mon père. Après, il a continué à expliquer quelque chose, mais j'ai à peine prêté attention. Mon esprit était occupé à chercher une explication à propos du comportement inhabituel de mon loup. Tout cela ne lui ressemblait pas du tout, et cela m'inquiétait. Je ne pouvais pas continuer à m'attarder sur la question, alors j'ai fini mes céréales avant de dire au revoir et de sortir de la maison. A mon avis, l'école était une vraie perte de temps. Bientôt j'étais destiné à devenir un Alpha, alors pourquoi devrais-je y aller? Mes parents. Ils sont la seule raison pour laquelle je me donnais la peine d'y aller.

Je suis arrivé en retard, et j'ai vu que la plupart des gens étaient déjà à l'intérieur. J'ai éteint la voiture avant de sortir. J'ai pris mon sac et je me suis dirigée vers l'entrée de l'école où tous mes amis nous attendaient. Ce faisant, j'ai attiré l'attention de la plupart des filles qui se trouvaient là, et quelques regards de certains gars, mais ceux qui étaient humains parmi eux. Ceux qui étaient dans ma meute savaient mieux que moi qu'il ne fallait pas me regarder. Mon loup a grogné d'agacement alors que je me plaisais de l'attention que toutes les filles me portaient, en me disant que seule notre compagne avait le droit de me regarder ainsi. Roulant des yeux, je l'ai ignoré, ne voulant pas entendre un autre sermon de sa part.

J'ai finalement rejoint mes amis, et je les ai tous salués. Il y avait Blaise, mon commandant en second, Bruce, un solide guerrier de meute, et Damien, mon cousin, qui était aussi un très solide guerrier de meute. Nous étions toujours proches et nous nous soutenions toujours les uns les autres.

« Georges! Encore en retard, mec? Alors, comment vont les nouveaux Bêtas? », a demandé Blaise en me tapotant le dos. En toute honnêteté, j'aurais préféré avoir Blaise comme Bêta, mais mon père avait choisi pour moi. Trois Bêtas n'étaient pas une chose habituelle. Je crois qu'il les avait choisis tous les trois parce qu'ils étaient des triplés, bien qu'ils aient dû passer par une sorte d'entraînement spécial.

Je me souvenais très bien de leurs prénoms. Ils s'appelaient Louis, Claude et Liam. Je savais qu'ils avaient un autre frère ou une autre sœur, mais je n'arrivais pas à me rappeler qui c'était. Curieusement, ils étaient plus âgés que moi et avaient déjà terminé leur scolarité. Je ne savais toujours pas pourquoi mon père les avait choisis spécifiquement, mais je n'avais pas pris la peine de spéculer dessus. Il avait ses raisons. Après tout, « Le cœur a ses raisons que la raison ignore », disait Blaise Pascal. Par exemple, il était courant que les futurs Alphas prennent le rôle à 18 ans, mais il avait décidé de me le confier à 17 ans. Il ne restait qu'une année avant cela. Mon père avait pris la relève à 17 ans, tout comme mon grand-père.

« Ils sont aptes, je suppose. Ils partent pour cet entraînement spécial aujourd'hui. Je ne comprends pas pourquoi ils doivent être formés par les Anciens, mais pas moi », ai-je dit en haussant les épaules. C'était déroutant, mais je ne m'y suis pas attardé trop longtemps. Alors que nous marchions tous dans le couloir, en nous dirigeant vers la salle de classe, je me suis soudainement arrêté. C'est à ce moment que j'ai été frappé par l'odeur la plus agréable qui soit.

De la vanille et de l'océan.

Je ne pensais même pas que ces deux parfums combinés pouvaient sentir aussi bon que ça. Immédiatement, j'ai su ce qu'il en était, et tout a pris sens. J'ai maintenant compris pourquoi mon loup était si excité aujourd'hui.

Je me suis précipité en classe, laissant tout le monde derrière moi. Je devais la retrouver. Je devais trouver ma compagne. En suivant son odeur, je l'ai pistée jusqu'à ma classe. Malheureusement, en entrant, j'ai remarqué que son odeur était partie par l'autre porte de la classe. Au moment où j'allais courir après elle, j'ai été arrêté par le professeur.

« M. de la Combe, heureux que vous ayez enfin pu vous joindre à nous. Maintenant, asseyez-vous », a-t-il dit sévèrement, en me lançant un regard noir. S'il n'était pas humain, je lui aurais arraché la gorge pour m'avoir parlé sur ce ton, mais je ne pouvais pas sans dévoiler mon secret, et c'est contre la loi des loups. Je me suis donc assis à contrecœur, ma jambe tremblant car je voulais juste aller chercher ma compagne, ma Lune.

Après avoir attendu plus de cinq minutes en classe, j'ai abandonné et j'ai sauté de mon siège. J'ai couru hors de la classe, ignorant le professeur qui me criait dessus. Son odeur devenait faible ; je ne pouvais pas la perdre. Je devais la retrouver. J'ai couru dans les couloirs, cherchant partout. Au moment où j'allais entrer dans la bibliothèque, j'ai senti que son odeur était plus forte dans un autre couloir. J'ai plutôt suivi cette piste d'odeur.

J'aurais aimé ne l'avoir pas fait. J'aurais aimé n'avoir jamais vu qui était ma compagne. En regardant dans le couloir où elle se trouvait, j'ai vite réalisé que celle à qui j'étais destiné n'était autre que Jeanne Lemaire. Je savais qui elle était et quelle était sa réputation dans cette école. Elle ne pourrait jamais être ma Lune, car elle était faible. Elle ne pouvait pas être à la hauteur d'assumer une telle responsabilité. Néanmoins, je savais ce que j'avais à faire. Pour l'amour de Dieu, tout le monde se moquerait de moi s'ils découvraient qui était ma compagne. Mon loup me criait d'arrêter, de l'accepter. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas accepter une Lune faible.

Je ne pouvais pas ruiner ma réputation. Cependant, alors que je me disputais avec mon loup, la seule chose dont j'ai pris conscience c'est qu'elle était plaquée contre le casier l'instant d'après. J'ai ignoré la flamme que je ressentais en la touchant, et ignoré à quel point elle était vraiment belle. Je ne pouvais pas l'accepter. J'accepterais n'importe qui d'autre, sauf elle. Ainsi donc, je l'ai rejetée, mais j'ai été choquée par sa réponse.

« Je m'en fiche, maintenant lâche-moi! », a-t-elle crié tout en essayant de me repousser. J'ai été pris à contre-pied, et pour le dire franchement, j'étais légèrement blessé. J'ai fait de mon mieux pour me débarrasser de ce sentiment avant de lui lancer un regard noir.

« Comment ça, tu t'en fous ?! Je viens de te rejeter! Comment peux-tu ne pas être contrariée? », ai-je crié en me sentant confus à propos de tout cela. J'ai ignoré la façon dont elle a grimacé quand j'ai appuyé plus fort sur son épaule.

« Lâche-moi! Je savais que tu me rejetterais probablement! Maintenant, laisse-moi partir. On se verra dans un an! », m'a-t-elle crié dessus en me poussant. Elle avait réussi à le faire, ce qui m'avait franchement choqué. Même Blaise n'était pas assez fort pour un tel acte contre moi. Je ne l'avais jamais vraiment vue agir comme ça. Par ce geste, je commençais à voir qu'elle s'était affermie pour une fois. Cela m'a complètement choqué. Je l'ai regardée s'éloigner et j'ai attrapé son poignet.

« Comment ça, on se reverra dans un an? », ai-je demandé. Pourquoi a-t-elle dit ça? Je commençais à m'inquiéter, imaginant de nombreux scénarios pour expliquer son départ.

« Va demander à ton père! Maintenant, lâche-moi! », a-t-elle hurlé en dégageant son poignet de ma prise. Après cela, elle a couru dans le couloir, et je l'ai suivie. Elle a franchi les portes de l'école. Ensuite, j'ai repéré les trois nouveaux Bêtas. Juste au moment où j'allais leur demander ce qu'ils faisaient là, j'ai vu Jeanne s'approcher d'eux, les serrer dans ses bras avant de monter dans la voiture avec eux.

Il m'a fallu quelques secondes pour comprendre la situation. Elle était en fait leur sœur. Et elle est partie avec eux. Partie pour un an. J'ai senti mon cœur se briser en réalisant mon erreur. J'avais cette personne en face de moi, c'était vrai. Je ne l'avais jamais vue blesser une autre personne ; elle prenait toute la douleur sur elle. J'ai rejeté une personne innocente parce que je tenais à ma stupide réputation.

« Va chercher notre compagne, idiot! Accepte-la! Ramène-la! », m'a crié mon loup en se griffant pour la poursuivre. Je suis resté là, à regarder l'endroit où elle venait de partir.

« Comment vais-je réparer ça? Est-ce qu'elle me pardonnera au moins? », lui ai-je demandé en sentant la culpabilité me ronger le cœur. Mais ce qu'il a dit a brisé mon cœur, parce que c'était vrai.

« Pourquoi nous accepterait-elle? Après la façon dont nous l'avons toujours traitée », a-t-il gémi. Je pouvais sentir sa tristesse et son cœur se briser.

J'ai fait un vœu à moi-même, à mon loup et, surtout, à Jeanne. Même si elle ne nous acceptait pas, j'allais battre ma coulpe devant elle pour toute la douleur que je lui avais causée. Je ferai tout pour qu'elle me pardonne.