Entre la vie et l'amour
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Chapitre 9 Chapitre 9

Je parlais à la mère de Philip et elle m'écoutais attentivement sans rien dire. Quand j'eus terminé, elle se lança.

- Tu sais ma chérie, il y a une grande différence entre une amourette et le grand amour. Quand je t'entends parler de Philip, j'ai l'impression que tu ne le connais pas assez, me dit-elle. Je t'ai écouté avec beaucoup d'attention et j'en ai déduit que tu connais juste de ce garçon ce qu'il te montre de lui.

Je ne comprenais pas où est ce qu'elle souhaitait en venir avec ses propos, néanmoins, je me sentais incomprise.

- Où veux-tu en venir mère ? lui demandais-je.

- Rien de bien grave, je dis juste que tu ne connais pas assez Philip, me dit ma mère. Tu sais Rachel, un mariage implique énormément de choses. Tu devras apprendre à vivre avec un inconnu si je puis le dire ainsi.

- Mais je connais Philip, dis-je.

- Tu ne le connais peut-être pas autant que tu devrais. Je ne veux que ton bonheur crois-moi et je n'aimerais pas tu découvres des choses désagréables sur lui après votre mariage.

Je comprenais mieux où elle voulait en venir, ma mère tout comme n'importe quel parent se disait certainement que l'homme que sa fille aime n'est peut-être pas à la hauteur. De toutes manières, ce fut là ce que je m'étais dit à cet instant. Ce n'est malheureusement que bien trop tard que je compris le fond réel de la pensée que développa ma mère ce soir là.

- Je connais Philip et avec le temps, j'apprendrai à mieux le connaître, dis-je.

- Je ne suis pas du même avis, je pense que tu devrais d'avantage le connaître avant de te lancer dans ce mariage.

Sur le coup, j'eus l'impression que ma mère voulait à tout prix que je revienne sur ma décision. Je me sentis agacée, c'était comme si ma famille ne me faisait pas du tout confiance.

- Mère, je sais que vous êtes tous inquiets pour moi mais j'aimerais que vous sachiez tous que je me sens assez grande pour prendre mes décisions. Philip est une belle personne et je suis certaine qu'il me rendra heureuse, dis-je.

Je sentis à la manière de faire de ma mère qu'elle fut quelques peu agacée mais je n'y pouvais rien, je n'avais fait que dire ce que je ressentais.

- J'ai déjà été amoureuse et je sais qu'il est impossible de te faire entendre raison pour le moment. Je ne dis pas que Philip n'est pas une bonne personne ou alors qu'il ne te mérite pas, loin de là, je l'aime bien ce jeune homme, seulement, je veux être sûre que tu ne regretteras pas ta décision dans un futur proche.

- Rassures-toi mère, je sais ce que je fais et Philip ne me décevra pas. Ne penses pas que je ne t'ai pas écouté, je ferai de mon mieux pour apprendre à le connaître d'avantage et si je découvre un truc qui ne va pas, je te promets que je n'hésiterai pas à revenir sur mes pas, dis-je.

- Je t'aime chérie et n'oublie jamais que tu es la prunelle de mes yeux, me dit ma mère.

- Tu es aussi la prunelle de mes yeux mère, lui dis-je en souriant.

- Dis-moi jeune fille, me dit ma mère as-tu déjà pensé à ce que tu mettras lors de votre cérémonie de fiançailles ?

- Non mère, je n'y ai même pas pensé pour tout te dire, répondis-je.

- Un shopping s'impose donc si je ne m'abuse, me dit-elle.

Elle avait bien raison sur ce coup là, des achats importants s'imposaient à nous. Il était bien-sûr hors de question que j'assiste à ma propre cérémonie de fiançailles avec une vieille tenue. Je ressentais un sentiment qui jusque là m'était inconnu, je me sentis importante. Ça me faisait du bien de savoir que pour une fois, toute l'attention se portait sur ce que je faisais. Toute ma vie, j'avais été dans l'ombre de mon frère, je l'aimais bien-sûr mais il avait cette capacité à toujours se rendre le plus intéressant et cela me cachait dans son ombre. Les études de droits fut aussi une manière d'attirer l'attention de mes parents car je souhaitais qu'ils soient tout autant fiers de moi.

Voir ma mère aussi ouverte avec moi me donnait l'impression d'être importante et précieuse aussi. J'étais sa fille mais jamais nous n'avions eu une conversation aussi sérieuse toutes les deux et cela arrivait grâce à ma décision de me marier.

- Tu as bien raison mère, un shopping s'impose et je suis vraiment très heureuse de devoir faire les magasins avec toi, lui dis-je.

- J'ai l'impression que tu sous-entends des choses chérie, me dit ma mère.

Elle n'avait pas tort sur ce coup là, ma joie avait laissé transparaître mes émotions cachées. C'était comme si l'univers tout entier s'était mobilisé pour que j'ouvre enfin mon cœur à la femme qui m'avait portée dans ses entrailles.

- Tu sais mère, j'ai toujours eu l'impression de ne pas être un membre clé de cette famille. Je me sentais lésée et oubliée.

- Est-ce la raison pour laquelle tu ne rentrais jamais pendant les vacances ? me demanda ma mère.

Je lui répondis d'un signe de la tête.

Quand elle vis mon signe, elle ne put retenir ses larmes.

- Ma chérie, j'en suis vraiment navrée, je ne savais pas du tout que tu nourrissais de tels sentiments au plus profond de toi. Si tu nous en avait parlé, nous t'aurions fait comprendre que nous t'aimons tout autant que nous aimons ton frère.

Elle tendit ses mains en ma direction, comme le font les mamans à leurs bébé lorsqu'ils se font mal. Je me déplaçai donc afin de me réfugier dans les bras de ma maman.

Ce fut de loin le moment le plus privilégié que j'avais passé avec ma mère, aussi loin que je m'en souvienne.

- Je sais bien que vous m'aimez énormément mais j'ai toujours eu l'impression d'être dans l'obligation d'attirer votre attention, dis-je. Ce n'est que maintenant, alors que j'en parle tout haut que je me rends compte du degré de stupidité dont j'ai fait preuve.

- Ma petite chérie, ce n'est que normal de ressentir certaines choses à un moment donné, me dit ma mère, c'est tout cela qui fait de nous les humains que nous sommes.

Je me dis que ce fut une manière pour elle de me réconforter car je me sentais très bête d'avoir penser que j'étais en compétition avec mon frère pour l'amour de nos parents.

- Tu essaies juste de me faire me sentir moins bête mère, lui dis-je.

- Mais non, c'est juste que je vois les choses d'un oeil différent, me dit ma mère, je suis très heureuse que tu te sois ainsi senti en danger .

- J'ai bien peur de ne pas te suivre mère, lui dis-je alors que je me redressais afin de mieux la regarder.

- Ce que j'essaie de dire c'est que cette rivalité imaginaire avec ton frère t'a permise de donner le meilleur de toi même dans tout ce que tu as pu entreprendre. Ton père et moi sommes très fiers de la jeune femme que tu es devenue voilà pourquoi je dis que tes sentiments ont su te guider vers de meilleurs objectifs.

Tout était fin clair dans ma tête. La vision qu'avait ma mère des choses était très atypique mais logique. J'étais tellement absorbée par le sentiment de rendre mes parents aussi fiers de moi qu'ils l'étaient de Nick que je ne me suis pas rendue compte que ça m'avait changée. J'avais eu un parcours excellent dont je pouvais me vanter seulement, je n'avais pas vu les choses sous cet angle.

Ma mère et moi ne discutâmes plus au bout d'un moment. Je posai ma tête sur ces pieds et elle me caressa les cheveux jusqu'à ce que je m'assoupisse. Un doux sommeil me vola quelques instants à mon insu alors que j'étais englouti dans toute la douceur qui émanait de ma génitrice.

- Chérie ! entendis-je tout d'un coup, c'était ma mère qui essayait de me réveiller.

Je me réveillai et je constatai que je m'étais endormie sur ses genoux.

- Si tu te sens fatiguée, tu devrais aller te reposer dans ta chambre, me dit-elle.

Elle avait bien raison sur ce coup là, je l'avais assez envahi, beaucoup plus que je ne l'avais fait durant 22 longues années.

- Je t'aime mère, lui dis-je en me levant.

- Je t'aime encore plus,me répondit-elle.

Sur ces mots, je m'en allai, le cœur aussi libre que les pages d'un cahier vierge. Ce qui venait de se passer avec ma mère était à caractère exceptionnel, j'avais eu l'impression d'avoir retrouvé ma mère après plusieurs années d'absence.

Ce fut la direction de ma chambre que j'empruntai car tout cela m'avait donné sommeil. Je comptais dormir un peu avant que le dîner ne soit servi. Déjà dans ma chambre, je me couchai et m'endormis aussi rapidement qu'un nouveau-né.

Ensuite, j'entendis toquer à la porte de ma chambre, ce fut Seecombe, j'étais attendue pour le dîner. Je me sentais toute ramollie mais ce ne fut que normal car je me réveillais à peine. Je n'avais pas dormi pendant longtemps mais ces quelques instants de sommeil avaient été de loin les meilleurs que j'avais eu depuis des années. Je descendis rejoindre les autres de suite, ils m'attendaient tous, père, mère et Nick. Alors que nous étions tous à table, j'eus le sentiment que j'avais avec moi, la famille que j'avais toujours rêvé d'avoir.

- Ta mère m'a fait comprendre que demain, vous ferez les magasins afin de te trouver une nouvelle tenue, me dit père.

- J'ai cru le comprendre aussi père, dis-je, vous savez tous qu'il est hors de question que j'assiste à mes fiançailles avec une vielle tenue.

- Et moi qui pensais que cette jeune femme était la plus simplette de la terre, voilà qu'elle nous montre son vrai visage, dit Nick, attention à ce qu'elle ne dévalise pas tous les magasins.

Ces propos ne nous laissèrent point indifférents, nous nous laissâmes emporter par un fou rire très contagieux.

Ce moment fut de loin le plus merveilleux que je passai avec ma famille, nous étions heureux. Mais alors que je riais aux éclats, je finis par me dire qu'il était vraiment dommage que nous soyons tous les quatre aussi heureux alors que j'étais sur le point de me marier. J'aurais aimé que nous soyons tous aussi proche depuis des années.

- C'est ça la bague que t'a offert ton cher Philip? me demanda mon père en regardant ma main.

- Oui père, lui répondis-je.

- Tu sais bien qu'il devra t'en offrir une autre car sa demande n'est toujours pas officielle, dit-il de nouveau.

- Nous n'en avons pas parlé mais cette bague me convient très bien, répondis-je.

- Les Kendall en achèteront certainement une qui a plus de valeur pour la cérémonie officielle, déclara ma mère.

- Peu importe mère, dis-je de nouveau.

- Rachel, n'hésite pas à m'appeler si jamais un jour, Philip dépasse les bornes, me dit Nick.

- Pas la peine de t'emballer monsieur le justicier, Philip est un gentleman, il ne te laissera pas l'occasion de lui faire des reproches, dis-je.

J'en avais un peu marre de devoir prendre la défense de Philip à chaque fois que ma famille parlait de lui. Je me demandais s'il vivait la même situation avec ses parents. Néanmoins, je savais que c'était leur manière à tous de me prouver leur soutien.

Nous terminâmes de dîner et comme toujours, chacun regagna sa chambre. Nous étions néanmoins tous heureux et très détendus mis à part ma mère qui se sentait stressée à cause de la fête qu'elle était censée organiser. La cérémonie des fiançailles était toujours organisée par la famille de la future fiancée, c'était donc à ma mère de tout faire car elle en avait l'habitude. J'étais bien-sûr chargé de lui donner un coup de main mais je savais bien que ça serait une tâche pas très aisée dû à son caractère.

            
            

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