Je n'étais venue que pour quelques semaines tout au plus mais la donne changea très rapidement. J'avais prévu de retourner à Oxford afin d'y travailler dans un cabinet d'avocat mais je changeai mes plans pour le plus grand bonheur de ma famille. Philip n'était pas bien-sûr étranger à cette décision, car il était la raison principale de cette folie soudaine. Je n'avais parlé à personne de notre relation, le simple fait de vivre une aventure secrète avec lui me plaisait fortement. Je me disais que lui aussi faisait preuve de discrétion quant à notre relation parce qu' au fond, aucun de nous n'avait intérêt à ce que nos familles se mêlent de notre vie. C'était fou comme Philip se rendait disponible pour moi au tout début. Il me donnait l'impression d'être son plus grand centre d'intérêt et c'était là tout ce que j'avais souhaité.
Les jours passaient et le nouvel an fut annoncé. Je n'oublierai jamais ce jour car pour la toute première fois, ma famille le passa comme une famille ordinaire. Il n'y avait pas eu de grand dîner à la maison ou chez des amis, juste mon frère, mes parents et moi. Mes parents avaient décliné toute invitation venant de leurs amis juste pour passer du temps avec mon frère et moi. Ce geste de leur part signifia absolument tout pour Nick et moi. Tout se passait tellement bien ce jour là qu'il me traversa la tête de leur parler de la relation que je partageait désormais avec Philip mais je ne le fis pas.
Ma famille n'était pas stupide non plus, et je sais qu'ils savaient tous que j'avais quelqu'un dans ma vie mais il souhaitaient juste que je leur en parle quand je me sentirais prête. Quelques jours après le nouvel an 2014, plus précisément le douze janvier, ma famille se déplaça pour se rendre aux funérailles de ma cousine au second degré Louise. Je ne l'avais jamais connu et ce fut la raison pour laquelle je ne trouvais aucun intérêt à assister à sa cérémonie funèbre. Ma famille s'y était rendu juste pour sauver les apparences. Certes je ne connus pas Louise de son vivant mais ce ne fut pas la seule raison de mon refus de me rendre à ses funérailles à Florence avec ma famille. Je voulais rester là à discuter avec Philip toute la journée s'il le fallait, j'étais devenue folle de lui juste en quelques semaines.
Philip savait que j'étais toute seule à la maison et pourtant, il ne daigna ni me passer un seul coup de fil, ni même répondre aux miens. Cette journée passa très lentement, à ce qu'il me sembla du moins. Cette longue journée passée à la maison me paraissais monotone. Néanmoins, je ne dînai pas toute seule ce soir là mais avec tous les employés à la cuisine. Ils se sentaient tous très indignés de voir mademoiselle Rachel dîner avec eux et à la cuisine en plus. Mais bon, ils ne me connaissaient pas assez pour savoir que j'étais plutôt simple et je n'adhérais pas totalement à toutes ces règles de bienseillance. Chacun gagna très tôt ses appartements car cette fois ci, il n'y avait pas ma mère pour embêter qui que ce soit avec ses commissions intempestives.
J'étais seule à la maison et je n'appréciais pas le fait de me faire servir, donc, je me chargeais de me servir moi même en cas de besoin. Cela faisait des vacances aux employés car mes parents en avait pour environ trois jours à Florence. J'étais d'une humeur cramoisie et le désespoir m'envahissait grandement car je n'avais reçu aucun appel de Philip de la journée. Je me berçai d'illusions toute la journée pour trouver une excuse à son comportement. Je me dis tout d'abord qu'il était certainement très occupé, ensuite, je pensai qu'il ne voulait plus du tout de moi et que c'était sa manière de rompre. Alors que j'allai dans ma chambre après le dîner, je finis par croire que peut-être quelque chose lui était arrivé. Jamais encore je n'avais été si possessive avec un homme mais celui-là, je l'aimais vraiment. La nuit tomba et je finis par ne plus espérer avoir de ses nouvelles quand soudainement, je reçu un coup de fil de sa part. J'étais inquiète et surprise qu'il m'appelle aussi tard.
- Bonsoir chérie, me dit il.
Entendre cette voix me soulagea mais je fis mine du contraire et ne répondit pas du tout à sa salutation.
- Tu dois être fâchée de n'avoir reçu aucune nouvelle de la journée, je le sais. Je suis devant chez toi, ouvre moi, je t'en prie. Déclara t-il.
Je m'inquiétai d'avantage car c'était complètement fou que Philip soit à l'entrée de chez moi. Je ne comprenais pas ce qu'il souhaitait me dire d'aussi important qui n'aurait pu attendre le matin ou se dire par téléphone. Je raccrochai sans rien lui dire et j'accourue pour me rendre à l'extérieur et lui ouvrir. Tous les employés étaient dans leurs chambres et seul le gardien était à l'entrée mais grâce à dieu, il dormait. Ça tombait très bien car j'avais intérêt à ce que nul ne sache que j'avais fait entrer un homme au manoir, en pleine nuit. Tout discrètement, j'ouvris à Philip.
- Que fais tu là à cette heure Philip? lui demandais je en murmurant.
- J'ai une question importante à te poser, déclara t-il, et ça n'aurait su attendre demain.
Il avait l'air très sérieux et cette situation me rendit très anxieuse.
- Je t'écoute, lui dis.
Il fit un acte auquel je ne m'attendais guère, du moins, pas aussi rapidement. Philip posa un genou au sol et sortit de sa poche, une bague. Elle scintillait de mille feux et pourtant, il n'y avait pas la lumière du jour pour faire éclater toute sa splendeur.