Quand il quitta la maison, tous les domestiques de la maison m'entourèrent pour me féliciter car ils étaient tous aussi heureux pour moi.
- Le jeune Philip doit vraiment beaucoup vous aimer mademoiselle, cette bague est splendide, me dit l'un.
- À quand le mariage? me demanda un autre.
- Vos parents le savent-il déjà ?
Ils me posaient tous tellement de questions que ce fut difficile d'y répondre complètement.
- Une question à la fois, dis-je, nous n'avons pas encore parlé de cet engagement à nos parents donc il n'ya pas encore de date pour le mariage. Vous êtes les tout premiers à le savoir.
Mes réponses les satisfaisaient entièrement. Ils m'aimaient tous et me trouvaient différentes. J'étais celle qui passait du temps avec eux et je ne les laissais pas me servir tout le temps comme le faisaient Nick et mes parents.
Ce jour là, j'étais si heureuse qu'ils avaient décidé sans même m'en parler d'abord de cuisiner mon plat et mon dessert favoris. À mon tour, je les invitai à table afin que nous y dînions tous ensemble. Je passais désormais plus de temps au téléphone avec Philip et il en avait profité pour me dire qu'il avait annoncé la nouvelle à ses parents. D'après Philip, ceux-ci étaient très ravis d'apprendre la nouvelle et ils attendaient avec impatience le retour de mes parents pour venir leur parler. Les choses allaient pourtant très vite mais cela n'avait guère de l'importance pour moi. J'étais amoureuse de ce cher Philip et pour lui, j'étais prête à tout, même à me marier sans que mes parents n'en soient consentants.
Quelques temps plûtard, ma famille revint de Florence. Ils étaient tous épuisés. Je ne leur annonçai pas la nouvelle aussitôt que je les vis. J'attendis impatiemment l'heure du dîner car c'était l'un des rares moments où nous étions tous ensemble. Je pouvais tout aussi voir l'excitation dans les yeux des domestiques de la maison qui eux aussi, avaient envie de parler de cette nouvelle qui semblait bonne pour moi.
J'avais pourtant la bague au doigt mais nul ne le remarqua.
Ce fut ce jour que je compris que mes parents ne s'intéressaient à moi que quand ils en avaient besoin. J'aurais adoré qu'ils remarquent tous cette magnifique bague à mon doigt et qu'ils me posent des questions. Hélas, les choses se passèrent plutôt comme je les avais prévu.
- Père, mère, j'ai une choses très importantes à vous dire, dis je alors que nous étions tous les quatre à table.
- Est ce que cela signifie que je ne devrais pas être sur cette table? demanda Nick.
- Mais non, tu es autant concerné que les parents, lui dis je bien que je savais qu'il avait dit cela avec peu de sérieux.
Ils cessèrent tous de manger pour m'écouter. Je n'aurais jamais imaginé que annoncer une telle nouvelle procurait autant de stress. Je pris ma main et je la leur montrai.
- J'ai reçu une demande en mariage et je l'ai accepté, dis-je.
Ils étaient tous stupéfaits car ils ne savaient pas que j'avais quelqu'un dans ma vie. C'est vrai que je discutais tout le temps au téléphone mais mes parents se disaient certainement que je le faisais avec des amis d'Oxford.
- Est ce que tu l'aimes? demanda mon père.
- Oui père, j'en suis éperdument amoureuse et je crois que c'est le bon, lui dis-je.
- Et pouvons nous savoir qui il est? le connaissons nous? Demanda ma mère de suite.
- Il s'agit de Philip, dis-je.
- De quel Philip parles-tu ? me demanda Nick.
- Philip Kendall, dis-je.
Sur le moment, je ne pus pas desceller le fond de leurs pensées à travers les expressions de leurs visages. Ils n'avaient rien dit et pourtant, je leur avais annoncé une nouvelle qui me paraissait bonne.
- Puis-je savoir depuis quand vous vous voyez? demanda ma mère ?
Sa question avait eu le don de m'irriter. Je me disais que c'était méchant de leur part de ne pas me soutenir. J'étais loin de comprendre qu'ils ne faisaient que se soucier de moi et de ce que je faisais de ma vie.
- Nous nous voyons depuis un moment. J'ai l'impression que cette nouvelle ne vous plaît pas du tout et j'en suis profondément déçue. C'est mon choix vous savez! dis-je.
Je me lévai de table aussitôt pour me réfugier dans ma chambre. J'étais très en colère et les larmes qui coulèrent de mes yeux ce soir-là furent le résultat de toute la colère au fond de moi. Nul n'avait daigné venir me voir dans ma chambre et même s'ils l'avaient fait, je ne leur aurais certainement pas ouvert.
Je finis par m'endormir ce soir là avec toute cette colère qui finit par s'atténuer. Mais le lendemain matin, très tôt, quelqu'un toqua dans ma chambre.
- C'est moi Rachel, ouvre, je te promets que je suis seul.
C'était Nick qui était au pas de ma porte. J'avais cru que si quelqu'un venait me parler, ça serait certainement ma mère mais je m'étais trompée. Je n'avais rien contre Nick et même si c'était le cas, je n'aurais pas pu le laisser au pas de ma porte ainsi.
Je lui ouvris.
-Tu peux entrer, lui dis-je.
Il entra et je refermai la porte derrière lui. Nous prîmes place sur mon lit afin de mieux discuter.
- Tu sais pourquoi je suis là n'est ce pas! me dit-il.
- Tu es là pour parler de Philip, je sais bien, répondis-je.
- Je ne sais pas ce qui peut bien se passer entre vous mais sache que si tu l'aimes vraiment comme tu dis, nul ne fera obstruction à votre relation, me dit Nick.
- Je l'aime vraiment si tu savais et cette proposition de mariage fut une grande surprise de sa part. C'était la plus belle des nouvelles que j'ai reçu de toute ma vie.
- Et qu'en est-il de ton rêve de travailler dans un grand cabinet d'avocat à Oxford ? me demanda Nick.
- Je n'ai pas éliminer les projets détrompes-toi, je les ai juste repousser. Pour être plus sincère, mes priorités ont changé, dis-je.
Il resta silencieux et me tint la main. Je pouvais ressentir tout l'amour que Nick ressentait à mon égard juste en faisant ce geste. Notre relation était très privilégiée car on s'aimaient encore plus que Anzel et Gretel.
- Père et mère n'ont pas de problème avec le fait que tu épouse Philip. Ils veulent juste se rassurer que ce mariage te rende heureuse à long terme. Tu sais, tu es la plus jeune de la famille et c'est normal que nous essayions tous de te protéger. Nous connaissons tous Philip et l'apprécions et pourtant, nous souhaitons nous rassurer du fait que lui aussi ressente la même chose pour toi.
Je compris mieux leur point de vue et je me sentis coupable d'avoir quitté la table ainsi la veille. Ils avaient bien raison de se faire du soucis pour moi mais, je ne le voyais pas.
- Je suis vraiment désolée d'avoir quitté la table ainsi hier sans rien dire. J'espère que père et mère ne sont pas du tout en colère contre moi.
- Mais non, je ne le pense pas. Tu devrais néanmoins descendre et leur présenter des excuses. Et tous ensemble, nous verrons comment procéder pour inviter les Kendall à la maison.
Voilà qui était bien mieux. Rien de plus beau que cette nouvelle. Nick s'en alla et moi, je me préparais pour descendre. C'est fou comme j'ai pu me tromper et m'entêter contre ma famille.
Je finis par descendre et ma famille m'avait attendue pour prendre le petit déjeuner. Je me sentais très gênée d'avoir été aussi impulsive la veille.
- Père, mère, je vous demande pardon pour mon attitude d'hier soir. Je vous promets que cela ne se reproduira plus, dis je.
- Tu devrais t'asseoir et manger, il ne faudrait pas que ta belle-famille pense que nous ne t'avons pas bien nourri, déclara ma mère.
Ce qu'elle avait dit n'avait pas manqué de tous nous faire rire. Ma mère avait ce don de détendre l'atmosphère quand tout semblait tendu. Mon père disait d'ailleurs que c'était l'une des raisons pour lesquelles il était tombé amoureux d'elle.
Je pris place à table et tous ensemble, comme la famille soudée que nous étions, nous mangiâmes.
- Je compte inviter les Kendall demain afin que nous discutions tous ensemble de votre engagement à Philip et à toi, dit mon père.
J'avais attendu avec impatience que cette phrase sorte de sa bouche et il l'avait enfin fait. Les choses semblaient déjà aller mieux. Il n'y avait rien qui semblait me faire comprendre que je prenais la pire décision de ma vie. Je n'avais écouté personne et je ne peux en vouloir qu'à moi-même pour tout ce qui se passa ensuite.
Cette journée fut merveilleuse pour moi car j'attendais avec impatience que mon prince vienne rencontrer ma famille le lendemain. Je chantais sans raison et je souriais à tout bout de champs. Mon ciel était bleu et j'avais l'impression que rien ne pouvait l'obscurcir. Mon père avait déjà appelé chez les Kendall pour les inviter à la maison le lendemain et ils avaient accepté volontiers. Ma vie suivait le cours que je souhaitais lui donner et j'en été plus qu'heureuse. Il n'y avait aucun mot assez fort pour décrire tout le bonheur que je ressentais.
Jamais encore une journée ne m'avait paru aussi longue. J'étais tellement impatiente que je souhaitais que cette journée s'achève et laisse place à celle du lendemain.
La seule chose qui calma mes ardeurs était le coup de fil de Philip. Nous avions discuté longuement et il ne cessait de me dire qu'il était plus qu'impatient pour le lendemain. Il savait comment me parler, ou du moins, il savait que me dire pour me satisfaire. En même temps, je n'étais pas très compliquée comme personne et il suffisait de peu pour me satisfaire. Philip avait appris à me connaître et il s'en servait pour me manipuler sans même que je ne m'en rende compte. Ce n'est qu'après quelques années que je m'en rendis malheureusement compte.
Bien que très longue à mon goût, la journée s'achéva pour mon plus grand bonheur. Je me réveillai très tôt car très impatiente de voir débarquer chez nous la famille Kendall. Je m'étais levée bien plus tôt que d'habitude. Je m'étais préparée juste pour descendre et pour prendre le petit déjeuner. Néanmoins, j'avais préparé la tenue que j'étais censée mettre pour accueillir les Kendall. Je souhaitais à tout prix faire bonne impression à mes futurs beaux-parents. Je n'étais bien-sûr pas le genre de personne qui adorait attirer l'attention mais pour cette occasion spéciale, j'étais prête à être le centre de l'attention. Le temps passa et l'une des domestiques m'annonça l'arrivée des Kendall. Je montai dans ma chambre pour me préparer et tous les rejoindre dans le salon.
Je ne cessais de sourire et c'était de tout mon cœur que je le faisais. J'étais très impatiente de descendre et donc, je me préparai à la quatrième vitesse, un peu comme un soldat. L'excitation était à son comble et j'espérais que mes parents soient corrects et que tout se passe bien.
J'étais fin prête et il était temps pour moi de descendre. C'est avec des allures de princesses que je descendis les escaliers qui menaient tout droit au salon. J'étais si heureuse qu'il suffisait juste de me regarder pour comprendre la profondeur de la joie que je ressentais. La toute première personne qui me vit fut bien ce cher et tendre Philip.