L'Héritière Réincarnée : Vengeance et Amour Véritable
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Chapitre 4

Point de vue de Claire :

La grande salle de bal du domaine de la Roche scintillait sous les lustres opulents, une symphonie de cristal étincelant et de murmures feutrés. Ce soir, Cédric de la Roche et Alessandra Guerra célébraient leurs fiançailles. L'air était lourd de l'odeur des lys et de l'ambition, un cocktail nauséabond qui me brûlait les narines même à travers le brouillard de mon mal de tête persistant.

Je me tenais cachée dans une alcôve isolée de l'aile familiale, mes yeux balayant le flux en direct sur une tablette que j'avais réussi à « emprunter ». Cédric, beau et rayonnant d'un faux charme, jouait expertement le rôle du fiancé dévoué. Il souriait à Alessandra, un sourire qui m'avait autrefois appartenu, sa main reposant possessivement sur le creux de son dos. Chaque geste, chaque regard, une performance que j'avais autrefois crue.

Soudain, l'écran a vacillé, et les yeux de Cédric, presque imperceptiblement, se sont dirigés vers l'entrée arrière de la salle de bal, où j'étais censée être gardée. Une lueur de malaise a traversé son visage avant qu'il ne se ressaisisse, son sourire s'élargissant pour les caméras. Il me cherchait. Une pointe de satisfaction morbide a pulsé dans mes veines.

Un léger coup interrompit ma sombre observation. Madame Dubois, l'intendante, est entrée, son visage un masque de politesse inquiète.

« Mademoiselle Lambert, Monsieur de la Roche m'a demandé de vous apporter des rafraîchissements. Et peut-être un séda... un thé calmant. »

Ses mots, destinés à apaiser, ressemblaient à une autre menace voilée. Je savais que Cédric me voulait neutralisée, hors de vue, hors de son esprit.

« Non, merci, Madame Dubois », ai-je dit, ma voix stable. J'ai repoussé la tablette. « Je vais parfaitement bien. »

Mon regard s'est porté sur une petite clé ornée à sa ceinture. C'était la clé de l'aile familiale principale, le seul moyen d'accéder au grand escalier menant directement à la salle de bal. Cédric la gardait toujours verrouillée quand j'étais dans la maison.

Juste à ce moment-là, la voix de Cédric, amplifiée par le système de sonorisation de la salle de bal, a retenti dans le manoir.

« Claire, ma chérie ? Je sais que tu es là. Ma douce Claire, s'il te plaît, sors. Nous devons parler. »

Sa voix était mielleuse, dégoulinant d'une fausse tendresse qui me retournait l'estomac. Il essayait de me faire sortir, de contrôler le récit, de jouer la victime de ma prétendue instabilité.

Les yeux de Madame Dubois se sont écarquillés, un mélange de peur et de confusion.

« Monsieur de la Roche vous appelle, Mademoiselle Lambert. »

« Vraiment ? » ai-je murmuré, un lent sourire s'étendant sur mon visage.

J'ai agi rapidement, arrachant la clé de sa ceinture. Son hoquet de surprise a été avalé par les bruits de pas qui approchaient. Cédric venait me chercher.

Je n'ai pas attendu. J'ai filé, la clé froide dans ma paume, vers le grand escalier. La lourde porte en acajou était bien verrouillée. Mes doigts ont tâtonné avec la clé, mon cœur martelant contre mes côtes, un battement de tambour palpitant d'anticipation. Elle s'est ouverte avec un déclic. J'ai poussé la porte et suis sortie, baignée dans la lumière aveuglante de la salle de bal.

Un hoquet collectif a parcouru les invités assemblés. Tous les yeux se sont tournés vers moi. La musique a faibli. Cédric, qui était à mi-chemin de la salle de bal, s'est figé, son visage se vidant de sa couleur.

« Claire », a-t-il murmuré, sa voix un plaidoyer brut et désespéré.

« Regardez-la ! On dirait un fantôme ! » a sifflé quelqu'un.

« Qui est-ce ? » a chuchoté un autre invité.

Les murmures se sont répandus comme une traînée de poudre, alimentés par la confusion et le dédain. J'étais une inconnue, un spectre non invité.

Cédric s'est précipité vers moi, ses yeux écarquillés d'un mélange de colère et de panique.

« Claire, qu'est-ce que tu fais ? Tu ne devrais pas être ici ! »

Il a essayé d'attraper mon bras, de me ramener dans l'ombre, d'effacer ma présence.

« Cédric », une voix tonitruante a coupé le chaos. C'était Monsieur de la Roche père, le père nouvellement reconnu de Cédric, un homme dont les traits sévères semblaient maintenant foudroyants. « Qui est cette femme ? Et pourquoi perturbe-t-elle ta fête de fiançailles ? »

Alessandra, toujours opportuniste, a saisi sa chance. Elle s'est précipitée en avant, se jetant dans les bras de Cédric, ses yeux débordant de larmes feintes.

« Oh, Cédric ! Elle m'a attaquée hier soir ! Elle est obsédée par toi, Monsieur de la Roche ! Elle n'arrive tout simplement pas à accepter que Cédric m'ait choisie ! »

Le regard de Cédric a vacillé entre Alessandra et moi. Son visage était un masque de détresse calculée. Il a resserré son bras autour d'Alessandra, une approbation silencieuse de ses mensonges. Mon cœur, déjà mort, n'a rien senti. Pas de douleur, pas de choc, juste une confirmation glaciale de sa dépravation.

« Cédric », ai-je dit, ma voix claire et stable, coupant le silence stupéfait. « Dis-leur la vérité. Dis-leur qui je suis. Parle-leur des trois dernières années. »

Il a tressailli, ses yeux s'agitant frénétiquement.

« Claire, tu délires », a-t-il marmonné, sa voix à peine audible.

Il s'est tourné vers son père, un vernis de regret s'installant sur ses traits.

« Père, c'est... une ancienne connaissance. Elle est clairement malade. Je suis vraiment désolé pour cette perturbation. »

« Malade ? » J'ai ri, un son dur et cassant. « Tu appelles trois ans de ma vie, chaque centime que j'ai dépensé, chaque moment que j'ai sacrifié, 'malade' ? »

J'ai essayé d'avancer, de le confronter, mais deux gardes de sécurité costauds se sont matérialisés, attrapant mes bras, leur prise me faisant mal.

« Cédric, fais-la partir ! » a tonné Monsieur de la Roche père, sa patience clairement à bout. « C'est une honte ! »

Cédric m'a regardée, une lueur froide et calculatrice dans les yeux. Il ne voyait pas la femme qui l'avait aimé, mais un problème à résoudre. Et il a choisi la solution la plus cruelle.

« Emmenez-la », a-t-il ordonné, sa voix dépourvue de toute chaleur, de toute hésitation. « Et assurez-vous qu'elle ne nous dérange plus jamais. »

Les gardes de sécurité m'ont traînée vers la sortie, leurs mains rudes. Mes yeux se sont verrouillés sur ceux de Cédric. Il n'y avait aucun remords, aucun regret, juste un vide glacial. Mon amour pour lui était vraiment parti. Remplacé par un désir froid et brûlant de vengeance.

Alors qu'ils atteignaient le bord de la salle de bal, une nouvelle voix, basse et menaçante, a coupé la tension.

« Attendez. »

Tout le monde s'est retourné. Monsieur de la Roche père a hoché la tête, un ordre silencieux. Cédric avait l'air confus, ses yeux cherchant. Puis, une autre série de gardes, plus grands, plus larges, leurs visages sombres, sont apparus derrière Monsieur de la Roche père. Ce n'était pas la sécurité du domaine de la Roche.

« Monsieur de la Roche », a dit l'un d'eux, sa voix profonde et respectueuse. « Il semble que nous ayons un petit problème. Il y a une violation du protocole dans la liste des invités. »

Il a fait un geste vers moi.

« Cette jeune femme, selon les règles que vous avez vous-même établies pour toutes les nouvelles introductions dans la famille... elle doit être correctement vérifiée. C'est une affaire de famille, pas un simple différend. »

Les yeux de Monsieur de la Roche père se sont plissés. Il a regardé Cédric, puis moi.

« Est-ce vrai, Cédric ? Connaît-elle la famille ? »

Cédric a bégayé, le visage pâle.

« Non, Père, elle... elle n'est pas. Je veux dire, elle était juste mon... mon assistante. »

« Une assistante qui vit dans l'aile familiale ? » Le garde a haussé un sourcil. « Monsieur de la Roche, vos directives étaient très claires. Toute partenaire potentielle pour l'héritier doit passer une vérification des antécédents. Et toute personne résidant sur le domaine, en particulier celle qui prétend avoir une relation à long terme, doit être formellement présentée. »

Il a produit un dossier.

« Nous avons des raisons de croire que cette jeune femme a un passé avec le personnel de la Roche et, en effet, avec Cédric lui-même. Un passé plutôt malheureux. »

L'expression de Monsieur de la Roche père s'est durcie. C'était un homme d'ordre et de tradition. Une violation de ses règles était un affront personnel. Il a jeté un regard à Cédric, un mépris glacial dans les yeux.

« Cédric », a-t-il dit, sa voix dangereusement basse. « Tu vas rectifier cela immédiatement. Nous n'aurons pas de telles... affaires en suspens lors d'un événement familial. Je ne laisserai pas ma famille être ridiculisée. »

Cédric, pris entre son mensonge et la colère de son père, ressemblait à un animal acculé. Son regard est tombé sur la grande fontaine ornementale au centre de la salle de bal, ses eaux scintillant sous les lumières. Ses yeux, autrefois pleins d'un faux amour pour moi, contenaient maintenant une résolution terrifiante. Il devait prouver sa loyauté à son père, à son nouveau statut.

Il s'est approché de moi, sa main se tendant. Pendant un instant, j'ai cru qu'il pourrait réellement essayer de m'aider. Mais sa prise s'est resserrée, non pas doucement, mais avec une force surprenante qui a envoyé une secousse de douleur dans mon bras.

« Tu veux faire une scène, Claire ? » a-t-il grondé, sa voix un murmure bas et furieux. « Très bien. Donnons-leur un vrai spectacle. »

Il m'a traînée, trébuchant, vers la fontaine. Les invités ont haleté, choqués par sa brutalité soudaine. Alessandra regardait, un sourire cruel jouant sur ses lèvres. J'ai lutté, mais les gardes de sécurité me tenaient fermement. Cédric les a repoussés, les yeux fous.

« Je vais le faire moi-même ! » a-t-il grondé.

Avec une dernière poussée écœurante, il m'a envoyée culbuter dans l'eau glacée de la fontaine. J'ai haleté, le froid me coupant le souffle, ma robe lourde m'entraînant vers le bas. Je me suis débattue, désespérée de remonter à la surface, mais mon corps était lent, alourdi par le tissu, par la douleur, par l'horreur pure de sa trahison. L'eau s'est refermée sur ma tête, et j'ai vu le visage de Cédric, froid et inflexible, me regardant de haut, avant que l'obscurité ne me consume une fois de plus.

            
            

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