Une douce mélodie.
Saleté de réveil !
Je me réveillais précipitamment pour l'éteindre en apercevant que je n'étais pas dans ma chambre, mais plutôt dans la chambre d'amie d'Aria. Prenant vite mon portable, je soufflais en voyant le prénom s'afficher sur l'écran. Papa.
– Oui ?
Ma voix était rauque. Je ne la reconnaissais même pas.
– Mia ! Dieu merci. Mais où es-tu ?
– Je suis chez Aria, pourquoi ?
– Parce que tu ne m'avais pas dit que tu ne dormais pas à la maison.
– Oh. Je croyais que Jack te l'avais dit.
A vrai dire, je n'avais vraiment pas pensé à le prévenir.
– Non. Je t'ai appelé au moins cinq fois. Je t'ai même envoyé des messages cette nuit. Dis-moi, à quelle heure êtes-vous rentré ?
– Je ne sais plus vraiment. On a pris un taxi vers trois heures, je crois.
Je mentais, bien sûr.
– Peu importe. L'important, c'est que tu sois bien rentré. Jack est là aussi ?
– Oui, dans une autre chambre.
J'enlevais le portable de mon oreille avant de regarder l'heure. Dix heures quinze. Ma tête avait du mal à se remettre de cette soirée, j'étais vraiment à l'ouest, et j'avais très soif.
– Bon, vous rentrez pour manger ?
– Je suppose. Je crois qu'il dort toujours.
– D'accord, envoie-moi un message quand vous rentrez.
– Très bien. A tout à l'heure.
Sur ce, je raccrochais et jetais mon portable pour pouvoir enfin souffler. J'avais tellement chaud, mal à la tête et j'étais assoiffé. Aria m'avait prêtée un petit pyjama noir pour la nuit et j'avouais avoir très bien dormi. Je donnerais n'importe quoi pour refaire une soirée comme hier.
Me levant du lit, je partis à la recherche d'eau fraîche, encore la tête dans le brouillard. En descendant les escaliers, je laissais échapper un petit cri de surprise. Les deux garçons dormaient à point fermé sur le canapé. Souriant, je continuais mon chemin jusquau frigo. Enfin !
Le demi-litre que je bue d'un trait me fit le plus grand bien. J'avais l'impression d'être complètement débarrassé de ma migraine. Parfait.
Que s'était-il vraiment passé hier soir ? Je me rappelais cette Tess, le regard sombre de Liam et la petite chamaillerie avec Josh. Il me semblait même avoir dansé un peu avec lui. L'alcool m'avait fait faire n'importe quoi. Je regrettais maintenant d'avoir autant bu. Au moins, j'étais sûr de n'avoir embrassé personne.
– La gueule de bois ? Me demandait Matt une fois mon nouveau passage dans le salon.
Il était adossé contre le dossier du canapé et semblait complètement réveillé.
– Et toi ?
– J'en ai connu d'autres.
Alec dormait toujours. Il avait la bouche légèrement ouverte.
– Tu es bien matinale après ta première soirée.
Comment savait-il que c'était ma première soirée ?
– Mon portable m'a réveillé.
– Oh, un parent en détresse ?
– C'est un peu ça. Dis-je en repoussant mes pensées sur ma mère.
– En tout cas tu étais bien festive.
– Tu peux développer ? Dis-je en m'accoudant au poteau près d'un placard.
– Tu as fait beaucoup d'effet aux frères Johnson, on dirait.
– Josh m'a juste embêté.
Je me souvenais de toute la soirée. J'avais juste l'impression qu'elle s'était passée en une heure à peine.
– Il nous a bien fait comprendre que tu étais une de ces nouvelles cibles. Me disait-il d'un regard menaçant, mais discret.
Serait-il jaloux ? Comment lui dire que je m'en foutais complètement. Ou peut-être pas vraiment. Au fond, j'étais contente qu'un garçon s'intéresse à moi. Je n'avais pas l'habitude d'entendre ça.
– Je ne pense pas. Je ne dois pas du tout être son genre de fille. Ce n'est pas non plus le mien. Je n'aime pas les gens qui manquent d'éducation.
– Oui, ça se voit.
Il se levait en ébouriffant ses cheveux avant de passer près de moi pour aller dans la cuisine.
Mon mal de tête recommençait déjà.
***
– Alors, tu as fait pas mal d'effet pour ta première soirée.
– Oh, non. Ne m'en parle pas. Dis-je en montant dans la voiture de Jack.
– Tu rigoles ? Tu étais trop cool ! Tu nous as tous tellement fait rire. Je ne t'ai même pas reconnu quand tu parlais à Josh.
– C'est l'alcool qui m'a changé, on va dire. Je n'aurais pas dû boire autant. Et Josh est un crétin, tout comme son frère.
– Pourtant Liam était pas mal endormi pour cette soirée.
– Si on pouvait changer de sujet, s'il te plaît. Dis-je en m'attachant.
Regardant droit devant moi, j'attendais qu'il démarre la voiture pour pouvoir prendre une douche au plus vite. Il faisait déjà très chaud.
– J'ai encore un mal de crâne pas possible.
– Pourtant tu as dormis jusqu'à midi.
– Je te rappelle qu'on est rentré à cinq heures.
– Oui, pourtant moi j'ai à peine dormi quatre heures.
– Oui, mais toi t'es pas normale.
– Quoi ? Ça veut dire quoi, ça ? Dis-je en rigolant.
– Que toi tu n'es pas comme nous. Tu n'es pas une adolescente normale.
Je restais quelques instants sans répondre. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ?
– Je t'en prie. Ne dis pas que je suis différente de vous. Je ne suis plus la fille que j'étais. Je ne suis plus différente.
– C'est ce que tu dis, ça.
Je faisais une grimace en attendant qu'il change de sujet.
En arrivant à la maison, je constatais que deux assiettes étaient posées sur la table. Eh merde. J'avais oublié d'envoyer un message à papa pour le prévenir.
– Salut tous les deux, alors, on a fait la fête ? Nous demandait Karen en déboulant du salon.
Je me mordais la lèvre avant de regarder Jack. J'attendais qu'il parle à ma place.
– Salut maman, oui, j'ai bien picolé, Mia aussi d'ailleurs. Lui répondait celui-ci sans aucune gêne en tapant une fois sur mon épaule.
– Bah, déjà Mia ? Faisait-elle, surprise. Tu ne devrais pas le répéter à ton père. J'ai déjà dû lui demander de ne pas t'espionner.
– Quoi ? Dis-je, choquée.
– Ne tinquiète pas, je lui ai demandé de te laisser vivre. Tant que tu ne lui ramène pas de garçon à la maison, je pense que tout ira bien.
Elle se mettait à rire en mettant une main sur l'épaule de son fils. Je n'avais pas pensé à mon père jusque là. J'avais oublié qu'il me répétait sans arrêt que je devais rester sa petite fille toute sa vie. Tout ça remontait à pas mal d'année, mais je savais qu'au fond, il ne supporterait pas que je ramène quelqu'un à la maison.
– Où est-il ?
– Dans son bureau à l'étage, il travaille, comme d'habitude. Disait-elle, désespérée. Il va finir par devenir fou. Tu peux monter si tu veux. Peut-être que vous voulez manger, aussi ? J'ai fait des crêpes aux fromages.
– Super, maman.
Jack partait aussitôt dans la cuisine, tandis que je me tournais vers les escaliers pour aller rendre visite à mon père.
– Je vais monter un moment et je redescendrais manger après.
– Très bien, vas-y.
Je montais les escaliers et marchais jusqu'au bureau de papa. Je frappais deux fois avec hésitation et l'entendais m'autoriser à entrer.
– Ah, Mia, vous êtes rentrés. Me disait-il en levant les yeux de son ordinateur. Vous avez mangé ?
– Non, pas encore. Dis-je en avançant dans la pièce.
– D'accord. C'était bien hier, alors ?
– Oui, je me suis beaucoup amusé. Dis-je en souriant.
– Bien. Tu as bu ?
– Un peu mais pas beaucoup.
Pitié, faites que ce soit convainquant.
– Ah oui ? Tu vas te mettre à boire alors maintenant ? M'accusait-il avec un air faussement joyeux.
– J'ai dû boire deux verres, ce n'est rien on est rentré en Taxi.
– D'accord. Tu as pu faire d'autres rencontres ?
Je savais parfaitement où il voulait en venir et je ne comptais rien lui révéler de la soirée. Surtout que je regrettais d'avoir été une autre personne à cause de l'alcool.
– J'ai rencontré une fille, Alyssa, elle est super gentille, elle travaille au restaurant/bar où je m'arrête le matin après mon jogging. Sinon, non.
– Ah oui, la fille de Larry.
– Peut-être. Dis-je en haussant les épaules.
– C'était quel genre de fête, du cou ?
– On fêtait le retour de deux garçons qui rentraient de France. Liam et Josh, je crois.
– Oh, les fils Johnson. Disait-il en serrant les dents.
– Tu les connais ? Dis-je, intéressée.
– Oui, ils sont assez connus, ici. Tu ne devrais pas les fréquenter.
– Pourquoi tu me dis ça ?
– Je te le dis, c'est tout.
– De toute façon, je ne leur ai même pas parlé. Dis-je après quelques secondes.
Mal à l'aise, j'inspectais son bureau qui était aussi grand que ma chambre. Des papiers étaient empilés sur les différents placards et son grand bureau noir prenait presque la moitié de la pièce.
– Je vais manger, à plus tard. Dis-je en me dirigeant vers la porte.
– Oui, après tu iras dormir un cou. Je ne sais pas si c'est l'alcool ou le sommeil, mais tu n'as pas une tête normale.
Je souriais tout en restant face à la porte, puis sortais sans rien dire.
J'avais faim.
***
– Je peux te poser une question ? Dis-je en regardant Jack manger sa glace.
– Oui ?
– Qu'est-ce qui se passe entre Aria et Tess ?
– Tu sais son ancienne meilleure amie, Vanessa ?
Je fronçais les sourcils. J'attendais la suite avec impatience. J'appuyais mes coudes sur le bois dur et le regardais avec insistance.
– Vanessa est la petite sœur de Tess.
– Quoi ? Mais pourquoi on n'en a pas parlé avant d'aller à la soirée ?
– Parce que c'est un sujet assez délicat. Vanessa est une vraie garce. Elle est jalouse de sa propre sœur parce qu'elle sort avec le garçon qu'elle a toujours voulu avoir.
– Liam. Dis-je en fixant un point invisible devant moi.
– Oui. Vanessa est partit au début de l'été et personne ne sait pourquoi. Elle ne nous a jamais envoyé un message pour nous donner de ses nouvelles, alors qu'on était ses amis. Enfin, moi, je ne l'ai jamais vraiment apprécié. Aria est beaucoup mieux sans elle. Elle souffre moins et maintenant, je suis contente qu'elle traîne avec toi.
– Pourquoi tu dis ça ?
– Parce que toi, contrairement à la plupart de toutes ces personnes, tu es quelqu'un de bien.
– Merci. Dis-je, surprise.
Un sourire innocent s'affichait sur mon visage. Il m'avait une nouvelle fois touché.
– Tu les aimes bien toi, Liam et Josh ?
– Avant hier, pas tellement. Quoi que, ils seraient gays, j'aurais pu te répondre autre chose. Me disait-il en rigolant. J'ai bien parlé avec Josh hier, mais Liam est plus discret qu'avant son départ. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé.
– Pourquoi ? Il était aussi chiant que son frère avant ?
– Non. Je pense qu'on ne peut pas faire pire. Il t'a déjà donné un premier aperçu hier.
– Ne m'en parle pas. J'ai failli finir dans la piscine.
– Oui. J'étais surpris qu'il ne t'ait pas jeté à l'eau.
On se mettait à rire avant de m'approcher du comptoir pour prendre une pomme dans le saladier. Je croquais dedans avant de partir en direction des escaliers. Mon lit m'appelait déjà.
Ce n'était pas à la soirée d'hier que je pensais, allongée, en fixant le plafond. C'était plutôt à la tournure que prenait tant de chose depuis mon arrivée ici. La mentalité qu'avaient les gens ici était bien différente de ce que je connaissais et j'avais du mal à croire que j'allais finir par m'y habituer. Tous ces gens baignaient dans le fric, ils étaient tous pourris gâtés et j'avais l'impression que personne n'avait d'objectif à part sortir avec l'un des jumeaux Johnson. Quoi de plus triste ? J'étais contente d'avoir grandi avec un objectif : aller aux Jeux Olympiques. Même si les choses ne ce sont pas déroulées comme je l'aurais espéré, j'étais contente d'être devenu qui je suis aujourd'hui. Enfin, je devais encore m'en persuader.
Me tournant du côté de la fenêtre, je regardais les volets où la lumière du soleil rentrait légèrement. Je fermais les yeux. Je me rappelais les filles qui devenaient folles en s'approchant des jumeaux, les garçons qui étaient jaloux et moi qui essayais de corriger Josh. Il était mal élevé. Je n'avais pas pris le temps de vraiment analyser Liam, mais je savais que ce serait dur de le déchiffrer. Cette Tess, en revanche, était tout sauf intelligente. Je ne comprenais pas pourquoi ils la laissaient les diriger.
Tout ici restait un mystère pour moi.