Chapitre 5 CHAPITRE 5

– Mia ?

La voix de mon père me tirait de mon sommeil. Je me redressais sur mon lit en voyant que je m'étais endormi sur l'un de mes livres. Je ne me rappelais pas m'être endormi. Mon père se tenait à l'entrée de ma chambre, la main sur la poignée de ma porte de chambre.

– Papa ?

– Je viens de rentrer du travail, je voulais voir comment tu allais. Tu as mangé ?

– Oui, avec Karen et Jack, mais quelle heure est-il ?

– Il est déjà vingt-et-une heure.

Je m'asseyais sur mon lit en frottant mes yeux fatigués. C'était vraiment bizarre de se retrouver encore ici. Je n'avais plus mes repères et c'était vraiment perturbant.

– Tu rentres toujours aussi tard, d'habitude ?

– Mon travail prend la majeur partie de mon temps alors oui, je rentre parfois plus tard que ça.

– Le FBI ne se passe plus de toi, c'est ça ?

– On peut dire ça.

Il examinait ma chambre et reposait son regard sur moi. Il y avait toujours se léger malaise entre nous.

– Tu as quand même bien avancé dans tes cartons. Et c'était bien tout à l'heure, chez cette fille, Aria ?

– Ça va.

– Oui, je vois, tu as sûrement dû la comparer à Julia. Elle n'est pas vraiment pareille, mais ici, ils sont tous comme ça si ça peut te rassurer.

– Je vais finir par m'y habituer. Enfin, je suppose.

J'avais dit ça dans un ton désespéré. Je savais que ma vie devait changer, dans tous les sens du terme. Les gens étaient différents ici et mes amis devront être différents aussi. J'espérais seulement qu'ils allaient m'accepter telle que j'étais vraiment.

– Et ça va, avec Jack, tu t'entends bien avec lui ?

– Oui, Jack est très gentil. Je l'aime bien.

– Bien. Je suis content alors. Je suis vraiment désolé de ne pas trop être présent.

– Je ne suis ici que depuis hier, je te rappelle.

– Oui, mais je parlais en général.

– Ce n'est pas grave. Tu as un boulot important. Je comprends que tu dois faire certains sacrifices.

Il me souriait. Devrais-je penser qu'il est content de ma réponse ? Je ne savais pas si c'était la vérité qui sortait de ma bouche, en tout cas. Il n'avait pas été très présent ces dernières années, mais il avait su rebondir lorsque maman était tombée malade. Je savais qu'il allait tout faire pour se rattraper, mais il ne savait sûrement pas comment faire pour rattraper le temps perdu.

– Est-ce que ça te dirais qu'on mange un soir au restaurant tous les deux, dans la semaine ?

– Oui, pourquoi pas. Par contre, Jack va à une fête vendredi soir avec Aria et ses amis, je pourrais y aller aussi ?

– Tu aimes les fêtes toi, maintenant ?

Il avait dit ça comme s'il désapprouvait ma demande. Je n'étais jamais allée à une fête, mais j'avais vraiment envie d'y aller pour voir comment ça se passait vraiment. Surtout que pour m'intégrer, il fallait que je fasse comme les autres. C'est à dire m'amuser sans rester cloîtrée dans ma chambre.

– Je ne sais pas. Je ne suis jamais allée à une fête. Je veux juste faire comme tous les adolescents normaux.

– Oui mais tu n'es pas une adolescente normale, tu es une championne.

Il me faisait un sourire fier et je lui rendais un sourire crispé. C'étaient ces moments-là que j'aimais partager avec lui. Malgré ces quatre ans passés sans lui, j'étais quand même heureuse de le retrouver, il m'avait manqué. C'était quelqu'un de bien. Il était juste maladroit.

– Alors pour la fête, je suis d'accord, mais quand tu dis que tu veux faire comme tous les adolescents normaux, je ne suis pas d'accord.

Il avait dit ça très sérieusement et je savais où il voulait en venir.

– Je parlais seulement d'aller en soirée.

– Alors ça ne veut pas dire que tu vas faire comme tout le monde, c'est-à-dire boire de l'alcool à ne plus te souvenir de ton nom, te droguer ou coucher avec n'importe qui ?

Je faisais une grimace de dégoût et un nouveau sourire apparessait sur son visage. Il savait que je n'étais pas comme ça et il savait encore mieux que je ne serais jamais ce genre de fille.

– Merci papa.

– Pas de soucis. Je veux que tu t'amuses un peu quand même. Et je suis tranquille quand tu es avec Jack, c'est un bon gamin.

Ce bon gamin à bu trois bières avant de prendre le volant deux heures plus tôt, mais je ne dirais rien.

Il sortait de ma chambre et je jetais enfin un coup d'œil sur la télé. Le film de tout à l'heure était déjà fini et un nouveau avait commencé. Je regardais maintenant mon portable qui clignotait. J'avais des notifications. Tout le groupe de tout à l'heure m'avait ajouté sur les réseaux. Je me rappelais que j'avais supprimé mon ancien compte pour m'en créer un nouveau.

***

Je m'essuyais la tête, après une bonne douche. J'avais beaucoup couru ce matin, plus qu'hier et j'étais maintenant fatiguée. Je décidais alors de descendre pour me reposer devant la piscine, pour bronzer un peu. Après une bonne demi-heure, j'avais déjà trop chaud. Il devait déjà faire vingt-cinq degrés et en vérifiant sur mon portable, je constatais qu'il était déjà dix heures. Je plongeais dans la piscine après avoir ajusté mon maillot de bain noir. Ça faisait du bien. Je me sentais déjà beaucoup mieux.

– Elle est bonne ?

La voix de Jack me sortait de mes pensées et je levais la tête vers lui en remettant mes cheveux derrière mes oreilles. Il était en short de bain bleu foncé. Je ne pensais pas qu'il était si musclé.

– Excellente.

Il enlevait ses tongs et se craquait le dos, ce qui faisait bouger ses abdos.

– Je croyais que tu étais un sportif du dimanche ?

– Oh, c'est juste parce que c'est les vacances. Je suis dans l'équipe de foot du lycée, je te rappelle.

Je levais les yeux au ciel et m'asseyais sur la dernière marche de la piscine.

– Matt et Alec sont aussi dans l'équipe ?

– Oui. Matt était capitaine l'année dernière. On va devoir repasser les sélections à la rentrée. Tu as couru, ce matin ?

– Oui, je suis rentré il y a une heure.

– Je ne sais pas comment tu fais pour être aussi matinale. Moi, j'adore dormir.

Je rigolais tandis que je penchais ma tête en arrière pour atteindre le béton. J'étais tellement bien. Je n'avais pas l'habitude d'avoir des vacances, alors j'en profitais un maximum.

– Aria m'a dit qu'elle t'avait adoré.

– Ah oui ? Dis-je en me redressant aussitôt.

– Oui, elle m'a dit que tu pourrais peut-être remplacer son ancienne meilleure amie.

– Oui, elle m'a vaguement parlé d'elle. J'avoue que je l'avais mal jugé, au départ.

– C'est quelqu'un de gentil, au fond. Elle a juste pas mal de problème avec sa famille qui lui met beaucoup la pression.

– Quel genre de pression ?

– Elle est issue d'une famille très riche, alors ils comptent sur elle pour qu'elle fasse de longues études. Et qu'elle se tienne à carreau, aussi. Mais tant qu'elle peut faire la fête, elle se cache souvent pour sortir.

– À ce point ?

– Oui. Pourtant, ces parents sont rarement là.

Je fronçais les sourcils avant de regarder la maison voisine qui avait l'air très calme.

– Alec et Matt t'ont trouvé à tomber.

Il avait bien insisté sur les derniers mots et je grimaçais. J'avais bien remarqué leur coup d'œil insistant hier. Pourtant, je doutais que je sois vraiment leur style.

– Ils ont l'air de trouver n'importe quelle fille à tomber.

– Ce n'est pas faux. Pourtant, ils me l'ont bien redit au téléphone. C'est rare venant d'eux. Je crois qu'ils vont se battre pour t'avoir.

Je déglutissais. Je n'avais pas l'attention de sortir avec un garçon. Ils sont peut-être très beaux, mais je ne leur fait pas confiance pour autant. Surtout que je me doutais qu'ils soient vraiment sérieux avec une fille.

– Juste entre nous, qui est le plus beau des deux ?

– Je dirais Matt.

J'avais quand même réfléchi quelques secondes avant de répondre. Alec avait un regard plus vissieu et Matt semblait plus discret.

– Je trouve aussi. Ils ont beaucoup de succès au lycée.

– Et toi, tu as beaucoup de succès aussi ?

– Je te rappelle que je suis gay et que les gays ne courent pas les rues.

– Oui mais tu es quand même beau gosse donc tu dois intéresser pas mal de gay.

– Merci. Me disait-il avec un léger sourire.

– C'est la stricte vérité. Je suis un peu direct, excuse-moi.

Il rigolait en repensant à ce qu'il avait dit hier avant de m'emmener chez ses amis.

– Merci de m'avoir emmené avec toi, hier. C'était vraiment gentil de ta part.

– Je n'allais pas te laisser toute seule à la maison et je voulais vraiment que tu te fasses des amis. Mes amis.

– Merci. Et pour cette fête de vendredi, ta mère te laisse sortir comme tu veux ?

– Oui. Je sors quand je veux, à condition que je ne dépasse pas les limites.

– Quelles limites ?

– Ne pas dépasser le couvre-feu qu'elle m'a indiqué, ne pas trop boire pour ne pas me retrouver dans des vidéos compromettantes sur les réseaux et de ne pas me droguer.

– Des limites très bien définies, à mon avis.

Il rigolait et plongeait la tête la première pour m'éclabousser. Je me couvrais les yeux pour ne pas en recevoir sur le visage et l'éclaboussais à mon tour pour me venger.

– Tu vas les revoir, cette semaine, tes amis ?

– Je ne sais pas. On est du genre à tout prévoir à la dernière minute.

– Oh, je vois.

– On se mange un burger à midi ?

– Oui, où ?

– Le burger s'appelle Le Palacio et j'aime bien y manger. Ils font de la bonne nourriture.

– D'accord, eh bien, on peut y aller si tu veux.

– Génial. On fait ça alors.

Il sautait sous l'eau et nageait jusqu'à l'autre côté de la piscine.

– Je vais encore grossir, ça va pas le faire.

– Tu en aurais bien besoin, pourtant. Dis-je en rigolant.

***

J'aimais bien cet endroit. Ce restaurant n'était pas trop bruyant, parfait pour se détendre. J'avais remarqué qu'ils faisaient aussi des cafés et des chocolats pour le matin. Peut-être que je m'arrêterais une fois en rentrant de mon jogging.

– Merci, Alyssa.

Elle lui faisait un sourire et se tournait vers moi pour me poser mon assiette. Je la remerciais également puis la regardais partir en direction d'une autre table.

– Elle est au lycée ?

– Oui. Je connais son frère, Tony. Ils ont un garage avec son père, où j'emmène ma voiture, près d'ici.

– Ah oui ? Elle a l'air sympa.

Je la regardais essuyer une table. Elle avait l'air épuisée.

– Est-ce que tu peux m'en dire plus sur cette soirée, de vendredi. C'est qui les deux garçons qu'Aria avait mentionné, hier ?

– Oh, Liam et Josh ? Ce sont des gens assez connus ici. Les Johnson. Leur père est chirurgien. Ils ont deux grands frères, et une sœur, je crois, mais je ne l'ai jamais vue. Ils sont tous très beau, très riche et très intelligent. Ils ont toutes les qualités du monde. Ils attirent beaucoup l'attention quand ils sont dans les parages.

– A ce point ? Dis-je en fronçant les sourcils.

– Oui, tu es à Los Angeles, ne l'oublie pas. Je ne sais pas pourquoi ils sont allés en France, mais on m'a dit qu'ils avaient l'attention d'aller à Harvard pour faire de la politique ou devenir chirurgien, comme leur père.

– Je déteste les gens qui aiment attirer l'attention.

– Ah oui ? Pourtant, tu dois être assez connu dans le monde de la gymnastique ?

C'était vrai. Pourtant, je ne m'en ventais pas. J'avais reçu une tonne de message quand j'avais annoncé ma retraite sur les réseaux. Pleins de gens avaient essayé de m'en dissuader, convaincu que j'étais la future médaillée d'or aux prochains Jeux Olympiques. Je ne m'étais pas plus justifié que ça. Je savais juste que je n'avais plus la force de continuer.

– J'étais beaucoup aimée dans le monde de la gym. Mais je ne m'en ventais pas du tout. Je me conduisais tout le temps comme quelqu'un de normal, parce que je suis normale.

– Tu sais, c'est très rare les gens comme toi. N'importe qui aimerait être populaire. Aria est comme ça. Tu le verras par toi-même au lycée.

Je sentais mes poils se dresser sur ma peau en entendant le mot lycée. J'avais pensé à ça depuis que j'avais décidé d'arrêter la gym. Je m'étais imaginé ma vie dans un lycée grâce aux films que je regardais sur Netflix. Je ne savais pas du tout comment ça allait se passer. Les cours à distance n'avait rien à voir.

– Et toi, tu es dans quelle catégorie ? Genre populaire et je me la raconte ?

– Je suis plutôt du genre garçon de l'équipe de football du lycée.

Autrement dit, il était quelqu'un de bien aimé au lycée.

– Toi, si tu traînes avec Aria, tu vas être bien vue dès le départ, c'est bien.

– Pourquoi le lycée doit être aussi compliqué ?

– C'est comme ça de partout. Tu comptes rentrer dans l'équipe de pom-pom girls ?

– Quoi ? Non. Dis-je, dégoûtée. Tu me vois vraiment dans ce genre de chose ?

– Oh, c'était juste une question. Tu es une championne de gym, je pense qu'Aria va vouloir t'avoir.

– Elle est dans l'équipe ?

– Oui, et elle est capitaine.

– Oh.

J'en avais déjà trop entendu. Je prenais mon hamburger au bacon et le portais jusqu'à ma bouche trop petite pour en prendre une bouchée. Je réussissais tout de même à en manger un bout. Il était bon. Je n'avais pas l'habitude de manger un burger alors j'étais contente que Jack m'ait emmené. Il faisait tout pour que je m'intègre, et je lui en étais vraiment reconnaissante.

            
            

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