Je dormais paisiblement jusqu'à ce que je me fasse réveiller par ma sonnerie. Je pensais que c'était mon réveil, mais quand je prenais mon téléphone, je découvrais que c'était un appel de Julia.
– Allô ?
– Eh, où tu étais passé ? Même pas un petit message pour me dire que tu étais arrivée !
– Oh, excuse-moi, je me suis endormie super tôt, hier. Mais, il est quelle heure, là ?
– C'est neuf heures. Je suis en pause. Tu sais que tu me manques beaucoup !
– Oh, c'est tôt.
– Tu rigole, tu te lèves toujours super tôt d'habitude ! Aurais-tu déjà changé ?
– Ah, ah, très drôle.
Je me redressais légèrement dans mon lit en me rappelant que je n'étais plus à Houston, mais dans ma nouvelle chambre.
– Alors, raconte-moi.
– Te raconter quoi ?
– Bah, ta nouvelle vie, voyons.
– Tu sais, j'ai juste rencontré ma nouvelle belle-mère et mon nouveau demi-frère. Et, j'ai découvert ma nouvelle maison, c'est tout.
– C'est tout ? Tu rigoles ! Je veux tout savoir.
J'écartais mon portable de mon oreille pour ne pas finir sourde et essuyais mes yeux fatigués.
– Ma nouvelle belle-mère a l'air gentille, mon nouveau demi-frère aussi et ma nouvelle maison est plutôt cool. J'ai même une piscine et une terrasse pour bronzer.
– Super alors, je suis rassurée. En tout cas, j'ai hâte de venir te voir. Je te jure, ici, sans toi, c'est vraiment l'horreur.
– Pourquoi ? Il y a bien les autres filles de l'équipe, non ?
Même si on était un binôme, on appréciait quand même les autres filles du gymnase. Comme j'étais la fille de Catherine, notre entraîneur, toutes les filles me respectaient.
– Toutes les filles de l'équipe ne t'arrivent pas à la cheville, tu le sais bien.
– Merci. D'ailleurs, tu me manques aussi. Je ne connais encore personne, ici.
– Oui, mais toi, au moins, tu vas pouvoir sortir avec des garçons.
– Ce n'est pas du tout une de mes priorités, pour l'instant.
– Je t'en prie, quand les garçons vont voir ce canon arriver, bien sûr qu'ils vont te courir après.
Je grimaçais devant mon téléphone comme si j'imaginais qu'elle pouvait me voir.
– Bon, aller, je vais te laisser, le coach nous rappelle déjà. On s'appelle plus tard. Bisous, je t'aime ma poule !
– Aller, courage, je t'aime aussi !
Je raccrochais en souriant. Je n'avais soudain plus envie de dormir. Je devrais peut-être aller courir pour me défouler.
Je sautais de mon lit et me précipitais vers mon armoire pour prendre des affaires de sport. Il faisait sombre dans la pièce, mais je distinguais quand même mon short noir et mon débardeur orange saumon. Après m'être changée, j'ouvrais mes volets et me faisais aveuglée par la lumière du soleil. Je ne pensais pas qu'il faisait déjà aussi chaud.
Je descendais les escaliers en mettant mes écouteurs. Je remarquais qu'il n'y avait personne dans la maison. Du moins, à part Jack qui devait dormir dans sa chambre. C'était parfait, je pouvais partir directement.
Je regardais les environs avant de partir du côté gauche. Il fallait que je trouve des petits chemins tranquilles pour courir. J'espérais seulement ne croiser personne. Trottinant doucement pour m'échauffer, je regardais les maisons qui se ressemblaient toutes. Elles étaient toutes grandes et toutes modernes. C'était un quartier chic.
J'arrivais au bout de la rue et je remarquais un petit chemin de cailloux qui s'ouvrait sur un sentier. J'accélérais pour le rejoindre et me mettais à courir une bonne quinzaine de minutes avant de rejoindre la forêt. C'était idéal pour courir. Les branches cachaient le soleil et conservaient la fraîcheur.
Je n'étais de retour à la maison qu'une heure plus tard, toute transpirante et assoiffée. J'avais hâte de prendre ma douche et de me poser au bord de la piscine.
– Waouh, voilà la sportive.
Je marchais jusqu'à la cuisine où je voyais Jack manger une tartine. Il était assis sur un tabouret haut autour de l'îlot central. Ses cheveux étaient tout en bataille et on voyait qu'il venait seulement de se réveiller.
– Contrairement à toi, je suis un petit sportif.
Je prenais un verre d'eau fraîche et le buvait entièrement d'une traite.
– Tu es déjà debout ? Dis-je avec une petite pointe d'humour.
– Ah oui, j'ai oublié de te préciser : je suis assez feignant pendant les vacances.
– Ah oui ?
Je prenais la première serviette que je trouvais pour m'essuyer le visage et la jetais sur mon épaule.
– Je vais prendre ma douche, à plus.
***
J'étais resté sur mon lit toute la journée. Je n'avais aucune envie de sortir d'ici. Même pour aller voir mon nouveau demi-frère. Il avait quand même pensé à moi ce midi en m'apportant ce plateau de nourriture que j'avais à peine touché. Il était reparti quand il avait vu que je n'étais pas d'humeur à parler. J'avais relu une bonne dizaine de fois la dernière page de mon journal en me demandant ce que je pourrais bien écrire maintenant. Je n'avais plus écris dessus depuis avant la mort de ma mère et j'avais envie d'écrire maintenant. Mais par où commencer ?
"Cher journal, je ne sais plus par où commencer. Tant de chose se sont passé depuis la dernière fois. Je suis maintenant à Los Angeles, avec ma nouvelle famille et ma nouvelle maison. J'essaye de ne plus penser à maman et mon ancienne vie mais j'avoue y avoir pensé chaque seconde pendant ces deux derniers jours. Je voudrais que tout redevienne comme avant. Que je reprenne la gym aux côtés de maman et de Julia. Mais malheureusement, je dois accepter la réalité. Je suis prisonnière ici à m'ennuyer dans ma chambre. J'espérais que le temps passe plus vite, mais j'ignorais encore ce qui allait se passer pendant le reste de ces vacances..."
Je refermais immédiatement mon journal en entendant ma porte s'ouvrir.
– Putain, on t'a jamais appris à frapper aux portes ?
– Excuse-moi, je...
Jack restait sur le palier, par peur que je lui jette un coussin à la figure.
– C'est bon, qu'est-ce que tu veux ?
– Je sors avec mes potes dans dix minutes, tu veux venir avec moi ?
– Ça ne les dérangent pas, tes potes, que je vienne ?
– Je ne leur ai pas dit. Mais tu es la bienvenue, c'est moi qui t'invite.
– D'accord. Et, c'est quel genre de pote ?
– Mes potes. Les gens de mon lycée. Je te préviens, ils sont assez directs.
Il s'approchait de mon lit et je joignais mes genoux à mon menton pour cacher mon journal et le laissais s'asseoir sur le bout de mon lit. Il s'était déjà changé pour sortir.
– Oh, des gosses de riches alors ?
– Oui, c'est un peu ça.
– T'es dans un lycée privée ?
– Oui, toi aussi, bientôt.
– Génial.
– Ne t'inquiète pas, je suis sûr qu'ils vont t'adorer. Tu as l'air d'être une fille qui s'entend avec tout le monde donc je ne m'inquiète pas pour toi.
– D'accord. Et, tu m'emmènes où ?
– On va chez une fille, Aria. Mes potes se sont réunis chez elle, au bord de la piscine.
Qui veut dire piscine, veut aussi dire maillot de bain. Je ne voudrais pas me mettre à découvert maintenant devant des inconnus, mais je pense qu'un short ferait l'affaire.
– Aria ? Et d'autres gens ?
– Oui, Jenna, Jessie, Alec et Matt. On est une petite bande.
– Oh, des garçons.
– Oh, oui. Je préfère te prévenir, ils aiment beaucoup les nouvelles. Surtout quand elles sont sexy.
– C'est un compliment ?
Je n'avais pas peur de rencontrer des garçons. J'avais plus peur du jugement des filles. Je m'étais toujours plus entendu avec des garçons pour la simple et bonne raison que les mecs étaient moins hypocrite et plus direct.
– Oh, on peut dire ça. Aller, enfile un maillot et un short, on part dans dix minutes.
Sur ce, il refermait la porte et me laissait ici avec une tonne d'autres questions. Pourquoi j'avais un mauvais pressentiment ? J'avais probablement peur de rencontrer des inconnus qui pourraient potentiellement devenir des amis.
J'avais finalement opté pour un short en jean clair avec une petite ceinture marron, un haut blanc assez classe qui cachait assez bien mon maillot de bain noir et des petites sandales marron.
– C'est bon, on peut y aller.
– Très jolie tenue, on y va.
Je montais dans sa petite voiture noire et m'attachais immédiatement. Après quelques minutes, j'osais enfin lui demander :
– Tu penses que je vais bien m'entendre avec tes amis ?
Un sourire amusé se dessinait sur son visage. Il n'avait aucune idée de ce que je ressentais à ce moment-là. J'avais peur de ne pas me plaire ici et ce qui me désolait encore plus était que je n'avais nulle part où aller à part ici. Il fallait donc que j'arrive à m'intégrer.
– Je sais que tu avais cette habitude d'avoir les mêmes amis, depuis petite, mais c'est une bonne chose de se faire de nouveaux amis. En plus, tu es ma demi-sœur donc je ferais en sorte qu'ils t'aiment bien.
– Ce sont des fêtards, tes amis ?
– Qui n'est pas fêtard à notre époque ? Dis-moi, tu n'es jamais allé à une fête ?
– Non.
J'étais resté droite sur mon siège. Je savais qu'il allait rigoler et qu'il allait me juger. Mais il ne disait rien.
– Pourquoi tu ne réponds pas ?
– Parce que je sais que tu étais une sportive de haut niveau. Tu avais des règles à suivre et maintenant, tu es libre de faire tout ce que tu veux. Alors mon objectif est que tu t'amuses cette année.
– Avec toi, je pense que c'est plutôt bien parti. Tu as l'air d'être quelqu'un qui sait ce qu'il fait.
– Et oui, je suis comme ça. Toi aussi, tu as l'air quelqu'un de très réfléchit, c'est plutôt bien.
Je ne savais pas ce qu'il entendait par là, mais je savais où il voulait en venir. Malgré mon statut de sportive, j'étais quand même intelligente. J'avais rarement eu des autres notes que des « A » quand je faisais mes cours à la maison et j'avais toujours fait les bons choix jusqu'à présent et je ne voudrais pas que ça change.
Jamais je ne voudrais ressentir une nouvelle fois la déception. J'étais déjà passé par là un an plus tôt, et c'était la pire chose que l'on puisse ressentir.