Quelqu'un frappait contre ma porte.
– Oui ? Dis-je en me grattant les yeux.
Je me tournais du côté de la porte pour apercevoir Jack rentrer.
– Il est quelle heure ?
– 17 heures, tu as bien dormi. Me disait-il en refermant la porte derrière lui. Je t'appelle parce que ton père veut te voir.
– Quoi ?
Me relevant immédiatement de ma couette, je fronçais les sourcils, inquiète. Est-ce que j'avais fait quelque chose ?
– Ne tinquiète pas, je pense que tu vas être contente.
Intriguée, je sortais de mon lit avant d'enfiler mes chaussures. Qu'est-ce qu'il voulait ? Et pourquoi c'était Jack qui venait me chercher ?
Jack ouvrait la porte d'entrée et je voyais enfin mon père, qui parlait avec Karen dans la cour.
– Qu'est-ce qu'il se passe ici ?
– Oh, Mia. Tu as bien dormi ? Me demandait-il en se retournant vers moi.
Karen affichait un sourire heureux et je me tournais vers Jack, qui n'affichait aucune expression. Je devais m'inquiéter ?
– Oui, j'ai bien dormi. Dis-je intriguée.
– Bien. Je me disais que je ne t'avais pas offert de cadeau de noël l'année dernière et du coup je me suis dit, de quoi Mia aurait-elle besoin cette année ?
Je fronçais les sourcils en attendant qu'il poursuive. C'est vrai qu'il ne m'avait rien offert l'année dernière, mais, noël remontait à 8 mois, alors pourquoi me faire un cadeau maintenant ?
– Oui, et ? Dis-je encore plus intriguée.
– Alors, Jack a une voiture, alors pourquoi ne pas t'en acheter une aussi ? Me disait-il avec un sourire.
Je commençais à sourire. Il m'aurait acheté une voiture ? Papa se tournait vers la route et me montrait une voiture rouge. Une voiture rouge neuve et magnifique. Elle était pour moi ? Non, impossible.
– Quoi ? Tu m'as vraiment acheté une voiture ?
– Bien sûr.
Il partait vers la voiture. J'entendais Jack et Karen rigoler devant mon excitation. Je sautais sur place et rejoignis mon père pour la voir de plus près. Elle était parfaite.
– Merci, merci papa ! Dis-je en lui sautant dans les bras.
Voyant que c'était un geste plutôt inhabituel, je reculais pour ouvrir la portière avant.
– Tu l'aime bien, alors ?
– Oui, elle est parfaite, merci. Elle est neuve ?
– Elle n'a que dix milles kilomètres.
– Merci, je suis trop contente. Dis-je encore surexcitée.
Je montais à bord et regardais l'intérieur. Les sièges étaient propres. Jack s'approchait de la voiture :
– T'as de la chance, elle est encore mieux que la mienne.
– Ah, ah. Dis-je sur un ton faussement joyeux.
– Tu pourras m'emmener aux soirées les prochaines fois, c'est cool. Me disait-il doucement.
Je rigolais en observant mon père qui était reparti parler avec Karen.
– Tu vas chez ton père ce soir du cou ?
– Eh oui. J'aimais bien passer mes vacances avec toi, mais, parfois il faut savoir faire des sacrifices.
Je rigolais une nouvelle fois en touchant le volant. Je n'arrivais toujours pas à croire que c'était ma voiture. J'avais envie de faire un tour avec, maintenant.
– On fête l'anniversaire d'Aria vendredi. Elle m'a dit qu'elle allait t'en parler.
– Ah oui ? Elle est née quand ?
– Le 31 août. Ces soirées sont toujours les meilleures parce que ça nous permet de finir les vacances en beauté.
– Tu m'étonnes. Dis-je en grinçant des dents.
– T'inquiète, le lycée va très bien se passer pour toi.
– C'est toi qui le dis. Dis-je en sortant de la voiture.
Après mon petit tour de voiture avec papa, je me garais le long du trottoir devant la maison. J'étais définitivement tombée amoureuse de cette voiture, et je n'en revenais toujours pas qu'elle était vraiment à moi.
– Tu fais quoi, ce soir ?
– Rien de spécial. Je vais sûrement me reposer.
– Rien alors ? Tu voudrais qu'on aille manger ensemble ? Ça fait longtemps.
– Avec Karen ?
– Non, juste toi et moi. Si ça te dis ? Karen va regarder sa série à faire pleurer encore une fois alors si je peux échapper à ça...
– Bon, d'accord. Dis-je en descendant.
Je ne pensais pas accepter aussi facilement mais, au fond, j'étais contente de me retrouver un peu toute seule avec lui. On avait tellement de chose à rattraper depuis qu'il était parti habiter ici. J'avais l'impression de ne plus le connaître, et je détestais ça.
– Je vais prendre une petite douche, on décolle à 19 heures ?
– Parfait.
***
Ma douche avait prit plus longtemps que prévu. J'étais tellement déboussolée après cette première soirée. Une autre allait arriver très vite et quelque chose me disait qu'elle serait encore plus riche en rebondissement.
Je sautais sur mon lit et allumais instagram. Allant sur le profil d'Aria, je trouvais les frères Johnson. Josh avait presque quinze milles abonnés et Liam en avait tout autant. Ils n'avaient pas énormément de photos mais je pouvais quand même voir les photos qu'ils avaient mis de la France. On ne les voyait presque jamais de face dessus, mais on pouvait tout de même voir qu'ils étaient très beaux. Je m'attardais sur une photo de Liam qui était torse nul, avec un ballon à la main. Il avait de magnifique abdos et des épaules très larges.
– Mia ?
– Oui ? Dis-je en me retournant vers la porte.
– On part bientôt ?
– Oui.
Il partait et c'est maintenant que je me rendais compte que j'étais encore en serviette. Prenant un pantalon noir taille haute dans mon placard, je cherchais une chemise blanche à mettre. Je voulais être bien habillée, ce soir.
– Salut. Dis-je à Alyssa quand nous rentrons dans le restaurant.
– Salut. Bonjour Monsieur Watson.
– Bonjour Alyssa, comment va ton père ?
– Très bien, merci.
Elle nous emmenait à une table.
– Merci.
Je m'asseyais après mon père et regardais les alentours. Il y avait plus de monde que d'habitude.
– Tu sais que je n'ai jamais mangé ici ?
– Ah oui ?
– Oui. J'ai mangé une seule fois à emporter quand Jack était passé par là un soir.
– Ah. J'aime bien venir ici. C'est sympa.
– Tu prends quoi à manger ?
– Je fais une fixette sur les burgers. Dis-je en rigolant.
– Ah oui ? Toi qui ne mangeais jamais rien de gras. Je suis content que tu manges mieux.
Je faisais un sourire innocent avant de regarder le menu. C'était bizarre de se retrouver ici avec lui.
– Tu n'es pas trop déçu que Jack soit partit ?
– Non, j'attendrais la semaine prochaine.
– Oui. Tu vas quand même le voir, cette semaine ?
– Au moins vendredi soir parce qu'on va fêter l'anniversaire d'Aria.
– Ah oui ? Déjà ? Tu l'aimes bien cette fille ?
– Oui, elle est sympa. Tu ne l'aimes pas ?
– Ce sont ses parents que je n'aime pas. Et elle, je ne la connaît pas vraiment. Mais, je sais qu'elle boit beaucoup et qu'elle crée beaucoup d'histoires.
– Ah bon ? Pourtant, avec moi, elle est très correcte. Et, je ne connais qu'elle pour le moment. Jack l'adore aussi.
– Oui, ils se connaissent depuis la maternelle. Et Julia, tu lui parles toujours ?
– Oui, on s'envoie des snaps de temps en temps. Elle me manque un peu, quand même.
– Tu la reverras bientôt.
– Oui, j'espère.
Alyssa venait prendre notre commande et repartait aussitôt. J'avais l'impression qu'elle avait peur de mon père.
– Alyssa était aussi à la soirée ?
Son téléphone sonnait. Il le prenait immédiatement pour le couper et me regardait, embarrassé. Il aurait répondu, en temps normal.
– Oui, elle était là avec son frère et des amis.
– Oh, t'as rencontré son frère ?
– Oui, brièvement. Il est venu la chercher et je suis retourné voir Jack.
– Et tu as rencontrée les Johnson ?
Mon pou s'accélérait. Bien sûr que je les avaient rencontré, et je n'étais pas prête à oublier cette rencontre. Ils étaient inoubliables.
– Oui, la soirée était prévue pour leur retour. Tu sais pourquoi ils sont partis en France ?
– Pas exactement. Disait-il en reprenant son portable pour le couper une nouvelle fois.
Je n'avais pas remarqué qu'il était toujours aussi demandé. Ça me rappelait de mauvais souvenirs. Il travaillait beaucoup trop et c'était l'une des raisons pour laquelle il s'était séparé de maman.
– J'espère que tu ne vas pas devenir ami avec eux.
Heureusement qu'il n'était pas à la soirée et qu'il n'avait pas vu Josh me porter sur son épaule, exposant la moitié de ma culotte à des inconnus.
– Pourquoi ?
– Je te l'ais dis, ils ont une famille compliquée et ils apportent beaucoup de problèmes autour d'eux.
– Quel genre de problème ? Dis-je en essayant de ne pas en faire trop.
– Des problèmes. Tu ne voudrais pas savoir.
Je le fixais en attendant qu'il poursuive, mais il se remettait sur son portable. Je voulais en savoir plus. Je voulais tout savoir sur eux, même si j'ignorais pourquoi.
Alyssa revenait avec nos plats. J'étais maintenant trop occupée à penser à mon estomac qui criait famine et regardais papa ignorer son pavé de bœuf.
– Le boulot, ça va ?
– Toujours. Un peu débordé, mais mon équipe est bien.
– Tant mieux. Dis-je en souriant.
J'étais contente dêtre ici, mais je n'étais pas aussi à l'aise qu'autrefois.
Son téléphone sonnait à nouveau et il se crispait. Il le coupait puis le remettait dans sa poche. Il allait finir par répondre, c'était certain.
– Pourquoi tu es autant harcelé un samedi soir ?
– Je suis manager je te rappelle. Je bosse souvent les samedis et des collègues de mon équipe travaillent, ce soir.
– Génial la vie de famille. Dis-je en faisant une grimace.
– C'est un sacrifice que la plupart des familles vivent.
Je voyais où il voulait en venir. Son travail était un grand sujet de dispute quand ils étaient toujours ensemble avec maman. Elle travaillait trop au gymnase avec moi et lui travaillait trop au bureau. Ils n'avaient même plus une vie de couple.
– Tu dois bosser encore plus, maintenant que tu es manager.
– Oui. Des fois, je me demande si mon travail ne va pas me tuer. Mais on n'est pas là pour parler de ça.
– On est là pour parler de quoi, alors ?
– Oh, de toi. Qu'est-ce qui te motive maintenant ? Est-ce que la gymnastique ne te manque pas trop ?
– Je n'ai rien qui me motive maintenant. Je crois que je deviens une adolescente normale. Et, pour la gymnastique, j'essaie de ne pas y penser.
Et, maman me manque.
Je ne dirais pas ça à haute voix parce que je ne voulais que personne ne le sache. J'aimais bien faire semblant d'être une nouvelle personne. Je voulais vraiment me convaincre que je n'étais pas si différente d'Aria ou des autres.
Une fois nos assiettes finis, mon père pris son portable pour la dixième fois et me dit avant de se lever :
– Désolé, il faut que je réponde. Je ne comprends pas pourquoi ils veulent me joindre à tout prix.
Il partait le plus vite possible à l'extérieur en décrochant.
– Tu vas bien ?
Alyssa me sortait de mes pensées.
– Oui, merci. Dis-je avec un sourire faussement joyeux.
– Ton père a un travail important, ne lui en veux pas. Me disait-elle en prenant nos assiettes vides.
– Et le tiens, il est comment ?
– Mon père ? Il est bien différent de tous les pères, je crois. Disait-elle en rigolant.
– Ah oui ? Et le mien, tu crois qu'il est normal ?
– Aucun ne l'est, je te rassure. Mais il tient à toi, c'est l'essentiel, crois-moi.
– Dis-moi, tu étais bien à la soirée de Tess, hier soir ?
– Oh, oui. Je t'ai vue, tu ne t'en souviens pas ?
– Si. Je voulais juste en être sûr.
La soirée s'était passée tellement vite...
– Je suis rentrée dès que tu m'as vu. Mon frère a vue que j'étais bourrée alors il a préféré me ramener.
– Oh, c'est bien, un frère protecteur.
Jason l'était, lui aussi. C'était le meilleur frère du monde. J'aimerais tellement qu'il revienne. Mais j'espérais ne plus trop lui en vouloir pour pouvoir lui pardonner.
– Ne m'en parle pas.
Elle rigolait puis me regardait sérieusement pour me dire :
– Mes amis sont tous chez-moi ce soir. Est-ce que tu veux venir aussi ? Je ne sais pas si tu fais quelque chose après, mais je finis mon service dans moins de trente minutes.
– Avec plaisir. Dis-je, contente qu'elle me propose de sortir.
Même si je n'étais pas complètement remise de la soirée d'hier, j'avais envie de me faire de nouveaux amis et Alyssa semblait être quelqu'un de bien. Elle me rappelait un peu Julia.
– Super. Finis tranquillement avec ton père et on se voit après.
Alyssa partait et papa revenait déjà.
– Excuse-moi. Je vais devoir retourner au bureau demain.
– Un dimanche ? De mieux en mieux.
– Je ne suis pas très content mais c'est la vie.
– Je vais chez Alyssa après. Ça ne te dérange pas de rentrer tout seul ?
– Euh, tu vas chez elle ? Et tu rentres comment ?
– Je ne sais pas. Je lui demanderais de me raccompagner.
– Bon. D'accord.
Il n'avait pas l'air d'approuver, mais son avis m'importait peu.