CHAPITRE 6
Il n'a pas répondu une seule fois. J'ai abandonné. J'étais donc seule, avec tout un tas de questions à propos de lui. Je me demandais vraiment ce qu'il avait vécu dans son passé pour être aussi gentil. Je suis descendue pour regarder la télé avec mes parents, et je me suis remontée m'endormir dans ma chambre.
Je me suis réveillée en sursaut après un cauchemar. Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait ce cauchemar... En fait, c'est plus un souvenir qu'un cauchemar... C'était il y a bientôt 11 ans, et j'avais justement 11 ans. C'était un soir calme, j'étais avec mes parents dans le salon, mes vrais parents, et d'un coup la fenêtre de la cuisine s'est ouverte. Mon père est allé la fermer, mais il mettait du temps à revenir. Ma mère et moi sommes donc allées voir ce qu'il se passait. Une vision d'horreur. Mon père gisais là, dans son sang. J'étais si bouleversée que je n'ai pu réagir qu'en tombant en arrière. J'étais terrifiée. J'ai vu ma mère brandir un couteau face à la personne qui était accroupie au rebord de la fenêtre. Il bondit et trancha le cou de ma mère. Je l'ai vue tomber à genoux, puis me murmurer : « cours Saveria, c- cours... ». J'étais paralysée. J'étais totalement pétrifiée par cette vue terrible, hideuse, horrible, affreuse, les larmes coulaient à flot, mon pouls ne faisait qu'accélérer, ma respiration était forte, je fixais cet assassin devant moi qui me regardait, qui me regardait, il me regardait, il me regardait, il me regardait avec son air pitoyable, il semblait chercher de l'aide, il semblait terrifié, il me regardait, il me regardait... Ma tête était douloureuse comme elle ne l'a jamais été, pleine de fumée, perdue dans un brouillard épais de stress et de désespoir. J'ai vu le tueur debout devant moi qui ne me regardait plus, mais se tordait de douleur, prenant son visage dans ses mains hideuses couvertes du sang de mes parents, qu'il avait sauvagement tué, il a tué mes parents, il a tué mes parents, comme s'ils n'étaient que de vulgaires mouches. Il les a tués, putain... Quand j'ai entendu les sirènes de police retentir autour de chez moi, le monstre était déjà parti. Je me suis évanouie peu après l'intervention des policiers.
Je n'avais plus aucun souvenir de ce qu'il s'est passé après, ni avant d'ailleurs. Je n'avais plus aucun souvenir de qui étaient mes parents, ou seulement quelques bouts, assez flous, embrumés.
Je suis allée en bas chercher de l'eau, parce que je ne me sentais pas bien. En descendant les escaliers, j'ai entendu dans la rue une voix qui criait à l'aide, une voix intérieure. J'ai vite fais enfilé mon manteau et mes chaussures et j'ai couru en direction de la voix. Une fois arrivée, j'ai vu un lycée par terre se faire tabasser par 3 autres, sûrement des petites brutes de quartier. Malgré le fait que ces 3 types étaient plus grands que moi, je les ai tout de même battus, étant donné que je pouvais lire dans les pensées.
Après avoir aidé le garçon à terre, je suis rentrée chez moi. Je passais comme toujours devant des ruelles sombres, et c'est alors que j'ai entendu une voix particulièrement dérangeante : « Bon elle est où l'autre là avec son pouvoir de merde... De toutes façons elle ne peut pas rivaliser avec le mien haha. ». On va voir ça gros prétentieux.
Je l'entendais se rapprocher de moi, il était dans la ruelle, 5 mètres environs à ma droite. Je me suis cachée au coin de la rue, et comme j'entendais ses pensées, j'ai pu deviner où et quand allait-il arriver.
Il était là. J'ai armé mon poing et ai pensé : « allez, prends toi-