On dit que les souvenirs les plus précieux s'impriment rayon de soleil sur la joue,
l'odeur du café dans la cuisine,
le froissement d'un rideau qui laisse entrer la lumière du matin.
Ce matin-là, tout était parfait.
J'étais Makial, fils unique d'un couple modeste, mais d'un bonheur rare.
À 23 ans, je venais d'obtenir mon diplôme en gestion des entreprises.
L'avenir m'ouvrait les bras...
Et le monde avait encore ses couleurs.
Matin de miel
- « Debout, mon soleil ! », lança une voix douce, accompagnée d'un effleurement sur ma joue.
J'ouvris les yeux. C'était Maman, Christine. Elle souriait, cheveux attachés en chignon désordonné, le tablier fleuri noué à la taille.
- « Ton père a encore laissé brûler les œufs. Viens sauver la cuisine. »
- « J'arrive, générale. », répondis-je avec un sourire endormi.
Je descendis en t-shirt et pantalon de pyjama.
Papa, Altos, était là, penché sur la poêle comme s'il tentait de résoudre une équation.
- « Ah, voilà le chef ! Regarde ce désastre, c'est de l'art moderne. »
- « C'est du charbon, papa. »
- « Bah, tout est question de perspective ! »
On éclata tous de rire.
Petit-déjeuner
Dans la cuisine, Maman, Christine, me servait mon chocolat chaud préféré, avec deux tartines beurrées qu'elle avait découpées en forme de cœur.
- « Tu n'es pas trop grand pour un peu d'amour de maman, hein ? »
- « Jamais. Tu cuisines comme une reine. »
- « Et moi alors ? », protesta Papa en mordant dans une mangue.
- « Toi, tu m'apprends la vie. Mais Maman... elle me la rend douce. »
Ils éclatèrent de rire.
C'était ça, notre routine.
Simple. Profondément vivante.
Chaque repas était une fête.
Chaque jour une bénédiction.
Le petit déjeuner se passa comme un ballet. Maman déposait les assiettes, Papa lisait un article à voix haute, et moi avec mon sac au dos prêt pour le campus
- « Tu sais, Makial, la vie c'est comme une entreprise. Tu dois en être le PDG. »
- « Alors toi, tu me coaches avant même le café du matin ? »
- « Il veut juste que tu réussisses plus vite que lui. », lança Maman en caressant mes cheveux.
Je me sentais bien.
Aimé. Protégé.
À ce moment-là, je croyais que rien ne pourrait changer.
Je pris le chemin de la porte .
- répliquai-je
- disais Maman.
- sorti de ma bouche.
Papa toussa .
-
C'est un peu notre routine .
Les sourires, les piques de Papa, la tendresse de Maman.
Tout semblait simple.
Évident.
Le campus – là où la vie vibre
La chaleur du jour s'installait doucement quand j'arrivai à l'université.
Les couloirs bourdonnaient de conversations, d'éclats de voix, de pas pressés et de rires complices.
Donald, mon frère de cœur depuis le lycée, m'attendait près des escaliers.
- « Enfin ! Tu fais exprès de toujours arriver comme dans un film ? »
-« Faut bien que quelqu'un apporte du charisme ici. »
Il me tendit un café.
- « Celui-là est gratuit, le prochain tu payes. Et t'es en retard pour le partiel blanc de gestion. »
- « On a un partiel blanc aujourd'hui ?! »
- « T'es sérieux ?! Je rigole pas, mec. Hilaire t'a envoyé trois messages. »
Justement, Hilaire, le plus calme de notre trio, approchait avec son sac sur l'épaule.
- « Vous deux vous êtes incorrigibles. On révise, on répète, et monsieur charisme débarque comme si c'était une séance photo. »
- « C'est mon charme naturel. »
Nous éclatâmes de rire.
Mais dans le regard d'Hilaire, parfois, il y avait cette curiosité silencieuse, presque une tendresse secrète quand il me parlait.
Et moi... je ne savais pas encore que certains silences veulent dire plus que mille mots.
C'etait l'heure des cours.
Après les cours, nous sommes restés dans l'herbe à discuter, juste à côté du vieux bâtiment administratif.
- « Où vous voyez-vous dans dix ans ? », demanda Donald, les yeux perdus dans le ciel.
- « Moi ? Je veux ma propre boîte. Voyager, investir. Et une maison avec une grande cuisine pour mes parents. », dis-je.
- « Moi je veux une famille Un jardin. Et beaucoup de silence. », murmura Hilaire.
- « Et l'amour ? », osa Donald, en me lançant un regard complice.
Je souris.
- « Ça viendra... peut-être quand je ne chercherai plus. Peut-être quand quelqu'un me fera me sentir vivant, juste par sa présence. »
Un silence s'installa.
Mais il était beau, ce silence.
Comme un souffle invisible, une intuition que quelque chose de fort, de vrai, m'attendait plus loin.
Le soir – les derniers éclats
De retour à la maison, mes parents m'attendaient sur la terrasse.
Le ciel était zébré de rose et d'or.
La table était dressée avec des bougies.
Mon père avait mis de la musique douce.
Ma mère portait une robe qu'elle réservait pour les grands dîners.
- « Surprise, mon fils. Ce soir, on fête ton diplôme. »
- « Vous êtes incroyables... »
- « Tu l'es aussi. Tu nous rends fiers chaque jour. », dit Maman.
On mangea, on dansa.
À un moment, Papa leva son verre.
- « À toi, Makial. Que la vie te donne le bonheur, mais surtout... qu'elle t'apprenne à aimer vraiment. »
- « Et à ne jamais perdre ton cœur. », ajouta Maman.
Je les regardai, le cœur plein.
Et une pensée fugace me traversa :
Et si tout ça disparaissait un jour ?
Je la chassai aussitôt.
Dans le silence de la nuit
Je montai dans ma chambre, repensant à mes amis, à Hilaire qui m'avait frôlé la main en partant, au regard de mes parents.
Je me couchai, les yeux ouverts, et dans un demi-sommeil, une image surgit dans mon esprit