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Léa resta là, immobile, ses pensées enchevêtrées dans un réseau de confusion et de douleur. Le temps sembla s'étirer, chaque seconde passant comme un écho lointain, un rappel cruel de tout ce qui s'était passé, de tout ce qu'elle avait perdu et de ce qu'elle risquait de perdre encore. Elle regarda l'endroit où Thomas avait disparu, la porte maintenant fermée derrière lui. Il avait quitté l'appartement sans se retourner, et une vague de culpabilité l'envahit, si forte qu'elle en eut presque du mal à respirer.
Elle se leva lentement, les jambes tremblantes. Ses yeux se posèrent sur la photo de famille, celle où Thomas souriait aux côtés d'Emma. Elle se souvint de leurs moments heureux, de la douceur avec laquelle il avait su l'aimer, l'entourer. Et pourtant, quelque part dans son cœur, il y avait Adrien. Cette attraction persistante, cette chaleur qu'il faisait naître en elle, même après tout ce temps... Ce besoin de comprendre ce qu'il voulait, ce qu'il attendait, ce qu'il attendait d'elle.
Elle se rendit dans la chambre d'Emma. La petite dormait paisiblement, son visage d'ange serein sous la lumière tamisée. Léa s'agenouilla à ses côtés, effleurant tendrement ses cheveux. Emma était sa priorité, et rien ne pouvait remettre cela en question. Mais à mesure qu'elle contemplait la douceur de sa fille, une autre pensée traversa son esprit. Si elle laissait Adrien revenir, s'il perturbait à nouveau leur quotidien, était-ce juste pour Emma ? Était-ce juste pour elle-même ?
Elle se recula doucement, fermant la porte de la chambre d'Emma derrière elle. La maison semblait encore plus vide maintenant. Sans Thomas, sans l'assurance de ses bras, sans la stabilité qu'il lui apportait, tout semblait incertain. Léa prit son téléphone et hésita. Un message d'Adrien s'afficha sur l'écran. Il était court, simple, mais la chaleur qui s'en dégageait la fit frissonner.
Adrien : Je sais que c'est difficile, Léa. Mais je ne vais pas abandonner. Je reviendrai, tu verras. Et cette fois, je ferai tout pour ne pas te faire souffrir. Laisse-moi une chance de réparer les erreurs du passé. Je ne partirai pas sans toi.
Léa ferma les yeux un instant, sentant une vague de nostalgie et de frustration l'envahir. Ces mots, cette promesse... Elle savait qu'il ne s'agissait que de paroles, mais à quel point cela pouvait-il encore avoir du poids ? Adrien avait toujours su la faire douter, la faire vaciller sur ce qu'elle pensait savoir d'elle-même.
Elle posa son téléphone et se leva à nouveau, errant sans but dans l'appartement, son esprit en guerre contre elle-même. Elle voulait être honnête avec Thomas, mais c'était difficile. Elle avait des sentiments pour Adrien. Était-ce une erreur de les ignorer ? Était-ce juste une part d'elle-même qu'elle ne pouvait réprimer, une part qu'elle n'avait jamais réussi à effacer, peu importe combien elle essayait de l'ignorer ?
Un bruit de voiture dehors la fit sursauter. Un moteur ronronna, puis s'arrêta, et avant qu'elle ait pu réfléchir davantage, une silhouette se dessina à travers la fenêtre. Elle s'approcha du rideau, écartant légèrement les tissus pour voir de qui il s'agissait. Adrien. Il était là, devant la porte, le regard résolu, presque défiant. Sans hésiter, il monta les quelques marches qui menaient à l'entrée de l'appartement et frappa. Trois coups lourds et rapides.
Léa sentit son cœur s'emballer. Elle savait qu'elle devrait l'ignorer, qu'elle devrait l'envoyer bouler, mais une force invisible la poussait à répondre. Elle n'avait pas prévu qu'il vienne. Elle n'avait pas prévu d'avoir à prendre une décision maintenant. Adrien était de retour, et il était plus déterminé que jamais.
Elle prit une grande inspiration, s'approcha de la porte, et l'ouvrit lentement.
- Adrien, dit-elle, la voix tremblante, qu'est-ce que tu fais ici ?
Il la regarda, un léger sourire en coin, comme s'il savait déjà ce qu'il provoquait en elle. Un mélange de désir, de frustration et de doute.
- Léa, je ne vais pas partir, pas maintenant. Je veux qu'on parle, vraiment. Je ne peux pas te laisser dans cette situation, à te torturer seule, entre moi et lui.
Elle s'éloigna un peu, les bras croisés, hésitante.
- Adrien, tu n'as pas le droit de revenir comme ça, après tout ce que tu as fait... C'est trop facile, tu ne peux pas juste effacer tout ça avec des paroles.
- Je ne veux pas effacer le passé, Léa. Je veux juste avoir une chance de tout réparer. Je sais que j'ai gâché notre histoire, mais je suis prêt à tout pour que tu me laisses une place, même minime, dans ta vie. Et dans la vie d'Emma.
Les mots d'Adrien résonnèrent en elle, comme une mélodie familière, mais dangereuse. Elle le regarda, les yeux emplis de doute, de peur, et aussi de cette vieille passion qui ne mourait jamais vraiment.
- Et Thomas ? murmura-t-elle, presque à elle-même.
Il s'approcha doucement, les yeux fixés sur elle, comme s'il ne voulait pas perdre une seule parcelle de son attention.
- Thomas ne peut pas être ce que je suis pour toi, Léa. Il ne peut pas t'offrir la même chose. Et tu le sais. Mais je vais te prouver que je peux être celui dont tu as besoin. Je vais te le montrer, peu importe le temps que ça prendra.
Léa sentit son cœur se serrer. Il était là, devant elle, exactement comme elle se souvenait, un Adrien plus mature, plus sûr de lui, mais toujours avec ce charme irrésistible qui la perturbait.
- Adrien... tu es trop tard, dit-elle, la voix tremblante mais ferme. Trop tard pour revenir. Il y a des choses que tu ne peux pas réparer.
Mais malgré ses paroles, une partie d'elle savait qu'elle mentait. Une partie d'elle, au fond, n'était pas prête à le laisser partir.
Adrien resta là, le regard planté dans le sien, un silence lourd et chargé entre eux. Ses yeux brillaient d'une intensité qui la fit frissonner, comme une promesse tacite de rédemption. Léa baissa les yeux, incapable de soutenir ce regard brûlant, ce regard qui faisait naître en elle des sentiments qu'elle croyait avoir enterrés depuis longtemps. Elle avait dit qu'il était trop tard, mais ses mots sonnaient creux, comme une défense fragile face à une vérité qu'elle ne pouvait plus ignorer.
Il avança d'un pas, lentement, et Léa se sentit irrésistiblement attirée par lui, par cette force qui émanait de sa présence. Mais elle se força à se ressaisir. Elle recula de quelques pas, se tournant vers la pièce voisine, où Emma dormait toujours paisiblement, inconsciente du tumulte qui se jouait juste à côté d'elle.
- Tu n'as pas le droit de me faire ça, Adrien, souffla-t-elle, les yeux remplis de larmes qu'elle retenait avec peine. Je t'ai donné ma confiance une fois. Une fois. Et tu l'as brisée. Comment peux-tu revenir ici et prétendre que tu peux tout réparer ?
Adrien s'arrêta, comme frappé par ses mots. Il baissa la tête, un instant de doute effleurant ses traits habituellement confiants. Puis, il leva les yeux à nouveau, une sincérité désarmante dans le regard.
- Je sais que je t'ai trahie, Léa. Je sais que je t'ai laissée dans la douleur, seule avec ton amour, sans jamais respecter ce que tu méritais. Mais tu sais aussi que ce n'est pas aussi simple que ça. Si je t'ai fait souffrir, c'est parce que je n'ai jamais su ce que je voulais. Mais maintenant... je le sais. Et c'est toi, Léa. C'est toi.
Elle sentit une douleur cuisante au fond de son cœur. Ces mots, ces mêmes mots qu'il lui avait dits il y a des années, avant qu'il ne parte, avant que tout ne s'effondre. Elle ferma les yeux, essayant de contenir le tourbillon de sentiments contradictoires qui déferlait en elle.
- Tu n'as pas le droit de me dire ça, Adrien, lui dit-elle d'une voix tremblante. Ce n'est pas juste, tu ne peux pas revenir comme ça après tout ce que tu m'as fait.
Adrien s'avança d'un pas, désireux de combler l'espace qu'elle tentait de maintenir entre eux. Il la regarda avec une telle intensité qu'elle se sentit prise au piège, incapable de bouger.
- Léa, murmura-t-il, j'ai eu tort. Et je suis prêt à payer pour ça. Si je dois attendre toute ma vie pour te prouver que j'ai changé, je le ferai. Mais je ne vais pas partir sans te dire ce que je ressens. Je suis désolé. Vraiment. Et si tu veux bien me donner une chance, je ferai tout ce qu'il faut pour mériter ton pardon.
Léa ferma les yeux, son souffle devenu court. Elle aurait voulu le repousser, lui dire qu'il n'était plus le même homme, qu'il ne pouvait pas revenir dans sa vie comme s'il suffisait de quelques mots pour effacer des années de souffrance. Mais une partie d'elle, une part secrète et profonde, ne pouvait pas ignorer l'appel de son cœur. Elle avait aimé cet homme, profondément, de tout son être. Et même si la douleur de son abandon était encore vive, cette attraction inexpliquée était toujours là, latente, prête à surgir.
- Et Thomas ? répéta-t-elle, la voix brisée, comme si elle avait besoin de se rassurer. Et lui, Adrien ? Que vais-je lui dire ?
Adrien s'arrêta, une ombre de regret traversant son visage. Il savait que le plus difficile restait à venir.
- Je ne veux pas que tu fasses de mal à Thomas, Léa. Je ne veux pas qu'il souffre à cause de moi. Mais je veux juste que tu saches une chose : je suis ici parce que c'est toi que je veux. Peu importe ce qu'il arrive, je vais me battre pour ça.
Léa se tourna vers la fenêtre, la tête remplie de pensées contradictoires. Elle pensait à Thomas, à sa gentillesse, à tout ce qu'il avait fait pour elle et Emma. Elle pensait aussi à Adrien, à l'homme qu'il avait été et à celui qu'il était peut-être devenu. Et là, dans cette pièce silencieuse, un sentiment étrange l'envahit. Une sensation de perte, de fracture, mais aussi d'espoir, comme si un nouveau départ était possible.
- Tu m'as déjà fait trop de mal, Adrien. Trop de choses se sont passées entre nous, et je ne sais même plus si je peux encore te faire confiance, dit-elle, la gorge nouée. Mais je vais prendre le temps de réfléchir. Parce que, pour la première fois depuis longtemps, je me demande si je suis prête à recommencer avec toi... Si je suis prête à te laisser une chance.
Adrien resta silencieux, respectant ses paroles, sachant que le chemin serait long, difficile, mais que cela valait la peine d'être parcouru. Il avait commis des erreurs, mais il était prêt à tout pour réparer. Et s'il y avait une chance, même infime, qu'elle lui accorde, il la saisirait.
- Je t'attendrai, Léa, dit-il enfin, sa voix pleine de détermination. Je t'attendrai, peu importe combien de temps cela prendra. Mais sache une chose : je suis prêt à tout pour toi.
Léa ne répondit pas immédiatement. Elle resta là, à le regarder, un mélange de colère et de désir dans le cœur. Une décision était à prendre, une décision qu'elle ne pouvait pas fuir éternellement. Mais pour l'instant, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était reculer et fermer la porte. Pas parce qu'elle voulait le repousser, mais parce qu'elle savait que l'avenir restait incertain et qu'elle ne pouvait pas se précipiter dans une nouvelle tempête. Pas tout de suite. Pas encore.
Elle le laissa là, dans le silence, son cœur en lambeaux, mais avec une lueur d'espoir qui brillait, minuscule mais persistante, au fond d'elle-même.