Chapitre 7 07

Les jours suivants furent chargés de tensions palpables. Léa n'arrivait plus à trouver la paix, même dans les moments les plus simples. Chaque son, chaque geste, chaque regard lui semblait chargé de significations cachées. Elle passait ses journées à travailler, à s'occuper d'Emma, mais le poids de ses pensées la paralysait. Adrien ne cessait de lui envoyer des messages, de l'appeler, de chercher à la convaincre de lui donner une chance. Chaque fois, Léa les ignorait, les mettant de côté, mais la vérité était qu'elle n'avait pas oublié.

Ses paroles, ses promesses, se répétaient sans cesse dans sa tête, comme un refrain qui ne cessait de revenir.

Thomas, bien que compréhensif, se faisait de plus en plus distant. Léa pouvait lire l'inquiétude dans ses yeux. Il savait, il sentait que quelque chose n'allait pas. Il n'avait pas encore osé poser les questions directes, mais Léa sentait que le moment viendrait tôt ou tard. Et quand il arriverait, elle ne savait pas comment elle pourrait lui répondre. Elle voulait le rassurer, lui dire que tout allait bien, mais la vérité était qu'elle n'avait plus aucune certitude, plus aucune réponse.

Un après-midi, alors qu'Emma était chez sa grand-mère, Léa se retrouva seule à la maison. Le silence semblait plus lourd que d'habitude, plus oppressant. Elle s'était installée dans le canapé, un livre entre les mains, mais ses pensées s'étaient envolées depuis longtemps. Elle pensait à Adrien, à Thomas, à la manière dont elle s'était laissée entraîner dans un tourbillon d'émotions qu'elle ne contrôlait plus. Elle n'avait plus d'issue.

Soudain, la porte d'entrée s'ouvrit brusquement, et Léa sursauta. Elle se leva, surprise, et aperçut Thomas, les traits tirés, les yeux sombres. Il avait l'air fatigué, comme s'il avait porté un fardeau bien plus lourd que ce qu'il aurait dû.

- On doit parler, Léa, dit-il d'une voix basse, mais ferme.

Léa sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Elle savait ce qui allait venir. Thomas avait percé la surface de son silence. Il savait que quelque chose n'allait pas, et il n'était plus prêt à attendre des explications.

Elle se força à respirer profondément avant de répondre.

- Je sais ce que tu veux dire. Et je sais que tu as vu que je suis... perdue, mais je ne veux pas qu'on se dispute. Pas maintenant. Pas comme ça.

Thomas secoua la tête, son visage empreint de tristesse. Il s'avança dans le salon, s'arrêtant à quelques mètres d'elle.

- Léa, je ne suis pas idiot. Je sais que quelque chose te tracasse. Je ne sais pas exactement ce qui se passe avec toi, mais je sais que ce n'est pas juste ton travail, ou Emma, ou... moi. Ce n'est pas ça.

Il s'arrêta un instant, comme s'il cherchait ses mots.

- C'est lui, n'est-ce pas ? Adrien. Il est revenu, et ça te perturbe. Tu ne peux pas me cacher ça. J'ai vu comment tu réagissais chaque fois qu'il appelait ou envoyait un message.

Léa baissa les yeux, incapable de soutenir son regard. Elle avait cru pouvoir éviter ce moment, mais il était là, inévitable, pressant.

- Je ne sais pas quoi faire, Thomas, dit-elle, la voix brisée. Il est revenu dans ma vie, et je n'arrive pas à l'effacer de mon cœur. Je... je pensais avoir tout oublié, mais ce n'est pas aussi simple. Et je ne veux pas te faire de mal, je ne veux pas que tu souffres à cause de moi.

Thomas la regarda un moment en silence, les poings serrés, avant de s'approcher d'elle lentement. Il posa une main sur son épaule, et malgré la douleur dans ses yeux, un faible sourire se dessina sur ses lèvres.

- Léa, je t'aime. Et j'ai bien vu que tu ne m'appartenais pas à 100%. Je ne t'ai jamais demandé de tout me donner, mais je veux que tu sois honnête avec moi. Si c'est Adrien, alors dis-le moi. Je mérite de savoir où je me situe dans tout ça. Parce que je ne peux pas continuer à marcher sur des œufs sans comprendre.

Léa ferma les yeux un instant, se sentant écrasée sous le poids de la décision qui l'attendait. Elle savait que ce moment était crucial. Elle savait qu'après cette conversation, rien ne serait plus pareil. Mais au fond, elle était prête à tout. Elle devait savoir, elle devait choisir.

- Je... Je suis perdue, Thomas. Mais je ne veux pas te perdre, toi. Je tiens à toi, plus que je ne l'ai jamais dit. Mais je ne peux pas ignorer ce qui me ronge à l'intérieur. Je suis partagée. D'un côté, je sais ce qu'Adrien m'a fait, et je sais qu'il n'a jamais été ce qu'il me promettait d'être. Mais d'un autre côté... je ne peux pas effacer ce que j'ai ressenti pour lui.

Un silence lourd s'installa entre eux. Léa n'avait jamais été aussi honnête avec elle-même, et les mots qu'elle venait de prononcer semblaient plus lourds que tout ce qu'elle avait dit auparavant.

- Thomas... je t'aime, mais je dois comprendre ce que je ressens pour lui avant de pouvoir avancer avec toi. Si je ne fais pas ça, je ne serai jamais entière. Je ne veux pas te perdre, mais je ne peux pas non plus me perdre dans ce passé.

Thomas la fixa un instant, le regard sombre mais empli de compréhension. Puis, d'un geste lent, il se tourna et se dirigea vers la porte. Avant de partir, il se retourna une dernière fois vers elle.

- Si tu as besoin de temps, prends-le. Mais souviens-toi d'une chose, Léa : l'amour, c'est aussi savoir quand il est temps de laisser partir celui qui ne te fait plus grandir. Si tu veux que je reste, je serai là. Mais ne me demande pas d'attendre indéfiniment, parce que je ne le ferai pas.

Il sortit de la maison, laissant Léa seule avec ses pensées, son cœur en morceaux et son avenir incertain. Le vent soufflait fort dehors, comme un écho à la tempête qui faisait rage en elle.

            
            

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