Chapitre 3 03

Léa relut le message plusieurs fois, une étrange sensation lui nouant l'estomac. Qui pouvait bien lui envoyer ça ? Et surtout, qu'est-ce que cela signifiait ?

Elle hésita une seconde avant de taper une réponse.

"Qui êtes-vous ? Que voulez-vous dire ?"

Le message resta en attente. Pas de réponse. Un silence oppressant.

Elle inspira profondément, essayant de calmer la panique qui menaçait de la submerger. Ce message pouvait venir de n'importe qui. Une mauvaise plaisanterie ? Une ex d'Adrien ? Quelqu'un qui voulait simplement semer le trouble ?

Mais pourquoi maintenant ? Juste après son retour ?

Elle sentit un frisson lui parcourir la colonne vertébrale.

- Maman ?

La voix d'Emma la ramena brusquement à la réalité. La petite la regardait avec ses grands yeux curieux, sa poupée serrée contre elle.

- Tu fais une drôle de tête...

Léa força un sourire.

- Tout va bien, ma chérie.

Elle éteignit son téléphone et se leva. Elle ne devait pas se laisser envahir par la peur. Elle devait rester lucide.

Mais au fond d'elle, une certitude s'imposait déjà : quelque chose clochait avec le retour d'Adrien.

Et elle allait devoir le découvrir avant qu'il ne soit trop tard.

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La journée passa dans une étrange torpeur. Léa tenta de travailler, mais son esprit revenait sans cesse à ce message anonyme. Elle vérifia son téléphone toutes les cinq minutes, mais aucune nouvelle notification ne s'afficha.

Où était Thomas ? Il ne répondait toujours pas à ses appels.

Et Adrien... devait-elle lui répondre ? Lui accorder cette rencontre avec Emma ?

Le crépuscule peignait déjà le ciel de teintes orangées lorsqu'un bruit à l'extérieur attira son attention. Une voiture venait de se garer devant chez elle.

Son cœur s'emballa.

Elle jeta un coup d'œil par la fenêtre... et son souffle se coupa.

Adrien.

Il était là. Adossé contre sa voiture, un air indéchiffrable sur le visage.

Il savait qu'elle était là. Il attendait qu'elle vienne à lui.

Léa sentit un mélange de peur, de colère et d'excitation la traverser.

Elle ferma les yeux une seconde, cherchant à calmer les battements affolés de son cœur.

Puis, lentement, elle ouvrit la porte.

L'air du soir était chargé d'humidité, et pourtant, Léa sentait sa gorge s'assécher à mesure qu'elle avançait vers Adrien. Il n'avait pas bougé, observant chacun de ses pas avec cette intensité troublante qui avait toujours eu le don de la déstabiliser.

- Tu es venue, murmura-t-il en esquissant un sourire en coin.

Léa croisa les bras sur sa poitrine, cherchant à masquer son trouble.

- Je n'ai pas vraiment eu le choix, souffla-t-elle.

Son regard s'attarda sur lui. Toujours aussi sûr de lui, avec ce charisme brut qui semblait défier le monde. Mais il y avait quelque chose de différent cette fois. Une ombre dans ses yeux, une lassitude qu'elle ne lui avait jamais vue auparavant.

- Qu'est-ce que tu fais ici, Adrien ?

Il soupira et passa une main dans ses cheveux, un geste nerveux qu'il faisait rarement.

- Je voulais te voir.

- Tu l'as déjà fait hier, rétorqua-t-elle en haussant un sourcil.

- Oui, mais cette fois, je veux te parler. Pour de vrai.

Léa sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il y avait une gravité dans sa voix, quelque chose d'inhabituel.

- Je t'écoute.

Adrien baissa la tête, comme s'il hésitait. Puis il releva les yeux, et ce qu'elle y vit la troubla plus qu'elle ne l'aurait voulu.

- Je sais que je n'ai pas été à la hauteur. Je sais que j'ai tout gâché entre nous.

Léa ne répondit rien. Elle n'avait pas envie de replonger dans le passé.

- Je ne suis pas revenu pour foutre ta vie en l'air, Léa. Je suis revenu parce que j'ai compris certaines choses.

Elle croisa son regard et y lut un mélange de sincérité et de douleur.

- Et qu'est-ce que tu as compris ? demanda-t-elle, la voix plus tremblante qu'elle ne l'aurait voulu.

Il inspira profondément avant de répondre :

- Que je t'ai perdue une fois. Et que je ne suis pas sûr de pouvoir l'accepter une seconde fois.

Un silence tendu s'abattit entre eux.

Léa sentit son cœur cogner contre sa poitrine. C'était exactement le genre de phrases qu'Adrien savait prononcer avec cette voix rauque et cette intensité capable de la faire vaciller.

Mais elle n'était plus la même.

- Il est trop tard, Adrien, souffla-t-elle.

Son sourire s'effaça légèrement, mais il ne détourna pas le regard.

- Tu es sûre ?

Léa ouvrit la bouche pour répondre, mais un bruit derrière elle la coupa net.

Elle se retourna.

Thomas se tenait là, à quelques mètres d'eux. Il les avait vus.

Et à en juger par l'expression glaciale sur son visage, il avait entendu bien plus que ce qu'elle aurait voulu.

Le regard de Thomas était dur, comme un métal froid, et Léa sentit son estomac se tordre. Elle n'avait pas vu ni entendu la voiture, mais elle savait qu'il l'avait vue, elle, Adrien, et tout ce qui se passait. Le malaise dans l'air était palpable, une tension prête à exploser.

Adrien, visiblement surpris de l'apparition soudaine de Thomas, s'effaça légèrement sur le côté, mais ne perdit pas son assurance. Il garda sa posture de défi.

- Thomas, murmura Léa, une pointe d'angoisse dans la voix.

Il ne répondit pas immédiatement. Il se contenta de la fixer, un éclair de déception traversant ses yeux avant qu'il ne les pose sur Adrien.

- Donc, c'est ça, hein ? souffla-t-il, la voix étrangement calme. Tu m'as dit qu'il n'y avait plus rien entre vous, Léa.

Léa se sentit vaciller. Elle avait l'impression d'être prise entre deux feux, entre cet homme qui faisait partie de son passé et celui qui faisait désormais partie de son présent. Mais elle savait que Thomas n'était pas du genre à supporter longtemps cette situation.

- Ce n'est pas ce que tu crois, Thomas, commença-t-elle, mais ses mots se perdirent dans l'air, comme suspendus par la tension palpable entre eux.

Adrien, lui, semblait plus à l'aise. Peut-être parce qu'il avait toujours eu cette capacité à manipuler les situations, à mettre les gens dans des positions inconfortables. Il avança d'un pas, comme si cela allait apaiser l'atmosphère.

- Thomas, on ne va pas faire semblant que tout va bien, hein ? dit-il d'un ton léger, presque moqueur. Tu sais très bien que Léa et moi, ça a été... complexe.

- "Complexe", hein ? répéta Thomas, son regard s'assombrissant. Un joli euphémisme.

Léa sentit les gouttes de sueur perler sur son front. Elle n'avait pas envie de se retrouver dans ce genre de confrontation. Pas maintenant. Pas avec lui.

Elle tourna lentement son regard vers Adrien, une lueur de colère naissant dans ses yeux. Elle avait été naïve de penser qu'il pourrait revenir dans sa vie sans provoquer un chaos. Mais il avait toujours été ainsi. Il n'était pas un homme qui cherchait à réparer ses erreurs. Non, il était celui qui revenait pour réclamer ce qu'il pensait lui appartenir.

- Thomas, s'il te plaît, dit-elle, sa voix plus ferme, mais toujours tremblante d'émotions. Laisse-moi gérer ça.

Thomas la fixa longuement, ses lèvres serrées, avant de détourner le regard et de se tourner vers Adrien.

- Je vois. C'est comme ça, alors ?

Un silence s'installa, lourd et accablant. Léa avait l'impression que le temps s'était figé autour d'eux. Puis, Thomas se tourna brusquement pour repartir, mais son regard se figea sur elle.

- Je n'ai pas de temps pour ça, Léa, lâcha-t-il. Si tu veux jouer à ce jeu, fais-le seule.

Il tourna les talons sans attendre de réponse et s'éloigna à grands pas.

Léa le regarda s'éloigner, son cœur se brisant un peu plus à chaque pas qu'il faisait. Elle voulait courir après lui, lui demander de revenir, de comprendre, mais elle savait que ce serait futile. Elle avait déjà perdu quelque chose ce soir-là, quelque chose de précieux.

Mais Adrien... Adrien était toujours là, à quelques mètres, observant la scène avec un sourire presque victorieux.

- Tu es vraiment une catastrophe ambulante, Adrien, murmura-t-elle.

Il haussait les épaules, comme si tout cela était une sorte de jeu auquel il était de retour pour participer.

- Si tu veux, je peux lui parler, le faire revenir.

Léa secoua la tête, lasse.

- Non. C'est déjà trop.

Mais Adrien, comme un papillon attiré par la flamme, ne semblait pas prêt à se retirer aussi facilement.

            
            

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