Chapitre 7 Chapitre 7

La soirée était tombée, et le manoir semblait plus sombre que jamais. J'étais dans ma chambre, essayant de trouver un peu de calme, mais mon esprit était en ébullition.

Un bruit léger attira mon attention. Quelqu'un avait glissé une enveloppe sous ma porte. Intriguée, je me levai et la ramassai. Il n'y avait pas de nom, juste un papier plié à l'intérieur.

En l'ouvrant, je découvris des photos, des coupures de journaux et une note écrite à la main. Mon souffle se coupa alors que je lisais les mots :

« Sophia ne s'est pas noyée par accident. Cherche la vérité. »

Mon cœur battait à tout rompre. Qui avait envoyé ça ? Et pourquoi maintenant ?

Les premières lueurs de l'aube s'infiltraient à travers les lourds rideaux de ma chambre, mais je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. La lettre, posée sur ma table de chevet, semblait me fixer, me défier. Les mots gravés sur ce papier, « Cherche la vérité », tournaient en boucle dans mon esprit. Je savais que ce n'était pas une coïncidence. Quelqu'un voulait que je découvre ce qui s'était réellement passé avec Sophia. Mais qui ? Et pourquoi maintenant ?

En bas, la maison était étrangement calme. Clara devait être occupée dans la cuisine, et Elias, comme à son habitude, était probablement enfermé dans son bureau. Je savais qu'il me faudrait affronter cette journée en gardant mon calme, mais comment ? Une part de moi mourait d'envie de lui parler de cette lettre, de tout lui montrer, mais l'autre... l'autre savait que cela pourrait aggraver les choses.

Je descendis finalement, l'enveloppe cachée dans mon sac, et tentai de me concentrer sur mes tâches. Mais tout semblait plus lourd, plus difficile. Le regard d'Elias, croisé brièvement dans le couloir, était encore empreint de la froideur de notre dispute de la veille.

- « Alyssa, est-ce que tout va bien ? » La voix douce de Clara me tira de mes pensées.

Je sursautai légèrement, surprise de la voir derrière moi, un plateau de biscuits dans les mains.

- « Oui, oui, ça va... juste un peu fatiguée, je suppose. »

Elle fronça les sourcils, visiblement pas convaincue, mais elle n'insista pas.

- « Si jamais tu veux parler, tu sais où me trouver. »

Je la remerciai d'un sourire forcé et me replongeai dans les documents que je tentais de trier. Mais ma concentration était ailleurs.

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Pendant ma pause déjeuner, je m'isolai dans un coin du jardin. Avec mon téléphone, je commençai à chercher les noms mentionnés dans les coupures de journaux contenues dans la lettre. Un des articles parlait d'un certain Henry Faulkner, un détective privé qui aurait enquêté sur la mort de Sophia avant que l'affaire ne soit classée comme un accident.

En tapant son nom, je trouvai une adresse professionnelle à quelques kilomètres du manoir. Une idée folle germa dans mon esprit. Et si je le contactais ? Peut-être pourrait-il m'éclairer sur ce qui s'était réellement passé.

Je tapai son numéro avec hésitation, mon cœur battant la chamade. Après quelques tonalités, une voix grave répondit.

- « Faulkner Investigations. »

- « Bonjour... euh, je suis Alyssa. J'ai trouvé votre nom dans un article concernant la famille Darrow. Je voulais savoir si... si vous pourriez me parler de votre enquête sur Sophia Darrow. »

Un silence s'installa à l'autre bout du fil, puis il répondit d'un ton méfiant :

- « Qui vous a donné mon nom ? »

- « Une source anonyme, » mentis-je maladroitement. « Je travaille avec Elias Darrow, et... quelque chose ne colle pas avec cette histoire. »

Il poussa un soupir lourd.

- « Rencontrons-nous. Je préfère ne pas parler de ça au téléphone. Venez à mon bureau demain matin, huit heures. »

Je notai rapidement l'adresse, le cœur battant.

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L'après-midi se passa étrangement vite. Peut-être parce que je tentais de maintenir une façade, ou peut-être parce que Liam décida de s'inviter dans mon bureau, un carnet de croquis à la main.

- « Tu veux dessiner ? » demandai-je, surprise par sa soudaine présence.

Il hocha timidement la tête et s'installa à côté de moi. Voir cet enfant si renfermé commencer à s'ouvrir me réchauffait le cœur.

- « Tu veux que je te montre un truc ? » proposai-je en prenant un crayon.

Liam me regarda attentivement, curieux, alors que je dessinais une petite maison entourée de fleurs. Il se mit alors à imiter mes gestes, un sourire timide étirant ses lèvres. C'était peut-être la première fois que je le voyais aussi détendu, aussi... heureux.

Elias passa brièvement devant la porte et s'arrêta, surpris de nous voir ensemble.

- « Tu t'occupes bien de lui, » dit-il, un léger sourire adoucissant ses traits.

Je ne répondis pas, mais son regard me troubla. Il semblait sincèrement reconnaissant, une émotion que je n'avais pas l'habitude de lire chez lui.

- « Merci, Alyssa, » murmura-t-il avant de disparaître dans le couloir.

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Le soir venu, je profitai d'un moment de calme pour réfléchir à ma rencontre prévue avec Faulkner. Mais ma tranquillité fut brisée par une visite inattendue. Victoria, perchée sur des talons vertigineux, fit irruption dans ma chambre sans même frapper.

- « Alors, tu joues à l'assistante modèle maintenant ? » lança-t-elle, un sourire méprisant aux lèvres.

Je me levai, surprise par son intrusion.

- « Victoria, qu'est-ce que tu fais ici ? »

Elle fit quelques pas dans la pièce, observant les lieux avec un air dédaigneux.

- « Je viens t'avertir, Alyssa. Tu crois que tu es en sécurité ici, mais tu te trompes. Elias... il n'est pas celui que tu crois. »

- « Et toi, tu sais qui il est ? » répliquai-je, agacée par son ton condescendant.

Elle s'approcha de moi, son regard perçant.

- « Oh, je sais bien plus que toi. Et crois-moi, tu ferais mieux de garder tes distances. Elias peut être... dangereux. »

- « Si tu veux me faire peur, ça ne marche pas, » répondis-je, bien que son insistance commence à semer le doute en moi.

- « Ce n'est pas une menace, Alyssa. C'est un conseil. Et tu devrais l'écouter. »

Elle tourna les talons et quitta la pièce, me laissant seule avec mes pensées.

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Je restai éveillée longtemps cette nuit-là, les mots de Victoria résonnant dans ma tête. Mais ce qui me hantait le plus, c'était cette lettre mystérieuse et ce qu'elle signifiait. Demain, je rencontrerais Faulkner, et peut-être aurais-je enfin des réponses. Mais à quel prix ?

La lumière tamisée de la chambre d'amis où je dormais semblait insuffisante pour apaiser l'agitation qui grondait en moi. La rencontre avec Henry Faulkner dans la matinée m'avait laissée sur le fil du rasoir. Ses révélations, bien que limitées, avaient planté une graine de doute encore plus profonde dans mon esprit. Pourtant, ce n'était pas seulement la vérité sur Sophia qui tourmentait mes pensées. Elias. Son nom résonnait comme une mélodie entêtante. Malgré tout ce que je savais ou croyais savoir, il avait une emprise sur moi que je ne pouvais expliquer ni repousser.

Le soir, après avoir évité Elias toute la journée sous prétexte de rendez-vous professionnels, je m'étais réfugiée dans le salon. Le manoir était étrangement silencieux. Clara avait emmené Liam à une sortie scolaire, et Victoria avait disparu, probablement pour quelque plan machiavélique dont elle seule avait le secret. Je feuilletais distraitement un magazine, mais chaque page que je tournais me ramenait à la même question : pouvais-je continuer ainsi, entre secrets et mensonges, sans perdre le contrôle de moi-même ?

Elias entra soudainement dans la pièce, sans prévenir. Il portait une chemise blanche, légèrement déboutonnée, et un pantalon sombre qui soulignait sa silhouette élégante. Sa présence imposante suffit à aspirer tout l'air de la pièce.

- « Tu comptes continuer à m'éviter, Alyssa ? » demanda-t-il, son ton calme mais tendu.

Je levai les yeux vers lui, cherchant mes mots.

- « Je ne t'évite pas. J'ai juste... beaucoup de choses en tête. »

Il avança de quelques pas, ses chaussures résonnant sur le parquet.

- « Beaucoup de choses en tête, hein ? Est-ce que l'une d'elles inclut cette lettre que tu as reçue récemment ? »

Mon cœur rata un battement.

- « Comment tu sais ça ? »

Il sourit, mais ce n'était pas un sourire chaleureux.

- « Tu crois vraiment que des choses peuvent se passer sous mon toit sans que je le sache ? Alyssa, tu es peut-être plus intelligente que la plupart, mais tu es loin d'être invisible. »

Je me levai, prête à me défendre.

- « Et toi, Elias, tu crois que tu peux tout contrôler ? Tout le monde autour de toi ? Peut-être que si tu étais un peu plus honnête, je n'aurais pas besoin de chercher des réponses ailleurs ! »

Il s'approcha encore, si près que je pouvais sentir son parfum, un mélange enivrant de bois de santal et d'épices.

- « Tu veux des réponses ? Très bien. Pose-moi tes questions, et je te dirai tout ce que tu veux savoir. Mais sois prête à entendre des choses que tu ne pourras peut-être pas gérer. »

Il y avait une intensité dans ses yeux qui me cloua sur place. Mon esprit criait de reculer, mais mon corps restait figé, attiré par lui comme un papillon vers une flamme.

- « Pourquoi tout est si compliqué avec toi, Elias ? » murmurai-je, presque pour moi-même.

Il ne répondit pas tout de suite. Au lieu de ça, il leva une main et effleura mon visage. Son geste était si inattendu, si doux, que je sentis un frisson parcourir ma peau.

- « Parce que rien dans ma vie n'a jamais été simple, Alyssa. Et toi... tu es la première chose qui me donne envie de me battre pour autre chose que des chiffres et des deals. »

Ses mots, dits avec une sincérité déconcertante, brisèrent la dernière barrière que je m'efforçais de maintenir. Avant que je ne puisse réfléchir, avant que je ne puisse peser le pour et le contre, il combla la distance entre nous et posa ses lèvres sur les miennes.

Le baiser était à la fois désespéré et passionné, comme si toutes les tensions accumulées entre nous trouvaient enfin un exutoire. Je sentis mes doigts se refermer sur le tissu de sa chemise, comme si je craignais qu'il ne disparaisse.

- « Elias... » murmurai-je en reprenant mon souffle, mais il ne me laissa pas terminer.

- « Laisse-moi, juste ce soir, Alyssa. Laisse-moi oublier tout ce qui nous sépare. »

Et je le laissai faire, consciente que je m'aventurais sur un terrain dangereux.