Chapitre 6 Chapitre 6

L'après-midi, je pris une pause dans le jardin, profitant du soleil de fin d'automne. L'air était frais, mais agréable, et je feuilletais machinalement le carnet d'histoires, réfléchissant à la manière dont je pourrais continuer à établir une connexion avec Liam.

C'est alors que je remarquai une silhouette familière approcher. Victoria Blake, toujours impeccable dans une robe noire ajustée et des talons qui claquaient sur les dalles, se dirigeait vers moi. Elle portait son éternel sourire suffisant, celui qui me mettait mal à l'aise dès notre première rencontre.

- "Ah, Alyssa, quelle surprise," lança-t-elle, sa voix sucrée mais venimeuse.

Je refermai mon carnet et me levai, essayant de cacher ma nervosité.

- "Bonjour, Victoria," répondis-je poliment.

Elle s'approcha, ses yeux perçants examinant chaque détail de mon visage, comme si elle cherchait une faiblesse.

- "Alors, tu t'habitues à ta nouvelle vie ici ? Travailler pour Elias n'est pas de tout repos, n'est-ce pas ?"

- "C'est... un défi," admis-je, essayant de garder un ton neutre.

Victoria rit doucement, mais son rire était dépourvu de chaleur.

- "Oh, je suis sûre que tu t'en sors à merveille. Après tout, Elias a toujours eu un faible pour les âmes perdues."

Je fronçai les sourcils, ne sachant pas si elle cherchait à m'insulter ou à m'intimider.

- "Je suis ici pour faire mon travail," répondis-je prudemment.

Elle s'approcha un peu plus, son sourire s'élargissant.

- "Tu sais, Sophia et moi étions très proches. Je la connaissais bien, et je connais aussi très bien Elias. Je sais ce qu'il est capable de faire."

Le nom de Sophia résonna comme un coup de tonnerre dans mon esprit.

- "Qu'est-ce que vous voulez dire ?" demandai-je, la gorge soudainement sèche.

Victoria baissa la voix, comme si elle s'apprêtait à me révéler un secret.

- "Sophia était une femme extraordinaire, mais elle avait ses failles. Et Elias... eh bien, il n'a pas toujours été l'homme que tu vois aujourd'hui. Leur relation était... compliquée."

Je sentis mon cœur s'accélérer.

- "Qu'est-ce que vous insinuez exactement ?"

Elle me fixa un instant, savourant visiblement le malaise qu'elle provoquait.

- "Disons simplement que Sophia est morte trop tôt. Et Elias a toujours eu une façon bien à lui de régler ses problèmes."

Avant que je ne puisse répondre, elle tourna les talons et s'éloigna, me laissant seule avec un mélange de confusion et de méfiance.

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Je rentrai à l'intérieur, troublée par les paroles de Victoria. Ses insinuations tournaient en boucle dans ma tête, mais je n'avais aucune preuve pour confirmer ou infirmer ses propos. Pourtant, une partie de moi ne pouvait s'empêcher de douter. Elias était un homme complexe, et il était évident qu'il portait des secrets lourds. Mais pouvait-il vraiment être responsable de quelque chose d'aussi terrible ?

Mes pensées furent interrompues par une voix grave qui résonna dans le hall.

- "Mademoiselle Reed, je peux vous parler un instant ?"

Je levai les yeux et aperçus Richard Darrow, le père d'Elias, debout près de l'entrée. Il était habillé avec une élégance imposante, mais son expression était froide, presque calculatrice.

Je me redressai, essayant de paraître confiante malgré la nervosité qui montait en moi.

- "Bien sûr, Monsieur Darrow," répondis-je, ma voix un peu tremblante.

Il s'approcha lentement, ses pas lourds résonnant sur le sol en marbre. Lorsqu'il fut suffisamment près, il planta ses yeux dans les miens, et je sentis une tension presque palpable dans l'air.

- "Écoutez, je vais être direct," commença-t-il, croisant les bras sur sa poitrine. "Je ne pense pas que vous soyez à votre place ici."

Je restai figée, ne sachant pas quoi répondre.

- "Monsieur, je fais de mon mieux pour remplir mes fonctions..."

Il leva une main pour m'interrompre.

- "Votre présence est une distraction. Elias a besoin de se concentrer sur ses responsabilités, et vous... vous n'êtes qu'un obstacle."

Je serrai les poings, essayant de garder mon calme.

- "Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur, Elias m'a engagée parce qu'il avait besoin d'aide. Je fais mon travail, rien de plus."

Richard haussa un sourcil, comme si ma réponse l'amusait.

- "Peut-être. Mais croyez-moi, je ne vous laisserai pas ruiner tout ce que j'ai construit. Si vous tenez à votre avenir, je vous conseille de démissionner avant qu'il ne soit trop tard."

Ses mots résonnèrent comme une menace, et avant que je ne puisse répondre, il se retourna et quitta la pièce, me laissant seule avec un sentiment d'injustice et de colère.

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Ce soir-là, alors que je me préparais à me coucher, je ne pouvais m'empêcher de repenser à tout ce qui s'était passé. Entre les insinuations de Victoria et les menaces de Richard, je sentais que je m'enfonçais dans un terrain de plus en plus dangereux.

Mais une chose était claire : je n'allais pas abandonner. Pas encore.

Le manoir semblait plus oppressant que jamais ce matin-là. L'air était chargé d'une tension que je n'arrivais pas à expliquer. Après ma rencontre avec Richard la veille, je n'avais pas dormi. Ses paroles, froides et calculées, résonnaient encore dans ma tête. Elias n'était pas encore rentré et, en son absence, le poids des menaces de son père semblait encore plus lourd.

Dans la cuisine, je trouvai Clara occupée à disposer des fleurs fraîches dans un vase. Sa présence avait quelque chose de rassurant, un ancrage dans ce chaos subtil qui semblait envelopper la maison.

- « Clara, j'ai besoin de parler, » dis-je en m'asseyant lourdement sur une chaise, le regard fixé sur la table en bois massif.

Elle posa une tulipe dans le vase, prit une chaise en face de moi et s'installa avec un soupir, comme si elle savait déjà que la conversation allait être lourde.

- « Je t'écoute, ma chère. »

Les mots jaillirent de ma bouche, incontrôlés. Je lui racontai tout : Victoria et ses insinuations sur Elias, les menaces à peine voilées de Richard, mes doutes qui s'intensifiaient à chaque nouvelle rencontre.

Clara resta silencieuse un moment, le regard pensif.

- « Alyssa, je comprends que tu sois troublée. Mais crois-moi, tu ne devrais pas te fier à Victoria. Cette femme sait jouer avec les esprits. Elle a un don pour manipuler les gens, et je te conseille de ne pas laisser ses paroles t'atteindre. »

Je hochai la tête, bien que ses mots n'apaisent qu'à moitié mes angoisses.

- « Et Richard ? » demandai-je.

Clara eut un sourire triste.

- « Richard est un homme puissant. Il est prêt à tout pour protéger son empire, même s'il doit détruire ceux qui se mettent en travers de son chemin. Mais toi... tu ne dois pas te laisser intimider. »

- « Facile à dire, Clara. Il veut que je parte, et Victoria... elle insinue qu'Elias est responsable de la mort de Sophia. »

Clara posa sa main sur la mienne, un geste réconfortant.

- « Sophia était une femme formidable. Ce qui lui est arrivé est tragique, mais Elias l'a aimée profondément, ne doute jamais de ça. Si Victoria dit le contraire, c'est qu'elle a ses propres raisons. »

Ses paroles m'apportèrent un semblant de réconfort, mais les doutes persistaient. Je savais que je devais être prudente, mais comment rester objective quand tout semblait si flou ?

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Plus tard dans la journée, je me retrouvai seule dans le bureau d'Elias. J'étais censée classer des documents, mais mes pensées étaient ailleurs. L'ordinateur d'Elias était en veille, et, comme par instinct, je tapai dans la barre de recherche : Sophia Darrow décès .

Des articles apparurent rapidement. Je lus les titres à voix basse : « L'épouse d'un héritier meurt dans un accident tragique », « Une perte dévastatrice pour les Darrow ». Chaque mot semblait être une pièce d'un puzzle que je ne pouvais assembler.

Je ne savais pas combien de temps j'étais restée là, absorbée dans ma lecture, mais le claquement brutal d'une porte me fit sursauter.

- « Qu'est-ce que tu fais ? »

Je relevai la tête pour trouver Elias debout à l'entrée, son visage fermé, ses yeux fixés sur l'écran.

- « Je... je faisais des recherches, » balbutiai-je, sentant mes joues s'empourprer.

Il s'avança lentement, sa silhouette imposante projetant une ombre sur moi.

- « Des recherches ? Sur ma femme ? » Sa voix était froide, tranchante.

- « Elias, je voulais juste comprendre... »

- « Comprendre quoi ? Que je suis un monstre ? Que je l'ai tuée, c'est ça que tu crois ? »

Je me levai précipitamment, les mains tremblantes.

- « Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire... »

- « Alors qu'est-ce que tu voulais dire, Alyssa ? Pourquoi fouilles-tu dans mon passé comme ça ? »

Ses mots étaient comme des flèches, et je sentais une douleur grandissante dans ma poitrine.

- « Parce que je ne sais plus quoi penser ! Victoria... elle m'a dit des choses, et Richard... »

Il éclata de rire, mais ce rire n'avait rien de joyeux.

- « Bien sûr. Victoria et Richard. Deux personnes qui feraient n'importe quoi pour me voir échouer. Et toi, tu les crois ? Tu crois ces mensonges ? »

- « Je ne sais pas quoi croire, Elias ! Tout ce que je sais, c'est que je suis perdue. »

Un silence pesant s'installa entre nous. Ses yeux brillaient d'une colère contenue, mais derrière cette façade dure, je pouvais voir de la douleur.

- « Tu n'avais pas le droit, » murmura-t-il finalement, sa voix à peine audible.

- « Je suis désolée, » dis-je, ma voix brisée.

Il me regarda un long moment, puis se détourna brusquement et quitta la pièce, me laissant seule, le cœur lourd.