Chapitre 5 Chapitre 5

La soirée avançait lentement. Je restais dans l'ombre d'Elias, observant attentivement ses interactions et prenant mentalement note des détails qui pourraient m'être utiles plus tard. Pourtant, il y avait quelque chose de fascinant dans la façon dont il naviguait dans cette foule, toujours en contrôle, mais jamais arrogant.

À un moment, il se pencha légèrement vers moi et murmura :

- "Vous devriez essayer les canapés au saumon. Ils sont excellents."

Je faillis rire, surprise par son ton léger. C'était une autre facette de lui, une facette que je n'avais pas encore eu l'occasion de voir.

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Alors que je commençais à me détendre, une voix familière me tira brusquement de ma tranquillité.

- "Alyssa ?"

Je me retournai, et mon cœur se serra en voyant Marc se tenir là, à quelques mètres de moi. Il portait un costume qui lui allait trop bien, comme s'il avait toujours su comment jouer les hommes parfaits.

- "Qu'est-ce que tu fais là ?" demandai-je, la gorge serrée.

- "Je pourrais te poser la même question," répondit-il, un sourire forcé sur les lèvres. "Tu travailles ici ?"

Avant que je ne puisse répondre, Elias s'approcha, ses yeux se posant immédiatement sur Marc avec une froideur qui me glaça.

- "Tout va bien ?" demanda-t-il, sa voix basse et calme, mais teintée d'une menace sous-jacente.

Marc fronça les sourcils en regardant Elias, puis moi.

- "Qui c'est, lui ?" demanda-t-il, l'air méfiant.

- "Ça n'a aucune importance," répondis-je rapidement. "Marc, tu n'as rien à faire ici."

Mais Marc ne semblait pas prêt à lâcher prise.

- "Je voulais juste te parler, Alyssa. Te dire que je suis désolé pour tout ce qui s'est passé."

Je sentis ma mâchoire se serrer.

- "Ce n'est ni le moment, ni l'endroit."

Elias fit un pas en avant, se plaçant légèrement devant moi comme pour me protéger.

- "Je pense que Mademoiselle Reed a été très claire," dit-il d'un ton glacial.

Marc fixa Elias un moment, avant de lever les mains en signe de reddition.

- "Très bien. Mais Alyssa, on doit parler. Tu le sais."

Il recula lentement, disparaissant dans la foule, mais son apparition avait laissé un goût amer dans ma bouche.

Elias se tourna vers moi, son expression indéchiffrable.

- "C'était lui, n'est-ce pas ? L'ex."

Je hochai la tête, incapable de trouver les mots.

- "Je ne sais pas ce qu'il veut, mais je ne le laisserai pas vous causer des problèmes," ajouta-t-il, sa voix plus douce cette fois.

Je voulais le remercier, mais quelque chose dans son regard me fit hésiter. C'était comme s'il portait un poids qu'il ne voulait pas partager, un fardeau qu'il gardait jalousement.

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La soirée se termina sans autre incident majeur, et nous quittâmes le gala tard dans la nuit. Dans la voiture, le silence était lourd, ponctué seulement par le ronronnement du moteur.

- "Merci pour ce soir," murmurai-je finalement.

Elias tourna légèrement la tête vers moi, ses traits adoucis par la lumière tamisée.

- "Vous n'avez pas à me remercier. C'était mon devoir."

Un sourire triste effleura ses lèvres, mais il disparut aussi vite qu'il était apparu.

- "Je suis désolé que vous ayez dû croiser cet homme. C'est évident qu'il vous a fait souffrir."

Je baissai les yeux, jouant nerveusement avec la fermeture éclair de mon sac.

- "Il... il a fait des erreurs. Mais moi aussi. Je n'étais pas parfaite."

Elias resta silencieux un moment, puis murmura :

- "Personne ne l'est. Mais certains doivent vivre avec des erreurs plus lourdes que d'autres."

Je levai les yeux vers lui, intriguée par la nuance dans sa voix.

- "Vous parlez de vous ?"

Il hésita, comme s'il pesait ses mots.

- "Disons simplement que j'ai pris des décisions que je regrette."

Je voulais en savoir plus, mais il détourna le regard, fixant la route devant nous avec une intensité presque douloureuse.

Quand nous arrivâmes devant mon appartement, il coupa le moteur et se tourna vers moi.

- "Alyssa, je sais que je ne vous facilite pas la tâche. Mais... merci d'être là. Liam a besoin de quelqu'un comme vous."

Je fus surprise par la sincérité dans sa voix.

- "Je suis là pour ça," répondis-je doucement.

Il hocha la tête, mais avant que je ne puisse descendre, il ajouta :

- "Et si jamais cet homme revient... vous n'avez qu'à me le dire."

Son ton était ferme, presque protecteur, et je ne pus m'empêcher de ressentir une chaleur étrange dans ma poitrine.

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Plus tard, alors que je me préparais à me coucher, les paroles d'Elias continuaient de résonner dans ma tête. Qui était-il vraiment ? Et pourquoi avais-je l'impression que derrière ses airs de perfection, il cachait une vérité bien plus complexe et douloureuse ?

La lumière de la lune traversait les rideaux, projetant des ombres sur le mur, comme autant de questions sans réponse. Je savais que ma vie avait changé depuis que j'étais entrée dans cet univers, mais je ne réalisais pas encore à quel point cela allait bouleverser tout ce que je pensais savoir.

Dès le lendemain de la soirée de gala, je me retrouvai dans la grande cuisine des Darrow, une tasse de thé fumante entre les mains. Le manoir était étrangement silencieux ce matin-là, à l'exception des quelques bruits métalliques du personnel de maison. Elias était parti tôt pour une réunion d'affaires, me laissant seule avec Liam, qui se tenait non loin, sur une chaise haute, jouant distraitement avec un crayon.

Il ne m'avait pas encore adressé un mot depuis mon arrivée. Il semblait vivre dans son propre monde, un monde où les murs étaient aussi solides que ceux du manoir. Mais aujourd'hui, quelque chose était différent. Il regardait furtivement vers moi, ses yeux curieux mais méfiants.

- "Liam," murmurai-je doucement, "tu sais, j'ai une histoire que je pourrais te lire, si ça te dit."

Il leva les yeux vers moi, sans dire un mot, mais ses mains cessèrent de dessiner. Encouragée par ce petit geste, je fouillai dans mon sac et en sortis un vieux carnet. C'était un carnet que je gardais depuis mon enfance, rempli de petites histoires maladroites que j'avais écrites, souvent inspirées de mes rêves d'enfant.

Je feuilletai rapidement les pages jaunies et trouvai une histoire que je me souvenais avoir adorée : celle d'un petit hérisson qui voulait devenir un oiseau. Je m'assis près de Liam et ouvris le carnet.

- "Tu veux que je commence ?" demandai-je avec un sourire.

Liam ne répondit pas, mais il tourna légèrement sa chaise vers moi, comme pour dire oui.

Je pris une profonde inspiration et me lançai dans la lecture. Ma voix s'éleva doucement dans la pièce, et à mesure que je progressais dans l'histoire, je remarquai que Liam s'animait un peu. Ses yeux suivaient mes mains qui tournaient les pages, et à un moment, un éclat timide illumina son regard.

Quand je terminai, il me fixa un instant, puis, contre toute attente, un sourire – petit, presque imperceptible – apparut sur son visage. Mon cœur se serra à cette vue, et je dus me retenir de ne pas laisser échapper un soupir de soulagement.

- "Tu as aimé ?" demandai-je, pleine d'espoir.

Il hocha doucement la tête, et bien que ce soit un simple geste, cela me sembla être une victoire immense.