- N'oublie pas, murmura-t-il en se penchant légèrement, ce gala est plus qu'un simple événement mondain. Tu es ici pour jouer un rôle, Elena. Sois parfaite.
Elle hocha la tête, son cœur battant un peu trop vite.
Le couple fit son entrée dans la salle sous les regards scrutateurs des invités. Les murmures s'élevèrent doucement, des regards intrigués glissant sur Elena. Qui était cette femme mystérieuse au bras d'Adrian Volkov, l'homme le plus énigmatique et puissant de la soirée ?
Elena se força à sourire, s'accrochant légèrement au bras d'Adrian. Sa main sur la sienne était chaude, rassurante, bien qu'elle sache que chaque geste était calculé.
- Adrian, quel plaisir de te voir ici.
Une voix féminine, douce mais chargée d'une pointe d'arrogance, les interrompit. Une femme approcha, vêtue d'une robe rouge flamboyante qui semblait faite pour attirer l'attention. Ses cheveux blonds brillants tombaient en cascade, et son sourire était aussi aiguisé qu'une lame.
- Victoria, répondit Adrian d'un ton poli, mais distant.
Victoria posa un regard évaluateur sur Elena, un sourire moqueur étirant ses lèvres.
- Et qui est cette charmante créature ? Une nouvelle conquête ?
Elena sentit une vague de chaleur monter à ses joues, mais Adrian resserra sa prise sur sa main, un geste subtil mais protecteur.
- Elena est bien plus que cela, Victoria, répliqua-t-il avec un calme glacial. Elle est ma fiancée.
Un silence choqué s'abattit autour d'eux. Elena, elle, dut se retenir pour ne pas écarquiller les yeux. Il n'avait jamais mentionné ce détail.
Victoria émit un rire cristallin, mais ses yeux brillaient d'une lueur dangereuse.
- Fiancée, vraiment ? Cela semble... précipité, même pour toi, Adrian.
- Quand on sait, on sait, répondit-il avec une simplicité déconcertante, son regard perçant se posant sur Elena.
Elle se sentit submergée par la chaleur de son regard, comme si, pour un instant, il croyait réellement à ce qu'il disait. Elle déglutit et força un sourire, jouant son rôle.
- Adrian a raison, dit-elle enfin, sa voix douce mais assurée. Parfois, la vie nous surprend de la meilleure des manières.
Victoria la fixa, son sourire s'élargissant, mais il n'atteignit pas ses yeux.
- Comme c'est charmant.
Elle tourna les talons, laissant derrière elle un parfum capiteux et une tension palpable.
- Bien joué, murmura Adrian en inclinant légèrement la tête vers Elena.
- Tu aurais pu me prévenir, répliqua-t-elle à voix basse, une pointe de reproche dans son ton.
- Cela n'aurait pas été aussi convaincant, répondit-il avec un sourire en coin.
Le reste de la soirée se déroula dans une succession de discussions et de danses. Adrian était maître dans l'art des relations publiques, passant d'un invité à l'autre avec une aisance qui trahissait des années de pratique. Elena, elle, se contenta de sourire et de hocher la tête, se laissant guider dans ce monde où chaque mot semblait porter un poids secret.
Ce fut lors de leur première danse qu'elle sentit le poids de son rôle. Adrian l'attira contre lui sur la piste de danse, sa main fermement posée dans le creux de son dos.
- Tu fais très bien, murmura-t-il, sa voix basse contre son oreille.
- Tu veux dire que je fais semblant très bien ? répondit-elle, ses lèvres à peine bougeant.
Il rit doucement, un son rare et surprenant.
- Peut-être, mais ce soir, le faux doit sembler vrai.
Leurs corps se mouvaient avec une fluidité parfaite, leurs gestes synchronisés comme s'ils étaient faits pour cela. Pourtant, Elena ne pouvait nier l'électricité qui passait entre eux. Elle se surprit à s'accrocher un peu plus à lui, à ressentir un frisson chaque fois que ses doigts effleuraient sa peau.
- Est-ce que tu danses avec toutes tes fausses fiancées comme ça ? demanda-t-elle, un sourire amusé jouant sur ses lèvres.
- Seulement avec celles qui me tiennent tête, répondit-il, son regard brillant d'un éclat amusé.
La danse prit fin, mais pas la tension entre eux. Elena sentit un trouble qu'elle ne pouvait nier, une attirance qu'elle s'était jurée d'ignorer.
Alors qu'elle se dirigeait vers le buffet, un homme s'approcha d'elle. Il était grand, avec des traits marqués et un sourire qui semblait trop parfait pour être sincère.
- Vous devez être Elena, dit-il en tendant la main.
- Oui, répondit-elle avec prudence.
- Je suis Daniel. Un vieil ami d'Adrian.
Quelque chose dans son ton fit frissonner Elena. Il avait l'air poli, charmant même, mais il y avait une froideur dans ses yeux qui la mettait mal à l'aise.
- Adrian a beaucoup parlé de vous, ajouta-t-il, son sourire s'élargissant.
- Je doute que ce soit vrai, répondit-elle avec un sourire forcé.
Daniel rit doucement, mais il y avait une dureté dans son regard.
- Vous savez, ce monde peut être impitoyable pour ceux qui ne sont pas prêts. Faites attention, Elena.
Avant qu'elle ne puisse répondre, Adrian apparut à ses côtés, son expression sombre.
- Daniel, dit-il d'un ton tranchant.
- Adrian, répondit l'autre avec un sourire détendu.
- Je crois que tu avais quelque chose à faire ailleurs.
Le ton d'Adrian ne laissait pas place à la discussion. Daniel recula, levant les mains en signe de reddition.
- Bien sûr. Passez une excellente soirée.
Il s'éloigna, mais Elena ne put s'empêcher de frissonner.
- Qui était-ce ? demanda-t-elle à Adrian.
- Personne dont tu dois te soucier, répondit-il, mais son ton était plus dur que d'habitude.
Il la regarda, et pendant un instant, elle crut voir de l'inquiétude dans ses yeux.
- Tu vas bien ?
- Oui, mentit-elle.
Adrian se pencha légèrement vers elle, son regard scrutant le sien.
- Ne crois jamais tout ce qu'on te dit ici. Ce monde est plein de serpents.
- Et toi ? fit-elle, le défiant. Es-tu l'un d'entre eux ?
Il la fixa longuement, un sourire énigmatique sur ses lèvres.
- Peut-être, murmura-t-il avant de lui offrir son bras.
Cette nuit-là, alors qu'ils quittaient le gala, Elena savait une chose : elle jouait un jeu dangereux, mais il était de plus en plus difficile de séparer la vérité du mensonge.