Elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Adrian entra dans la pièce, vêtu d'un costume impeccable, mais avec une certaine décontraction dans sa démarche. Pourtant, son regard restait aussi perçant qu'une lame.
- Il est là ? demanda-t-il simplement, sa voix grave résonnant dans l'espace silencieux.
- Pas encore. Mais il ne devrait pas tarder, répondit Elena, tâchant de masquer son appréhension.
Adrian s'approcha d'elle, posant un regard scrutateur sur son visage.
- Tu sembles nerveuse, observa-t-il.
Elle haussa les épaules, évitant son regard.
- C'est la première fois que tu rencontres Léo. Je veux que tout se passe bien.
Adrian esquissa un léger sourire, un sourire presque sincère qui désarma momentanément Elena.
- Tu as ma parole, je ferai de mon mieux.
Un coup léger à la porte les interrompit. Elena se précipita pour ouvrir. Léo se tenait là, vêtu de vêtements simples mais propres, son visage encore marqué par la fatigue d'une récente hospitalisation. Ses yeux brillèrent en voyant sa sœur, et il la prit dans ses bras sans hésitation.
- Léo, murmura-t-elle, émue.
- Je suis là, répondit-il doucement avant de poser son regard sur Adrian, qui s'était avancé.
Le contraste entre les deux hommes était frappant. Adrian, avec sa prestance et son aura de contrôle absolu, faisait face à Léo, dont la fragilité physique n'éclipsait pas la détermination dans ses yeux.
- Monsieur Moretti, dit Léo en tendant une main hésitante.
Adrian l'attrapa avec assurance, mais son geste manquait de la froideur qu'Elena redoutait.
- Juste Adrian, répondit-il.
Ils s'installèrent dans le salon, où une table basse ornée de verres d'eau et d'un plateau de fruits les attendait. Elena observait chaque interaction, tendue.
- Elena m'a beaucoup parlé de toi, commença Adrian d'un ton plus doux qu'elle ne l'aurait imaginé. Tu sembles être quelqu'un de courageux.
Léo esquissa un sourire, visiblement surpris par la remarque.
- Je fais de mon mieux. Et... merci pour ce que vous avez fait pour ma sœur.
Adrian leva un sourcil, croisant le regard d'Elena.
- Elle mérite plus que ce que je peux lui offrir.
Ces mots, simples mais sincères, firent battre le cœur d'Elena un peu plus vite. Était-ce une façade ou une vérité qu'il cachait derrière ses murs de fer ?
La conversation continua, fluide et sans accroc. Adrian posait des questions sur la passion de Léo pour le dessin, sur ses projets d'avenir. À plusieurs reprises, Elena remarqua un éclat presque chaleureux dans les yeux d'Adrian, comme s'il baissait enfin sa garde.
Lorsque Léo partit, après avoir promis de revenir pour un autre dîner, Adrian se tourna vers Elena, les mains dans les poches, son regard plus doux qu'à l'accoutumée.
- C'est un bon gamin, dit-il simplement.
- Oui, répondit-elle, troublée. Merci d'avoir été... toi-même.
Adrian ne répondit pas, mais un sourire imperceptible passa sur ses lèvres avant qu'il ne quitte la pièce.
***
Quelques jours plus tard, Elena se retrouva au bras d'Adrian lors d'un événement mondain. Le bal somptueux se tenait dans une immense salle ornée de lustres étincelants, où l'élite de la ville se rassemblait pour échanger des sourires de façade et des poignées de main intéressées.
Elena, dans une robe rouge élégante qu'Adrian avait choisie, attirait les regards. Mais si elle semblait à l'aise extérieurement, à l'intérieur, elle luttait pour ignorer l'oppression qu'elle ressentait dans ce monde auquel elle n'appartenait pas.
- Détends-toi, murmura Adrian à son oreille, ses lèvres frôlant presque sa peau.
Elle frissonna, ne sachant pas si c'était dû à ses paroles ou à la proximité de son souffle chaud.
- Facile à dire, répliqua-t-elle doucement.
Il esquissa un sourire et posa une main protectrice sur le creux de son dos, la guidant parmi la foule.
- Fais ce que tu fais le mieux, Elena : observe.
Elle s'efforça de suivre son conseil, notant les regards échangés, les murmures discrets, et les sourires feints. Mais quelque chose attira son attention. Un homme, grand, vêtu d'un costume sombre, la fixait de l'autre côté de la pièce. Son visage ne lui était pas familier, mais il dégageait une aura inquiétante.
Elle détourna les yeux, espérant qu'il ne s'approcherait pas. Mais quelques minutes plus tard, elle le sentit derrière elle.
- Madame Moretti, murmura-t-il d'une voix suave mais glaciale.
Elle se retourna, essayant de masquer son trouble.
- Oui ?
Il lui tendit une coupe de champagne, mais son sourire était empreint d'une ironie froide.
- J'espère que vous savez dans quel monde vous êtes entrée.
- Excusez-moi ?
Il inclina légèrement la tête, son sourire s'élargissant.
- Ce n'est pas une insulte, madame, mais un avertissement. Faites attention.
Avant qu'elle ne puisse répondre, Adrian apparut à ses côtés, son regard noir fixé sur l'inconnu.
- Un problème ? demanda-t-il d'un ton glacial.
L'homme leva les mains en signe de reddition.
- Aucun, monsieur Moretti. Je félicitais simplement votre épouse.
Adrian posa une main ferme sur le bras d'Elena, l'attirant à lui.
- Je n'aime pas les félicitations déguisées en menaces.
L'inconnu s'inclina légèrement avant de s'éloigner, laissant Elena troublée.
- Qui était-ce ? demanda-t-elle.
- Personne dont tu dois t'inquiéter, répondit Adrian, mais son ton trahissait une tension qu'il tentait de cacher.
Il resserra légèrement son emprise sur elle, et pour la première fois, Elena sentit que, malgré tout son pouvoir, Adrian n'était peut-être pas aussi invincible qu'il le prétendait. Une fissure dans son armure venait de se révéler, mais elle ignorait encore où cela la mènerait.