Chapitre 7 Chapitre 7

La nuit enveloppait la villa dans un silence profond, interrompu uniquement par le souffle du vent qui s'infiltrait à travers les arbres. Elena errait dans le vaste espace, incapable de trouver le sommeil. Quelque chose en elle, une intuition viscérale, l'incitait à explorer davantage cet univers qu'elle connaissait si peu. Adrian, aussi fascinant qu'inquiétant, cachait des choses, elle en était convaincue.

Sa curiosité la mena à la bibliothèque, une pièce qu'elle n'avait jamais visitée auparavant. Les rayonnages imposants débordaient de livres anciens, leurs reliures usées témoignant d'une histoire riche et mystérieuse. Mais ce n'était pas les livres qui attiraient son attention.

Un coffre en métal, posé dans un recoin sombre, scintillait faiblement sous la lumière d'une lampe. Elena s'approcha, le cœur battant. Pourquoi était-il là, à moitié dissimulé ? Sa main tremblait légèrement lorsqu'elle effleura le cadenas. Il semblait inviolable, mais elle remarqua une clé posée non loin, comme oubliée. Une coïncidence ? Elle hésita un instant, puis, incapable de résister, saisit la clé et ouvrit le coffre.

Ce qu'elle découvrit à l'intérieur la pétrifia.

Des dossiers épais, remplis de documents marqués de sceaux officiels. Certains portaient des noms qu'elle reconnut immédiatement, des figures influentes qu'elle avait vues dans les médias. Il y avait des photographies, des contrats, des comptes bancaires offshore. Tout cela peignait un tableau sombre, révélant une toile de corruption, d'extorsion, et de trahisons soigneusement orchestrées.

- Qu'est-ce que tu fais ?

La voix glaciale d'Adrian la fit sursauter. Elle se retourna vivement, les yeux écarquillés. Il se tenait dans l'embrasure de la porte, sa silhouette imposante presque menaçante sous la lumière tamisée.

- Adrian, je...

- Ne mens pas, coupa-t-il sèchement, s'approchant lentement.

Il arracha les documents de ses mains, ses yeux sombres brillant d'une colère froide.

- Tu fouilles dans mes affaires maintenant ? Tu te crois maligne ?

Elena recula instinctivement, sentant la fureur émaner de lui.

- Je ne faisais que... je cherchais à comprendre, tenta-t-elle de se défendre.

- Comprendre quoi ? gronda-t-il en s'approchant davantage, sa voix devenant plus dure. Ce que tu as signé ? Ce que tu as accepté ?

Il la saisit par les épaules, la forçant à le regarder dans les yeux.

- Tu crois que ce monde est simple, Elena ? Que tout est noir ou blanc ?

- Je ne savais pas... murmura-t-elle, la gorge serrée.

- Non, tu ne savais pas, mais tu as fouillé quand même.

Il la lâcha brusquement et fit les cent pas, visiblement en lutte contre une rage qu'il avait du mal à contenir.

- Tout ce que je fais, tout ce que tu vois ici, est nécessaire pour protéger ce que j'ai construit.

- Protéger quoi ? Toi-même ? répliqua-t-elle, retrouvant un peu de courage.

Il se retourna, son regard brûlant de frustration.

- Te protéger aussi, Elena.

Ces mots la frappèrent comme une gifle.

- Moi ? Pourquoi est-ce que tu me protègerais ?

Adrian s'avança à nouveau, mais cette fois, il ne semblait pas en colère. Il semblait... vulnérable, presque.

- Parce que tu ne sais pas à quel point ce monde peut être cruel. Ce contrat que tu détestes tant... il ne s'agit pas seulement de moi.

Il ouvrit un tiroir et en sortit un autre document qu'il jeta sur la table.

- Lis-le.

Elena hésita, mais finit par saisir le papier. C'était une clause du contrat qu'elle avait signé, mais qu'elle n'avait jamais vraiment examinée. Les termes stipulaient qu'Adrian était tenu de garantir sa sécurité à tout prix, même si cela signifiait risquer sa propre vie.

- Pourquoi ? demanda-t-elle, sa voix tremblante.

- Parce que tu es ma faiblesse, répondit-il doucement, presque dans un murmure.

Ces mots, dits avec une sincérité désarmante, la laissèrent sans voix.

Le silence s'étira entre eux, chargé de tensions et d'émotions contradictoires. Elena ne savait plus quoi penser. Adrian était-il un monstre impitoyable ou un homme prisonnier de ses propres choix ?

Elle finit par murmurer :

- Si je suis ta faiblesse, alors pourquoi me garder ici ?

Adrian s'approcha d'elle, ses yeux cherchant les siens.

- Parce que je ne peux pas faire autrement.

Son souffle chaud effleura sa peau, et pendant un instant, le monde sembla s'arrêter. Leurs regards se croisèrent, et un frisson parcourut Elena. Elle détestait l'admettre, mais une part d'elle était attirée par cet homme complexe, cet homme qui pouvait être à la fois protecteur et dangereux.

Adrian leva une main et effleura sa joue, son geste étonnamment tendre.

- Fais-moi confiance, murmura-t-il, presque suppliant.

Elena ferma les yeux, déchirée entre son instinct qui lui criait de fuir et son cœur qui battait plus vite à chaque mot qu'il prononçait.

Mais avant qu'elle ne puisse répondre, un bruit sourd retentit à l'extérieur, brisant l'intimité de leur moment. Adrian se redressa immédiatement, ses traits redevenant ceux de l'homme froid et calculateur qu'elle connaissait.

- Reste ici, ordonna-t-il, avant de disparaître dans le couloir.

Elena resta figée, son esprit tourbillonnant entre ce qu'elle venait de découvrir et ce qu'elle ressentait. Une chose était claire : sa vie était désormais bien plus compliquée qu'elle ne l'avait jamais imaginé.