Adrian, debout près de la baie vitrée, observait la ville endormie. La lumière des lampadaires projetait des ombres sur son visage, renforçant l'aura énigmatique qui émanait de lui. Il se tourna soudain vers elle, et son regard gris acier la transperça.
- Vous comprenez dans quelle situation vous vous trouvez, n'est-ce pas ?
Elena hocha timidement la tête, mais sa voix semblait avoir déserté sa gorge.
- Bien, continua-t-il d'un ton glacial. La sculpture que vous avez brisée avait une valeur inestimable. Sa destruction est un problème, un problème qui m'incombe désormais.
Il s'approcha lentement, chaque pas résonnant dans la pièce comme un coup de marteau.
- Vous devez réparer votre erreur, Elena.
Sa voix était douce, presque trop douce, mais elle contenait une menace implicite qui la fit frissonner.
- Je... je suis désolée, murmura-t-elle. Je ne voulais pas...
- Vos intentions ne changent rien, l'interrompit-il, son ton devenant plus tranchant. Ce qui importe, c'est la conséquence.
Il s'arrêta juste devant elle, dominant sa silhouette frêle de toute sa hauteur. Ses yeux ne quittaient pas les siens, cherchant à déceler ses failles.
- Savez-vous combien vaut cette sculpture ?
Elle secoua la tête, incapable de répondre.
- Trois cent mille euros, lâcha-t-il, en pesant chaque mot.
Elena sentit le sang quitter son visage. Trois cent mille euros. Une somme inimaginable pour elle, qui peinait déjà à couvrir les factures médicales de son frère.
- Je... je ne peux pas payer ça, balbutia-t-elle, la voix brisée.
Adrian croisa les bras, un sourire froid jouant sur ses lèvres.
- C'est exactement ce que je pensais.
Un silence pesant s'installa, seulement troublé par le bruit lointain de la circulation. Adrian finit par briser ce moment de tension en s'asseyant sur le fauteuil face à elle.
- Cependant, reprit-il, il existe une alternative.
Elena releva les yeux vers lui, ses sourcils froncés d'incompréhension.
- Une alternative ?
- Oui, confirma-t-il, son ton redevenu calme, presque séducteur. Un contrat.
Elle le fixa, perplexe, attendant qu'il développe son idée.
- Vous jouerez un rôle, expliqua-t-il. Celui de ma fiancée.
Elena écarquilla les yeux, persuadée d'avoir mal entendu.
- Votre quoi ? articula-t-elle, incrédule.
Adrian posa un coude sur l'accoudoir et appuya son menton sur sa main, un sourire amusé étirant ses lèvres.
- Vous serez ma fiancée, reprit-il patiemment. Officiellement, en tout cas.
- Pourquoi ferais-je ça ? s'écria-t-elle, sa voix mêlant colère et incompréhension.
- Parce que c'est votre seule chance, répondit-il froidement. Vous ne pouvez pas me rembourser, et je doute que vous souhaitiez faire face aux conséquences de votre dette autrement.
Elena sentit son cœur s'emballer. Ce qu'il sous-entendait était clair : il avait le pouvoir de ruiner sa vie.
- Et qu'est-ce que cela m'apporterait ? demanda-t-elle, tentant de masquer sa panique par un ton défiant.
Adrian se redressa légèrement, adoptant une posture plus sérieuse.
- En échange de votre coopération, je prendrai en charge toutes vos dettes. Pas seulement celles liées à cet incident. Votre frère a besoin de soins, n'est-ce pas ?
Elena sentit son estomac se nouer à la mention de son frère.
- Comment savez-vous ça ? demanda-t-elle d'un ton accusateur.
Adrian haussa les épaules, comme si la réponse allait de soi.
- J'ai mes sources, répondit-il simplement. Ce qui importe, c'est que je peux vous offrir ce que vous ne pouvez pas obtenir seule : une solution.
Elena baissa les yeux, submergée par un tourbillon d'émotions contradictoires. Elle était furieuse de se retrouver dans cette situation, mais la promesse de voir son frère soigné était une tentation qu'elle ne pouvait ignorer.
- C'est immoral, murmura-t-elle, presque pour elle-même.
- Peut-être, concéda Adrian. Mais dans ce monde, la morale est un luxe que peu de gens peuvent se permettre.
Il se pencha légèrement vers elle, son regard captivant ne laissant aucune place à l'évasion.
- Alors, Elena, quelle est votre décision ?
Elle resta silencieuse, les mains tremblantes. Elle voulait refuser, elle voulait fuir, mais une voix au fond d'elle-même lui rappelait que refuser signifiait condamner son frère.
- J'ai besoin de temps, finit-elle par dire, sa voix à peine audible.
Adrian laissa échapper un léger rire, sans joie.
- Le temps n'est pas un luxe que je peux vous accorder, répondit-il sèchement. Vous avez jusqu'à demain matin.
Il se leva, signifiant que la discussion était terminée, et se dirigea vers la porte.
- Réfléchissez bien, ajouta-t-il en se tournant vers elle une dernière fois. Ce contrat pourrait être la meilleure chose qui vous soit jamais arrivée.
Elena resta seule dans la suite, le cœur lourd. Elle savait qu'elle venait de franchir un point de non-retour.
De retour dans sa modeste chambre d'étudiante, Elena s'effondra sur son lit. Elle sentit les larmes couler le long de ses joues, mais elle les essuya rapidement. Pleurer ne résoudrait rien. Elle ouvrit son téléphone pour consulter les messages de l'hôpital concernant son frère. Les nouvelles étaient mauvaises : les traitements coûtaient de plus en plus cher, et les fonds manquaient cruellement.
Elle passa une main tremblante dans ses cheveux, la tête envahie de pensées contradictoires. Adrian Moretti représentait tout ce qu'elle détestait : un homme riche, arrogant, habitué à obtenir tout ce qu'il voulait. Mais il représentait aussi une chance pour elle de sauver son frère, même si le prix à payer était son intégrité.
Au petit matin, après une nuit blanche, elle se retrouva à nouveau devant la porte de la suite d'Adrian. Ses mains tremblaient, mais elle prit une grande inspiration avant de frapper.
La porte s'ouvrit presque immédiatement, et Adrian apparut, impeccablement vêtu, comme toujours.
- Elena, dit-il, un sourire énigmatique sur les lèvres. J'espérais que vous reviendriez.
Elle sentit son cœur s'accélérer, mais elle tint bon.
- J'accepte, dit-elle simplement.
Le sourire d'Adrian s'élargit, et pour la première fois, elle eut l'impression de voir une lueur de satisfaction sincère dans son regard.
- Bien, murmura-t-il. Bienvenue dans mon monde.