Hanté par son Âme Sœur : Le Regret de l'Alpha
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Chapitre 6

Léna POV

La forêt avait disparu. Le monde tel que je le connaissais s'était évaporé.

Je flottais désormais dans un néant d'une blancheur absolue.

Ce n'était pas un vide effrayant, mais une étendue infinie, cristalline, comme si j'étais piégée au cœur même d'un diamant brut ou dans les entrailles d'un glacier millénaire.

Le silence ici n'était pas une absence de bruit. Il était *plein*. Lourd. Saturé d'une présence ancienne qui vibrait contre ma peau inexistante.

J'errais sur ce sol immatériel, ne sachant si je marchais ou si je glissais.

Soudain, des fragments de mémoire commencèrent à se matérialiser autour de moi, tels des écrans de cinéma suspendus dans l'éther.

C'était ma vie. Ou plutôt, le gâchis qu'elle avait été.

Je me revis, enfant, le visage baigné de larmes, recroquevillée alors que les gamins de la Meute Fontaine me crachaient cette insulte perpétuelle : "Bâtarde".

Je me vis adolescente, épiant Mathieu de loin avec un regard éperdu d'adoration, ignorant superbement son indifférence glaciale, traduisant ses silences méprisants par de la simple timidité.

*Quelle naïveté pathétique,* pensai-je, l'amertume brûlant ma gorge. *J'ai passé mon existence à mendier des miettes d'attention à des bourreaux qui priaient pour ma mort.*

Alors que ce constat me frappait, une nouvelle fenêtre s'ouvrit dans le vide, offrant une vue plongeante sur le monde des vivants.

Mathieu.

Il se trouvait dans la salle du conseil de la Meute Delaunay, mais il n'avait plus rien de l'Alpha arrogant que je connaissais. Il était acculé.

"De l'Aconit Argenté ?" tonna Marco, l'émissaire des Link, sa voix faisant trembler les murs. "Vous avez osé empoisonner votre propre compagne destinée ?"

"Je ne sais pas de quoi vous parlez !" mentit Mathieu.

Mais son corps le trahissait : une sueur froide perlait à la racine de ses cheveux et son pouls battait la chamade, visible au creux de son cou.

Dans la panique, il projeta un *Mind-Link* venimeux vers Aurélie.

*Tu m'avais juré avoir tout nettoyé ! Espèce d'incapable !*

*Je... J'en étais sûre... C'est ta faute, tu m'as pressée !* répondit-elle, sa voix mentale vacillante de terreur.

*Si je coule, je t'entraîne au fond avec moi,* siffla-t-il, une menace pure et sans appel.

J'observai la scène avec un détachement chirurgical.

Leur prétendu "amour" n'était qu'une alliance fragile bâtie sur la luxure et l'ambition. À la première fissure, ils étaient prêts à s'entredévorer.

Soudain, dans mon sanctuaire blanc, une chaleur inconnue commença à irradier au centre de ma poitrine.

Là où mon cœur brisé aurait dû être.

Une autre image apparut, balayant la laideur de la précédente : le couple Link, Lorenzo et sa compagne. Ils tenaient une vieille photo de moi, bébé. Ils étaient en larmes.

"Nous la retrouverons," grondait Lorenzo, sa voix brisée par une émotion brute. "Même si je dois brûler ce monde jusqu'aux cendres pour ça."

L'amour. Le vrai. Féroce. Inconditionnel.

Je n'avais jamais soupçonné qu'une telle force m'était destinée.

La colère froide et le chagrin brûlant fusionnèrent en moi, créant un vortex d'énergie pure. Je refusais d'être une victime une seconde de plus. Je ne voulais plus être la petite Oméga fragile que l'on piétine.

Je voulais la justice. Je voulais le sang.

*Je suis une Link,* murmurai-je, ma voix résonnant comme un tonnerre lointain. *Je suis une survivante.*

Au loin, dans l'immensité blanche, une silhouette se dessina.

Un loup.

Immense. Royal. Terrifiant de beauté.

Sa fourrure était d'un blanc si pur qu'elle faisait paraître la neige terne, et ses yeux brillaient comme des étoiles liquides, contenant la sagesse des âges.

Le Loup Blanc. La légende vivante.

Il s'approcha de moi. Je ne ressentis aucune peur, seulement une reconnaissance absolue, viscérale.

C'était moi. C'était mon loup intérieur.

Celui qu'ils croyaient dormant, celui qu'ils pensaient inexistant. Il n'avait jamais été absent. Il attendait simplement que je sois digne de le porter.

Dans le monde réel, la rétribution frappa.

Mathieu s'effondra brutalement au milieu de la réunion, coupant la parole à l'émissaire.

Il porta une main crispée à sa poitrine, hurlant de douleur comme si on lui arrachait le cœur à vif.

Sa peau vira au gris cendré, et ses veines se mirent à noircir à vue d'œil, dessinant une carte de nécrose sur son visage.

Le *Fading*. Il accélérait de manière exponentielle.

Son loup intérieur hurlait à l'agonie, sentant la montée en puissance écrasante de *mon* loup, quelque part dans les limbes.

Le lien qu'il avait rejeté, ce fil sacré qu'il pensait avoir tranché, était devenu son bourreau. Il se transformait en un nœud coulant.

Dans l'espace blanc, le grand loup baissa sa tête massive et posa son museau froid contre mon front.

Une voix, qui était la mienne mais aussi celle de mille ancêtres avant moi, résonna dans mon crâne :

*Il est temps de se réveiller, Léna.*

*Il est temps de régner.*

            
            

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