Hanté par son Âme Sœur : Le Regret de l'Alpha
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Chapitre 5

Léna POV:

L'efficacité des enquêteurs de la famille Link était chirurgicale.

Ils ne s'embarrassèrent d'aucune bureaucratie inutile. Dès les premières lueurs de l'aube, une équipe d'élite investit le territoire des Rogues, précisément là où mon corps avait été découvert.

Enchaînée à Mathieu par les vestiges de notre lien, je fus traînée à sa suite alors qu'il les accompagnait, officiellement pour « superviser » les opérations.

Il était une épave nerveuse. Il ne cessait de lisser les plis invisibles de son uniforme, et son odeur naturelle était corrompue par l'acidité piquante de la peur, polluant l'air vif de la forêt.

Nous arrivâmes au bord de la fosse.

Mon esprit, bien que dépourvu de chair, frissonna. C'était ici que j'avais rendu mon dernier soupir.

La scène se superposa à ma vision. Les Rogues. Mon appel désespéré. Le rejet froid.

Mais cette fois, libérée de l'agonie physique, ma perception désincarnée captait des détails que la souffrance m'avait voilés.

Je discernai les traces de pneus d'un véhicule tout-terrain, imprimées profondément dans la terre meuble à quelques centaines de mètres. Le véhicule d'Aurélie.

Je vis la piste olfactive, telle une traînée néon, montrant comment les Rogues avaient été *guidés* vers moi par des appâts de viande fraîche disposés stratégiquement.

Ce n'était pas une attaque sauvage. C'était une exécution préméditée.

Les investigateurs balayaient le sol avec des appareils sophistiqués, leurs écrans clignotant au rythme des signatures énergétiques résiduelles.

Mathieu les observait, les bras croisés sur sa poitrine comme pour contenir les tremblements de son cœur.

« C'est une perte de temps », lâcha-t-il, la voix trop haute. « Il a plu depuis. Les traces sont effacées. »

Il mentait. Je savais qu'il avait ordonné à ses guerriers de retourner la terre trois fois pour tout brouiller.

Mais le sang laisse des marques que la boue ne peut couvrir.

Je dérivai vers un buisson d'épines dense, négligé en périphérie de la zone de recherche principale.

C'était là. L'endroit exact où Mathieu s'était tenu sous sa forme de loup, dissimulé dans l'ombre, spectateur muet de ma mise à mort.

Le souvenir me frappa de plein fouet.

Juste avant de s'enfuir, il s'était secoué pour reprendre forme humaine.

Et Aurélie, tapie dans l'ombre avec lui, lui avait tendu une fiole pour masquer son odeur. Dans sa précipitation fébrile, elle l'avait laissée échapper.

Je « plongeai » vers le sol.

Je ne pouvais pas toucher la matière, mais je pouvais voir *à travers*.

Sous une couche de feuilles mortes en décomposition et de boue séchée, un éclat capta ma conscience.

Un fragment de verre.

Et piégé dessous, tel un secret obscène, un lambeau de tissu en soie bleue. L'écharpe d'Aurélie.

Plus accablant encore : une fine poussière argentée scintillant faiblement dans l'obscurité du sol.

Le résidu de la drogue illégale. Celle utilisée pour briser artificiellement le lien de l'Âme Sœur.

C'était la preuve. La preuve irréfutable de leur présence. La preuve qu'ils avaient perverti les lois de la nature.

Je tournai mon regard vers les investigateurs. Ils s'éloignaient. Ils allaient passer à côté.

*Regardez ici !* hurlai-je, ma voix n'étant qu'un écho silencieux dans le vide. *C'est ici !*

Personne ne tressaillit.

Je concentrai toute ma volonté, toute ma rage, toute l'injustice de ma mort sur ce minuscule morceau de verre.

Je voulais qu'il brûle. Je voulais qu'il crie mon nom.

Une vibration violente émana de mon noyau spirituel, une onde de choc d'énergie pure.

Soudain, le détecteur du chef de l'équipe Link émit un sifflement suraigu. L'aiguille s'affola, pointant frénétiquement vers le buisson d'épines.

« Là ! » aboya l'homme.

Mathieu se raidit, comme frappé par la foudre. Son cœur rata un battement.

L'investigateur se précipita, écarta les ronces sans se soucier des égratignures, et exhuman le fragment de verre et le tissu.

Il porta le tissu à son nez.

« Parfum de rose synthétique », annonça-t-il froidement. « Et des traces positives d'Aconit Argenté. »

Il pivota lentement vers Mathieu, ses yeux brillant d'une lueur prédatrice.

« Alpha Mathieu, l'usage de l'Aconit Argenté est un crime capital selon la loi Lycan. Et cette soie... ne provient certainement pas d'un Rogue. »

Mathieu devint livide. Il ouvrit la bouche pour nier, mais aucun son ne franchit ses lèvres.

La vérité, nue et hideuse, venait de surgir de la boue pour l'étrangler.

À cet instant précis, alors que la terreur pure envahissait enfin le regard de mon bourreau, je sentis une aspiration violente derrière mon nombril.

Le monde autour de moi se distordit, comme une peinture sous la pluie.

La forêt s'effaça. Le visage décomposé de Mathieu disparut.

Je tombais.

Je chutais dans un abîme de lumière blanche aveuglante, arrachée à la scène du crime.

Mon rôle de témoin était achevé. Quelque chose d'autre, quelque chose de plus grand, commençait.

            
            

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