Chapitre 2 La reddition

Chapitre 1 : La reddition

_ Un message pour sa majesté ! Lança le héraut pour la cour qui attendait dans la salle du trône.

Izia essuya ses larmes et se leva de son siège. Elle aurait tout le temps de pleurer son père et les braves tombés au combat, une fois que toute cette guerre sera terminée. Enfin, si cet homme daignait y mettre un terme de manière honorable. Car mû par une trop grande arrogance, il pourrait très bien refuser les terres qu'elle lui propose comme tribu et exiger une fortune colossale pour renflouer ses caisses.

_ Majesté, j'ai porté le message comme prévu, déclara l'envoyé d'une voix étranglée d'un air ahuri, seulement, le roi de Pretanie n'a pas... daigné le lire...

La salle s'offusqua de ce fait et un brouhaha s'éleva dans la salle du trône. Pressée d'en savoir plus, la princesse arrêta les protestations d'un geste de la main. Ses yeux enflés d'avoir trop pleuré, s'arrondirent et une expression d'incompréhension s'afficha sur son visage.

_ Il n'a pas lu la missive que je lui ai envoyée ? Demanda-t-elle avec incrédulité. Comment cela ? Explique-toi, donc.

_ Le roi ennemi demande votre reddition complète, majesté. Il refuse d'entendre parler de quelques négociations que ce soit.

_ Majesté, il n'est pas trop tard, intervint un marquis qui avait officié sous les ordres de son père, il y a longtemps, on a encore la possibilité d'organiser une défense solide.

_ Et d'après vous, combien de temps serons-nous serons capables de tenir tête à cet homme et à son armée ? N'oubliez pas que le plus gros de cette défense n'aura aucune expérience au combat.

_ En amont, nous pourrions envoyer vos ordres aux autres villes afin que les troupes qui les défendent, viennent nous prêter main forte, proposa Emar.

_ Envoyer mes ordres ? Vous pensez vraiment qu'ils laisseront nos émissaires passer comme si de rien ? Ces gens viennent de défaire mon père et son armée alors par pitié, cessez de les sous-estimer.

_ Nous trouverons un moyen, insista son ami. Il suffit qu'un ou deux commissionnaires réussissent à passer et le tour sera joué.

Izia planta ses poings de part et d'autre de ses hanches. Elle devait réfléchir à la meilleure chose à faire. Et si elle était éprise de liberté pour son pays, elle ne pouvait oublier que son peuple paierait la moindre de ses mauvaises décisions.

Puis en croisant le regard de l'envoyé, elle y décela une angoisse qui cachait autre chose. Une chose bien plus menaçante.

_ Dis ? Tu es certain d'avoir délivré le message dans son entièreté ? demanda-t-elle à son sujet.

_ Le roi Daskar voulait que je vous rapporte sa mise en garde aussi.

_ Une mise en garde ?

_ Oui, il vous fait dire, qu'il n'hésitera pas à mettre la ville à feu et à sang, si vous ne vous rendez pas sur le champ.

Comme ça, c'était clair et toute tergiversation était inutile. Daskar de Pretanie ne comptait pas leur faire de quartier et son caractère belliqueux ne tolérait aucune résistance.

Son père lui avait bien parlé des barbares du nord et de leur tendance à la violence, mais son esprit universaliste avait refusé de croire à cette généralité. Et elle lui avait même reproché les différentes guerres qu'il leur avait livrées par le passé.

_ Majesté, ces monstres sont déterminés, finit par désespérer l'un des nobles présent, on ne devrait pas prendre leurs menaces à la légère.

_ Qui prend leur menace à la légère ? rétorqua Emar sur la défensive. La princesse a besoin d'un moment pour réfléchir à une réponse adéquate. Nos hommes sont tombés pour ce pays, nous ne pouvons fouler au pied leur sacrifice en nous rendant sans batailler.

_ C'est tout réfléchi, déclara Izia. Je refuse que le sang des nôtres continu de couler en vain. Je vais de ce pas rédiger ma reddition et on verra bien ce que cet opportun demandera par la suite.

***

Comme il l'attendait d'une gamine sans cervelle et d'une cour dépourvue d'hommes d'esprit, la reddition ne mit pas longtemps à venir.

Et peu de temps après, c'est sans escorte aucune que la fille de son ennemi sorti de son fief pour se rendre.

Les hommes de Soren la laissèrent passer en formant une haie. Encapuchonnée d'un manteau long et le visage caché d'un voile, la princesse Izia avançaient la tête haute. Une tête que le jeune souverain se plairait à courber à défaut de la faire rouler au sol.

Car même si cela ne le réjouissait pas outre-mesure, il devait asseoir son autorité sur ce vaste pays, et cela ne se ferait pas sans une union avec une descendante légitime du roi de Roan.

Arrivée à son niveau, la fille se présenta d'une voix digne. Et même si Soren ne pouvait distinguer son visage sous son voile sombre, il devinait son expression sévère et son regard rivé sur l'horizon.

_ Soyez la bienvenue, majesté, intervint Stefen pour dissiper le malaise que le silence de son roi, jetait. Sire, nous devrions mettre la princesse à l'abri du froid, sous la tente, elle sera plus à son aise pour parler.

Soren laissa Stefen guider Izia, comme si elle était leur hôte et non pas leur ennemi. Comme si à cet instant même, ils n'assiégeaient pas sa ville et qu'ils ne menaçaient pas la vie de ses sujets.

Après qu'elle se soit assise à la table que lui désignait le général, elle leva la tête vers Soren pour s'assurer qu'il allait en faire de même.

_ Vous ne retirez pas ce voile ridicule ? finit par lâcher le roi qui voulait voir à qui il avait affaire.

D'un geste lent et peu assuré, la princesse dénoua le tissu fin et le retira.

Soren, qui ne la quittait pas des yeux, pu enfin voir la fille de son ennemi.

Pas qu'il se soit attendu à un faciès en particulier, mais les traits fins et innocents qu'il découvrait, remuèrent quelque chose en lui.

Comment était-il possible qu'un tyran de la trempe de Neil Falcon puisse engendrer autant de délicatesse ?

            
            

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