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ROI ENNEMI

Nova1
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Chapitre 1 Prologue

le roi ennemi

Prologue :

Roan, printemps 979 du calendrier Acédien,

_ Majesté, notre dernière ligne de défense vient de tomber ! annonça un soldat de la garde intérieure, un genou à terre et la tête baissée.

Izia qui s'attelait à rédiger des instructions pour l'intendant du palais, se figea à cette annonce. Son sang devint effroyablement lent dans ses veines et ses pensées se brouillèrent.

L'ennemi était à leur porte ?

Et l'armée de son père ? Qu'était-il advenu d'elle ?

_ Comment cela ? demanda le comte Emar, l'ami de la princesse. La veille, les plus gros des combats se jouaient à la frontière nord, nous avons bon nombre de pelotons qui couvre les autres parties. Si des belligérants étaient entrés dans le pays par un autre endroit, on nous en aurait tenu informé.

_ Je ne saurais l'expliquer, monseigneur, fit l'homme d'une voix tremblante et malgré l'aplomb qu'il simulait, mais les sentinelles sont formelles, les troupes postées aux alentours de Guives ont été défaites... majesté, la garde intérieure attend vos ordres à défaut d'avoir celle de votre père ou de ses généraux.

_ Vous osez demander ce que vous devez faire ?! Allez réquisitionner et armer tous les hommes de la ville et sortez vous battre pour votre nation ! tonna le compte sur un ton galvanisé par la colère.

_ Il suffit, Emar ! intervint Izia qui avait quitté son pupitre pour venir faire face à l'émissaire.

La tête au bord de l'implosion et le cœur drapé d'effroi, la jeune femme d'une vingtaine d'année, porta une main à sa poitrine.

_ On ne peut engager de simples civils dans des combats que même une armée aguerrie n'a pas pu remporter.

_ Majesté, c'est le mieux à faire pour défendre la ville, insista le jeune homme. On peut toujours réunir les conseillers encore présents au château, mais croyez-moi, si nous ne faisons rien, ces barbares auront tôt fait de nous assiéger.

_ Il nous assiège déjà, Emar ! Et je n'ai guère le temps de tergiverser sur la question. Il nous faut arrêter toute cette débâcle avant que la population ne pâtisse de nos erreurs de jugement.

_ Majesté, notre armée n'a pas pu être défaite aussi facilement, croyez-moi. Ces escarmouches à nos portes ont pour but de nous déstabiliser et de nous empêcher de réfléchir avec calme. Il nous faut envoyer un messager pour prévenir le roi et lui demander d'envoyer des renforts à Guives sur le champ.

Alors que Emar allait continuer, des pas lourds se firent entendre dans le couloir.

_ Majesté, fit une voix de derrière la porte, je reviens de Marbel à l'instant et je vous apporte des nouvelles du front...

***

La journée avait merveilleusement bien commencé, le ciel était dégagé et rien ne venait entacher la joie qu'éprouvait Soren Daskar.

Avec une satisfaction particulière, il examina la lame de son glaive. Cette même lame qui avait porté le coup fatal à l'ennemi de son père et du sien par la même occasion. Cet arrogant qui n'avait jamais eu aucun égard pour autre chose que la force. Une force dont il avait usé à tort et à travers pour enrichir son royaume.

Si hier, son peuple et lui étaient sous la mainmise de ce tyran, aujourd'hui, il y a mis un terme.

Le roi de Roan était mort par son épée et son héritier allait connaître le même sort. D'ici à ce soir, le jeune souverain allait s'asseoir sur le trône de son ennemi et déclarer l'annexion du pays tout entier.

_ Sire, les lances sont chargées et les hommes sont prêts, nous attendons vos ordres, l'averti son général et bras droit.

_ Tu arrives à y croire, Stefen ? Après tous les sacrifices que nous avons consentis, nous voilà au bout de ce qui a été notre rêve. Le roi Neil est occis et son pays est à nos pieds.

_ Nous pourrons nous réjouir plus tard, majesté, pour le moment, nous devons encore défaire la garde intérieure ainsi que la garde royale.

_ Dès qu'ils recevront des nouvelles de leur émissaire, ces pauvres bougres capituleront sans broncher. Ils ne sont pas assez sots pour engager leur vie pour un marmot sans avenir.

_ Vous oubliez que le roi Neil, a une fille en âge de prendre les commandes...

_ Et que veux-tu qu'une petite fille gâtée fasse Stefen ? Soit cohérent une minute, elle doit être enfermée dans sa chambre à chouiner à l'heure qu'il est.

_ Nous avons laissé passer leur émissaire depuis de bonnes heures déjà, vous ne pensez pas que s'ils avaient l'intention de se rendre, ils l'auraient déjà fait ?

Son général n'avait pas tort sur ce point, et puis ses hommes étaient fatigués et avaient besoin de repos.

_ Très bien, si tout le monde est prêt, il n'y a plus qu'à lancer l'assaut.

Alors que les soldats se préparaient à enfoncer les portes principales de la ville, ces dernières s'ouvrirent, et une voix tonna de derrière.

Soren était trop loin pour entendre et en voyant ses hommes s'arrêter, il dépêcha l'un de ses hommes pour s'enquérir de la situation.

Il n'eut pas besoin d'attendre longtemps avant qu'un messager ne sorte de l'enceinte des murs, un pli à la main. On l'escorta jusqu'au souverain afin qu'il lui remette la missive. Cette dernière était scellée par le sceau royal et l'écriture extérieurs était fine et élégante.

_ Il s'agit d'une lettre de la princesse Izia, sire, le devança l'envoyé avant qu'il ne parle. Elle désire négocier...

À ces mots Soren et ses hommes se mirent à rire à gorge déployée.

_ Négocier ? Rien que ça ?

_ Sire, cette damoiselle a peut-être quelques trésors à marchander, vous devriez vite lire cette lettre, plaisanta l'un de ses capitaines.

_ Quel que soit le trésor qu'elle possède, il sera mien de toute façon. Puis après avoir repris son sérieux, Soren continua, écoute-moi bien, messager, tu vas reprendre cette lettre et la rendre à ta maîtresse. Tu lui diras qu'il n'y a point de négociation puisque j'ai gagné la guerre. Et si elle ne veut pas que je mette cette ville à feu et à sang, qu'elle se rende et qu'elle signe une reddition complète...

            
            

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