Quand le PDG Devient PÈRE
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Chapitre 4 Chapitre 4

Jeanne déclara alors : « J'ai voyagé plus de dix heures. Je vais me reposer. »

Sans accorder un regard ni à Eden ni à Jasmine, elle les quitta avec la même froideur qu'un juge.

Jasmine serra les dents. « Elle a changé, non ? »

« Je crois qu'elle a compris la leçon », répondit Eden.

Jasmine gloussa. « Peut-être qu'elle a enfin appris à se taire. »

Elle se croyait en sécurité. Si seulement elle savait...

Jeanne ignorait Eden et Jasmine non par mépris mais parce qu'ils n'étaient rien. Un ex-amant infidèle et une sœur vipère n'étaient pas dignes de son attention.

Elle entra dans sa chambre et trouva George, assis sur le lit, les jambes pendantes, l'attendant patiemment.

« Tu as sommeil ? » demanda-t-elle.

« Un peu. »

« Va prendre un bain. Ce soir, on dort ensemble. »

« D'accord. »

Il sauta du lit et se dirigea vers la salle de bain. Jeanne, elle, commença à sortir les vêtements de leur valise.

George était étonnamment autonome pour ses six ans. Il entra dans la salle de bain et ouvrit l'eau.

Jeanne entra pour vérifier et le trouva déjà nu. Il couvrit son petit corps, gêné.

« Tu es timide ? » rit-elle.

Même un génie comme lui n'échappait pas à la pudeur.

« Maman, sors, s'il te plaît. Je suis un garçon et toi, tu es une femme. »

Jeanne haussa les épaules et s'éclipsa. Elle s'inquiétait tant pour l'adaptation de George à ce nouvel environnement... Mais elle ? Était-elle seulement prête à affronter cette maison où tout l'avait trahie ?

Qu'importe. Elle n'était pas là pour se plaindre, mais pour reconquérir tout ce qu'on lui avait volé.

Après que George se soit séché les cheveux et ait enfilé son pyjama bleu, il est sorti de la salle de bain.

Dehors, les bourrasques secouaient les vitres comme si le vent cherchait à entrer. La demeure Lawrence, toute en dorures et faux sourires, n'était qu'un théâtre derrière lequel se jouait une tragédie. Ce soir-là, dans le silence feutré d'une maison trop vaste, un enfant de six ans et une mère au passé fracturé s'apprêtaient à partager un lit trop grand pour leurs blessures.

Il ôta ses lunettes et grimpa sur le grand lit. Il regarda sa mère et lui demanda :

- De quel côté veux-tu dormir ?

George était bien plus qu'un simple enfant. À six ans, il rayonnait d'une sagesse presque surnaturelle. Il savait préparer son bain, boutonner ses chemises et réconforter sa mère d'un simple regard. Il était un don tombé du ciel, un miracle au cœur d'un monde qui avait tout fait pour les briser.

Jeanne fixait les yeux de George sans ses lunettes. Ses grands yeux globuleux brillaient dans l'obscurité, emplis d'un mystère indéchiffrable.

- Maman ?

Le regard intense de Jeanne troubla George.

Mais elle retrouva vite son calme et dit :

- N'enlève jamais tes lunettes devant les autres.

- Tu l'as déjà dit dix fois.

- Je veux juste que tu n'oublies pas.

- Faites confiance à la mémoire photographique de votre fils.

- D'accord. Tu peux dormir à l'intérieur. Je vais prendre un bain, dit-elle en se levant.

- Bien sûr.

Elle se dirigea vers la salle de bain, son pyjama à la main. Pour faire bonne figure, la famille Lawrence lui avait attribué une chambre immense avec salle de bain privée et miroir en pied. Hypocrisie dorée.

Jeanne se déshabilla devant le miroir. Son corps encore jeune et ferme portait pourtant une marque irréversible : une longue cicatrice basse, fine comme une lame, souvenir d'une césarienne imposée par un accouchement risqué. George avait dû naître autrement. Et elle avait dû survivre à tout cela.

Elle effleura la cicatrice du bout des doigts, un sourire amer sur les lèvres.

- Très bien. Je reprends ce qu'on m'a volé, au centuple.

Après un bain rapide, elle retourna auprès de George et s'endormit à ses côtés.

À son réveil, la nuit était déjà tombée. George, assis en tailleur, manipulait sa tablette. On aurait cru qu'il jouait, mais ses yeux exprimaient une concentration bien plus mature.

- Quelle heure est-il ? demanda-t-elle en s'étirant.

- Il est dix-neuf heures.

- Personne n'a frappé à la porte ?

- Non.

Le front de Jeanne se plissa. Quelque chose clochait.

Elle se prépara rapidement et George et elle revêtirent des vêtements propres avant de descendre.

En bas, Jenifer, Jasmine et Eden discutaient. Les amies de Jenifer étaient déjà parties.

Et là, elle le vit : Alexandre, son père, l'homme qui l'avait battue et chassée de chez elle sept ans plus tôt. À ses côtés, Joshua, l'enfant roi, demi-frère parfait aux yeux de tous.

Alexandre croisa son regard et lança d'une voix glaciale :

- Tu sais quelle heure il est ? Où sont passées tes bonnes manières ? Tu es partie à l'étranger et tu reviens ainsi ? C'est ça que tu as appris ?

Sept ans plus tôt, Jeanne avait goûté à la violence pure, incarnée par son propre père. Il lui avait appris jusqu'où la rage pouvait pousser un homme.

- Tu m'as appelée ? lança-t-elle.

- C'est Jenifer qui l'a fait.

Évidemment. Jeanne connaissait la manœuvre par cœur. Pas surprise, elle répondit calmement :

- Quand j'étais à l'étranger, tu m'as envoyé un seul centime ? Un certificat ? Un contact ? J'ai dormi dans les rues. Et toi, où étais-tu ? J'ai survécu, et c'est déjà un exploit.

- Assez ! Tu n'as pas été rappelée pour nous juger. Si tu étais aussi obéissante que ta sœur, on n'en serait pas là.

Jeanne n'en avait plus rien à faire de ce "père".

- Si tu veux que je me marie avec un inconnu, commence par me traiter comme un être humain. Sinon, les gens croiront que tu vends ta fille. Belle image pour un homme aussi soucieux de sa réputation, non ?

- JEANNE ! rugit Alexandre.

Elle répliqua, imperturbable :

- Ne t'inquiète pas. Je me marierai.

Ces mots le laissèrent sans voix. Il avait envisagé de la forcer. Il ignorait qu'elle était devenue un roc.

Jenifer tenta d'apaiser la tension :

- Calmez-vous tous les deux. Jeanne vient juste de revenir. Ce n'est pas le moment...

Alexandre grogna et se dirigea vers la salle à manger.

Le dîner réunit toute la famille. Le patriarche, en fauteuil roulant, restait dans sa chambre, laissant Alexandre en maître absolu.

Un silence pesant régnait. Personne ne parlait sans sa permission.

Alexandre lança un regard glacial à George, paisible à côté de sa mère.

- Où sont tes bonnes manières, gamin ?

- Il est juste un peu timide, répondit Jeanne.

- Il est surtout mal élevé. Tu as dû traîner avec un bon à rien.

            
            

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