Chapitre 5 Chapitre 5

DORIAN

- T'y as pas été un peu fort, mec ? me demande Trevor, sa voix empreinte d'une légère inquiétude.

Je jette un regard en direction de Liora, elle est en train de sourire à un mec qui lui met de la glace sur sa joue. Un sourire sincère, qui ne lui va pas si mal, en fait.

- Ça va, elle n'a rien. Me dis pas que tu as de la peine pour elle ?

Trevor prend une gorgée de son milkshake, l'air pensif.

- Je trouve juste dommage d'abîmer son joli visage.

- Joli ? dis-je avec une grimace. T'es sérieux, mec ? On parle de bouboule, là.

Il hausse les épaules, indifférent à mon dédain.

- Je la trouve plutôt jolie. Elle a un bon cul dodu, une paire de seins à en crever, une taille plutôt fine et un visage d'ange. Elle est carrément mon style. Ça change des sacs d'os qu'on connaît.

Je le regarde bouche bée, réalisant à quel point il est sérieux.

- Ne me dis pas que tu veux te la faire !

- Oh, tu sais, si elle me dit qu'elle est OK, moi ça me va.

Il enfourne une fourchette de son gâteau dans la bouche, tout en regardant Liora avec une intensité que je ne comprends pas. J'en fais de même, prenant le temps de l'observer attentivement.

Liora n'est pas hyper grande ; elle doit faire un mètre soixante à tout casser. Son visage en forme de cœur, ses longs cheveux châtains qui lui arrivent à la taille, ses yeux couleur noisette ornés de longs cils... Elle a une peau sans aucun défaut, on dirait qu'elle est maquillée, mais ce n'est pas le cas. Son visage a un air de poupée. Mes yeux descendent lentement, et je tombe sur ses nichons d'enfer. Elle en a une sacrée paire, ça donne envie de faire des trucs salaces. Sa taille est plutôt fine, Trevor a raison. Ses hanches sont un peu plantureuses, mais c'est ce qu'il faut pour accompagner ses jolies fesses dodues. Ses jambes sont courtes, mais relativement fines aussi. C'est vrai que Liora est plutôt belle.

Je grimace à cette pensée. N'importe quoi ! Qu'est-ce que je raconte ? Je ne peux pas me la blairer !

- Yo, Culligan, m'interpelle Trevor, me tirant de mes pensées.

Je détourne mon regard de Liora et réalise que je suis en train de serrer les poings inconsciemment.

- Quoi ?

- Qu'est-ce que t'as à la mater comme ça ?

- Tu le fais bien, toi !

- Ouais, parce que moi j'aimerais bien me la faire. Pas toi.

Je hausse les épaules, ne sachant pas vraiment quoi répondre.

- Quoi ? T'as changé d'avis ?

- Bien sûr que non ! m'emporté-je, sentant une irritation monter en moi.

- Oh, relax ! Je plaisantais !

Trevor éclate de rire, mais je ne trouve pas ça drôle. Mon regard retourne à Liora, qui discute avec ce mec. Je ne peux m'empêcher de ressentir une vague d'agacement. Pourquoi est-ce que je me préoccupe d'elle, alors qu'elle est la cible parfaite de mes moqueries ?

Je secoue la tête, essayant de chasser ces pensées. J'ai un rôle à jouer, une image à maintenir. Liora est le bouc émissaire, et je ne peux pas laisser mes sentiments l'emporter. Je suis Dorian Culligan, et je n'ai pas de place pour la compassion.

*************

Les couloirs du lycée sont étrangement vides, l'écho de mes pas résonnant sur le linoléum. Je n'aime pas cette ambiance, c'est trop calme, trop silencieux. Habituellement, les cris et les rires des autres élèves remplissent l'espace, mais aujourd'hui, c'est comme si le bâtiment retenait son souffle. Je suis perdu dans mes pensées, repensant à la scène d'hier. Liora. Bouboule. Je ne sais pas pourquoi, mais son visage me revient en tête. Ce sourire moqueur qui me met toujours en rogne.

Alors que je tourne un coin, je la vois. Elle est là, seule, contre un casier, le visage un peu penché, semblant chercher quelque chose dans son sac. Mon regard s'arrête sur sa joue, où un bleu s'est formé, sombre et bien visible. Instantanément, un élan de remords m'envahit. Je me rappelle de ma moquerie, de sa chute, du plaisir que j'ai pris à la rabaisser. Mais là, en la voyant ainsi, je me sens un peu coupable.

Sans vraiment réfléchir, je me rapproche d'elle.

- Hé, Liora. Je ne sais pas ce qui me prend, mais je tends la main et caresse doucement sa joue, comme si ce geste pouvait réparer ce que j'ai fait. Ça va, ça doit faire mal.

Elle me regarde, surprise, l'étonnement se lisant sur son visage. Je ne sais pas ce que je ressens à ce moment-là. C'est comme si, pendant un instant, le monde autour de nous avait disparu.

- Laisse-moi tranquille, Dorian, dit-elle, sa voix frémissante.

Elle essaie de reculer, mais je ne veux pas la laisser partir.

Alors, je tire sur son sac, la forçant à se rapprocher de moi. Elle atterrit contre mon torse, et pendant quelques secondes, le temps semble suspendu. Nos regards se croisent, et dans ses yeux, je vois une lueur de défi, de colère, mais aussi une fragilité que je n'avais jamais remarquée auparavant. Je suis perdu dans ce moment, un peu comme si tout ce que je suis, tout ce que je représente, s'évanouissait.

Mais soudain, un bruit de pas me ramène à la réalité. C'est Tyler, un de mes amis, qui arrive au coin du couloir, le sourire aux lèvres. Il ne nous voit pas encore, mais je sens l'angoisse monter en moi. Qu'est-ce que je fais là, à l'embrasser presque avec mon regard ?

Je repousse Liora avec impatience, un geste brusque qui me surprend moi-même.

- Dégage, bouboule !

La brutalité de mes mots m'étrangle un instant, mais je me force à agir comme si de rien n'était. Je la pousse tellement fort qu'elle se cogne contre les casiers, et je la vois tomber au sol, les yeux écarquillés, la surprise mêlée à la douleur.

Je me sens coincé entre mes remords et mon désir de garder cette façade de dur. Alors que Tyler m'appelle, riant de, je ne sais quoi, je sens une douleur sourde dans ma poitrine. Mais je ne peux pas me permettre d'être celui qui s'excuse, celui qui montre de la faiblesse.

Je regarde Liora sur le sol, son regard est plein de reproches, mais je détourne les yeux, le cœur lourd. Avec un dernier coup d'œil, j'emboîte le pas derrière Tyler, laissant Liora là, au sol, abandonnée dans ce couloir vide, les remords m'accompagnant comme un fantôme.

            
            

COPYRIGHT(©) 2022