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LIORA
Je continue de les ignorer, me frayant un chemin à travers la foule d'élèves qui se bousculent dans les couloirs, mon cœur battant à tout rompre. Je suis déterminée à ne pas laisser Dorian me ralentir. Je suis presque à portée de ma salle de classe, mais il en décide autrement et bloque brusquement mon passage avec son corps.
- Alors quoi, Peggy, tu as perdu ta langue ?
Sa voix est pleine de mépris, et je sens la colère monter en moi. Je lève les yeux vers lui, tentant de déverser toute la haine que je ressens pour lui à travers mon regard. Je voudrais pouvoir le repousser, lui faire comprendre à quel point ses insultes me touchent, mais ma voix reste bloquée dans ma gorge.
Il arbore un sourire satisfait, comme s'il savourait chaque instant de cette humiliation. Ses amis, dans la pénombre de son ombre, se moquent et rient, leur amusement amplifiant mon malaise. Je déteste leur regard, ce mélange de dédain et de divertissement.
- Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu ne veux pas parler ? Je ne te mordrai pas. À moins que tu ne sois trop effrayée par ton propre reflet.
Je sens une bouffée de rage m'envahir, mais je tente de rester calme. Réagir, c'est ce qu'il veut. Je fais un pas sur le côté, mais il se déplace pour me bloquer à nouveau.
- Oh, allez ! Ne sois pas si timide. Vous les boursiers, vous êtes tous les mêmes. Toujours à faire la morale aux autres. Mais dis-moi, comment tu fais pour vivre avec tout ça ?
Le sarcasme dans sa voix est insupportable. Mes mains se serrent en poings. Pourquoi est-ce que je dois encaisser ça ? Pourquoi lui, et pas un autre ? Je ne peux pas laisser sa moquerie me détruire. Une partie de moi sait que je dois le dépasser, que je dois ignorer ses provocations, mais c'est tellement facile à dire quand on n'est pas celle qui subit ces insultes au quotidien.
- J'ai des choses à faire, Dorian. Laisse-moi passer, s'il te plaît, je ne veux pas perdre mon temps avec toi, dis-je finalement, ma voix tremblant légèrement sous l'effet de la colère.
Il éclate de rire, un son cruel qui résonne dans le couloir. Je le sais, je n'ai pas de protection ici, pas de soutien. Je suis seule.
- Oh, mais tu sais quoi ? J'adore te voir essayer de te défendre. C'est presque mignon. Mais, vraiment, tu devrais savoir que ça ne sert à rien. Personne ne te prend au sérieux.
Je prends une profonde inspiration, essayant de rassembler mon courage. Peut-être que je peux passer, peut-être que je peux lui montrer que je ne suis pas la proie facile qu'il pense.
- Si tu ne me laisses pas passer, je vais demander à un professeur de venir.
Ses yeux s'illuminent d'un éclat moqueur.
- Oh, vraiment ? Tu crois qu'ils vont t'aider ? Ils sont tous de mon côté, Peggy. Allez, montre-moi ce que tu as.
Je me sens piégée, mais je refuse de céder. Avec un geste brusque, je tente de le contourner, déterminée à lui prouver que je suis plus forte que ses mots.
Je fais un pas en avant, essayant de le contourner, mais il me bloque à nouveau, son sourire s'élargissant. Ses amis se rapprochent, formant un cercle autour de nous, comme s'ils voulaient assister à un spectacle.
- Oh, regarde-la, la petite héroïne, dit Dorian d'un ton moqueur. Elle pense qu'elle peut simplement m'ignorer. Tu devrais vraiment savoir que ça ne marche pas comme ça ici, Peggy.
Je sens mes mains trembler d'agitation. Chaque insulte, chaque mot cruel, me touche comme une lame aiguisée. Je serre les dents, déterminée à ne pas lâcher prise.
- Je ne suis pas ici pour jouer à tes jeux, Dorian. Je veux juste aller en cours, dis-je d'une voix ferme, mais je sais que ma faiblesse transparaît.
Il éclate de rire, un son froid et amer.
- Cours ? C'est ça, ta grande priorité ? Tu devrais plutôt te concentrer sur ce qui est vraiment important, comme perdre quelques kilos. Personne ne veut de toi dans ce lycée.
À cet instant, je sens une montée de colère qui me donne du courage. Je ne peux pas le laisser me rabaisser davantage. Je prends une profonde inspiration et, cette fois, je lève la tête, mes yeux plantés dans les siens.
- Peut-être que je ne suis pas comme toi, Dorian. Peut-être que je ne suis pas parfaite, mais au moins, je ne me cache pas derrière des paroles cruelles pour me donner de l'importance.
Il semble surpris par ma réponse, son sourire se fige un instant. Je sens un frisson de satisfaction à cette pensée, mais rapidement, il reprend son air supérieur.
- Oh, mais c'est mignon, Peggy. Tu crois vraiment que ça va changer quoi que ce soit ? Tu es toujours celle qu'on cible, celle qui fait rire.
Je frémis à ses mots, mais je refuse de montrer ma vulnérabilité. Je me décale une nouvelle fois, tentant de passer, mais il me bouscule légèrement, riant toujours.
- Allez, vas-y, retourne dans ton petit monde de boursiers. Mais n'oublie pas : tant que je serai là, tu ne seras jamais quelqu'un.
À cet instant, je sens une vague d'énergie monter en moi. Je suis fatiguée de rester silencieuse, fatiguée de jouer le rôle de la victime.
- Je suis quelqu'un, Dorian. Je suis plus que ton jouet ou ta cible. Je suis ici pour une raison, et je ne vais pas te laisser me définir.
Son sourire s'efface, et je vois un éclat de surprise dans son regard. Mes mots semblent l'atteindre, et pour un instant, je me sens forte.
Mais il reprend rapidement son attitude moqueuse, déterminé à ne pas perdre la face.
- Très bien, Peggy. Continue de rêver. Mais souviens-toi, le lycée est un endroit difficile, et je suis là pour te rappeler ta place.
Finalement, je parviens à me faufiler entre lui et un mur, mon cœur battant la chamade. Je n'ai pas gagné la bataille aujourd'hui, mais je sens que quelque chose en moi a changé. Je refuse de me laisser abattre davantage. Une année encore, je peux le faire. Je suis plus forte que je ne le pense.
Je suis encore toute chamboulée lorsque j'arrive en cours d'anglais. Je me place à un bureau seule, vers le fond. Je suis une des premières à être arrivés. Je ne sais pas encore qui va être dans ma classe, j'espère simplement que Dorian, n'en fera pas partis. Les élèves commencent à entrer et à prendre place. Bien évidemment, comme à chaque cours personne ne s'assoit à côté de moi. Et cela me convient ! Le prof entre et ferme la porte, je souffle de soulagement lorsque je constate que Dorian ou ses sbires ne sont pas dans ma classe. Ma joie est de courte durée, car lorsqu'on frappe à la porte, la personne qui pénètre dans la classe n'est autre que Dorian.
Putain de poisse !
- Monsieur Culligan, merci de nous faire part de votre présence, dit le prof irrité par son retard.
- Tout le plaisir est pour moi sourit Dorian.
- Allez vous asseoir ! aboi le prof.
Dorian avance dans la classe et lorsqu'il me remarque son sourire suffisant s'agrandit. Je détourne le regard, ne voulant pas qu'il pense que je lui porte de l'intérêt.
Au lieu de prendre place au bureau libre sur la droite, il se dirige vers moi.
Oh non. Non, non, non, pitié, tout, mais pas ça !
Eh bien si.
Il décide de prendre place à côté de moi.