Chapitre 10 Chapitre 10

LIORA

Pour être honnête, non, je ne me comporte pas comme ça à chaque danse privée. Bien sûr, je joue la carte de la séduction et je fais bander plusieurs clients, mais en règle générale, je ne les touche pas en dehors du torse et des cuisses. Et je ne leur permets jamais de me toucher. J'ai agi ainsi uniquement parce que c'était Dorian. Je voulais le déstabiliser, et je crois que j'ai réussi. Il est littéralement à deux doigts d'exploser. J'ai senti à quel point il était tendu dans son pantalon, et je dois bien avouer que ça me fait plaisir. Lui qui crie à tue-tête que je le dégoûte, que mon corps est dégueulasse, le voilà qui bande devant ce fameux corps.

Je continue de danser, de l'allumer autant que je peux. J'ai envie qu'il perde le contrôle. Normalement, dans ce cas, je devrais appeler Anthony pour qu'il gère la situation, mais je ne le ferai pas. C'est moi qui l'aurai poussé à bout. Malheureusement, il continue de garder le contrôle. Sacré mental ! Il y en a certains qui, à peine j'ai commencé à bouger les fesses, essaient déjà de me peloter et de m'embrasser. J'ai déjà dû faire appel à Anthony plusieurs fois pour calmer des clients très entreprenants. Il est même arrivé qu'Anthony doive rester ici jusqu'à la fin de la prestation pour s'assurer que le client se calme.

- Plus que deux minutes, lui dis-je, presque avec un sourire satisfait.

Il souffle un bon coup, comme pour se dire "allez, mon gars, tu peux tenir". Je ne peux m'empêcher de sourire devant sa détresse. Je me mets face à lui, attrape sa tête et la place entre mes seins. Je remue mes seins sur son visage, jouant de cette proximité. Soudain, je sens un léger baiser se poser sur ma poitrine, et mon cœur rate un battement.

L'ai-je vraiment imaginé ? Ou a-t-il réellement embrassé ma poitrine ?

Je décide de ne pas relever et de faire comme si de rien n'était. Nous arrivons à la fin du temps, et je dois finir cette prestation nue. Cela fait partie du lap dance. Je me place donc entre ses jambes, je prends ses mains et les pose sur mes hanches. Il resserre légèrement sa prise, ses pouces caressant ma peau. Je laisse encore une fois couler, faisant comme si de rien n'était. Dorian lève la tête et me regarde, les lèvres entrouvertes, la respiration saccadée. Je glisse une main dans mon dos, dégrafe mon soutien-gorge et le retire avant de le jeter au sol.

- Bordel de merde, grogne-t-il.

- Tu n'aimes pas la vue ? lui demandai-je, lorsqu'il détourne les yeux.

Il fixe de nouveau son regard au mien et grogne. Je glisse les pouces sous le rebord de ma culotte. Dorian le remarque et écarquille les yeux.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Mon travail, dis-je avant de baisser ma culotte et d'exposer ma vulve à sa vue.

- Putain de merde, je suis foutu, murmure-t-il, l'air à la fois désespéré et excité.

Je suis maintenant entièrement nue devant lui, et il ne reste moins d'une minute. J'attrape sa main et l'amène vers moi, mais Dorian tire dessus avant que je la pose sur ma peau. Je fronce les sourcils.

- Tu ne veux pas ?

- Tu fais cela uniquement parce que tu y es obligée ? me demande-t-il, soudain soucieux.

Non, ai-je envie de lui dire. Bien sûr que je ne suis pas obligée de me laisser toucher. Mais j'en ai envie. J'ai envie que ce connard arrogant pose les mains sur moi. Il est beau, tellement beau, malgré le fait qu'il me harcèle et que c'est le plus grand des connards. C'est peut-être l'unique fois où je peux faire ce que je veux de lui. Je veux en profiter un maximum. Mais hors de question que je lui avoue cela. D'ici lundi, tout sera redevenu comme avant.

- Eh bien oui, je suis payée pour.

Ma réponse ne doit pas lui convenir, car il contracte sa mâchoire et son regard se durcit.

- Alors ? Tu veux me toucher, oui ou non ? Il reste 30 secondes.

Dorian lève ses yeux, remplis de colère, vers moi et finit par me tendre sa main. Je jubile intérieurement. Pour quelqu'un qui se contente de justifier sa réaction par une réaction chimique, je n'ai pas eu à beaucoup insister pour qu'il me touche.

Je pose sa main sur mon cou, la fais descendre sur un de mes seins, je lui fais me serrer le sein, et il gémit malgré lui. Je descends sa main sur mon ventre puis sur mon pubis nu, et Dorian pousse un juron. Je me mords la lèvre inférieure pour ne pas rire. Je lui descends sa main légèrement plus bas, le faisant frôler mes petites lèvres, et Dorian se mord le poing libre. Le BIP de la fin de la danse retentit, et je relâche aussitôt sa main.

Je me recule, ramasse mes affaires et vais passer un peignoir qui se trouve accroché à la porte. Je m'apprête à ouvrir la porte pour partir quand Dorian m'interpelle.

- Tu comptes partir comme ça ?

Ma main, toujours posée sur la poignée, se fige alors que je tourne ma tête vers lui.

- Oui, le temps est écoulé, réponds-je, tentant de rester calme.

- Mon offre tient toujours, dit-il en se levant, son ton sérieux.

- Et mon refus également, rétorqué-je, ne voulant pas céder.

- Tu ne veux pas prendre le temps d'y réfléchir ?

Je me tourne complètement vers lui, croisant les bras sur ma poitrine dans un geste défensif.

- Explique-moi pourquoi j'accepterais de danser pour le mec qui me harcèle et me malmène depuis deux ans ?

- Tu viens bien de le faire, dit-il, l'air ahuri.

- Je ne savais pas que c'était toi, et une fois ici, j'étais bien obligée ; c'est mon job !

- Et si je promets d'arrêter de te faire chier ? plaide-t-il, son ton se radoucissant légèrement.

- C'est toujours non ! Maintenant, rentre chez toi !

Je me tourne de nouveau pour partir, mais sa voix me retient.

- Très bien. Tu ne me laisses pas le choix.

Je fronce les sourcils et me retourne à nouveau vers lui. Il a croisé les bras, affichant un sourire en coin qui me met mal à l'aise.

- Soit, tu acceptes ma demande, soit je dis à tout le lycée que tu bosses ici. En commençant par mes potes qui sont derrière la porte. Ils vont se faire un plaisir d'aller réserver des danses privées.

J'ouvre la bouche, tellement je suis sur le cul par sa menace.

- Tu n'oserais pas !

Il s'avance vers moi, un sourire provocateur sur les lèvres, et replace une mèche de cheveux derrière mon oreille d'un geste presque tendre.

- Oh que si ! sourit-il, la défiance dans le regard.

- Mais pourquoi ?! Tu ne peux pas me laisser tranquille à la fin !, crachai-je entre mes dents, ma colère montant.

Il m'attrape par la nuque et colle son front contre le mien, créant une proximité que je n'apprécie pas du tout.

- J'ai découvert ce soir quelque chose qui m'excite bien plus que de t'emmerder. Te voir danser pour moi. J'ai envie que tu danses pour moi aussi souvent que j'en ai envie, et uniquement pour moi. Qui sait, peut-être que tu pourras me donner bien plus qu'une danse la prochaine fois.

Je me dégage de sa prise et le pousse de toutes mes forces, le regard incendiaire.

- Alors quoi ? Tu as découvert que finalement, je te fais de l'effet, et donc tu veux me mettre dans ton lit ? Mais tu rêves, ma parole ! Jamais ! Tu m'entends ? Jamais ça n'arrivera. Tu peux me harceler, me frapper, me menacer ! Je ne coucherai pas avec toi et je ne serai certainement pas ta chose ! Vas-y, dis-le à tout le lycée ! De toute manière, seuls les majeurs peuvent entrer ici ! Et alors, dans ce cas, je danserai pour eux s'il le faut ! Tes menaces, je me les fous au cul, espèce de connard !

Ah ! Ça fait du bien de lui balancer tout ça à la figure !

Je sors de la pièce avant qu'il n'ait le temps de me répondre. J'entends un « fais chier » crier derrière moi alors que je tourne au coin du couloir. Non mais pour qui il se prend, ce connard !

Dans le couloir, mon cœur bat la chamade, un mélange de colère et de satisfaction. J'ai besoin de sortir de cet endroit, de respirer un peu. Je ne peux pas croire qu'il ait osé me menacer comme ça. Je m'éloigne en direction des vestiaires, la tête haute, même si à l'intérieur, je suis en proie à une tempête d'émotions. Dorian peut bien être arrogant et insupportable, mais je refuse de laisser ses menaces me déstabiliser. Je suis plus forte que ça.

            
            

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