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LIORA
Salut tout le monde ! Je me présente, je m'appelle Liora, j'ai dix-sept ans et je suis élève de terminale au lycée de la Prep' Academy. Un lycée pour bourges, où l'argent semble couler à flots. Pour ma part, je n'y suis là que grâce à une bourse et à mes bons résultats scolaires. Ma vie a basculé il y a deux ans lorsque j'ai perdu mes parents dans un accident de voiture. Depuis, ma tante Sherley a été désignée comme tutrice, mais je dois vous avouer qu'elle n'était pas vraiment prête à accueillir une ado dans sa vie.
Plutôt que de me prendre sous son aile, elle m'a loué un petit studio et m'a mise dedans. Au début, elle payait le loyer avec l'argent que mes parents m'avaient laissé, mais il n'y avait pas grand-chose. Depuis l'année dernière, elle ne couvre plus qu'une partie du loyer et je dois me débrouiller pour payer le reste, sans parler de ma nourriture.
Je sais, vous devez vous demander comment je fais pour jongler avec tout ça. C'est simple : j'ai deux boulots. La semaine, après les cours, je bosse dans un café-restaurant qui s'appelle "As Prep'". C'est un endroit pas mal, relativement bien payé, et l'ambiance est plutôt cool, même si, comme un mauvais sort, les gosses friqués de mon lycée y viennent en permanence. On ne peut pas dire qu'ils me portent dans leur cœur.
Mon deuxième job, c'est un peu plus... particulier. Je travaille le vendredi et le samedi soir dans un club de striptease qui s'appelle "Au nichon d'or". Oui, vous avez bien lu, c'est vraiment son nom. Étrangement, c'est là que je me sens le plus à ma place. Bien sûr, je ne suis pas majeure, mais j'ai menti sur mon âge. Lors de mon entretien, j'ai dit que j'avais dix-huit ans, et le patron, trop pressé, n'a pas vérifié. Il m'a fait faire une soirée d'essai, et vu les sous que j'ai rapportés, il m'a embauchée sans hésiter.
Dans ce club, je suis Cassie, une belle blonde aux courbes délicieuses, et ça change vraiment de la façon dont je suis perçue au lycée, où je suis désignée par des noms comme "Peggy" ou "bouboule". Ce qui est bien avec "Au nichon d'or", c'est qu'aucun de ces fils à papa n'y met un pied. Le club est situé dans un quartier qui craint, donc ils ne s'y aventurent pas, et ça me va parfaitement. Les profs, en général, ne viennent pas non plus. Sauf une fois, où j'ai croisé mon prof de maths, Monsieur Mayers. J'ai eu la trouille qu'il me reconnaisse, mais il ne m'a pas vue. Ouf !
À "Au nichon d'or", je fais des danses, je sers à boire, et je fais même des danses privées quand un client me choisit. Cette atmosphère, bien que complètement à l'opposé de ce que je vis au lycée, me motive énormément. Le fric que je me fais là-bas est bien plus que ce que d'autres pourraient imaginer.
Malgré ma solitude, je m'en sors plutôt pas mal. J'arrive à payer la moitié de mon loyer, mes courses, mes fringues, et même à économiser un peu pour aller en fac si ça m'intéresse. Ma vie en dehors du lycée est plutôt pas mal, mais... ma vie au lycée est un véritable enfer. Tout le monde semble me détester. J'encaisse insultes, bousculades, et vacheries chaque putain de jour. Mon crime ? Être boursière et faire du 38. Je ne rentre pas dans leur "standard" de gosse de riche. Je ne suis pas une fille à papa friqué, et je ne suis pas gaulée comme un mannequin. J'ai des formes, et cela ne plaît pas du tout à ces petites puputes de pom-pom girls.
Les mecs, quant à eux, ne se préoccupent pas tant de mon physique. Ce qui les irrite, c'est le fait que je "profite de leur argent" pour étudier dans ce lycée. Cela ne les empêche pas de me balancer des blagues dégueulasses sur mon corps. Surtout Dorian Culligan, un enfoiré de première. C'est le mec le plus populaire du bahut et il se croit au-dessus de tout le monde.
Il se sert de moi pour faire rire ses copains. Dès qu'il en a l'occasion, il m'insulte, me pousse, me fait tomber. À chaque fois, je décèle dans son regard un plaisir sadique. Sale fils de pute ! La plupart du temps, j'essaie de ne pas réagir, de ne rien dire. J'encaisse sans broncher. Au début, j'ai essayé de me défendre. Mais quand j'ai vu que cela ne faisait qu'aggraver les choses, j'ai abandonné l'idée de lutter.
C'est ma dernière année ici. La troisième et dernière année à encaisser ça. J'ai tenu deux ans, alors je peux encore tenir un an. Surtout qu'après, je ne les reverrai plus jamais de ma vie.
Aujourd'hui, c'est la rentrée. J'ai envie d'y aller comme une envie de faire le trottoir. Autrement dit, aucune putain d'envie. Je m'y rends à pied, mon studio n'est qu'à dix minutes du lycée, au moins une chose que ma tante a fait de bien.
Je marche lentement dans les couloirs, mon cœur battant la chamade. Les voix des élèves se mêlent, créant une cacophonie qui m'enveloppe. J'essaie de garder la tête haute, mais je sais que l'angoisse me gagne à chaque pas. Soudain, je l'aperçois au loin : Dorian est là, entouré de ses amis, un sourire suffisant sur le visage.
- Regarde qui arrive ! La grande Bouboule ! s'exclame Dorian, sa voix perçante se frayant un chemin à travers le tumulte.
Je me fige, sentant le regard de mes camarades se tourner vers moi, chacun attendant ma réaction.
Je serre les dents et tente de passer sans répondre, mais Dorian s'approche, son ton devenant moqueur.
- Eh, Peggy, tu as pris un peu de poids depuis la dernière fois, non ? Peut-être qu'il faudrait que tu te mettes au sport !
Ses mots sont comme des flèches, perçant ma carapace fragile.
Je me sens piégée dans un tourbillon d'humiliation. Je sais que si je réagis, cela ne fera qu'aggraver les choses. Alors, je garde le silence, mais chaque rire de ses amis me blesse. Ils se moquent, se délectent de mon malaise.
- Regarde son casier ! s'écrie l'un de ses amis.
Je tourne la tête et vois plusieurs emballages de bonbons, des sachets de gâteaux, éparpillés autour de mon casier. Ils l'ont rempli de déchets, une manière cruelle d'illustrer leurs moqueries.
- Oh, mais qu'est-ce qui s'est passé ? Tu as laissé tomber toute ta nourriture par terre, ou tu as juste décidé de faire un buffet ici ? s'amuse Dorian, se penchant en avant, un rictus aux lèvres.
Je me sens prête à exploser, mais je garde les yeux rivés au sol, ma respiration s'accélérant. Je veux fuir, m'échapper de cette situation, mais mes jambes semblent clouées au sol. Je serre mes livres contre ma poitrine, comme une armure fragile.
- Tu sais, Bouboule, on pourrait t'aider à t'inscrire à un cours de régime. Ça te ferait du bien ! lance-t-il, et le groupe éclate de rire, leurs voix résonnant dans le couloir.