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LIORA
L'univers a décidé de se foutre de ma gueule ou c'est comment ? Je ne vois pas une autre putain de raison au fait que, petit un, Dorian soit dans ma classe cette année et petit deux, qu'il décide de s'asseoir à côté de moi en cours.
- Alors, bouboule, heureuse de m'avoir à tes côtés ?
Je lui jette un regard en biais, tentant de cacher ma frustration.
- Je préférerais encore que le lycée soit attaqué par un terroriste, dis-je entre mes dents.
Dorian ricane en secouant la tête, comme si ma réponse le divertissait.
- Tu es plutôt drôle pour une...
Je l'interromps, sachant pertinemment ce qu'il va dire.
- Pour une grosse, c'est ça ? Change de disque, putain.
- J'allais dire pour une intello. Mais ça marche aussi.
- Connard, dis-je tout bas, mais je sais qu'il a entendu.
Il se penche vers moi, et son odeur m'enivre immédiatement. Parce qu'il faut être honnête, il sent foutrement bon. Dorian est un très beau garçon, je le sais, il le sait, tout le lycée le sait. Et il en joue. J'ai vu défiler des dizaines de filles à son bras, chacune essayant de capter son attention, chacune espérant qu'il la choisisse.
Il est grand, environ un mètre quatre-vingt-cinq, avec des cheveux bruns légèrement décoiffés sur le dessus et plus courts sur les côtés. Sa mâchoire carrée, son nez fin et droit, ses lèvres pulpeuses et ses yeux couleur bleu-vert me frappent malgré moi.
Mais sa proximité me rend mal à l'aise. Ce garçon n'est pas quelqu'un de bien. Peu importe qu'il soit beau à se damner, c'est un connard, et je refuse de me laisser emporter par son charme.
- Je trouve que tu l'as ramené beaucoup cette année. Aurais-tu découvert des ailes sous toute cette graisse ?
Il éclate de rire, un son qui me fait grincer des dents. Je sais qu'il fait exprès de provoquer, de jouer avec mes émotions. Je suis son jouet, et il aime ça. Je veux l'ignorer, mais chaque mot qu'il prononce est une petite piqûre, me rappelant à quel point il peut être cruel.
- Si tu crois qu'insulter les autres te rend plus intéressant, tu te fourres le doigt dans l'œil, Dorian, dis-je, essayant de garder ma voix ferme.
Il s'approche encore un peu plus, et je peux presque sentir son souffle sur ma peau. Son sourire ne fait qu'accentuer ma colère.
- Oh, mais c'est justement ça qui est amusant. Tu ne sais pas à quel point tu es divertissante, bouboule. Tu devrais vraiment envisager d'en faire un spectacle.
Je suis à deux doigts d'exploser, mais je sais que réagir ne ferait qu'empirer les choses. Je prends une profonde inspiration, essayant de me concentrer sur le cours, sur la voix du professeur qui commence à résonner dans la salle.
Dorian semble le sentir aussi, et il se redresse légèrement, mais son regard ne quitte pas le mien. Il sait qu'il a réussi à me déstabiliser, et ça l'amuse. Je déteste que ses mots aient ce pouvoir sur moi.
- Tu sais, au fond, je pense que tu es plus forte que tu ne le penses. C'est juste que tu préfères cacher ta vraie personnalité derrière un masque de colère.
Je le dévisage, la surprise remplaçant temporairement ma colère. Qu'est-ce qu'il cherche à faire ? Il n'a pas besoin de jouer au psy.
- Épargne-moi tes conseils, Dorian. Je n'ai pas besoin de ta philosophie à deux balles.
Il hausse les épaules, se redressant avec cette nonchalance qui semble lui être naturel. Mais derrière ce masque de confiance, je sens une fragilité, une forme de vide qu'il tente désespérément de dissimuler.
Je me tourne vers le tableau, décidée à ne pas céder à ce jeu. Je peux le supporter, une année encore. Juste une année. Et ensuite, je prendrai mon envol, loin de ce lycée et de ces humiliations.
La classe commence, et je m'efforce de suivre le cours. Chaque mot que le professeur prononce semble emporté par le souffle de la tension qui règne entre Dorian et moi. Je prends des notes, mais je sens son regard pesant sur moi, comme une chaleur indésirable.
À un moment donné, je lève les yeux pour attraper son regard, et il me fait un clin d'œil, comme s'il savait exactement l'effet qu'il a sur moi. Je déteste qu'il ait ce pouvoir, qu'il puisse si facilement me déstabiliser.
Le cours se poursuit, mais je sens une agitation grandissante dans ma poitrine. J'essaie de me concentrer sur le tableau, mais mes pensées vagabondent. Dorian continue de faire des commentaires à voix basse, des remarques sarcastiques qui me tirent hors de ma bulle. Je serre les poings sous la table, déterminée à ne pas me laisser emporter.
Puis, à la fin du cours, il se lève et s'approche de moi, un sourire provocateur sur les lèvres.
- Alors, Peggy, tu es vraiment sûre de vouloir rester ici et encaisser toutes ces vacheries ? Tu pourrais te battre un peu, tu sais.
Je déglutis, une rage sourde montant en moi. Je sais qu'il cherche à me provoquer, à me pousser à réagir. Mais je ne peux pas lui donner cette satisfaction.
- Je ne vais pas m'abaisser à ton niveau, Dorian. Ce n'est pas moi qui ai un problème avec ma propre image, mais toi.
Il fait semblant d'être choqué, sa main sur son cœur.
- Oh, quelle réplique ! Tu devrais écrire un livre. Peut-être que ça ferait de toi une personne intéressante.
Je me lève brusquement, ne pouvant plus supporter ses provocations. Je fais mine de partir, mais il s'interpose à nouveau, un sourire narquois sur le visage.
- Où tu vas ? La fête ne fait que commencer !
Je le regarde droit dans les yeux, ma détermination se renforçant. Je suis fatiguée de cette guerre constante, mais je refuse de me laisser abattre.
- Je vais où je veux, Dorian. Si tu veux passer ta vie à te moquer des autres pour te sentir supérieur, c'est ton problème, pas le mien.
Il semble surpris par ma réponse, mais il se ressaisit rapidement.
- Je ne fais que m'amuser, mais si ça te dérange... Sache que j'en ai rien à foutre.
Je secoue la tête, réalisant que je ne peux pas gagner ce combat. Je me fraye un chemin à travers la classe, déterminée à ignorer ses provocations. Mais alors que je passe, je sens sa main effleurer mon bras, un geste léger, mais chargé de dédain.
- À bientôt, bouboule. N'oublie pas de prendre soin de ta santé, hein ?
Je m'arrête un instant, le souffle coupé par sa remarque. C'est comme si chaque mot qu'il prononçait était une nouvelle pierre lancée dans ma direction. Mais je refuse de laisser ses mots me toucher. Je tourne les talons et quitte la salle, ma détermination renforcée.
Je vais prouver que je suis plus forte que ses insultes.
Le reste de la journée se passe de la même manière. Dans chaque matière, Dorian décide de s'assoir à côté de moi, afin de rendre ma vie de lycéenne encore plus misérable qu'elle ne l'est déjà. Je ne lui ai plus décroché un mot, il a bien essayé de me faire répliquer, mais j'ai serré les mâchoires et n'ai laissé aucun son en sortir. Cela ne la pas décourager, au contraire. Il a redoublé d'effort pour me foutre en rogne. À la fin de la journée, j'étais littéralement à deux doigts de commettre un meurtre. Heureusement, la sonnerie de fin de journée m'a enfin libérée.